Billet invité.
Pour une surprise, cela en serait une ! Une candidature commune patronnée par Hamon et Mélenchon serait la suite d’une campagne présidentielle française déjà pleine de rebondissements. À défaut d’en être certain, on peut s’y attarder un moment.
Selon les sondages, une telle candidature pourrait accéder au second tour, lui donnant la possibilité de l’emporter face à Marine Le Pen, réalisant un remake du match que Jacques Chirac avait disputé et gagné. Bigre ! l’affaire est donc d’importance si on la prend comme cela.
Mais les plus proches adversaires étant les plus dangereux, cette loi de la politique va-t-elle une fois encore s’appliquer ? Les programmes les deux candidats se réclamant de la gauche divergent sur des points importants peut-on remarquer, dont semble-t-il l’Europe dans l’attente du plan B de Jean-Luc Mélenchon. Est-ce une raison pour ne vouloir faire l’unité que sous l’égide de l’un ou de l’autre, ou pour se résoudre à ce qu’elle soit impossible ? Avec au choix deux contenances pour la suite – subir les évènements navré ou les dénoncer outré – aucune des deux ne donnant grande prise sur ceux-ci…
Dans cette affaire, il ne serait pas question de bâtir un programme commun de gouvernement, mais de donner un mandat présidentiel sous forme d’objectifs à atteindre et de bornes à ne pas franchir. À la coalition le soutenant d’élaborer par la suite un programme, suivant un large mode participatif. Dans un contexte différent, l’exemple portugais fonctionne timidement, ce dernier aspect en moins. Une dynamique pourrait être recherchée, afin de tenter en France ce que Podemos était presque parvenu à instaurer en Espagne, et qui le divise aujourd’hui, sous la forme d’une articulation entre la lutte politique institutionnelle et la structuration de mouvements apartidaires à la base.
Les présidentielles françaises vont avoir lieu dans un contexte européen très mouvant. En Italie, on parle d’une scission du Parti démocrate italien et de l’alliance de Matteo Renzi avec Silvio Berlusconi, qui ne l’emportera pas nécessairement sur le Mouvement des 5 étoiles. En Espagne, la coalition de fait instaurée entre le Parti populaire, Ciudadanos et le PSOE est fragile. Et, en Grèce, nos créanciers apprentis sorciers sont une fois de plus à la manoeuvre, tandis que pour la première fois la réélection d’Angela Merkel n’est pas acquise par avance.
La partie est ouverte, une carte est à jouer, faut-il y renoncer au nom des meilleures intentions ?
254 réponses à “AU NOM DES MEILLEURES INTENTIONS, par François Leclerc”