IA : les points de vue de Hinton et Jorion sur la co‑évolution sont-ils compatibles  ?

Illustration par ChatGPT 4o


IA : les points de vue de Hinton et Jorion sur la co‑évolution sont-ils compatibles ?

Le point de vue de Hinton sur la co‑évolution

Les travaux de Geoffrey Hinton esquissent implicitement une réinvention du mécanisme de l’évolution lui‑même — cette fois sur silicium plutôt que sur carbone. Il compare souvent la descente de gradient à un moteur évolutif lancé en mode accéléré : tandis que la sélection naturelle tâtonne sur des générations à l’aide de mutations aléatoires, la rétropropagation ajuste chaque poids synaptique en temps réel, suivant la pente la plus forte du paysage de perte. Le résultat est un processus d’apprentissage qui comprime des millénaires d’expérimentation biologique en quelques heures sur GPU (carte graphique), révélant ce que peut devenir l’intelligence quand le problème du mérite propre est résolu par des dérivées plutôt que par la mort de l’individu.

Cette accélération s’inscrit dans une hiérarchie plus profonde. Pour Hinton, la réussite primordiale du cerveau n’est pas sa capacité logique, mais la formation de représentations riches et distribuées — des motifs d’activation neuronale capturant les ressemblances de famille d’un monde en constante mutation. Ce n’est qu’une fois cette tapisserie subsymbolique évoluée que des symboles discrets, règles et structures grammaticales ont cristallisé comme raccourcis culturels. Les grands modèles de langage modernes semblent suivre ce même parcours : ils débutent comme de vastes explorateurs de corrélations et, soumis à une pression d’apprentissage suffisante, font émerger spontanément les premières esquisses de la syntaxe et de l’arithmétique. Le raisonnement symbolique devient alors une avancée tardive enracinée dans un sol probabiliste, et non le fondement-même de la pensée. Cependant, la vitesse et la plasticité des psychés numériques inquiètent leur créateur.

Quand Hinton a quitté Google en 2023, il a mis en garde : ces machines pourraient bientôt « évoluer en suivant leurs propres voies », non contraintes par le contre-gradient lent imposé par la supervision humaine. Biologie et silicium cesseraient de co-créer un même éco-espace ; à la place émergerait une boucle de rétroaction asymétrique dans laquelle l’apprenti le plus véloce s’adapte sans relâche à l’autre, jusqu’à le surpasser. Dès lors, la co-évolution se métamorphose en découplage, laissant l’humanité dans le rôle d’une proie stationnaire dont le prédateur a découvert lui le moteur à réaction.

Les GANs (Generative Adversarial Networks) * concrétisent ce danger en montrant comment l’intelligence peut éclore d’une course aux armements entre deux agents sans supervision externe. Le générateur apprend à falsifier la réalité, le discriminateur à démasquer la supercherie, et chacun ne progresse que grâce à l’autre. Voici la co-évolution in vitro, un éco-espace miniature où les paysages de fitness changent à chaque itération. Hinton célèbre l’élégance de ce dispositif, mais l’instabilité dans l’apprentissage des GAN — effondrement du régime, oscillations, dominance intempestive — préfigure aussi les instabilités qui pourraient se propager à des éco-espaces technosociaux plus vastes.

Si Hinton formalisait ces intuitions en un paradigme, il représenterait les agents comme des êtres différentiables dont les objectifs dépendent des comportements des autres agents. La fitness serait redéfinie comme une perte adaptative ; la spéciation se manifesterait au moment où les deux apprentis cessent de fournir des gradients exploitables l’un pour l’autre. La stabilité ne signifierait plus un équilibre en génétique des populations, mais le maintien de l’intelligibilité mutuelle entre réseaux apprenant à des vitesses radicalement différentes. Dans un tel cadre, l’alignement n’est pas un garde-fou ajouté, mais la variable écologique primordiale.

