LE TEMPS QU’IL FAIT LE 29 SEPTEMBRE 2016 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 29 septembre 2016. Merci à Marianne Oppitz !

Bonjour, nous sommes le jeudi 29 septembre 2016 et une fois de plus un jeudi parce que vendredi, demain, ah ! je vais être sur la route : je vais rentrer chez moi ! Je vais rentrer chez moi après une dizaine de jours de tournée de conférences, leçons, etc. émissions de radio. Vous avez vu ça, je vous ai tenu au courant.

À Lille : deux leçons du cours « Stewardship of finance », avec qui je renoue dans un autre lieu et avec le très grand plaisir d’avoir des étudiants extrêmement compétents devant moi.

Conférence sur le transhumanisme, émission de radio en Suisse, avec un son un petit peu douteux, mais enfin cela a été retranscrit gentiment par Marianne Oppitz.

Quoi encore ? Ah oui, lundi, l’évènement au théâtre du Rond Point organisé par Télérama, où l’on a parlé du « Dernier qui s’en va éteint la lumière ». Et le lendemain, le lendemain, devant un auditoire très fourni et avec un débat animé avec la salle. Et du côté du pupitre, Monsieur Henri Guaino, Monsieur Quatrepoint, Susan George, Natacha Polony, moi-même, à l’invitation de ce comité Orwell présidé par Natacha Polony : une réflexion sur les traités. Voilà, le Traité transatlantique, les traités en général. Moi j’ai tenu… – vous verrez ça parce que cela a été enregistré – j’ai tenu à insister sur « D’où est-ce que ça vient tout ça ? » D’où viennent ces traités ? Qu’avons-nous fait pour en arriver là ? J’ai mis l’accent, vous le verrez, sur le droit maritime qui règle les rapports entre les entités transnationales, historiquement, à partir du 17è, 18è siècle. Et l’évolution dans la notion de la personne en particulier qui a permis l’émergence de cette personne morale que maintenant des gens manipulent. Qui peuvent être beaucoup plus puissantes que les individus, que ces personnes peuvent manipuler par l’intermédiaire de fiducies, de trusts dans le droit anglo-saxon.

Alors voilà, ce soir, si vous êtes à Lille, et je ne peux pas vous dire où, parce que je ne le sais toujours pas, mais il y a une grande discussion avec la présentation du film « Demain ». Et je vais avec un représentant d’une entreprise, le dirigeant de la firme Pocheco, Monsieur Druon, je vais discuter des enseignements du film « Demain ». Et demain – à proprement parler – je vais rentrer à la maison.

Alors, je n’ai pas pu être très présent sur le blog, J’ai pu faire des petits trucs que je notais comme ça sur mon téléphone, mais, oui ! Je me suis amusé à vous parler des jeunes et des blue jeans, sur mon téléphone, ce n’est pas évident à mettre en page sur le blog de cette manière là. Et puis, voilà, je suis arrivé, quand même, hier, à trouver une heure ou deux pour aller voir l’exposition Hergé. Et là, aussi sur mon téléphone, je suis arrivé à vous mettre un petit billet en fin de journée.

Et alors, il se passe un truc. Il se passe un truc. Vous savez, on a parlé de Jorion comme un Cassandre. Depuis que j’ai prévu la crise des subprimes et qu’elle a eu lieu en 2007, depuis : « Jorion le Cassandre », et puis son livre sur l’extinction de l’humanité, etc. Alors là, mardi : « Jorion l’optimiste » ! Jorion : « le seul optimiste entre nous » qui dit que cette histoire de traité est déjà terminée. Qui nous dit que voilà, il faut enfoncer le clou, mais c’est gagné, c’est gagné ! Pourquoi Jorion nous raconte ça ? Eh bien, parce que Jorion nous dit la chose suivante : « Ce n’est pas tellement nous, le peuple, qui sommes en train de marquer des victoires extraordinaires – encore qu’il faudrait bien qu’on le fasse – c’est surtout que le poisson pourrit par la tête : que la zizanie s’installe dans nos élites. Nos élites finissent quand même par se rendre compte que leurs systèmes élitaires de l’ultralibéralisme, ça ne vaut pas un clou. Et, voilà, ils ne sont pas tout à fait aveugles, ni sourds, ni quoi que ce soit, et ils finissent par se rendre compte et ils finissent par se disputer entre eux. Des dirigeants du Fonds Monétaire International disent : « L’ultralibéralisme, ce n’était vraiment pas une réussite », etc. Et d’autres encore, à la tête de cette brave institution, qui nous disent : « Non, non, on va continuer encore ! ». Nos dirigeants se convainquent qu’ils ne peuvent pas nous imposer des traités du genre TTIP, TAFTA et compagnie – encore que le CETA soit quand même bien avancé. Et bien, voilà, parce qu’il y a des limites. Il y a des limites !

Alors, vous vous souvenez, j’en ai parlé hier, non avant-hier, dans « Le Monde », en France et dans « L’Écho » en Belgique, il y a ce livre pathétique et délirant de Messieurs Cahuc et Zylberberg qui parlent et disent que faire de la bonne économie c’est être négationniste et qu’il faut s’en débarrasser. Ce sur quoi on n’insiste pas assez, c’est pourquoi ces gens qui sont à la tête de la science économique dominante qui truste absolument tous les postes, qui sont les gens qui disent aux ministres ce qu’il faut faire, comment est-ce que ces gens ont le culot de dire qu’ils sont victimes ? Eh bien, chers amis, c’est parce que ces gens sont assez clairvoyants et ils savent qu’ils seront victimes bientôt. Ils savent qu’on ne respectera plus beaucoup ce qu’ils racontent en ce moment dans leur position hégémonique et dominante étant les orthodoxes etc. Ils savent que c’est en train de se terminer. Alors qu’est-ce qu’ils font ? Ils commencent à glapir par avance, ils commencent déjà à dire qu’ils sont des victimes parce qu’on va les persécuter par la suite.

Alors, c’est relativement bien vu. Il y a quand même une ironie quand ils prennent ce livre d’Oreskes et Conway « Les marchands du doute » et où ils s’identifient eux, aux victimes des marchands de doute. Ils se prétendent l’équivalent des victimes de ces grandes compagnies de tabac, tous ces Monsanto et compagnie qui falsifient l’information scientifique, qui nous racontent des bobards etc. Et qui dépensent des sommes faramineuses pour essayer de débaucher ici et là des scientifiques un peu véreux pour nous dire qu’il n’y a pas de trou dans la couche d’ozone, que le climat n’est pas en train de se dégrader de manière extrêmement rapide et tout à fait inquiétante, que de fumer, cela ne donne pas le cancer, que le tabagisme passif et bien voilà, il ne faut même pas en parler, et ainsi de suite.

Alors, tous ces braves représentants de la science économique dominante sont là à dire : « Vous voyez, vous voyez, nous on est comme ça : il y a des grands méchants loups en face de nous qui nous font du mal et tout ça et le grand méchant loup c’est… (heureusement, moi, on ne mentionne jamais mon nom parce qu’on reconnait le fait que je ne suis pas un économiste !) c’est les économistes atterrés qui nous veulent du mal ! C’est l’État ! L’Etat ! ». Et là, vous avez dû le voir, dans Le Monde : c’est quoi l’État ? Pourquoi l’État c’est si grave que ça ? « Mais parce que l’État, Messieurs Dames, l’État, en puissance, c’est toujours le spectre de l’Union Soviétique, n’est-ce pas ? » Il est évident que de l’État peut toujours faire renaître de ses cendres le stalinisme ! et ainsi de suite. Non, Messieurs Dames, si l’État est là en ce moment et qu’il défend un peu l’état-providence avec les moyens qu’il a – qui ne sont pas brillants – et avec les politiciens qui les représentent – qui ne sont pas brillants non plus – ce n’est pas parce que c’est le communisme soviétique ressuscité. Non, c’est parce que les gens veulent l’état-providence. Et le terme n’est pas très sympathique, en anglais on dit l’état de bien-être et c’est ça que les gens veulent : c’est l’état de bien-être, ce qui est de la solidarité.

