Le masque du dépassement de soi, par Isabelle Joly

Billet invité.

Il est assis au pied d’un immeuble. Il est légèrement essoufflé, il a l’air d’avoir un malaise, et pourtant un sourire légèrement béat flotte sur ses lèvres. La sueur perle sur son visage.

C’est un asiatique, jeune, beau, au regard lumineux. Il porte à la main un masque étrange, noir, sans orifice, boudiné au centre, avec des rondelles blanches, grillagées, en plastique cousues sur le masque.

Inquiète, je m’arrête et m’accroupis à côté de lui. – « Vous allez bien ? Vous faites un malaise ? ». Il me regarde, toujours souriant, il me répond, d’une voix essoufflée, que non. Qu’il vient juste de faire un aller-retour en altitude, 2000 mètres, grâce à son masque. Il est redescendu d’un coup, et c’est pour ça que ses jambes flageolent et qu’il faut qu’il s’assoit.

Je lui demande si j’ai bien compris. – « Un « aller-retour ? ».
– « Oui », et il me montre son masque. Il m’explique que grâce à ce masque, il peut simuler une ascension en altitude, et augmenter ainsi ses globules rouges et du coup, augmenter ses performances physiques. Il s’entraîne pour s’engager dans l’armée, pratiquer du parachutisme, et à l’atterrissage pouvoir encore agir grâce à une forme physique augmentée. Il a l’habitude de pousser ses limites jusqu’à l’extrême. Il n’a encore jamais sauté, mais il a la ferme intention d’y arriver.

J’hallucine, il est là dans la rue, et il vient de monter à 2000 mètres, comme ça, et d’en redescendre en un temps record.
– « Mais, c’est vraiment dangereux ce que vous faites, moi, j’en ai fait du parachutisme, et on n’a pas besoin de faire ce que vous faites. On monte tranquillement avec l’avion, et à 3000, on saute, on n’a pas besoin de masque à oxygène. De la façon, dont vous le faites il vous faudrait un caisson de dépressurisation pour ne pas prendre de risques ! ».

Il acquiesce. Mais il a l’habitude de s’adonner à des activités extrêmes. Il éprouve toujours le besoin de se dépasser. Je n’ose pas imaginer ce qu’il a essayé d’autre. Je suis un peu pressée, et il a l’air d’aller mieux. Un peu rassurée, je lui souhaite de réussir dans ses projets, et je le laisse. Il m’a adressé un grand sourire, en me remerciant.

Je repars en me demandant si ce qu’il m’a raconté est vrai. Vous le saviez, vous, que ça existait, un masque de dépassement de soi ?

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