« Exigez que votre parti ou mouvement reprenne les mesures préconisées par Paul Jorion pour remettre l’Europe sur les rails », par Pierre-Yves Dambrine

Mesdames, Messieurs, les députés, cheffes et chefs de parti, de mouvement, si vous avez encore un peu de bon sens, et d’humanité, exigez que votre parti ou mouvement reprenne les mesures préconisées par Paul Jorion pour remettre sur les rails cette Europe que nous chérissons et qui malheureusement part à vau-l’eau et disparaîtra un beau matin parce que nous n’aurons rien tenté de sérieux pour la sauver.

C’est important pour l’Europe, mais ce serait aussi faire œuvre utile pour l’humanité toute entière.

C’est le message que délivre Paul Jorion dans ce texte programmatique qui a valeur aussi de manifeste.

L’injustice, l’indignité pourront être combattues plus sûrement partout si l’Europe donne l’exemple, non pas à coup de belles incantations, et de leçons de morale adressées au reste du monde, mais en se dotant d’institutions enfin taillées à la mesure des défis qui s’imposent à nous désormais en Europe et sur la planète.

Je ne me fais pas beaucoup d’illusion, vous appartenez sans doute à un parti, un mouvement, qui obéit à une logique d’abord électoraliste, autant dire court-termiste, si bien que ce qui aux yeux des citoyens du monde semblerait être prioritaire, passe au second plan dans vos programme d’action.

Sans doute, ici ou là, certaines de vos mesures vont dans le bon sens, mais globalement le compte n’y est pas du tout. Souvent même elles sont contreproductives, il y a même des petits pas qui sont des avancées certaines vers l’abîme. Car vos ‘mesures’, largement sous-dimensionnées, à côté de la plaque, ne prennent pas les problèmes en amont, font un diagnostic incomplet d’une situation qui ne peut pas être appréhendée de mille manières différentes mais exige au contraire qu’on l’examine avec le regard sans complaisance de l’homme de raison indépendant de tout groupe de pression. Bref, les mesurettes manquent de pertinence et ratent la cible qu’elle sont censées viser.

Il ne vous reste donc plus qu’à faire mentir mes craintes, relevez donc le défi, élevez-vous au dessus de la mêlée pour exiger de vos collègues autre chose que la médiocrité, autant dire les expédients de la politique à la petite semaine. Bref, surpassez-vous ! Et si vous êtes vous-même responsable au sein d’un parti, d’un mouvement, oubliez les sondages, les petits calculs électoralistes, laissez parler le citoyen qui sommeille en vous, élevez le débat au seul niveau qui devrait importer, le meilleur, au plus haut niveau. Et sans doute serez-vous surpris par les résultats de votre audace. Les citoyens n’attendaient en réalité que celle-ci pourvu qu’elle soit juste et raisonnée.

Quand la banquise fond comme neige au soleil dans des proportions inquiétantes, quand l’océan est en passe de devenir une immense poubelle, quand les inégalités s’accroissent au bénéfice d’une aristocratie de l’argent rendant de fait impossible l’action des hommes et femmes de bonne volonté, n’est-il pas temps de s’insurger, et de faire plus et mieux, et même encore beaucoup plus, pour être à la hauteur de ce qu’il convient réellement de faire.

Prenez donc la peine de lire un à un les mots choisis soigneusement par l’anthropologue Paul Jorion car ici tous les détails comptent et ont été mûrement réfléchis, ils sont l’aboutissement de toute une vie d’étude et de réflexion, alimentés par des enquêtes de terrain dans des domaines cruciaux pour notre avenir : la politique monétaire et financière. Ces réflexions ont donné lieu à un corpus d’idée qui se trouvent maintenant déposé dans quelques livres fondamentaux pour comprendre tout simplement quelque chose au monde apparemment complexe qui s’offre à nos yeux. Le monde n’est pas simple, mais il est possible d’en dégager les articulations majeures, et c’est ce à quoi s’est employé l’auteur.

Paul Jorion, vous l’aurez peut-être noté, ou pas, ne mentionne pas dans ce texte consacré spécifiquement à l’Europe, des choses qu’il préconise par ailleurs, comme l’extension du domaine de la gratuité, dont il parle ici. De même il n’est pas question directement d’écologie, dont il parle là.

Que cela ne soit pas un frein pour la réception de ce texte. Si certaines choses n’y sont pas, ce n’est pas, de toute évidence, que l’auteur s’en soit désintéressé ici, mais parce que ce programme pour l’Europe se concentre sur les mesures d’urgence pour l’Europe elle-même et en même temps les plus pertinentes pour poser les bases d’un monde viable et désirable pour l’humanité à long terme.

Il y a des partis écologiques, et tous les partis évoquent désormais l’écologie, devenue incontournable, par la force des choses, mais il ne suffit pas de prononcer le mot écologie pour colorer en vert toute réalité.

L’écologie dans le monde tel qu’il est, c’est un ensemble d’écosystèmes qui dépend désormais de l’action humaine. Or l’humanité a indiscutablement une dimension collective, si nous coexistons c’est que nous vivons au sein de sociétés, et ces sociétés humaines sont donc pourvues d’institutions. Depuis déjà quelques siècles, ce sont les institutions économiques et financières qui pèsent le plus dans notre destinée humaine à la surface de cette planète. Ce sont les institutions monétaires et financières, cela parce que la quasi totalité de notre vie matérielle dépend de transactions monétaires, autrement dit de l’argent, appelé à juste titre ‘le nerf de la guerre’. Nos dirigeants ne se privent pas d’ailleurs de dire que nous sommes en guerre économique. Ils oublient seulement de dire que c’est contre nos frères humains, ici et ailleurs, et en définitive contre nous-mêmes. Contre l’espèce humaine.

Il est un fait que l’argent, mal employé, au sein de mauvaises institutions, ou pire, du fait de l’absence des institutions propices à son juste emploi, est le point nodal sur lequel il faut concentrer, de toute urgence, nos efforts. L’extension de la gratuité ne pourra intervenir que si a minima l’étau de la finance mortifère se desserre. Sans quoi notre monde continuera sur sa lancée actuelle, qui est celle de l’auto-destruction.

Tel est le sens, me semble-t-il, du message que nous adresse, que vous adresse, Paul Jorion, intellectuel de haut vol et citoyen du monde. Prenez le temps de le lire, essayez d’en comprendre toutes les implications, et si des éléments de compréhension vous manquent, allez lire ses livres. Ou fréquentez un peu plus souvent ce blog.

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