LE SORT IGNORÉ DES RÉFUGIÉS, par François Leclerc

Billet invité.

Les plus hautes autorités européennes vont chercher de l’aide en Chine pour stopper l’arrivée de réfugiés qui fuient la Libye, les canots pneumatiques qu’ils empruntent y étant fabriqués. Après avoir été reçu à Pékin par Guo Shengkun, le ministre chinois de la sécurité publique, Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen chargé des migrations a déclaré « j’ai demandé le soutien des autorités chinoises pour repérer ce commerce et le démanteler, car ces produits ne sont pas dans l’intérêt commun, il s’agit d’outils très dangereux mis entre les mains de voyous ».

Incapables de stabiliser la situation libyenne chaotique afin d’obtenir l’équivalent de ce que la Turquie d’Erdogan leur a accordé, ils en sont là ! Jusqu’en 2014, des « bateaux-mères » transportaient les réfugiés avant de les transférer dans de petites embarcations près des eaux italiennes. Ce dispositif a été stoppé au prix de milliers de noyés, de victimes du froid et de la déshydratation, de réfugiés étouffés dans des canots surchargés ou asphyxiés par les émanations de carburant. Dans cette nouvelle étape de leur farouche combat, nos édiles vont-elles parvenir à faire de la Libye ravagée par la guerre civile un gigantesque camp de concentration dont on ne s’échappe pas ? Car le mot n’a pas été jugé trop fort par le Pape François, qui a lui-même critiqué les « camps de concentration bondés ».

Huit cent mille à un million de réfugiés, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, ont l’espoir de gagner l’Europe depuis la Libye à bord d’embarcations de fortune. Ils fuient une situation intenable, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ayant dénoncé l’existence de véritables « marchés d’esclaves » dans le pays, où les migrants sont vendus entre 200 et 500 dollars, où des centaines d’hommes et de femmes sont vendus sur des places publiques ou dans des garages. Les femmes promises à l’esclavage sexuel, et tous étant confrontés à la malnutrition, aux plus mauvais traitements et au risque d’être tués. Une situation devant laquelle les plus hautes autorités européennes, toutes occupées à leur lutte sans merci contre les passeurs, ferment les yeux.

Le sort que la Hongrie d’Orban réserve aux réfugiés est également inacceptable, et pourtant… Une deuxième clôture de 155 kilomètres de long et de trois mètres de haut, électrifiée, munie de détecteurs de chaleur, de caméras et de haut-parleurs diffusant des avertissements en anglais, en arabe et en farsi, est édifiée le long de la frontière avec la Serbie. En cours, sa construction est assurée par des détenus. La traverser illégalement ou l’endommager est considéré comme un délit en Hongrie.

Dix réfugiés sont au maximum autorisés chaque jour à pénétrer en Hongrie par deux points de passage, afin de déposer une demande d’asile. Ils attendront la réponse le temps qu’il faudra, détenus dans des camps fermés bordant la frontière où ils sont logés dans des conteneurs, au mépris des réglementations internationales qui proscrivent leur détention.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Merci pour votre retour. T.Prévost fait partie de ces journalistes-penseurs nécessaires en ces temps qui conjuguent l’accélération techno avec le…

  2. Même Ghandi n’aurait pas réussi, avec les moyens de propagande d’aujourd’hui. Les chaînes de télé en continu l’aurait traîné dans…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta