Hallucinations en altitude. À Davos, des super-riches se font des films, par Lazarillo de Tormes

Billet invité.

The Guardian nous en informe : une bulle immobilière est en gestation en Nouvelle-Zélande. Des super-riches reniflant l’odeur de poudre, se préparent à prendre celle d’escampette et à émigrer chez les kiwis avec armes, bagages et jets privés pour devenir fermiers. Il faudrait au moins ça pour qu’ils ne doivent pas entendre le fzzzzz-tchak des guillotines de leurs délires paranoïaques autrement que via des connexions haut-débit. Aucune médiocrité de leur part, pensez-vous mais perdre la tête plus d’une fois, au contraire de la face qui est recyclable à l’envi, ça ne se fait pas chez ces gens-là.

Dans “The Machinist” (2004) Christian Bale joue magistralement un personnage immergé dans les profondeurs troubles de la double contrainte. Le hic c’est qu’il n’y a pas de solution au fond du cul-de-sac de la double contrainte et que l’échappatoire combine l’extrême simplicité et l’immense complexité. Dans le domaine, ni les mauvais choix, ni les non-choix ne résolvent le problème, ils l’aggravent grave comme le symbolise de façon spectaculaire un Christian Bale squelettique, au bord de la folie après des mois à mariner dans son cul-de-sac.

Messieurs les super-riches candidats à l’exil volontaire, la Nouvelle-Zélande, sans vous, est un pays qui fait rêver mais votre arrivée en masse en ferait très vite une copie à l’identique du monde que vous prétendez fuir. Ne fut-ce que parce que ce monde, ce sont aussi vos tares qui l’ont façonné et que vous atterrirez à Auckland avec ces tares plein les valises. Et puis songez que les révolutionnaires les plus vindicatifs n’auront aucun problème à aller vous y chercher tel Matt Damon dans “Elysium” (2013), pour se rappeler à votre bon souvenir de paisibles agriculteurs.

Mais cessons d’aggraver vos cauchemars et restons constructifs. Il ne vous en coûterait qu’une fraction de votre superflu pour faire de la planète tout entière une Nouvelle-Zélande et sortir du cul-de-sac du Machiniste à la fois. Comment ? Arrêtez de parler de Piketty, lisez-le plutôt et tirez les conclusions qui s’imposent. Si vous n’avez pas le loisir de lire, qu’à cela ne tienne, il y a un dessin animé de 2014 en deux parties (une et deux) réalisé par Timiota et distribué par les Productions Coopératives du blog de Paul Jorion à un prix abordable. Il illustre les effets de la sur-concentration croissante des richesses qui peuvent même donner, dans des cas extrêmes, des idées saugrenues aux benéficiaires du procédé comme le publie The Guardian. Il y a bien quelques formules dedans mais si vous êtes sincèrement motivés, une équipe de gens raisonnables peut vous aider. Elle veut vous aider.

Messieurs les super-riches candidats à l’exil volontaire et à la reconversion agricole, soyez raisonnables. Une image vaut peut-être mille mots mais vous devriez arrêter de vous faire des films. La Nouvelle-Zélande ne sera jamais assez loin car le problème, vous le trimbalez dans vos valises.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Et donc, le scénario possible, c’est une condamnation suffisamment solide pour que Donald soit inéligible, ce qui serait en mesure…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta