Mai 1968 – Mars 2023 !, par Yorgos Mitralias

Mars 2023 is the new mai 1968

A l’heure où se multiplient ceux, même parmi les élites françaises au pouvoir (!), qui déclarent qu’on assiste à un « nouveau mai 68 », d’autant plus que dans le pays règne désormais…. « une atmosphère insurrectionnelle », on peut maintenant raisonnablement se demander : dans quelle mesure mars 2023 ressemble-t-il à mai 1968 ? (1)

La réponse est qu’il lui ressemble dans sa substance, car mars 2023 voit « ceux d’en bas » contester désormais activement, massivement et de manière de plus en plus radicale non seulement le gouvernement mais aussi le pouvoir de « ceux d’en haut », tout comme l’avait fait le – désormais légendaire – mai 1968. Mais au-delà de cette ressemblance très significative, leurs différences restent nombreuses et, surtout, ne sont pas sans conséquences aux implications pratiques.

1. Une première différence est qu’a l’opposé de ce qui se passait en mai 68, aujourd’hui ce n’est pas seulement ou principalement Paris, mais l’ensemble des grandes, moyennes et petites villes de France, et même des villages, qui sont mobilisés, manifestant leur colère ou plutôt leur rage anti-Macron de toutes les manières possibles ! Et pour tout dire, elles la manifestent encore plus massivement et intensément qu’à Paris…

2. La deuxième différence est que, contrairement à ce qui s’est passé en mai 68, les syndicats ouvriers luttent aujourd’hui unis comme jamais auparavant au cours des 40-45 dernières années. Et il ne s’agit pas seulement de l’unité des huit confédérations syndicales, des plus radicales aux plus modérées. Cette unité est d’autant plus importante qu’elle concerne également les travailleurs et travailleuses non syndiquées, qui ont pris l’habitude de participer, sur un pied d’égalité avec les travailleurs syndiqués, à la prise de décisions (telles que la reconduction de leurs grèves) en participant aux assemblées générales quotidiennes des travailleurs en grève sur leur lieu de travail.

3. La troisième différence réside dans le fait que, contrairement à ce qui s’est passé en mai 68, la coopération et l’unité des travailleurs avec la jeunesse étudiante et lycéenne est aujourd’hui impressionnante ! Alors qu’en mai 68, les marches de solidarité des étudiants radicalisés vers les grands bastions ouvriers (par exemple, l’industrie automobile) trouvaient en permanence des portes fermées, et se heurtaient à l’hostilité et même aux réactions violentes du tristement célèbre service d’ordre de la CGT, aujourd’hui, les mêmes marches de solidarité des étudiants et des lycéens sont non seulement accueillies les bras ouverts par des applaudissements et des accolades, mais sont aussi demandées expressément par les syndicats afin que les jeunes et leurs organisations renforcent les blocages et les piquets de grève dans les raffineries, les gares, les dépôts des moyens de transport, etc.! Et une preuve supplémentaire de cette évolution capitale offre le fait que les syndicats d’étudiants et de lycéens siègent aujourd’hui à l’intersyndicale et participent à ses travaux !….

4. La quatrième différence est liée à l’élargissement de l’horizon programmatique et civilisationnel des syndicats et, par extension, du mouvement ouvrier. Alors qu’en mai 1968, les syndicats, et notamment la CGT alors dominante, rejetaient toute « sensibilité » féministe et écologiste, qu’ils n’hésitaient d’ailleurs pas à qualifier de … »bourgeoise », il est aujourd’hui tout simplement impensable pour les syndicats français, et plus encore pour la CGT, de s’abstenir s débats et des mobilisations féministes et écologiques ! Et pour preuve, dans quelques semaines, le prochain congrès de la CGT élira très probablement à la tête de la Confédération, pour la première fois, une femme qui plus est se déclare féministe et même écoféministe !

5. La cinquième différence concerne les références politiques et civilisationnelles du mouvement syndical et de l’écrasante majorité des travailleurs et travailleuses mobilisées. Contrairement à ce qui s’est passé en mai 68, il n’y a plus d’abîme séparant aujourd’hui les avant-gardes syndicales de celles de la jeunesse radicalisée, car elles partagent toutes les deux des références et des valeurs anti-autoritaires, démocratiques, antibureaucratiques et antistaliniennes, féministes et écologiques, similaires ou même identiques. L’une des conséquences de cette évolution si prometteuse est que, contrairement à ce qui s’est passé en mai 68, la gauche de toutes sensibilités coexiste et coopère sans problème dans les mobilisations et au-delà, avec l’extrême gauche de toutes sensibilités, et même avec une partie des anarchistes ! Et bien sûr, ce n’est pas un hasard si les deux confédérations ouvrières les plus lutte de classes et les plus radicales, la CGT et Solidaires, sont à l’avant-garde du mouvement de soutien à la « résistance armée et non-armée du peuple ukrainien », du mouvement de solidarité avec les syndicalistes persécutés et emprisonnés en Biélorussie, ainsi qu’avec le mouvement anti-guerre et féministe en Russie !

6. Une sixième différence renvoie à l’actualité la plus brûlante, celle de l’immense mobilisation populaire pour la défense du plus précieux des biens communs, de l’eau, qui a secoué la France le dernier week-end de mars : 25 000 à 30 000 paysans, écolos, écosocialistes, syndicalistes et activistes de gauche, se sont violemment heurtés en pleine nature à 3. 600 CRS d’autres « forces spéciales », tout simplement parce qu’ils veulent empêcher la construction de « méga-bassins » dans lesquels est stockée l’eau pompée – ou plutôt volée – dans les nappes phréatiques par les grands propriétaires terriens et l’agro-industrie, privant ainsi le reste des agriculteurs et la population de cette eau à un moment où la France souffre de la pire sécheresse de son histoire !

Mais quelle est la grande leçon de cette mobilisation écologique historique, qui sera certainement mieux appréciée dans le futur cauchemardesque – si proche – que nous réserve la catastrophe climatique en cours ? Encore plus que la répression sauvage qui fait que trois des dizaines de manifestants blessés se trouvent aujourd’hui entre la vie et la mort, le grand événement et la grande leçon de cette mobilisation historique, est que nous avons vu marcher, saigner et se battre ensemble contre les forces de répression qui défendent les voleurs d’eau capitalistes, les paysans de la Confédération Paysanne, la main dans la main avec les Verts, les syndicalistes de la CGT et de Solidaires, les militants des Insoumis, et ceux du NPA et les anarchistes de la CNT ! C’est là, en pleine nature et au milieu de la plaine de la région Poitou-Charentes, que la si désirée mais aussi si rarement réalisée « alliance des ouvriers avec les paysans » s’est enfin matérialisée !….

7. La septième et dernière différence est que si en mai 68 la classe ouvrière française a fait la plus grande grève générale de tous les temps (8,5 millions de grévistes), tout au moins jusqu’au moment où nous écrivons ces lignes, l’actuelle explosion ouvrière et populaire n’a pas encore conduit à la grève générale reconductible jusqu’à la victoire finale ! Cependant, les messages émanant de la base syndicale, et surtout de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, concordent que la Grève Générale Reconductible commence à devenir une véritable exigence populaire. En même temps, l’événement majeur des mobilisations de ces derniers jours, à savoir l’entrée fracassante sur le scene politique et sociale de la jeunesse qui manifeste en masse (500 000 jeunes ont manifesté le 23 mars dans toute la France !), et qui occupe et bloque des dizaines et des dizaines de facultés et de lycées dans tout le pays, est en train de confirmer les pires craintes de Macron et de ses amis, tout en donnant une énorme impulsion au mouvement ouvrier et populaire. En d’autres termes, la mayonnaise est en train de prendre, nous rapprochant encore plus de la transcroissance de mars 2023 vers cette version améliorée et victorieuse de mai 68, dont nous avons toutes et tous tant besoin !…

Note

1. Voir nos 4 articles précédents (ici en anglais) sur le même sujet :
https://oaklandsocialist.com/2023/03/18/france-the-historic-counterattack-of-the-workers-movement-puts-the-political-system-itself-in-deep-crisis/
https://oaklandsocialist.com/2023/03/10/france-days-of-exacerbation-of-a-historic-class-conflict/
https://oaklandsocialist.com/2023/02/17/france-millions-of-demonstrators-ready-to-escalate-the-strikes-and-paralyse-the-country/
https://www.cadtm.org/France-towards-a-social-explosion-of-historic-proportions

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58 réponses à “Mai 1968 – Mars 2023 !, par Yorgos Mitralias”

  1. Avatar de Yannick
    Yannick

    Oui, effectivement, je pense aussi qu’il se passe quelque chose de particulier, tout en restant fragile.
    J’ai fait qq recherches sur google & wikipedia sur l’historique des mouvements sociaux, et il apparait que le mouvement présent est fort. Il y a même davantage de gens dans la rue qu’en 1968.
    J’en ai été très surpris. Finalement le précédent mouvement ayant mobilisé autant de monde était contre la réforme Woerth en 2010 (aussi une réforme des retraites). Mais aujourd’hui, la mobilisation semble ratisser plus large dans la société.
    En 2010, le gouvernement a fait la sourde oreille. Facheux précédent. A observer aussi qu’en 2010 il n’y a eu aucune violence.
    Cette année, il y a de la violence. Il y a eu un tournant en 2018-2019 avec le mouvement des gilets jaunes qui s’est vu brutalement réprimé.
    Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette violence est davantage lié à un changement de doctrine de répression qu’à la recherche de la bagarre par les manifestants. S’il peut évidemment y avoir dans les cortèges une très petite quantité de personnes qui attendent la baston, de fait cette dernière ne se déclenche que si la partie d’en face la cherche aussi, et la partie d’en face, est sensée être professionnelle, et être formée pour éviter les débordements.
    Les problèmes Toulousains de jeudi dernier ont été déclenchés par l’intervention des forces de l’ordre AVANT que le moindre débordement ait eu lieu, la fin du parcours étant nassée par le blocage de toutes les rues transversales. Quand je rentrais chez moi en fin d’après-midi, j’entendais les directs décrire ce qui se passait à Paris. Le même schéma y était en oeuvre: dispersion de la manifestation avant sa fin prévue et blocage des itinéraires de dispersion sur sa fin de parcours. Deux fois la même chose le même jour. Peut-on pour l’instant parler d’un schéma ? La question se pose quand même.
    La violence de la répression a aussi été observée par la population ces dernières années.
    Ajoutée à l’absence d’écoute du gouvernement (pour ne pas dire la morgue), ceci introduit un certain changement dans les relations sociétales.
    Le gouvernement joue un jeu dangereux. Sans doute ces libéraux apprécieraient-ils de laisser la même trace dans l’histoire que Margaret Thatcher, avec sa tristement célèbre destruction du mouvement syndical. Je doute d’une part qu’ils aient la même envergure, d’autre part que le contexte leur soit aussi favorable. Les gens sont de plus en plus conscient du terrain perdu ces dernières décennies, ou, pour le dire autrement, les gens savent maintenant qu’il est loin d’être évident que leurs enfants auront une vie meilleure. La disparition de cet espoir change la donne.

    1. Avatar de Camito
      Camito

      Oui, mais à la différence de 1968, si la grève générale reconductible n’emporte pas l’adhésion, c’est parce que les conditions économiques ne sont plus du tout comparables !
      Taux d’inflation moyen entre 1965 et 68 : inférieur à 3%/ an
      Augmentation moyenne des salaires sur la même période : supérieur à 5%/an
      Croissance du PIB sur la même période : supérieure à 4% / an

  2. Avatar de Hervey

    Autre remarque.

    A comparer les deux dates, il faut souligner l’importance des smartphones et des réseaux sociaux qui lient et renforcent instantanément la contestation (ce qui est nouveau).
    A comparer les deux dates, on peut encore observer et souligner qu’un des derniers médias d’Etat Service Public diffuse imperturbablement à 13h et 20h des infos biaisées (ce qui n’est pas nouveau).

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Hervey
      en parlant de médias d’Etat Service Public vous me faites sourire car je me faisais cette réflexion , durant les semaines précédentes , pendant lesquelles les représentants syndicaux toute obédience confondue étaient très peu présents (quelques secondes au plus ) . Et puis là tout d’un coup , est ce le biais dont vous parlez? , à partir du moment où Mme Borne dit vouloir relier le dialogue (sic) avec les syndicats voilà t’y pas que Berger fait le mouton . Et Berger par ci, et du Berger par là ! On dirait la caravane publicitaire de Justin Bridoux (à consommer avec modération bien sûr )

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Hervey Le Média d’État France 24 est suffisamment peu diplomate et imbibé de préjugé journalistique et de déontologie pour froisser le gouvernement Burkinabé et s’y faire interdire au lieu d’y diffuser la voix de la France, pas étonnant que Wagner progresse.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230327-le-burkina-faso-suspend-la-diffusion-de-france-24-d%C3%A9cision-que-la-cha%C3%AEne-d%C3%A9plore-vivement

      1. Avatar de Hervey

        @Ruiz
        Sans être plus informé sur ce sujet, je ne vous suis pas dans votre interprétation.

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          Les gouvernements africains sont très susceptibles de contrôler les média, France24 a une vocation nationale et internationale et ne peut tenir compte de tous les desiderata de tous les gouvernements.
          Pour assurer une continuité de diffusion (et d’influence) il faudrait disposer de capacité satellitaire de diffusion directe sur ces pays (s’ils n’interdisent pas les paraboles).
          La pratique de la censure de média, lié à une situation de conflit (ici Aqmi) est une pratique courante et banalisée (U.E. et France avec RT).

          https://www.france24.com/fr/afrique/20230306-le-chef-d-aqmi-abou-obeida-youssef-al-annabi-r%C3%A9pond-%C3%A0-17-questions

          1. Avatar de Hervey

            @Ruiz
            Pas plus.
            Si vous estimez qu’une radio ou une télé ou quelque autre vous raconte des balivernes ou des idioties vous coupez court.
            J’ai compris depuis longtemps que j’étais limité et que je devrais me contenter de mourir idiot sur bien trop de sujets … par là je comprends que l’on puisse vouloir ne pas entendre, faire un tri sélectif.
            L’embêtant pour ce pays c’est qu’il est francophone pour ce qui est essentiel, son administration et qu’il risque de se retrouver, assez vite, être en manque ou en porte-à-faut.

    3. Avatar de François Corre
      François Corre

      Par principe « les infos » ne sont-elles pas biaisées, quelles qu’elles soient ?

      1. Avatar de Hervey

        @François Corre

        On doit pouvoir trouver parmi les mots existants le terme à utiliser pour qualifier et exprimer au plus juste ce à quoi l’on pense.

  3. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    @Hervey En Mai 68 on n’était déjà plus au temps de l’unique presse papier, il y avait des radios périphériques, des transistors à piles dans les poches, des auditeurs au téléphone, des reporters en voiture radio (bientôt interdites), déjà du temps réel.

        1. Avatar de Chabian
          Chabian

          Pas encore les radios libres, mais les radios « périphériques » : RTL et EUROPE1. On était « collé au transistor » et on se croyait sur les barricades.

        2. Avatar de Hervey

          @Ruiz

          En effet, merci.

  4. Avatar de Khanard
    Khanard

    J’ai passé la matinée à lire et relire les commentaires que je trouve très instructifs. J’avoue ne pas comprendre ces polémiques autour de ces réservoirs d’eau. Car ceux-ci font partie intégrante d’un vaste système d’irrigation qui est séculaire. Oui mais.
    Ce qui ressort de toutes ces situations explosives : retraites, réservoirs d’eau, écologie, biodiversité menacée c’est en fait un problème lié à la modernité, à l’évolution incessante du progrès technique.
    Problème qui ne fait qu’exacerber les différences sociales. Et nous en revenons toujours et encore à ce bon vieux Marx, mais aussi Freud, Darwin, Einstein.
    Ce qui me sidère en permanence c’est cette rupture entre la promesse d’un monde meilleur porté par un capitalisme triomphant et le vécu réel de nos sociétés où l’on est réduit à une lutte entre riches et pauvres.
    Et cette sidération se nourrit de l’absurdité de ce que je vois tous les jours, ou bien est ce l’inverse. Voir un psychanalyste pour ça.
    Alors je ne sais pas si comme Yorgos le pense, nous nous dirigeons vers un Mai 2023. Peut-être.
    Ce qui me paraît certainement encore plus évident c’est que les citoyens ne descendent pas dans la rue sur un coup de tête ou pour tout simplement casser du flic.
    Souvenez vous en 2017 Macron disait plus de droite ni de gauche alors nous y sommes . Plus de partis politiques puissants et j’ai l’impression que la société a rompu avec le politique et peut être que la pandémie de Covid aura été le coup de grâce .
    Plus de politique ? Alors que nous reste il sinon le sociétal et au travers de ce qu’à pu être la pandémie, maintenant le report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite , je pense que c’est surtout la signification du travail qui est en jeu . Travailler plus pour gagner plus ? Fichtre ! Gagner plus pour dépenser plus plutôt. Et continuer à engraisser la bourgeoisie ? Prise de conscience des étudiants de grandes écoles sur leur inutilité dans ce processus cataclysmique, cette bouffe que l’on se fait livrer à domicile en inféodant des forçats. Donner un sens à l’existence.
    Alors si je pouvais faire un parallèle avec Mai 68 ce serait plutôt avec ce slogan ; « La France s’ennuie ». La France s’ennuie de ne pas savoir s’afficher dans une perspective d’émancipation.
    Et si sociétal rime avec social alors je pense que c’est tant mieux. Je parlais de Marx mais on pourrait aussi y ajouter Bakounine ou (et) Rosa Luxemburg. Oh certes j’entends d’ici les cris d’orfraie ! Comment ? Bakounine !
    Mais soyons réalistes, Macron a très bien joué en se présentant avec le « en même temps « mais on ne peut effacer l’Histoire ni les luttes sociales et sociétales en estimant gérer la France comme une start up .
    Mais, et je l’entends souvent en filigrane dans les commentaires, nous avons besoin de plus d’état articulé sur le politique et l’économique autour d’un plan. . Les corps intermédiaires, les associations, les ONG, les scientifiques. Faire du collectif, du don, créer de l’imaginaire, toujours de l’imaginaire, encore plus d’imaginaire .

    1. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Khanard Macron il est pas mauvais pour l’imaginaire ! retraite imaginaire …

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @Ruiz
        non Macron n’a rien d’imaginaire bien au contraire pour lui 1+1 = 0 car pour lui accepter 1+1=2 voudrait dire qu’il y a un sens , une cohésion, une société qui se construit . D’ailleurs il l’a bien dit : je rencontre des gens qui ne sont RIEN .

    2. Avatar de Yannick
      Yannick

      Je plussoie.
      Il n’y a plus de plan. De fait, le libéralisme n’en veut pas, puisque les forces du marché y pourvoient.
      Cependant, moi qui travaille chez notre avionneur Européen, aurais-je eu du travail s’il n’y avait pas eu de plan ? Ce sont bien les politiques qui ont lancé le programme AIRBUS. Puis ce sont les impots qui ont capitalisé les développements. Aujourd’hui la boîte met sur le marché cet A321XLR, promis à un beau succès. Mais ce n’est qu’un dérivé des développements de l’A320, conçu durant les années 80 sur fond national.
      Décision et investissement d’état, mais bénéfices très largement privatisés sur fond de capital flottant et de dividendes.
      Un plan permet de savoir où on va. C’est important pour tous, y compris pour les industriels qui profitent de sa structure.
      Un plan donne de la visibilité. En Chine, j’ai observé que les discussions du congrès et de son plan quinquenal est suivi par presque tout le monde. Je m’en étonnais et les Chinois m’ont répondu « mais tu comprends bien que c’est important, car ils y discutent de ce qui va arriver dans les 5 années à venir » et aussi « on voit bien que ce dont ils parlent, ça a changé notre vie de tous les jours ces dernière décennies ».
      Un plan, quand c’est appliqué, ça structure le pays et ça fait l’histoire. Les hommes sur la lune. L’Astronautique en France. Les réseaux informatiques. Les systèmes de communication. L’agroalimentaire… Chez nous tout ça vient du plan. Sans le plan, j’ai peine à croire que tout ceci aurait existé.
      Alors oui, aujourd’hui, avec le libéralisme un peu déchainé depuis 80, c’est le désenchantement et le manque de visibilité. La disparition des régulations.
      La population (atomisée) se fait laminer par ceux qui ont la force de se structurer (thinktank, lobby). Et ce laminage commence à se voir très très sérieusement, malgré les médias qui nous disent « blanc blanc blanc » alors qu’on ne voit que du gris partout. Ces médias qui sont devenu Orweliens.

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @Yannick

        nous sommes grosso modo sur la même longueur d’onde .Pour ne prendre qu’un seul exemple , celui des réservoirs d’eau , où est la aucune politique d’accompagnement des agriculteurs , la concertation générale avec les populations concernées, les hydrologues , les pouvoirs publics . En soi faire des bassins de rétention n’est pas stupide mais il faut que cela soit intégré dans un vaste plan d’irrigation , qui va en bénéficier , comment, à quelles conditions .
        Alors que là , et j’avoue ne pas m’être penché dans le détail de ce projet de Solines, il semblerait qu’une initiative privée soit à l’origine de ce projet . Mais au nom de quoi ?
        Alors que dans un pays comme l’Inde une région comme Tamil Nadu a réussi et ce depuis fort longtemps à faire bénéficier toute une population d’un plan d’irrigation où personne n’est exclu.
        Alors oui il faut des plans quinquennaux , décennaux , pour que les générations futures sachent à quoi et en qui elles peuvent faire confiance et surtout , primordial, il faut de l’information , beaucoup d’informations .
        Nous avons un certain Bayrou qui est supposé être chargé du plan . ok. Qui sait ce qu’il fait ? Quelle communication entretien il ? Mais manifestement on préfère faire de la politique de compromis où bien entendu le vulgus pecus n’a aucun droit de cité . Alors très peu pour moi et s’il faut lutter contre cette oligarchie méprisante imbue d’elle même , sourde aux attentes des citoyens alors je soutiendrai toute action qui puisse même en péril cette bourgeoisie .

        1. Avatar de Yannick
          Yannick

          Interessante remarque.
          Il parait qu’il va y avoir un sujet législatif sur l’eau.
          C’est là qu’il faut interpeller Bayrou.
          Mais bon, le gars, il a été placé là, mais on ne sait pas trop bien ce qu’il fait en vrai, non ?
          Un commissariat au plan dans un gouvernement libéral, c’est un genre d’oxymore administratif, ou une sinécure, ou un genre de pré-retraite dorée.

    3. Avatar de Roberto
      Roberto

      « J’avoue ne pas comprendre ces polémiques autour de ces réservoirs d’eau. Car ceux-ci font partie intégrante d’un vaste système d’irrigation qui est séculaire.  »

      Séculaire?? voulez vous insinuer.. que ce qui est depuis des siècles est forcément.. stable?

      Le problème de fond est qu’on est en train de siphonner les nappes phréatiques.
      La situation est à préciser zone par zone, mais globalement les zones ou on a besoin d’eau sont en perte de capacité.

      Il s’agit bien d’un déséquilibre majeur d’une situation.. séculaire.. qui ne l’est donc plus 🙂

      In fine : voir sur la cote ouest des USA ce que cela donne == affaissement des nappes, impact de tres longue durée…
      https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/secheresse-la-californie-s-affaisse_1168969.html
      https://www.la-croix.com/Malgre-tempetes-repetition-Californie-pas-fini-secheresse-2023-01-12-1301250469
      Il n’est pas certain que les inondations arrivent a recharger les nappes !! car cela prend du temps.. plus de temps que les plus hivernales mises en avant par le gouvernement pour justifier ces mega bassine.

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Idem en Inde, malgré une réussite de certains secteurs, il faut puiser toujours plus profond les nappes, l’industrie des pompes semi-professionnelle pour aller dans les 30-70m peut encore marcher en mode bricolage 10 ou 15 ans, mais 30 ans ou 40 cela semble très peu probable. Et comme le dit Roberto, c’est la structure profonde du caillou qu’on change, on ne sait pas si ça fait des fuites quand ça sur-sèche (feedback positif) par exemple. Les roches thixotropiques (comme le sable de plage humide qui sèche quand on marche dessus) c’est une des réalités complexes de « là-dessous ».

      2. Avatar de Khanard
        Khanard

        @Roberto
        non non rassurez vous le poids des années n’est pas pour moi signe de vérité. Ce que je veux dire c’est que l’on a une expérience solide de la manière dont on doit procéder pour palier à des problèmes récurrents, et ce pays a su adapter ses projets en fonction des nuisances constatées. Comme le fait remarquer fort justement Timiota rien n’est parfait loin s’en faut mais un projet d’irrigation ne se mène pas avec des cohortes armées jusqu’aux dents pour défendre des intérêts privés.
        Tiens en petit aparté le remplaçant de Mme Christiane Lambert lobbyste de la FNSEA est remplacée par M. Arnaud Rousseau autre pourfendeur de l’agrobusiness .
        Avec de telles personnalités nous sommes loin d’une agro écologie.

        1. Avatar de timiota
          timiota

          Mais près d’une accro-agro(techno)logie

  5. Avatar de octobre
    octobre

    « En même temps que nos chagrins
    vous pouvez préparer vos larmes
    un jour nous ferons notre pain
    dans vos pétrins avec nos armes »

    Poésie, peinture, musique, anarchie, aux armes etc…

    1. Avatar de Hervey

      @ octobre

      En même temps, c’est aussi ce que l’on entend de plus près, venant de l’Elysée.

  6. Avatar de konrad
    konrad

    Bonjour,
    Je ne sais pas si les références historiques sont pertinentes. Vouloir trouver dans le passé un référentiel commun ne me parait pas convaincant.
    Mai 68 fut une révolte contre les carcans sociaux, éducatifs et politiques.
    Aujourd’hui les gens voient leur « monde », celui du commun hérité des trente glorieuses, s’effondrer sous les coups de butoir du néo-libéralisme mondialiste.
    Ils assistent à la sécession des « élites » envers les classes moyennes et les prolos.
    Les « bourgeois », de droite comme de gauche, se sont repliés dans un entre-soi mortifère qui nasse le reste de la population dans la précarité, l’insécurité et la perte de sens.
    Ce n’est pas tant le « pouvoir d’achat » ou les revendications sociales qui font sortir les gens dans la rue, c’est la dépossession et la relégation dont ils sont l’objet qu’ils ne supportent plus. Cela d’autant plus qu’elle est portée par un discours infantilisant, culpabilisant et mensonger, tenu par des dirigeants coupés des réalités.
    C’est insupportable et cela saute aux yeux d’un nombre croissant d’individus.
    Mai 68, on s’en fout ! Aujourd’hui se suffit à lui-même, les problèmes sont conséquents et demandent un imaginaire créatif qui ne se laisse pas enfermer dans le passé.
    Inventons le monde, ici et maintenant, avec ce qui est à notre portée.
    Et avant tout, balayons cet ancien monde qui se prétend nouveau mais qui n’est qu’un simulacre.

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      @Konrad
      d’accord, on oublie complètement mai 68, on oublie 36, mais êtes vous prêt à lâcher les acquis sociaux gagnés par nos papys boomers ? Allez je pousse plus loin , on oublie le CNR ! Et tant qu’on y est dixit 1789, 1848, 1871…
      Alors on peut peut être oublier le côté « de mon temps c’était mieux » , je pourrai le comprendre , Mais alors à partir de quand ou quel évènement peut on fixer la prise en considération

      1. Avatar de konrad
        konrad

        @Khanard,
        Ce que je veux dire c’est que les évènements actuels ne peuvent se lire sous la grille de lecture de 68. Ça ne veut pas dire que 68 ou 36 n’ont pas existé, bien sur, mais de chercher dans les cendres de ces évènements les braises d’aujourd’hui et la compréhension de ce qui se passe.
        Pour moi, ce qui relie tous ces moments de l’histoire, c’est le génie français qui ne se laisse pas abuser par l’injustice et qui se révolte.
        Aujourd’hui se lit d’après le virage « libéral » des années 80, de la financiarisation de l’économie, de la désindustrialisation et la métropolisation des territoires.
        Nous assistons à l’effondrement de ce qui fut notre modèle de société basé sur l’accession de chacun à la « classe moyenne », qu’il fut paysan, ouvrier ou cadre, la société avançait en commun.
        C’est ce « monde » qui s’effondre, ces acquis sociaux dont vous parlez à juste titre, que les manifestants ne veulent pas perdre. Ils ne revendiquent pas plus ils ne veulent pas disparaitre.
        Ce qui distingue, à mon avis de mai 68, c’est l’angoisse existentielle qui apparait dans les propos de ceux qui n’ont pas les réseaux, l’éducation et les ressources pour surnager dans la tempête.

    2. Avatar de Emmanuel
      Emmanuel

      Grand écart entre Mai 68 et aujourd’hui, en effet ! Pays désindustrialisé, tertiairisé, mondialisé, « néolibéralisé », européanisé (ah oui, voilà un sujet pas assez abordé au sujet des retraites : l’impasse néolibérale où nous met l’UE – y compris sur la politique énergétique, mais c’est une autre histoire…) ; croissance des inégalités, précarisation et polarisation sociales ; démographie vieillissante, massification des études (ça c’est pour Emmanuel Todd), etc… Pour s’en rendre compte, il suffit de voir un film de l’époque. Pour la jeunesse, les sujets d’inquiétudes sont d’un autre ordre : le mur écologique est là, cet fois-ci mesurable ; confère il y a quelques jours seulement, le troisième rapport du GIEC….

    3. Avatar de Benjamin
      Benjamin

      Bonsoir Konrad,

      Vous avez raison : c’est la fin d’un « monde »… ou plus précisément la fin d’un système (néolibéraliste capitaliste mondialisé) rattrapé par ses défauts exacerbés par la disparition progressive d’un certains nombre de subterfuges qui permettaient de maintenir un semblant de « faire société ».

      Car ce système est tout sauf un « projet de société » : il ne se soucie du sort que d’une portion infime de nos congénères !

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Le capitalisme zombie doit être remplacé par une autre religion.
        Plus personne ne croit aux évangiles du néo-libéralisme.
        Bolivar n’inspire pas les classes moyennes, qu’elles soient d’Alsace ou du Texas.
        Nous sommes dans un entre-deux bizarre.
        Est ce qu’une nouvelle morale commune va l’emporter ou est ce que ce sera la désespérance et le divertissement pas cher?

        1. Avatar de Benjamin
          Benjamin

          Bonjour Garorock,

          Nous sommes dans une période qu’ont connu la plupart des grandes civilisations du passée : la croisée des chemins.

          Soit, collectivement, nous nous entêtons dans la mauvaise direction (en continuant à vénérer nos « idoles » actuelles : argent, consommation, production, …) et je ne donne plus beaucoup de temps à l’occident (et plus particulièrement la vieille Europe) pour connaitre le sort des Hittites, Egyptiens, Romains, Incas, Aztèques, Empires d’Asie du Sud Est, …

          Soit, collectivement, nous empruntons une nouvelle voie… en espérant pouvoir sauver ce qu’il est encore (surtout sur le plan humain).

          Oui… Tout cela peut paraître « Biblique » (genre, apocalypse). Mais la fin tragique de grandes civilisations passées ne sait pas fait en « douceur » (loin de là).

  7. Avatar de Hervey

    A l’étranger, manifestations solidaires aussi devant les ambassades françaises …

    https://www.youtube.com/watch?v=i_YbqZLtENM&t=3s

  8. Avatar de l'arsène
    l’arsène

    Il y a deux différences supplémentaires entre les événements de 68 et ceux d’aujourd’hui, d’abord ceux d’aujourd’hui sont la conséquence directe d’un président de la République qui a décidé de déclarer la guerre à une certaine classe sociale, les actifs, en leur imposant une loi rejetée par 90% d’entre eux, en 68 la demande était plus de liberté pour les étudiants et des augmentations de salaires pour les salariés.
    Seconde différence, le niveau de la répression, seulement des gaz lacrymos et des matraques en 68, des armes de guerre aujourd’hui, LBD, grenades de désencerclement , motards robocop qui matraquent à tout va au petit bonheur et gardes à vue aléatoires pour empêcher les manifestants de revenir.
    Macron a décidé, comme avec les gilets jaunes, de faire peur, attitude classique d’un proto-fasciste, ce n’était pas le même niveau de répression en 68, malgré les coups de matraque.

    1. Avatar de arkao

      Et en 1968, il y avait un préfet de police d’un autre genre:

      « C’est pour cela que je comprends que lorsque des hommes ainsi assaillis pendant de longs moments reçoivent l’ordre de dégager la rue, leur action soit souvent violente. Mais là où nous devons bien être tous d’accord, c’est que, passé le choc inévitable du contact avec des manifestants agressifs qu’il s’agit de repousser, les hommes d’ordre que vous êtes doivent aussitôt reprendre toute leur maîtrise.

      « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés. Je sais que ce que je dis là sera mal interprété par certains, mais je sais que j’ai raison et qu’au fond de vous-mêmes vous le reconnaissez.

      « Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites. Dites-vous aussi que lorsque vous donnez la preuve de votre sang-froid et de votre courage, ceux qui sont en face de vous sont obligés de vous admirer même s’ils ne le disent pas.

      Maurice Grimaud

    2. Avatar de fnh
      fnh

      Pour comprendre la différence, cela peut sans doute aider de relire l’analyse à chaud de l’un des plus lucide protagonistes de l’époque:

      http://classiques.uqac.ca/contemporains/debord_guy/commencement_epoque/commencement_epoque_texte.html

    3. Avatar de CloClo
      CloClo

      En 68 ils ont quand même tiré à balles réelles sur des manifestants… Et si De Gaulle n’avait pas été « raisonné », le bilan aurait été certainement lourd.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/16/y-a-t-il-eu-des-violences-policieres-en-mai-68_5272217_3232.html

      Sans parler d’avant, les algériens s’en souviennent, mais on doit surtout un bilan comparativement faible par rapport à d’autres pays à l’époque en pareille situation insurrectionnelle en 68, à l’action du Préfet Maurice Grimaud entre autre :

      https://www.lemonde.fr/le-monde-2/article/2008/05/16/la-lettre-de-maurice-grimaud-aux-policiers_1046120_1004868.html

    1. Avatar de Paul Jorion

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

         » J’aime l’odeur du napalm au petit matin; c’est l’odeur de la victoire.)
        https://www.youtube.com/watch?v=ZeMlQEWEg2Q
        😎

        1. Avatar de Khanard
          Khanard

          @Garorock
          ahhhh…… les temps psychédéliques , c’était le bon temps mon petit ! Aldous Huxley serait enchanté !

