Retranscription de Le spectacle navrant des États-Unis, le 19 juillet 2020.
Bonjour, nous sommes le dimanche 19 juillet 2020 et je vais appeler mon billet aujourd’hui : « Le spectacle navrant des États-Unis ».
Alors, ne dites pas : « Les États-Unis, c’est loin ! C’est pas nous ! ». Non, non. Depuis 5 ans, oui, depuis 5 ans, je vous procure une indigestion de billets et de vidéos sur les États-Unis en disant : « Casse-cou ! Attention ! ». En faisant ça, je ne fais pas autre chose que ce que je faisais, sans blog, auparavant, à l’époque où je parlais autour de moi de la crise des subprimes. J’avais senti quelque chose qui était en train de venir. J’ai fait une vidéo l’autre jour que j’ai appelée : « Le canari dans la mine », dans la mine de charbon. Il y avait quelque chose qui était en train de se dessiner et ce qui était en train de se dessiner, et qui est en train de se passer, c’est-à-dire l’explosion à échéance très brève de la bombe Trump aux États-Unis.
Je ne sais pas si c’est la chute d’une météorite. J’ai plutôt l’impression maintenant que c’est de l’ordre de la bombe atomique. Je l’avais vu venir il y a 5 ans et j’ai commencé à vous en parler de manière systématique. Et la situation, maintenant, aux États-Unis est abominable, absolument abominable. Le gouverneur de la Géorgie poursuit en justice la maire, la mairesse d’Atlanta, la capitale de la Géorgie, parce qu’elle impose le port du masque dans un état où la pandémie est en train de véritablement exploser et la mairesse et son mari sont malades : ils ont le coronavirus.
Dans l’état de l’Oregon, le ministre de la Justice local, enfin le chef de la Justice de l’état, l’Attorney general [procureur général] poursuit en justice les troupes fédérales qui ont été envoyées par le pouvoir central pour protéger les monuments, pour protéger les monuments. Et l’état : le gouverneur de l’état, et les instances de l’état, considèrent que ces troupes exercent une violence intolérable.
Une mosaïque de différents états ayant leur politique, chacun la sienne, voilà : des bagarres à l’intérieur des états même, le président, comme il n’aime pas le traitement qui est fait des données [du Covid-19] – ça date de vendredi – retire au service qui s’occupe des données sur le coronavirus cette responsabilité et l’envoie au ministère de la Santé pour une raison évidente, pour essayer bien entendu de maquiller, de faire disparaître les chiffres, les chiffres sur le coronavirus.
La commission qui devait décider, déterminer la politique qui sera adoptée dans l’enseignement à la rentrée est paralysée. Elle devait déposer un rapport la semaine dernière. On nous dit maintenant que ce rapport sera déposé avant la fin du mois.
Les partisans de Trump tenant ce discours qu’il faut absolument relancer l’économie, ne s’apercevant pas ou n’étant pas au courant du fait qu’il faut des gens pour travailler et que si ces gens sont malades, ils ne pourront pas le faire.
Et pendant ce temps-là, Trump organise ses meetings qu’il imagine triomphaux. Cela dit, il a dû encore la semaine dernière en décommander parce qu’il n’y avait pas assez de monde qui s’était inscrit. Il organise ça en encourageant les gens à ne pas porter de masque. Des partisans de Trump se sont rendus dans une salle où ils ont enlevé les étiquettes sur les sièges disant de maintenir une certaine distance. Personne ne portait de masque. Quand on dit en rigolant qu’il y a quelque chose de l’ordre de la sélection naturelle dans des comportements de cet ordre-là, c’est-à-dire que la stupidité des gens les expose, est-ce qu’il y a une vérité de ce type-là ? Est-ce qu’il y a quelque chose de l’ordre de la sélection naturelle qui élimine les plus stupides ? Bien entendu, comme on le voit dans ce cas-ci, les plus stupides peuvent devenir contagieux et entraîner les autres avec eux bien sûr, si les autres ne sont pas suffisamment prudents.
Nous avons une situation qui se dégrade de jour en jour. Alors, on dit : « Trump s’enfonce. Il double toujours la mise quand il a tort » mais, et là, c’est le livre de sa nièce Mary Trump, Mary Lea Trump pour la distinguer de sa tante Mary, qui explique un peu partout maintenant – elle est interviewée un peu partout – en disant : « J’ai écrit ce livre pour empêcher qu’on ne vote pour lui la fois prochaine : ce type, non seulement, n’est pas capable d’être à la tête des États-Unis mais il est dangereux. On ne peut pas imaginer une seconde qu’il se représente une seconde fois ! ». Ce qu’elle ne voit peut-être pas, c’est qu’elle l’encourage indirectement. Pourquoi est-ce qu’elle l’encourage indirectement ? Parce que, comme elle l’explique dans son livre et comme on ne le savait pas, elle a procuré 19 boîtes d’archives à la Cour de New York qui s’occupe des affaires de la compagnie de Trump.
Pendant ce temps-là, nous avons toujours le rapport de Robert Mueller : les 400 pages qui établissaient la liste, entre autres, de 11 chefs d’inculpation possible pour obstruction à la justice, pour entrave à la justice, qui dit aussi dans la partie sur la collusion qu’il n’est pas arrivé à des conclusions véritablement probantes parce qu’un certain nombre de personnes ont refusé de parler, de se rendre à des convocations, ou ont délibérément menti lorsqu’ils étaient interrogés.
Tout ça existe toujours. Ce qu’il y a dans le rapport de la Commission Mueller, en filigrane (je vous l’ai dit au moment même, au moment où c’est sorti), c’est la confirmation de ce que la Commission Mueller laissait déjà entendre en inculpant un certain nombre de personnes en Russie, des civils et du personnel de l’armée russe, elle laissait entendre qu’il y avait des chefs suffisants pour inculper Trump de haute trahison. L’accumulation de dossiers d’ordre économique et autres ne peut aussi que le convaincre qu’il est en difficulté, qu’il pourrait être arrêté. Si on considère, pour des raisons de sûreté de l’Etat, qu’on ne peut pas l’arrêter pour haute trahison tant qu’il est président et qu’on ne peut pas le faire non plus pour ses affaires douteuses (pour les arrangements véreux qu’on aperçoit dans la manière dont l’entreprise familiale était gérée), ce monsieur se convaincra de plus en plus qu’il faut qu’il redevienne président pour échapper aux poursuites, parce que ce sont des centaines d’années de condamnation possibles qui sont en train de s’accumuler, sans compter une infamie comme une accusation de haute trahison.
Voilà : j’ai appelé ça « Le spectacle navrant des États-Unis » : ce pays est au bord de la catastrophe. Il faut se réjouir qu’il n’y ait pas encore eu d’affrontements meurtriers mais dans le climat qui est en train de s’installer, c’est une question peut-être de jours, peut-être d’heures même. La tension au niveau local devient immense, pas tellement dans des états qui sont tout à fait unifiés du point de vue des opinions qu’ils représentent comme des états ruraux qui ont voté à 60 % pour M. Trump [Virginie occidentale : 68,5%], pas en Californie [31,6% pour Trump], pas à New York [36,5% pour Trump], pas dans d’autres états de la Côte Est qui ont une majorité de gauche selon le sens classique du mot, et où, par conséquent, il n’y a pas de véritable opposition favorable à Trump, ou alors, elle est tout à fait localisée : quand vous regardez la carte de la Californie, vous pouvez très bien voir que toute la côte est acquise au Parti démocrate et aux valeurs de gauche, et c’est seulement l’intérieur du pays, les zones rurales (grâce à l’irrigation) et les zones désertiques où on trouve des représentants Républicains.
Le pays est, en ce moment, une poudrière. J’espère, j’espère, j’espère qu’il parviendra à continuer à pouvoir progresser dans le champ de mines sans que cela n’explose véritablement mais, comme je vous le dis, j’ai l’impression que les semaines sont comptées, les jours sont comptés, voire même les heures sont comptées.

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