Prise en main de la nécessaire révolution environnementale, par Jean-François Descaves

Billet invité. Ouvert aux commentaires. P.J. : le point de vue développé dans ce billet me rend perplexe – c’est le moins que je puisse dire. Ceci dit, je suis curieux de savoir ce que vous en pensez.

Depuis quelques années, les dirigeants mondiaux essaient timidement de prendre à bras le corps les gravissimes problèmes environnementaux. Je ne reviendrai pas sur l’analyse détaillée de la longue liste des problèmes environnementaux, des personnes bien plus calées que moi sur le sujet interviennent sur ce site.

Les quelques actions menées depuis une dizaine d’années sont certainement dues à un début de prise de conscience des enjeux au sein de la société civile. Ce phénomène n’a semble-t-il pas encore atteint les hautes sphères du pouvoir et les promesses (ou absences de promesses) des politiques au pouvoir (ou sur le point d’y parvenir) semblent bien pathétiques au regard de la situation.

Cette prise de conscience progressive est évidemment gênée par des habitudes décennales (ancestrales ?) d’égoïsme de la part des individus et des institutions.

Par ailleurs, elle n’est malheureusement pas encore (assez) suivie d’actes permettant un changement de paradigme.

Voyons s’il existe une possibilité de mise en place d’une mesure qui pourrait changer massivement nos habitudes sans coût exorbitant pour la société dans son ensemble.

Mettons en place pour chaque foyer  un quota en crédit carbone ;

  • chaque année civile, chaque foyer se verrait décerner un quota de crédit carbone à dépenser et ce serait le même pour tout le monde (en fonction du nombre de personnes constituant le foyer).
  • Chaque produit et service aurait un prix en euros et un prix en crédit carbone.
  • chaque achat, chaque comportement aurait un impact sur le quota de crédit carbone de chaque foyer.
  • Le prix du crédit carbone serait évolutif dans le temps (à la hausse) et prévisible de manière à anticiper le coût de ses futurs achats.
  • En fin d’année, chaque foyer créditeur en crédit carbone aurait une prime égale au montant carbone non dépensé, les foyers débiteurs auraient un coût à assumer pour compenser le dépassement de leur quota.

Pour mettre en place cette mesure, il faudrait :

  • demander aux entreprises de connaître et d’afficher le réel coût et impact  de leurs produits et services (très intéressant à faire et instructif à savoir pour la société civile). Par ailleurs, il faudrait ajouter à ce type d’information, l’impact en termes d’utilisation (indispensable pour l’achat d’une voiture, une maison…)
  • mettre dans la boucle les entreprises de paiement (paiement électroniques et magnétiques) pour que chaque paiement déclenche automatiquement une mise à jour du compte personnel de crédit carbone (sur le même système que la carte vitale par exemple).
  • Eliminer les paiements anonymes, afin de ne pas pouvoir louer de Hummer de façon anonyme pendant une semaine par exemple…
  • créer un service indépendant qui aurait pour charge de vérifier et de labelliser les informations fournies par les entreprises sur l’impact de leurs produits et services.

Si cette mesure était mise en place, les effets pourraient être les suivants :

  • Une réflexion créatrice très importante de la part de tous (particuliers, entreprises…) sur nos impacts au quotidien, la possibilité de les comprendre et de faire autrement.
  • prise en main par les particuliers (l’effet d’aubaine pécuniaire) de cet aspect environnemental. Chaque foyer regarderait deux informations à l’acte d’achat, le prix et l’impact carbone. Chacun verrait dans cette mesure la possibilité de toucher une prime en fin d’année.
  • Les entreprises, devant afficher une véritable transparence et constatant que les consommateurs privilégieraient les produits les moins nocifs, pourraient  participer, sans le vouloir forcément, à cette voie d’amélioration.
  • L’État, les premières années, pourrait avoir un coût à supporter pour accompagner cette transition car je pense que les bons élèves seraient bien plus nombreux que les mauvais. Il reviendrait ensuite à l’État d’ajuster les quotas chaque année pour équilibrer les comportements.
  • La première conséquence pourrait être une certaine relocalisation de nos achats (l’achat de gambas zimbabwéennes se trouvant mis hors-jeu, par exemple).

Quelles sont les objections potentielles ?