  9. Avatar de gaston
    gaston

    Rapprocher Mai 68 et mars 2023 me parait délicat et il me semble bien hasardeux d’en tirer des similitudes.

    D’abord il est un principe désormais assez communément admis dans l’histoire, c’est qu’il n’y a pas de déterminisme, pas de prophétie ni de prédiction de l’avenir.

    Pour avoir vécu les deux périodes (oui en 68 j’étais un salarié en grève et dans les manifs, comme je serai encore demain dans la manif devant la sous-préfecture de mon coin, tout en ayant passé l’âge de pouvoir être en grève😊) j’y vois trop de différences pour nous conduire à un semblant de ressemblance.

    Il y a 55 ans le contexte politique était très différent, De Gaulle avait été élu haut la main 3 ans plus tôt, et son parti (UDR) tenait solidement le pouvoir, aujourd’hui Macron n’a même pas le soutien de 20 % des inscrits au 1er tour et n’est élu que par défaut.

    En 68 la contestation est née d’un mouvement étudiant (mouvement du 22 mars à Nanterre) à partir de revendications de liberté et de révolution.
    Les mouvements « ouvriers » et les syndicats ont pris le train en cours de route ce qui a conduit aux grèves, à la paralysie du pays puis aux accords de Grenelle assortis d’avantages sociaux non négligeables (hausse des salaires, congés, reconnaissance de la section syndicale…). Des acquis nouveaux, du ruissellement dans un contexte de croissance économique.

    De nos jours rien de tout ça, la lutte est pour ne pas perdre certains acquis (la retraite à 62 ans). Le pouvoir est tellement sur la défensive qu’il n’ose même pas dissoudre l’assemblée, contrairement à ce que De Gaulle avait fait le 29 mai 68.

    Nous voyons mal une marche de soutient à Macron de plusieurs centaines de milliers de personnes sur les Champs, comme il y en a eu une le 29 mai 68 pour De Gaulle, et nous savons ce qu’ont été les résultats des élections de juin 68 qui ont suivi.

    En 2023, avec l’extrême droite, un risque nouveau existe :

    https://www.sudouest.fr/economie/reforme-des-retraites/reforme-des-retraites-et-49-3-en-cas-d-elections-anticipees-le-rn-et-la-nupes-arriveraient-en-tete-selon-un-sondage-14573297.php

    Bien malin celui qui nous dira la suite, mais je ne crois pas à un bis repetita.

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

      L’histoire ne repasse pas les plats mais elle ressert souvent les mêmes aliments.
      Qu’est ce qu’on met sur la table demain?
      De quoi les millennial’s veulent t-ils se nourrir jusqu’à 62 ans?
      Qu’est ce qui va pousser quand il fera 50° à la butte aux cailles?
      De la quinoa, du blé OGM ou de l’entrecote qui donnera aux travailleurs l’énergie nécessaire pour bien humecter leur burnou?
      Tu peux me passer le sel, Yorgos, le couscous est un peu fade?

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @gaston Mai 68 était un mouvement international originaire des Etats-Unis depuis l’année précédente, sublimant la revendication sexuelle d’une jeunesse étudiante devenue plus nombreuse, et s’opposant en France à un pouvoir personnel incarné.
      Avec les barricades et les occupations, le mouvement est devenu insurrectionnel, et pas seulement protestataire par des manifestations.
      Nous n’en sommes pas là (mais on est encore en mars).
      C’est le ralliement à reculons des syndicats et des mouvements ouvriers, qui ont permis par la négociation du grenelle d’évacuer tout risque pour le régime, et d’enterrer à terme l’élan d’espoir et imaginaire, contestant la société de consommation.
      https://www.lexpress.fr/informations/mai-68-les-archives-secretes-de-la-police_628297.html

  10. Avatar de pollux
    pollux

    Mais pourquoi donc les parlementaires optent- ils pour une motion de censure plutôt que pour la procédure de destitution du président, prévue par les textes et plus facile à lancer?
    Parce que ce n’est que du cinema, et qu’ils ne sont absolument pas sérieux dans leur démarche. Ca les rassure encore d’avoir le big boss qui prend les décisions à leur place.

    Pourquoi personne ne donne les chiffres français de l’ »espérance de vie en bonne santé ». C’est ceux-là qui comptent!

  11. Avatar de l'arsène
    l’arsène

    Autre différence entre 68 et aujourd’hui, le profil et les objectifs politiques des deux chefs de l’état confrontés à ces événements.
    D’un côté De Gaulle, de l’autre Macron, d’un côté celui qui voulait rassembler quitte à partir dans le cas contraire, de l’autre Macron celui qui veut imposer, par une répression féroce, une loi que rejette les trois quarts des français.
    D’un côté un De Gaulle qui représentait une certaine histoire de la France et de l’autre un Macron qui ne représente qu’un gérant du capitalisme et les intérêts des marchés et de l’UE.

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

      https://www.theguardian.com/world/live/2023/mar/27/netanyahu-israel-judicial-changes-protests-live-updates
       » Benjamin Netanyahu dit qu’il retardera la refonte judiciaire après les manifestations de masse en Israël
      Netanyahu annonce un retard dans la refonte judiciaire
      Voici ce que tout le monde attendait :

      Netanyahu dit qu’il reportera le projet de loi de révision judiciaire jusqu’à la prochaine session parlementaire dans quelques semaines.

