LE REPOUSSOIR DU DÉFAUT N’EST PAS UNE CONDITION SUFFISANTE… par François Leclerc

Billet invité.

Combien de temps la Grèce va-t-elle pouvoir tenir ? Ses échéances de remboursement, qui sont établies, donnent des éléments de réponse que deux autres phénomènes compliquent : l’exode des capitaux des banques grecques, qui semble cependant s’être ralenti, et la collecte des impôts, qui connaît une importante baisse de régime.

La décision de la BCE d’augmenter le plafonnement de l’aide de liquidité d’urgence (ELA) a pour objectif de tenir à flot les banques grecques dans l’immédiat, mais le second facteur est sans appel, car les ressources budgétaires finiront par manquer, et l’État sera en état de cessation de payement. Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, a reconnu dans une interview au Wall Street Journal : « nous aurons des problèmes de liquidité en mars, si la collecte des impôts ne s’améliore pas », pour ajouter « nous verrons alors à quel point l’Europe sera dure », sous-entendu nous empêchera ou non de couler. Via son compte Twitter, il s’est depuis appuyé sur le plan d’augmentation des recettes fiscales qu’Alexis Tsipras va annoncer dimanche soir au Parlement pour relativiser son propos et ajuster son tir.

La question du « financement-relais » de la Grèce est au centre du bras de fer qui se déroule en ce moment. En demandant à la BCE de lui retourner comme convenu les 1,9 milliards d’euros que sa détention des titres grecs lui a apportés, le gouvernement grec fait porter à celle-ci une responsabilité dont elle préférerait se défausser, la plaçant au centre d’un jeu qui n’est pas dans sa mission. Mais si ce jeu se joue avec comme seule certitude partagée que la sortie de l’euro de la Grèce n’est pas une option, ses partenaires s’en rapprochent de plus en plus dangereusement.

On se retrouve dans le schéma auquel les dirigeants européens nous ont habitués, les conduisant à réagir à chaud et au dernier moment quand ils ne peuvent plus faire autrement. À moins que la situation ne leur échappe cette fois-ci des mains. Quant aux autorités américaines, rien des déclarations de leur ambassadeur à Athènes ne laisse penser qu’elles vont inciter le FMI à soulager la pression, comme elles en ont les moyens.

Le gouvernement grec a fait des propositions habiles qui ont été rejetées, il n’y a en face que l’intransigeance ou le silence, ne laissant pas de place au compromis.

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