Illustration par ChatGPT
Le monde va très mal. Chaque jour qui passe nous montre les signaux d’alerte percolant davantage jusqu’à former un réseau connecté : la planète entière prise de la même fièvre.
Une flottille internationale, la “Global Sumud”, comptant plus de cinq cents passagers et plusieurs dizaines de navires, a pris la mer vers Gaza. À son bord, des activistes, dont Greta Thunberg, des personnalités politiques, issus de divers pays. L’Italie a escorté un temps le convoi à l’aide d’une frégate, mais l’accompagnement s’est interrompu, loin encore des côtes. Le geste est pacifique, le symbole se veut fort, mais par les temps qui courent, l’armée israélienne qui interceptera ces bateaux ne se caractérise pas par son sens de la retenue.
De leur côté, les États-Unis entrent à nouveau dans un « shutdown » fédéral : l’État se ferme partiellement, les fonctionnaires sont renvoyés chez eux, les services stoppent. C’est un jeu de bras de fer budgétaire entre Maison-Blanche et Congrès, mais cette fois, le climat est bien plus sombre qu’à l’habitude. À Quantico, le président Trump a convoqué ses généraux pour leur répéter que l’armée devait se préparer au combat contre « l’ennemi intérieur ». Les mots résonnent comme une fracture irréversible, le pas supplémentaire vers un usage ouvert de l’armée contre des civils. L’Histoire américaine n’ignore pas les convulsions, mais les propos dictatoriaux tenus hier inquiètent tout particulièrement. Le film « Docteur Folamour » (1964) de Stanley Kubrick nous montrait un appareil militaire complètement déjanté face à un pouvoir civil plutôt raisonnable, or, soixante ans plus tard, la situation aux États-Unis s’est totalement inversée.
En Europe, le ton se durcit aussi. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a déclaré que la guerre hybride menée par la Russie n’en était qu’à ses débuts. Drones, attaques cyber, sabotages : les armes nouvelles frappent partout. L’ancienne patronne du MI5, le service de sécurité intérieure du Royaume-Uni, Eliza Manningham-Buller, n’a pas modéré ses propos : nous sommes déjà en guerre avec la Russie, que nous le voulions ou non.
Sans oublier une menace silencieuse, tapie au cœur même de l’Ukraine occupée : la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. Depuis l’invasion de 2022, elle est aux mains de Moscou. Officiellement, les réacteurs sont arrêtés depuis des mois. Pourtant, une centrale nucléaire ne dort jamais vraiment : elle a besoin de courant pour refroidir ses installations, pour faire fonctionner ses pompes, pour rester en vie. Or depuis plusieurs jours, elle est coupée du réseau électrique extérieur. Ses générateurs de secours ronronnent encore. Dix fois déjà, depuis le début de la guerre, le site a connu de telles coupures. À chaque fois, l’Agence internationale de l’énergie atomique a parlé de situation « critique ». Chaque fois, l’on retient son souffle. Car si ces générateurs venaient à s’arrêter, il n’y aurait plus d’écran entre l’Europe et une catastrophe nucléaire.
Tout cela dessine un paysage chaotique. Des navires pacifiques en route vers Gaza, une Amérique qui ferme ses portes tout en brandissant la menace intérieure, une Europe qui se sait assiégée dans une guerre hybride, une centrale nucléaire qui ne tient que de justesse. En toile de fond, une autre course s’accélère : celle entre l’effondrement du monde tel que nous le connaissions et l’apparition d’intelligences nouvelles, non biologiques, plus puissantes déjà que la nôtre.
Nous sommes conviés à assister à cette course de vitesse peut-être la plus périlleuse que l’humanité ait jamais engagée : la cavalerie au triple galop mais encore bien loin de la diligence transpercée de flèches.
Répondre à Hocine Annuler la réponse