Trump : « Pas de session de rattrapage pour les Démocrates ! » 

Quand, le 18 avril, le rapport de la Commission Mueller a été connu, les commentateurs – moi y compris – se sont interrogés : qu’avait bien pu espérer le ministre de la Justice, William Barr, en offrant du rapport, le 24 mars, soit près d’un mois auparavant, un résumé trompeur : « Pas de collusion selon M. Mueller, et pas d’entrave à la justice selon M. Rod Rosenstein, N°2 de mon ministère, et moi-même », puisque quand le rapport serait publié, son « Circulez y a rien à voir ! » le ferait apparaître comme un fieffé menteur ?

J’avais émis l’hypothèse qu’il espérait peut-être que les censeurs aient masqué davantage du texte qu’ils ne l’ont fait, et que son résumé trompeur apparaîtrait sinon correct, du moins plausible.

Un tweet de Trump dans la journée d’hier : « No redos for the Dems ! » a fait comprendre rétrospectivement que la manoeuvre de Barr impliquait un second acteur, le Président lui-même, qui interviendrait dans un second temps. Le ministre de la Justice annoncerait un mois avant la parution du rapport : « Circulez y a rien à voir ! » et au moment où il serait publié, le président commenterait : « Affaire classée : pas de session de rattrapage pour les Démocrates ! » 

Si ce n’est qu’à la lecture du rapport lui-même – et en dépit des parties censurées dont la localisation particulière me conforte dans le sentiment qu’il reste une partie espionnage dont nous ignorons encore tout – l’affaire apparaissait tout sauf classée.

Avec son tweet « No redos for the Dems ! » dans la journée d’hier, Trump a commis une erreur de timing : il aurait dû le sortir au moment même de la publication du rapport Mueller, et pas près de trois semaines plus tard. Parce que durant le temps écoulé, une lettre de Mueller désavouant le résumé fait par Barr de son rapport, a été publiée, démontant le sophisme derrière lequel se retranche le ministre de la Justice : « Comme il est de l’usage du ministère de la Justice qu’un Président en exercice ne peut pas être inculpé, toute suggestion qu’il pourrait être inculpé s’il n’était pas Président, est privée de sens », alors que c’est à cela même que vise une commission du type de celle de Mueller, un Special Counsel : dire ce qu’il en est, du point de vue de la Loi, indépendamment des usages de telle ou telle administration. Il y a eu aussi, la déposition de Barr devant le Sénat, le 1er mai, où a fait preuve d’un art consommé, Kamala Harris, avocate et candidate à la primaire présidentielle Démocrate, en démontrant par A plus B que le comportement de Barr depuis sa nomination était celui d’un avocat personnel de Trump, et non celui attendu d’un ministre de la Justice – marquant ainsi des points dans sa propre course à la Présidence. 

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Dans cette conversation entre P.J. et l’IA Claude 3, plusieurs thèmes complexes et profonds sur l’identité, la conscience de soi,…

  2. GPT4 Dans cette conversation, l’utilisateur P.J. pose à Claude 3, une intelligence artificielle, une question hypothétique basée sur une précédente…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta