Trump et pourquoi j’entends contribuer à sa chute

Vous vous demandez pourquoi il vous semble que je consacre ces jours-ci toute mon énergie à un seul combat : commenter en direct la chute prochaine de Donald Trump (et pourquoi pas y contribuer dans la mesure de mes très faibles moyens).

Quelle est la raison d’un tel combat ? Le fait que Trump utilise la pleine puissance du pouvoir dont il dispose en tant que président des États-Unis à précipiter l’extinction du genre humain en annulant les mesures que ses prédécesseurs ont prises pour tenter de maîtriser la dégradation de notre environnement, pour tenter aussi de réduire le volume de la combustion par nous d’énergies fossiles, principale source du réchauffement climatique et de la montée des eaux par fonte des glaces et dilatation de l’eau des océans.

Pourquoi Trump a-t-il adopté cette stratégie suicidaire pour le genre humain ? Parce qu’il a pris la tête d’une « croisade des pauv’ cons », comme il y eut autrefois une « croisade des enfants » qui, en 1212, vit partir en errance sur les routes une horde de déclassés, dont les maigres survivants finirent esclaves à Saint-Jean-d’Acre.

Trump est honnête : il se sent pauv’ con à l’égal de l’ensemble de ses troupes. Dès sa naissance, les zélites n’ont cessé de le lui faire comprendre. « La caque sent toujours le hareng » lui a-t-on sans cesse répété. Son grand-père Friedrich a fait fortune dans la prostitution, complétant sa collection de bordels par des pensions et des restaurants aux idées larges. Son père Fred a fait croître la richesse familiale en tant que marchand de sommeil sympathisant du Klu Klux Klan, condamné en justice pour discrimination raciale. Donald lui-même a cru faire le saut de la respectabilité, colonisant les quartiers rupins, ce qu’il n’aurait probablement pas pu faire (nous en saurons bientôt sans doute bien davantage) si l’argent sale venu des quatre coins du monde n’avait pas été lavé plus blanc qu’Omo par ses soins.

Cette histoire familiale explique pourquoi le moindre centime additionnel récolté par lui, pourquoi la moindre virgule ajoutée dans une flatterie qui lui est adressée, est bienvenu, parce que son estime de soi tend en permanence vers le zéro de son niveau naturel, et est disposée du coup à faire feu de tout bois – dans l’espoir de la faire remonter.

Trump est pétrifié depuis la saisie par la justice des dossiers de Michael Cohen, son avocat, dont il affirme qu’il s’occupait davantage d’opérations immobilières juteuses que de peccadilles comme quelques centaines de milliers de dollars répartis entre des dames aux mœurs légères pour qu’elles n’entament pas par leurs propos son image de marque d’irrésistible Casanova : « Moi, Madame, je fais l’amour aux femmes les plus belles du monde pour pas un rond : elle font la queue, c’est le cas de le dire ! ». La saisie de ces dossiers sonne le glas, il le sait, sinon de sa carrière tout entière, du moins du personnage auquel il s’identifie de chevalier blanc « drainant le marécage » des gens en place, des satisfaits d’eux-mêmes.

« Vous êtes des pauv’ cons à leurs yeux, et moi aussi d’ailleurs, prêche-t-il à ses troupes surexcitées dont l’amertume est le seul carburant, malgré mes millions – pardon, mes milliards, en dépit du fait que je sois diplômé d’une université de l’Ivy League (en français : « grande école »). Mais ce que j’ai vu là ne doit pas vous faire envie : je n’y ai vu que des gens dont les bonnes manières voudraient que je les qualifie d’incompétents, mais je vais les appeler – puisque nous sommes entre nous – du terme qui s’applique véritablement à eux de stupides. Oui ils sont en réalité stupides : ils n’ont pas compris comment le monde marche vraiment : que le pouvoir vient avec le pognon et que, quoi qu’on en dise, on n’en a jamais assez ! Mais je suis à vos côtés, et je suis Président (à ma première tentative !), et nous leur en ferons voir ! ».

Et Trump d’ajouter : « Ce que je vais faire pour vous, c’est rouvrir les aciéries, faire revenir les boulots à la con du Bengladesh. Parce qu’au moins ils rapportent quelque chose, alors que la racaille de Mexicains violeurs qui sont prêts à travailler pour de la roupie de sansonnet et les robots qui sont prêts eux à travailler pour pas un rond, ne vous laisseront rien : ils vous voleront le peu qui vous reste ! »

Et il pourrait ajouter, mais comme il ne le fera pas, je le ferai à sa place : « Bien sûr que nous foutrons la planète en l’air en deux temps trois mouvements, mais comme leurs vélos, leur triage de déchets, leur permaculture, et autres gadgets débiles, ne feront de toute manière aucune différence à l’arrivée, autant que le genre humain disparaisse dans un grand feu d’artifice, avec les pauv’ cons au pouvoir et s’en payant une bonne tranche, la dernière, pendant le temps qui reste ! »

Trump a-t-il tort sur le fond ? Peut-être pas. Alors pourquoi désigner comme l’ennemi ultime son carnaval en forme de danse macabre de la fin des temps ? Parce qu’il incarne la mort et que la mort n’a rien de particulièrement original car on la trouve absolument partout dans l’univers – voyez pour vous en convaincre les plus récentes photos de la sonde machin sur la comète trucmuche : que de la mort, vers le haut, vers le bas, et dans toutes les directions. Alors que nous, nous sommes la vie, et que la vie, petit brandon qui rougeoie, est précieuse parce qu’infiniment rare et que le combat que nous menons pour maintenir la vie en vie toutes les minutes que Dieu fait (lui ou qui que ce soit d’autre), est ce qui fait de nous l’exception cruciale de l’univers, et que toute lutte pour la perpétuer est belle en soi, même si ce n’est plus en fin de parcours que pour la simple beauté du geste parce qu’il ne reste plus rien, même s’il ne s’agit plus que d’un baroud d’honneur car c’est celui du savoir et non de l’ignorance. Et c’est pour cela que Trump et son nihilisme, celui de ceux qui n’ont hélas pour eux et pour nous, rien compris quand ils étaient sur les bancs de l’école, est en travers de notre chemin, même si notre compassion, notre sympathie, notre compréhension, va aux perdants magnifiques qu’ils sont, au sein d’une histoire humaine qui n’a en effet jamais beaucoup dévié hélas du « Malheur aux vaincus ! ».

Pour sauver le monde tous ensemble, il faudra d’abord les faire émerger eux de leur amertume et leur faire à nouveau aimer la vie pour qu’ils cessent de lui préférer la politique du pire qui ferait que nous disparaîtrions au moins tous ensemble : pauv’ cons et rupins enfin réunis dans un bouquet final. Il faudra ensuite sauver la planète dans sa capacité à nous supporter encore, nous, pauvres pécheurs ! Il reste du pain sur la planche !

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