      « Je prends le temps de dialoguer », dit-il. »

      On a gagné, on a gagné!
      😎

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Oui,
        mais il faut voir le pourquoi (l’article de René Backmann dans MP) : la révolte grondait à tous les rangs de l’armée, jusque dans la mythique armée de l’air.
        Pourquoi accepter un « milouim » de plus (période de rappel des réservistes) quand la séquence, c’est primo qu’on a passé déjà pas mal d’années à défendre le pays sur des ordres d’un gouvernement démocratique mais « délicat » à endosser si on est laïque de tendance (défendre des religieux dans des colonies, avec grosse proportion qui étudie la Thorah et échappe au service militaire), et secundo, qu’on est sur le point de vous demander la même chose, mais sans l’onction démocratique : défendre des fous parce qu’ils le veulent, point barre, en se passant carrément de l’assentiment d’un état démocratique derrière.
        Donc Yoav Gallant s’est finalement fait l’écho de cette gêne (c’est un litote), non pas qu’il voulût endosser personnellement la dissonance morale en question (il est du Likoud quand même), mais plutôt qu’il ne voyait pas qu’une armée puisse dans ces conditions garder son capital défensif de très haut niveau. Donc qu’il ne pouvait plus garantir, à moyen terme, la sécurité d’Israël.
        Où l’on voit que les émotions qui fabriquent le nationalisme borné* sont des poisons lents mais à la corrosion assez profonde. Heureusement, l’agacement des plaies des laïcs d’Israël semble atteint, l’acide a percé la peau.
        ((*)Suivant Eva Illouz : la peur, le dégoût, le ressentiment, je vous garde le 4ème pour la bonne bouche)

  12. Avatar de Nikolaz
    Nikolaz

    L’anti-autoritarisme évoqué met terriblement en lumière le problème de la cinquième république : un gouvernement coincé entre deux légitimités, celle du parlement et celle du président. Le président gouverne de fait alors que ce n’est pas son rôle. Il est pourtant bien obligé de se faire élire sur un programme à partir du moment où il est élu au suffrage universel.
    Il est difficile de parler ici d’un dévoiement des institutions car malgré les rôles théoriques de chacun, la mécanique de la cinquième ne permet pas de répondre à ses objectifs.

    D’une part, je crains qu’il faille profondément revoir la constitution. D’autre part, comment faire tenir ensemble dans un régime réellement libéral et parlementaire ce vieil agrégat de provinces et d’intérêts qui a du mal à être une nation ?

      1. Avatar de Nikolaz
        Nikolaz

        J’adhère totalement à cette analyse et, en particulier, à l’idée que le régime mène à des désirs démocratiques simplistes tels que le référendum d’initiative populaire.

        Deux générations de Vème République nous amènent à cette espèce d’appauvrissement de l’imaginaire démocratique. En effet, la présidentielle devient cette Mère de Toutes les Élections, incontestable par la simple limpidité de son résultat : un gagnant et un perdant. Le référendum serait, quant à lui, le grand remède pour les grand maux, quitte à oublier que le votant, convié un dimanche entre les croissants et l’apéro, n’a jamais participé à la formulation de la question posée. On n’est pas loin de la remise en place du Second Empire, ne reste à trouver qu’un grand-père barbu en tenue d’apparat, ferme et bienveillant. C’est peut-être pour cela que j’ai toujours hésité à lire le Roi Babar à mes enfants !

  13. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    Le « peuple » a deux priorités: la sécurité et la distraction (J Attali).
    J’ai l’impression que les Français se distraient en jouant à la révolution. C’est un jeu dangereux car la première priorité, avec l’apport des idiots utiles de LFI, risque d’amener Le Pen au pouvoir.

    La crise que nous vivons n’est plus de l’ordre du politique ou du social ou de l’économique. Elle relève de l’épuisement des ressources naturelles de la planète. Depuis 2008, l’Europe est soumise à une diminution de ses disponibilités en pétrole (cfr JM Jancovici) qui est le sang de notre prospérité. Personne ne veut le comprendre. Je doute que la démocratie puisse survivre à l’inévitable décroissance.

    1. Avatar de Garorock
      Garorock

       » qui est le sang de notre prospérité »
      Le sang impur qu’abreuve nos sillons?
      Tout le monde à compris ce que voulait dire le daniel Guichard du Co2. Ce n’est pas difficile.
      On met des réacteurs nucléaires enrichis à l’uranium Poutinien un peu partout et quand on ne sera plus que 500 millions sur la planète, tout ira bien.
      25 euros sur Amazon.
      Malthus, c’est 5 balles sur Momox…
      😎

  14. Avatar de Rafio
    Rafio

    « Mars 23 is the new mai 68 » indique la pancarte d’une brûleuse de poubelles.
    Un révolutionnaire tente une révolution et prétend ainsi pouvoir changer le monde. Un rebelle se met en scène en train de faire une révolution. Il communique. En anglais cela va de soi.
    Nous voilà donc en route pour la « transcroissance de mars 2023, version améliorée et victorieuse de mai 68″…
    55 ans plus tard on constate le désastre, mais l’ami Yorgos, il en veut encore une couche. Sacré Yorgos.
    Dans cette purée conceptuelle, c’est le point 4 que je trouve le plus délicieux. Les syndicats qualifiant autrefois de « bourgeoises » les sensibilités féministe et écologiste, chose absolument impensable aujourd’hui. Un progrès forcément. Mais il ne viendrait pas à l’idée de Yorgos Mitralias que ce ne sont peut-être pas les sensibilités féministe et écologiste qui ont quitté le seul champ bourgeois pour s’étendre au monde syndical, mais éventuellement l’inverse, des syndicats, ou plutôt ce qu’il en reste, qui se sont séparés du monde ouvrier pour s’installer bien au chaud dans le champ de la représentation bourgeoise.
    Allez Yorgos, encore un effort et tu vas réussir à me faire rire.

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