Billet invité.
Le décor de la nouvelle crise grecque est planté. En faisant adopter par le Parlement deux modestes mesures sociales – que les députés de Nouvelle Démocratie ont annoncé voter ce soir – Alexis Tsipras a voulu montrer qu’il conservait malgré tout des marges de manœuvre. Mais c’est loin d’être gagné malgré les réactions qu’il suscite en sa faveur.
Devant cette injure faite à ses convictions, Wolfgang Schäuble a immédiatement coupé court à ces velléités et obtenu, sans coup férir et en guise de rétorsion, la suspension du reprofilage cosmétique à court terme de la dette grecque qui avait été déjà décidé. Continuant à brandir la menace d’une sortie de la Grèce de la zone euro, le ministre allemand ne peut toutefois pas la précipiter avant que les élections allemandes ne soient intervenues. Car si celle-ci devait intervenir, les créanciers de la Grèce n’auraient alors pas d’autre issue que d’accepter la restructuration de grande envergure d’une dette libellée en euros et devant désormais être remboursée avec une monnaie grecque faible.
Une fois encore, l’objectif du ministre allemand est de faire plier le gouvernement grec, fidèle à son autoritarisme et à sa rigidité doctrinale. François Hollande a réagi en déclarant : « il ne peut pas être question de demander encore des efforts supplémentaires à la Grèce ou de l’empêcher de prendre un certain nombre de décisions souveraines ». Mais sa parole manque de poids faute d’être intervenu à temps. Alexis Tsipras peut-il espérer trouver une issue lors de sa rencontre avec Angela Merkel à Berlin ?
À la suite de la démission de Matteo Renzi en Italie, un gouvernement qualifié de « photocopie » du précédent a été désigné par le nouveau premier ministre Paolo Gentiloni, qui apparait comme l’homme de Matteo Renzi avec pour mission d’assurer la transition en attendant son retour. L’intérim sera court, car le débat engagé sur la date des prochaines élections devrait être vite tranché en faveur de juin prochain. La raison étant qu’elles doivent impérativement précéder la tenue d’un second référendum pour ne pas être perturbées par un résultat à nouveau négatif, qui fait peu de de doute. Car le referendum portera sur la réforme phare du travail de Matteo Renzi, et la CGIL – la principale centrale syndicale – a déjà réuni trois millions de signatures en sa faveur, alors que 500.000 sont nécessaires pour imposer sa tenue. Par perturber les élections, il est entendu donner la victoire au Mouvement des 5 étoiles, ce qu’il faut à tout prix éviter !
Ces incertitudes européennes sont vénielles, comparées à celle que Donald Trump laisse de moins en moins planer, à considérer la galerie des horreurs de ses nominations aux postes de responsabilité : l’extrême droite américaine accède au pouvoir de la première puissance économique et militaire. Ce n’est plus l’alliance du sabre et du goupillon d’antan que l’on constate, mais celle de milieux d’affaires qui vont se complaire dans le conflit d’intérêts, le président élu en tête, et de militaires ayant pour livre de chevet les écrits de la John Birch Society. L’Amérique, sous son pire jour ! La caricature est parfaite, l’abomination totale.
Pour que le tableau soit complet, il faut aussi se pencher sur le cours que semble emprunter le Brexit, les autorités britanniques cherchant dans la cacophonie à adoucir un changement trop brutal. Prendra-t-il la forme d’une période de transition ? La Banque d’Angleterre y est favorable, afin de favoriser la stabilité financière. En priorité, un accord de coopération militaire pourrait être également négocié, en raison du désengagement américain de l’Europe annoncé par Donald Trump et des intentions belliqueuses non déguisées de création de la « Grande Russie » de Vladimir Poutine.
MISE À JOUR : PIERRE DANS LE JARDIN DE WOLFGANG SCHÄUBLE
Ils s’y sont mis à trois, la Commission, la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES), pour convenir que l’impact des mesures sociales décidées par Alexis Tsipras était « limité » et qu’elles « ne devraient pas changer de façon significative les objectifs budgétaires en 2017 et 2018 ».
M.V. Ramana (« Nuclear is not the solution », Verso books) vous dira que les SMR, c’est surtout pour que les milliardaires…