« DÉFENSE ET ILLUSTRATION DU GENRE HUMAIN » : Une nouvelle religion ? Pas tout à fait ! – Retranscription

Retranscription de « DÉFENSE ET ILLUSTRATION DU GENRE HUMAIN » : Une nouvelle religion ? Pas tout à fait !. Merci à Catherine Cappuyns !

Bonjour, nous sommes le lundi 4 juin 2018 et aujourd’hui je vais encore vous dire un petit mot sur ce livre-là (Défense et illustration du genre humain). C’est un livre que j’ai écrit, qui a été publié il y a une quinzaine de jours. Je passe dans des librairies, dans des émissions à la radio, à la télévision à propos de ce livre mais je voudrais ajouter quelque chose.

Beaucoup d’entre vous me connaissent à partir d’une émission de radio qui est passée sur France Culture – je ne sais plus quand c’était, c’était il y a six ou sept ans [le 30 novembre 2011] – et vous avez été choqués. « Choqués » dans le bon sens du mot, parce qu’il y avait là un Monsieur qu’on interrogeait et qu’on houspillait sur telle ou telle chose dont je vais vous parler et qui a répondu du tac du tac au journaliste qui s’appelait M. Brice Couturier. Et beaucoup d’entre vous ont eu l’amabilité de m’écrire par la suite, très rapidement : dans les minutes qui suivaient, en disant : « Ça fait plaisir d’entendre quelqu’un qui est invité sur France Culture et qui remet un paltoquet à sa place ». Je ne sais pas si pour « paltoquet » on peut vous traîner devant les tribunaux, je ne crois pas : je crois que ça se trouve dans Tintin [rires] !

Que faisait ce Monsieur ? Il m’interrompait sans cesse. Je parlais de la fin du capitalisme, qui n’est toujours pas dans un bon état et il n’arrêtait pas de dire : « Mais que mettriez-vous à la place ? ». Et vous connaissez ce vieux piège, on me l’a encore fait l’autre jour : « Si vous critiquez le capitalisme, c’est que vous êtes un bolchévique avec le couteau entre les dents. Vous êtes un communiste ! » C’est un vieux réflexe de ces gens-là : « Si vous n’êtes pas d’accord avec moi, c’est que vous êtes un communiste bolchévique avec le couteau entre les dents ! ». Bien entendu, ce n’est pas le cas : il y a des tas de choses qu’on peut proposer qui n’ont rien à voir avec le communisme.

Ce communisme était un type de capitalisme d’état, plus ou moins – comment dire ? – bureaucratique, fondé sur la surveillance de tous par tous et avec beaucoup de sang sur les mains. Donc, ce n’est pas ça que je propose. À aucun moment je ne propose ça. Mais au cours des années qui ont suivi cet entretien avec M. Couturier, on n’a pas arrêté de me dire : « Oui, oui, d’accord, c’est bien de critiquer mais qu’est-ce que vous mettriez à la place ? ». Et j’ai commencé petit à petit à mettre des briques, à construire des murs. Il y a un petit ouvrage qui a été fait à la demande de Solidaris en Belgique, qui s’appelle Vers un nouveau monde où je parle de choses à mettre en place.

Mais ici, dans celui-là, il y a tout un système. Il y a tout un système. Ce n’est pas une religion, encore que j’aie réfléchi en l’écrivant à ce propos de Saint-Simon. Saint-Simon, un personnage étonnant, parce que c’est vraiment la personne qui a mis l’accent sur l’entreprise mais c’est aussi un socialiste de la première heure qui a inspiré pas mal de gens par la suite, en particulier Karl Marx dans un autre style : dans le style autoritaire. Et Saint-Simon disait qu’on ne peut pas changer le monde sauf à créer une religion et c’est pour ça qu’il y a eu des prêtres saint-simoniens. Il y en a un qui est devenu célèbre en particulier, qui s’appelle Auguste Comte, qui a inventé son propre système qui s’appelait le positivisme et qui est considéré comme un des grands fondateurs de la sociologie.

Moi j’ai un système. Je vous ai dit que c’est un livre féroce, je vous ai dit que ce sont des armes, je vous ai dit que c’était un arsenal pour critiquer la société dans laquelle on est. J’ai dit que c’est même un livre de développement personnel parce que je m’intéresse aux choses qui touchent les gens dans la vie de tous les jours, comme les soucis, l’angoisse, l’anxiété et des choses comme ça. Il y a un peu de tout. Il y a surtout un système. Et là, ce système il est étonnant et la preuve en est ce que j’entends dire sur les gens qui sont en train de lire le livre – les journalistes en particulier – et qui sont dans une profonde stupéfaction dont ils n’ont pas l’air de vouloir sortir [rires].

Vous le savez, je suis quelqu’un qui s’est intéressé à pas mal de domaines ; c’est un peu la vie qui m’a conduit à des endroits différents mais dans la quasi-totalité des domaines que j’ai touchés j’ai proposé ce qu’on appelle des changements de paradigme : j’ai proposé qu’on regarde les choses tout à fait autrement. La sociologie, l’intelligence artificielle, la finance, l’économie, et quand je mets tout ça ensemble, cela demande beaucoup de changements dans la manière de voir les choses. C’est un tout autre monde qui apparaît. Et c’est cela qui explique à mon avis la stupéfaction de mes premiers lecteurs [sourire] qui sont là – je le sais – à se regarder l’un l’autre en disant : « Qui tire le premier ? » et « Est-ce qu’il faut tirer pour le détruire ? » ou « Est-ce qu’il faut tirer au contraire pour le porter aux nues ? ». D’où la perplexité.

Parce que dans ce livre, regardez les gens dont je dis du bien – pas sans les critiquer, bien entendu, et en les prenant souvent sous un angle extrêmement différent de celui où on les a pris jusque-là – vous avez quand même un étrange mélange. Vous avez des gens qu’on attend un peu comme Freud puisque j’ai une formation de psychanalyste, cela va de soi, mais on trouve saint Paul, on trouve Confucius, on trouve Mao Tsé-Toung, on trouve Jacob Taubes – dont personne n’a entendu parler, je crois, jusqu’ici -, on trouve Shakespeare et Victor Hugo. J’ai trouvé chez tous ces gens des éléments qu’il faut mettre ensemble pour construire un autre système. Comme j’ai dit : pas une religion, mais vraiment un autre système. Quelque chose à mettre à la place, quelque chose à répondre à tous les Brice Couturier du monde qui voudraient que vous disiez : « Le seul truc de remplacement, c’est le communisme soviétique ! » pour vous disqualifier immédiatement.

Alors voilà : dans ce livre il y a beaucoup de choses, il faut le lire lentement. En plus, il est gros, mais je crois qu’il y a là les matériaux, les briques, les plans, pour faire un véritable nouveau monde et pas simplement sous la forme simplement d’une liste de choses à faire. Non, non : quelque chose qui se tienne ensemble, qui ne soit en fait pas un post-humanisme ni un transhumanisme mais un humanisme remis à neuf dans la perspective de la raison, dans la perspective des Lumières : tout cela n’est pas à ranger au magasin des accessoires ! Il y a la place pour un humanisme ! Mais, comme vous le savez, il faut aller très très vite parce que cet humanisme-là que je propose, il risque de disparaître aussitôt que mis en place.

C’est ce que je voulais vous dire ce matin, les choses que je n’ai pas encore dites sur ce livre. Lisez-le. Je vous l’ai dit : c’est un arsenal et on a besoin de prendre le pouvoir … d’une manière ou d’une autre.

A bientôt !

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