Vers un état « Terre-serre » : notre « merveilleuse capacité d’adaptation » impuissante, par Cédric Chevalier

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Un article scientifique paru le 6 août dans PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) illustre bien le scénario 2) de ma réflexion du 2 août, Quid du déni face au choc de la réalité ? : pour ceux qui s’informent de la science (« on comprend mais trop tard » : effet de seuil et inertie du système Biosphère),
2) L’Humanité va subir un choc terminal précédé d’une prise de conscience trop tardive, à cause des effets de seuil liés à l’inertie de la Biosphère et de l’Anthroposphère (crise cardiaque fatale du fumeur, où ses derniers mots sont « j’aurais dû arrêter de fumer »)
et le scénario 1), pour les autres, qui disparaissent bienheureux dans leur ignorance…

1) L’Humanité va subir un choc terminal sans prise de conscience, c’est-à-dire qu’elle va s’éteindre sans jamais se rendre compte collectivement des causes réelles de son extinction (crise cardiaque fatale du fumeur, qui demande une dernière cigarette en expirant)

Références :

Earth at risk of heading towards ‘hothouse Earth’ state : La Terre risque d’évoluer vers un état « Terre-serre ».
Trajectories of the Earth System in the Anthropocene, Trajectoires du système-Terre dans l’anthropocène.

Sommaire

Nous explorons le risque que des rétroactions auto-renforçantes puissent pousser le système terrestre vers un seuil planétaire qui, s’il est franchi, pourrait empêcher la stabilisation du climat à des températures intermédiaires et provoquer un réchauffement continu sur une trajectoire « Terre-serre » alors même que les émissions humaines sont réduites. Le franchissement du seuil conduirait à une température moyenne mondiale beaucoup plus élevée que durant n’importe quelle période interglaciaire au cours des 1,2 million d’années passées et à des niveaux de la mer sensiblement plus élevés qu’à n’importe quel moment de l’Holocène.

Nous examinons les preuves qu’un tel seuil pourrait exister et où il pourrait se situer. Si ce seuil est franchi, la trajectoire qui en résulterait causerait probablement de graves perturbations des écosystèmes, de la société et de l’économie. Une action humaine collective est nécessaire pour éloigner le système terrestre d’un seuil potentiel et le stabiliser dans un état habitable de type interglaciaire. Une telle action implique une gestion de l’ensemble du système terrestre – la biosphère, le climat et les sociétés – et pourrait inclure la décarbonisation de l’économie mondiale, l’amélioration des puits de carbone de la biosphère, des changements de comportements, des innovations technologiques, de nouveaux systèmes politiques et des valeurs sociales transformées.

Ce n’est en rien de la fiction, puisqu’on sait que la Terre a connu bien des climats extrêmes lors des centaines de millions d’années qui nous ont précédées, certains où elle était couverte de désert, d’autres où elle était couverte de neige, en fonction des différentes hypothèses et théories des paléoclimatologues. Comme à l’occasion de tes [Paul Jorion] réflexions sur le risque et l’incertitude lors du Tsunami et la catastrophe de Fukushima, la variabilité perçue, documentée ou exhaustive d’un phénomène sont 3 choses bien différentes, et calibrer la réponse sociétale en fonction d’une variabilité perçue de manière euphémiste (style approximation par la loi normale), ou d’une variabilité documentée sur une trop courte période de retour d’occurrence (style uniquement les tsunamis du dernier siècle), nous conduit généralement au pire. Car il se peut qu’il y a bien longtemps, un tsunami « de plus de 30 mètres de haut » ait eu lieu sur ces rivages.

 

Il y a donc des mécanismes d’emballement « consubstantiels » au système Terre, qui sont capables, en se combinant, de mener le climat à différents équilibres forts différents. L’espèce humaine, depuis 200.000 ans n’a sans doute connu qu’une toute petite partie de la fluctuation possible du système. Donc non seulement historiquement nous n’avons pas du tout une mémoire, une documentation suffisante de notre propre climat mais en plus, notre mémoire génétique non plus. Donc préjuger de notre « merveilleuse capacité d’adaptation » me semble très euphémiste également. La science permet de dépasser les limites de notre mémoire historique en reconstituant les climats les plus anciens de la Terre mais je crains qu’à part une minorité d’individus qui ont suffisamment d’imagination (et j’ai grandi avec une mère prof de bio, chimie et physique, avec une bibliothèque pleine de livres sur les dinosaures), la majorité soit aussi peu affectée par ces travaux scientifiques qu’une vache par un morceau de viande.
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