Croissance de la dette – LE TEMPS DES MISES À PLAT, par François Leclerc

Billet invité.

Tout va mieux ! Pendant que la Banque du Japon et la BCE continuent d’enfourner à grosses pelletées du charbon dans la chaudière, l’agence Fitch nous apprend que la dette souveraine à taux négatif négociée sur le marché obligataire a atteint le montant de dix mille milliards de dollars. En un mois, la progression a été de 5%. Sans surprise, les émetteurs japonais et italiens ont été les plus forts contributeurs à cet accroissement, parmi les 14 pays qui connaissent cette situation inédite. Ce monde qui prétend continuer comme si de rien n’était marche sur la tête.

La dette ne cesse de croître. Certes, il pourrait être tiré comme conclusion réjouissante qu’avec les taux négatifs un ingénieux moyen de réduire son coût a été trouvé, ce qui permet de voir venir. Sans avoir à la rembourser ou à la restructurer pour la rendre soutenable en l’absence d’une inflation la rognant naturellement. Mais gare au retournement de situation, si jamais les taux s’avisent de se réveiller !

Un autre moyen de soulager du poids de la dette grâce à la relance de la croissance est soudainement apparu. Il consiste à proposer que les banques centrales cessent d’alimenter le système financier en liquidités pour changer de destinataire : c’est l’option de l’Helicopter Money. Celle-ci revient à substituer la création monétaire des banques centrales à l’émission de dette souveraine qui a atteint des plafonds. Mais elle a comme défauts de toujours accroître la masse monétaire en circulation ainsi que d’éluder la question essentielle, celle de la répartition de la richesse.

Cette répartition inégale, ainsi que l’insuffisance de fonds propres des entreprises et les optimisations et évasions fiscales, légales ou frauduleuses, contribuent ensemble à l’explosion de l’endettement. Ce sont à ces mécanismes qu’il faudrait s’attaquer.

Au cœur d’un système en crise chronique, de profondes mutations sociales issues des innovations technologiques sont attendues. Par intérêt, ou parce qu’ils sont sous influence, les conservateurs se cramponnent à leur monde et ne voient dans ces changements que ce qui le conforte. Mais la brusque émergence du débat sur le revenu universel de base, sous toutes ses variantes et ses appellations (mais non selon sa version étriquée), est sans aucun doute le signe le plus fort de l’aspiration à l’avènement d’une nouvelle société. Le temps des mises à plat est arrivé.

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