  • La première objection qui pourrait être faite est celle qui consiste à dire que les foyers les plus modestes n’ont pas les mêmes moyens pour payer un éventuel surcoût environnemental. Je pense que ce ne serait pas le cas. En distribuant en effet les mêmes montants de crédit carbone à chaque foyer, sur la base d’un foyer médian, les foyers modestes auraient un montant à dépenser relativement plus important que le foyer « aisé » (peu de ménages modestes achètent un 4×4 Mercedes ou un voyage aux Seychelles.) Cela  pourrait donc être une mesure « sociale ».
  • On pourrait aussi objecter que cette mesure aurait un coût important pour les entreprises et notamment les plus petites et fragiles. La mise en place est effectivement complexe. Mais les grandes entreprises ont évidemment les moyens de mettre ce système en place, et elles ont déjà certainement une petite idée de leur impact carbone (cette information, quoiqu’incomplète, est souvent donnée dans les rapports de développement durable). On pourrait donc aider les entreprises (uniquement les plus fragiles) dans les premières années, sachant qu’elles aussi y trouveraient leur intérêt en termes d’impact sur leur activité. Il faudrait veiller à ce que cette mesure n’entraîne pas une flambée des prix pour cette raison.
  • Évidemment certaines entreprises y verraient une menace (constructeurs automobiles, voyagistes, importateurs de toutes sortes, vendeurs de produits carnés…) et s’y opposeraient de tout leur poids.
  • À terme, il faudrait aussi que les comportements à l’intérieur des entreprises soient étudiés, pour que cela ne reste pas un espace « de gabegie environnementale »

N’est-il pas temps d’essayer de tout mettre en place pour le bien-être des futures générations ?

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72 réponses à “Prise en main de la nécessaire révolution environnementale, par Jean-François Descaves”

  1. Avatar de Subotai
    Subotai

    On en est à parler de « crédit carbone » quand dans la Bougnoulie Extérieure où j’habite, un virus sorti on ne sait d’où commence à s’attaquer aux bananiers. Il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’exportation, par chez moi on n’exporte pas de bananes. Les bananes, de toutes sortes, par chez moi, ça se mange au quotidien.
    Vive le France, Vive Macron ( qui ignore où et ce que sont les confettis de l’Empire) et vive le réchauffement climatique!

  2. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Dans le vivant, la putréfaction est une étape qui libère beaucoup de gaz. Nos sociétés occidentales démocratiques et consumériste ne font pas exception.
    Vouloir gérer ce processus inéluctable avec les émanations qui suit:
    – quota,
    – crédit carbone,
    – taxes,
    – anticiper le coût,
    – foyers débiteurs,
    – paiement déclenche automatiquement,
    – produits et services,
    – réflexion créatrice
    – ajuster les quotas chaque année pour équilibrer les comportements,
    – surcoût environnemental,
    – entreprises y verraient une menace,
    – …
    et le pompon…
    – bien-être des futures générations

    C’est la dose qui est toxiques mais pas la substance en elle-même !

  3. Avatar de Le Borgne
    Le Borgne

    Pardon mais on dirait une cour d’école.
    Petit rappel : Le dioxyde de carbone (CO2) est une des formes circulantes du carbone dans l’atmosphère terrestre. Il est un des éléments essentiel de la vie dans la mesure ou les végétaux (dont le phytoplancton de l’océan) le captent par la photosynthèse pour se construire. Les animaux dont nous faisons partie, consomment pour la plupart des végétaux, qu’ils vont transformer en énergie + matières premières, libérant le CO2 capté initialement par les plantes (cycle de Krebs).
    Les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) sont des résidus de végétaux séquestrés dans l’enveloppe terrestre et datant de millions d’années, très riches en carbone et dont la combustion libère du CO2 (entre autres).
    Le problème est bien la libération massive de ce CO2 fixé depuis des millions d’années par nos besoins énergétiques pantagrueliques; qui entraîne un effet de serre, réchauffant en moyenne la planèteet entraînant dilatation des océans et fonte des glaces…qui libère du CO2…
    Beaucoup d’autres gaz sont toxiques ou impactent le climat. Oui le CO2 n’est qu’un exemple et un symbole, car au départ il nous construit, et c’est comme ça que nous finirons, comme tous les êtres vivants

  4. Avatar de LE PAPE
    LE PAPE

    Toutes ces propositions y compris celle de l’auteur ne servent à rien en tentant vainement de gérer l’ingérable via des circonvolutions :
    – il est bien trop tard pour rectifier le tir, puisqu’on en est déjà à 1,6 planètes
    – dans le cadre d’un système de croissance, il est impossible de faire de la décroissance car c’est bien de ça qu’il s’agit

    De fait, il n’y a pas de solution à notre problème car nous sommes, comme l’a dit Paul Jorion, une espèce colonisatrice et opportuniste qui n’étant pas régulée par un prédateur ne peut qu’aller à l’épuisement des ressources finies que la technologie ne fait que nous rendre disponibles.

    La suite de l’histoire est donc nécessairement un effondrement généralisé de la civilisation thermo industrielle pour nous ou nos descendants, ce n’est qu’une question de temps. Pour reprendre la métaphore des nénuphars et de la croissance exponentielle, en sommes nous déjà au stade dernier doublement ? En constatant que nous consommons 1,6 planètes nous répondons à cette question ce qui est cohérent avec la prévision du MIT pour un début d’effondrement au plus tard en 2030.

    Alors les amis, nous n’avons plus que 10 ans à profiter ou se préparer. Une seule chose est certaine : ça va saigner et ceux qui ont plus de 50 ans, dont je fait partie, n’ont plus beaucoup d’années à vivre.

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