La Maison-Blanche se rebiffe, le 9 octobre 2019 – Retranscription

Retranscription de La Maison-Blanche se rebiffe, le 9 octobre 2019

Bonjour, nous sommes le mercredi 9 octobre 2019. Il faut que j’aille très vite : je suis dans une chambre d’hôtel. Ça va prendre des heures à télécharger mais il faut que je vous parle quand même de ce qui s’est passé pour nous dans la soirée, c’est-à-dire une lettre de la Maison-Blanche disant qu’elle refusait dorénavant de coopérer d’aucune manière avec la procédure d’impeachment qui est lancée donc par le Congrès. 

Tout ça est relativement logique. Il y a quelques journaux qui parlent de « crise constitutionnelle ». Non, l’impeachment, c’est effectivement quelque chose que le Congrès, c’est-à-dire le législatif, peut lancer contre l’exécutif. C’est un contre-pouvoir. Des choses du même ordre se sont passées durant le Watergate. Donc, une lettre de 8 pages disant que la « pseudo-procédure d’impeachment » est simplement une manière de remettre en question la légitimité de l’élection de M. Trump. Donc, voilà l’argument authentiquement populiste que l’élection présidentielle a décidé d’un président, que « le peuple a choisi » et les représentants… du peuple seraient, eux, illégitimes. C’est un argument classique. C’est ce que l’on trouve aussi en ce moment en Angleterre, au Royaume-Uni, avec M. Johnson. 

Donc, le système, en fait, il est prévu pour ce genre de choses. Evidemment, ça va ralentir… si le Congrès ne peut plus convoquer quiconque en rapport avec la Maison-Blanche pour poser des questions, ça va ralentir le processus. 

Hier, il était prévu que M. Sondland, qui est donc un ambassadeur américain auprès de l’Union européenne et qui a été pris la main dans le sac en train de décider de lui-même, prenant des ordres sans doute d’en haut, de M. Trump, un monsieur qui n’est pas et n’a jamais fait une carrière de fonctionnaire : il a été nommé ambassadeur auprès de l’Union européenne au titre de grand donateur de la campagne et de la fête inaugurale de la présidence de M. Trump, don d’ailleurs qu’il a fait de manière cachée et qui n’a été découvert que par la presse puisqu’il a utilisé des fiducies, des trusts pour cacher l’origine des fonds. Sinon, à part ça, c’est un propriétaire d’une chaine d’hôtels de prestige. Et donc, c’est lui qui dirigeait, de fait, sur le terrain, la politique ukrainienne de M. Trump, tentant de faciliter les discussions que M. Rudy Giuliani – lui aussi dans une position non-officielle puisqu’il est simplement (il l’est toujours) l’avocat de M. Trump – sur le terrain. 

Donc, argument de type deep state : « Vos tentatives de renverser le président sont illégitimes, anticonstitutionnelles, etc. » Il y a 8 pages. C’est écrit de manière, je dirais, très modérée, comme les juristes peuvent le faire, mais c’est une tentative de renverser le courant qui s’est maintenant dessiné.

Il y a plusieurs sondages qui viennent confirmer maintenant qu’il y a une majorité claire de personnes aux États-Unis en faveur de la procédure d’impeachment. Les chiffres varient légèrement : 55 % pour dans un sondage, 58 dans un autre, mais ce qui est clair, c’est qu’il y a maintenant un tiers de gens qui se disent Républicains et qui sont en faveur de l’impeachment. Il y a quelques semaines, on était à 10 %, donc c’est là qu’un revirement se fait et également chez les gens qui se disent indépendants. 

Comment les choses vont-elles évoluer ? On va voir. On est maintenant dans la phase 2 des 3 phases de ce qu’on avait pu voir avec le Watergate. Si la tentative d’impeachment à ce stade échoue, c’est la démocratie américaine en tant que telle qui est en véritable danger puisque les institutions auront cessé de fonctionner comme il était prévu, et comme elles avaient fonctionné dans le cas de M. Nixon. Dans un cas comme celui-là, d’une dérive de république bananière pour une grande démocratie, en général, le putschiste essaye de faire appel à l’armée. Malheureusement, dans ce cas-ci, l’armée est plutôt contre M. Trump parce qu’il est en train de remettre en question l’ensemble des alliances de type classique des États-Unis : il désigne comme « amis » la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite malgré l’affaire Khashoggi. Il est en train d’essayer, en tout cas, de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie où elles jouent un rôle de stabilisation. Si les Kurdes, qui dirigent de fait le nord de la Syrie, doivent se concentrer à essayer de repousser une invasion turque, ils ne pourront plus opérer la surveillance des dizaines de milliers de personnes liées à Daesh : familles, anciens combattants, qui se trouvent là et qui seraient répandus dans la nature. Il est douteux que l’organisation militaire des États-Unis soit en faveur de ce genre de situation. 

Donc, s’il devait y avoir un coup d’État militaire maintenant, ce serait plutôt contre M. Trump qu’en sa faveur. Des tas de gens se prononcent de ce point de vue. 

Comme je le dis, le tournant a probablement été non pas tellement la découverte de cette lettre [retranscription] par un lanceur d’alerte et la Maison-Blanche la rendant publique comme un contre-feu mais probablement la décision, dans les jours qui ont suivi, de M. Trump d’en remettre une couche en disant : « J’appelle également la Chine à essayer de trouver des informations compromettantes sur mon rival Démocrate à la présidentielle, M. Joe Biden ». 

Bon, j’arrête là. Si j’ai des choses à ajouter, je les ajouterai par écrit. Le problème est d’essayer de mettre en ligne cette vidéo. 

A bientôt !

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