Point de l’actualité américaine : nouvelle formule, le 18 août 2018 – Retranscription

Retranscription de Point de l’actualité américaine : nouvelle formule.

Bonjour, nous sommes le samedi 18 août 2018, et si vous avez regardé mon blog -vous avez du voir – j’ai mis un billet qui s’appelle La chute de la météorite Trump, qui est le nom du livre que je suis en train d’écrire sur les événements qui se passent aux États-Unis. J’ai mis la date d’aujourd’hui, le samedi 18 août 2018, et j’ai mis 08h20. C’est il y a trois quarts d’heure par rapport au moment où je parle.

Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ?

Parce que je me suis réveillé et je me suis dit : « De quoi il faudrait parler sur l’actualité aux États-Unis ? » Je me suis dit : « Il y a ceci, et puis il y a ça, puis il y a ça, puis il y a ça. » Et je n’avais pas encore vu les dernières nouvelles dont je vais vous dire un mot. Je me suis dit : « Qu’est-ce que ça fait ? Ça fait deux billets et ça fait deux vidéos déjà en serrant pas mal. Qu’est-ce que je vais faire ? Je vais annoncer. »

Je vais commencer par annoncer ce que je vais faire. Parce que je vois maintenant, ces jours-ci. Comment ça s’est passé ? Vous avez commencé par me dire il y a, disons trois semaines, un mois, surtout des messages disant : « Vous parlez beaucoup trop de M. Trump, il y a des choses plus intéressantes. Et d’ailleurs Mme Clinton, etc. » Et puis maintenant, ces jours-ci : « Vous n’avez pas encore parlé de Mme Omarosa, vous n’avez pas encore parlé de ceci, cela. » Alors je me suis dit, voilà, je vais faire peut-être tous les jours disons, et je mettrai ça à jour, je ferai le point de ce que j’ai l’intention de dire, pour éviter les messages : « Vous n’avez pas parlé de ça. »

Pourquoi est-ce qu’on m’envoie ces messages-là ? C’est parce que les gens font comme moi : ils regardent dans la presse française, et la presse française est à la plage. Il y a quelques dépêches d’agence qui sont reprises un jour sur deux sur des choses qui se passent aux États-Unis. Et c’est souvent, comme ce matin dans Le Monde. C’est un sujet, bon, très important, c’est des choses dont je parle. Mais manifestement c’est une dépêche qui n’est, voilà, c’est une actualité d’il y a quinze jours, il y a trois semaines, ce n’est pas véritablement du direct.

Je suis dans la même situation qu’à l’été 2007. À l’époque j’étais aux États-Unis, j’habitais à Santa Monica, en Californie. J’allais travailler chez CountryWide, c’était à peu près 40 minutes en voiture en traversant, j’ai raconté ça à l’époque, d’abord longer la plage de Santa Monica puis celle de Pacific Palisades, longer celle de Malibu dont tout le monde connaît le nom, puis prendre Malibu Canyon, passer à travers la montagne et me retrouver de l’autre côté. L’avantage pour moi, comme maintenant, c’est que si j’ai vraiment envie d’aller me baigner à la plage en fin de journée, je peux le faire. Et je crois que c’est très tentant avec des journées aussi remplies [rires]. C’est pour vous dire, je vais faire comme ça, devant la carence absolue de la presse francophone… qui est à la plage, alors là, partie pour deux mois.

J’ai écrit d’ailleurs, je ne sais pas, vers la fin juillet, au directeur du Monde. C’est une maison où je suis un peu connu puisque je suis chroniqueur mensuel. Je voulais dire : « Que se passe-t-il ? Où est l’équipe ? Pourquoi personne ne couvre l’actualité aux États-Unis ? » Je n’ai pas eu de réponse à mon message [rires], ce qui était significatif et qui était une réponse en soi. Le directeur du Monde était à la plage lui-même.

Mais donc je continue. Je vais continuer, et si j’ai fait ce papier ce matin pour faire une liste des courses à faire, c’est parce que j’ai le sentiment d’être absolument tout seul du côté de la presse francophone, pas du côté de la presse anglophone, bien entendu.

J’ai un désavantage par rapport à ces malheureux colons, envahisseurs en même temps, qui se trouvaient entourés par les Indiens : je ne sais même pas s’il y a une cavalerie. Ils avaient au moins l’espoir jusqu’au bout que la cavalerie allait peut-être arriver. Moi je ne suis même pas sûr qu’il y ait une cavalerie [rires]. Il est possible qu’au moins jusqu’à la rentrée, je sois seul sur le pont avec un équipage qui se trouve occupé à d’autres choses ou qui n’a même pas embarqué, ce qui est bien possible.

Alors voilà, je vais faire comme ça, je vais faire des points, je vais dire où j’en suis. Ne m’écrivez pas en me disant : « Vous ne l’avez pas encore fait » parce que vous voyez bien, je suis déjà au régime… Si je fais ça, c’est parce que je suis déjà au régime des quatorze heures par jour. Je ne veux pas faire davantage. Je ne vais pas essayer, parce que vous me direz : « Monsieur Jorion, votre santé ! » Voilà comment on va faire pendant les jours qui viennent. Je ne sais pas comment les choses vont avancer mais vous voyez, aux États-Unis ça se précipite véritablement. Il y a une possibilité en novembre pour les électeurs de voter pour élire un parlement, un congrès, un sénat d’une autre composition. Si c’est une majorité démocrate, bien sûr ils lanceront immédiatement une procédure d’impeachment – de limogeage, de révocation – du président. Mais à mon sens il peut encore se passer plein de choses avant le mois de novembre. M. Trump est dans un tel état de, comment dire ? de panique et les gens autour de lui également, en raison essentiellement du fait que Mme Omarosa dit avoir deux cents enregistrements. Et comme on a du la considérer un peu comme les meubles là-bas, comme une personne inoffensive, et en tout cas une personne du sérail qui n’allait sûrement jamais vendre la mèche, la plupart des gens doivent se sentir compromis d’avoir dit des choses devant elle qu’elle a enregistrées et qui sont des choses extrêmement dommageables, encore plus dommageables que ce qu’on sait déjà, qui est déjà tout à fait considérable.

Je faisais allusion à une chose que je n’ai même pas mentionné dans la liste : ce sont deux interviews qui ont eu lieu dans la soirée hier aux États-Unis de M. Steve Bannon sur l’anniversaire de la manifestation suprémaciste à Charlottesville qui avait conduit à la mort de Heather Heyer, une contre-manifestante. C’est le premier anniversaire de cela et on interroge M. Bannon là-dessus. Bien entendu, comme il est lui-même un suprémaciste d’extrême-droite identitaire, il confirme que M. Trump avait eu raison de dire, parlant des néo-Nazis suprémacistes et autres identitaires qui défilaient et des contre-manifestants, en disant qu’il y a des gens sympathiques des deux côtés. M. Bannon confirme que c’est toujours son opinion à lui mais par ailleurs il lance, indépendamment du Parti républicain – il n’est plus à la Maison-Blanche, il en a été évincé peu de temps d’ailleurs après ces événements de Charlottesville et en raison de son soutien manifestement à l’extrême-droite – il lance un appel, indépendamment du Parti républicain, à la guerre : à la guerre autour des élections de novembre. Il fomente délibérément une atmosphère de guerre civile, et il ne devra pas pousser beaucoup parce que la polarisation, comme vous le savez, est considérable.

Quand on regarde, on vous parle beaucoup du fait que les gens de Trump auraient, que les sondages seraient en leur faveur, etc., que l’opinion favorable aurait augmenté. Ce n’est pas vrai. Quand on regarde les sondages, tout ça est très, très stable depuis les élections : 40% de gens en faveur de Trump, 60% de gens contre lui dans la population américaine depuis son élection. C’est pratiquement stable, il y a quelques variations, vous pourrez regarder ça mais c’est extrêmement stable : ça n’a pas bougé. Les gens ne changent pas d’opinion, ils restent campés sur leurs positions depuis le début et c’est normal : c’est un personnage extrêmement clivant. Tout le monde a pu se faire une opinion sur lui, d’être pour ou contre ce genre de rhétorique et de comportement il y a pas mal de temps. Donc je dirais, on est tombé sur un clivage de type psychologique : e sont des types de personnalité qui sont pour ou contre M. Trump et ça, on le sait bien, on n’en change pas facilement.

Alors, est-ce que ça veut dire, comme le dit M. Michael Avenatti , qu’il faut quand même faire quelque chose, qu’il faut essayer quand même de convaincre les partisans de Trump, leur montrer – comme il le dit lui – qu’ils sont victimes d’une escroquerie ? On peut essayer, je ne suis pas sûr que ça fera bouger les choses beaucoup dans un sens ou dans l’autre d’ici les élections de novembre.

Voilà, un petit point, un commentaire sur cette nouvelle formule où je vais vous tenir informé de ce que j’ai sur la planche, et en espérant que la cavalerie arrive, au cas où elle existerait. À bientôt.

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