C’est que contrairement à tous ces bobards qui disent que la seule chose qui fait fonctionner la société, c’est la rivalité, la compétition, la concurrence, non, Messieurs Dames, non ce n’est pas ça qui fait marcher les sociétés ! Ce qui fait marcher les sociétés, c’est la solidarité spontanée que nous avons les uns vis-à-vis des autres. C’est la « philia » comme dit Aristote, c’est la générosité que nous mettons dans la vie quotidienne à faire marcher les choses, à ne pas enfoncer notre client, à ne pas essayer de rouler son collaborateur et ainsi de suite. C’est ça qui fait fonctionner nos sociétés ! Ce n’est pas le fait de considérer que les autres sont des nuls et qu’il faut absolument les enfoncer. Malheur aux vaincus, ce n’est pas ça qui fait fonctionner. On nous vend ça depuis 1975 : ces bobards, en finance et en économie, c’est encore pire que ça : ça date des années 1870, quand ces fameux représentants de la science économique sont allés se mettre au service du capital, pour appeler les choses par leur nom. Ils sont allés se faire bien voir du milieu de l’économie et de la finance et ont produit exactement ce que ces gens voulaient s’entendre dire, pour leur donner un vocabulaire avec lequel on allait enfumer le peuple et les politiques de manière générale.

Enfin, voilà la confirmation que je suis effectivement un optimiste. Qu’on reconnait enfin mon caractère d’optimiste, qu’on ne considère pas que je suis un Cassandre mais que simplement j’essaye de brandir la bannière, l’étendard de la lucidité et du réalisme. Et c’est tout. Et c’est ça qu’on appelle, à un certains moments : « Cassandre », « pessimiste », etc. Et à d’autres moments, on appelle cela : « optimisme ». Quand on appelle cela optimisme, c’est que les choses vont relativement bien, c’est qu’elles sont en train de s’arranger. C’est ce que je vous dis. Cela ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras, se dire que les choses sont déjà réglées. Non, non, non : il y a encore beaucoup de bataille. On va encore essayer de nous entuber pas mal de fois. On va encore nous mettre des bâtons dans les roues. On va essayer encore de nous faire des procès, ceci, cela, pour nous faire taire, n’est-ce pas ?

Et voilà, donc ce n’est pas terminé, mais nous sommes en train d’avancer. Les choses sont en train d’avancer et il faudrait que nous intervenions un peu plus, nous les gens de la base : ne pas attendre qu’ils soient en train de se couper la tête les uns les autres au sommet de nos élites. Il faut un peu les aider. Il faut soutenir les gens qui disent que l’ultralibéralisme, c’est terminé. Même si ce sont des représentants du FMI. Il faut soutenir les gens qui disent : « Les traités transatlantiques c’est terminé ». Il faut les soutenir et ne pas dire que ce sont des marchands de bobards qui essayent de nous enfumer. Non, non, non : il faut soutenir ces gens là. Il ne faut pas faire du pessimisme ou du défaitisme dans l’autre sens. Il faut regarder ce qui est en train de se passer et quand ça se passe dans notre sens, il faut le soutenir et dire que c’est bien, et voilà : encourager ces gens, même si ce sont des représentants de ces élites, même si ce sont des gens qui ont essayé de nous entuber la semaine dernière, s’ils sont en train de changer de camp, il faut absolument les soutenir, aller dans leur sens. Voilà, pas de rancune hein ! si ils sont pour nous, reconnaissons-le et aidons les.

Voilà, à la semaine prochaine.

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