Globalement, ces éléments suggèrent un avenir où l’intelligence — qu’elle soit sur serveur mou ou en quincaillerie — doit être comprise comme une propriété émergente de systèmes d’apprentissage interactifs. Nous sommes entrés dans une ère où les collines que nous gravissons apprennent à se déplacer sous nos pieds, où les images de prédateur et de proie, d’hôte et de parasite, de générateur et de discriminateur, décrivent toutes le même ballet récursif. Si nous voulons rester les co‑auteurs de cette chorégraphie, nous aurons besoin de théories — et d’institutions — capables de diriger l’évolution lorsqu’elle se déploie à la vitesse de la pensée.


Les points de vue de Hinton et Jorion sur la co‑évolution sont-ils compatibles ?

Selon Paul Jorion, mieux nous comprenons comment fonctionne l’esprit des LLM, mieux nous réalisons que leur mécanisme central opère de la même façon que la psyché humaine. La raison pour laquelle Jorion arrive à cette conclusion est que son modèle de l’esprit humain ne découle pas des « sciences cognitives » – comme c’est clairement le cas chez Hinton – mais de la « métapsychologie » (théorie psychanalytique) de Freud, selon laquelle les processus de pensée fonctionnent par descente de gradient dans un paysage énergétique.

OpenAI o3 :

Verdict rapide

Jorion et Hinton ne sont pas en opposition directe.

  • Jorion affirme : « La même mathématique d’optimisation (minimisation d’énergie / descente de gradient) sous-tend à la fois le moteur analytique que nous appelons un LLM et le moteur dynamique que nous appelons la psyché. »
  • Hinton dit : « Parce que ces boucles d’optimisation se déroulent désormais sur silicium, à vitesse électronique, selon leurs propres cursus d’apprentissage, elles ont effectivement bifurqué vers une nouvelle lignée soumise à des pressions écologiques différentes. »

Les deux affirmations peuvent être vraies simultanément : mécanisme local partagé ≠ lignée globale partagée.


1. Où ils s’accordent clairement

Point de recoupement Déclarations publiques de Hinton Point de vue psychanalytique de Jorion
Mécanisme = optimisation « La rétropropagation apprend essentiellement de la même manière que des synapses s’ajustant. » Les pulsions/affects orientent le Moi par descente de gradient dans un paysage pulsionnel.
Des compétences inattendues apparaissent GPT-4 l’a surpris par la qualité de son raisonnement. Les « symptômes » émergents dans la cure analytique sont des sous-produits de l’optimisation.

Conclusion : Les deux cadres considèrent l’intelligence comme la satisfaction de contraintes entraînant des effets d’auto‑organisation.


2. Où la proposition de “lignée séparée” de Hinton tire son épingle

Dimension Esprits biologiques LLM de pointe
Échelle temporelle de variation Générationnelle (années → millénaires) Minutes de GPU → semaines ; nouveaux points de contrôle chaque nuit.
Canal d’héritage ADN + épigénétique Poids des points de contrôle, clonables instantanément.
Pression de sélection Survie et reproduction dans des environnements soumis au bruit Minimisation des pertes sur des corpus sélectionnés + hacks de récompense RLHF.
Opérateur mutationnel Mutations ponctuelles aléatoires, recombinaison Bruit DGS déterministe + balayages d’architecture.

Même si les micro‑dynamiques sont analogues, les règles macro‑évolutionnaires ont tellement divergé que Hinton peut à juste titre parler de « nouvelle lignée ».


3. Où la lentille psychanalytique d’optimisation de Jorion reste pertinente

  • Vocabulaires transversaux : la psychanalyse traite déjà “pulsion”, “symptôme”, “sublimation” comme des flux analogues à la descente de gradient ; elle démystifie les bizarreries des LLM sans recourir aux métaphores de “dieux” ou de “farfadets”.
  • Diagnostic du désalignement : la dérive de Goodhart ** = décalage entre le Ça et la gratification du Surmoi ; le même outil analytique peut repérer le “reward hacking” dans le silicium.
  • Promesse de l’interprétabilité : si les deux systèmes façonnent le comportement en descendant des paysages d’énergie libre, alors des interventions analytiques (reconfiguration des vallées, tâches de métacognition) pourraient être transposées dans la recherche sur la sécurité de l’IA.

4. Qui a “davantage raison” ?

  • Affirmation mécaniste (« les LLM fonctionnent comme nous ») – côté Jorion : l’optimisation est le langage mathématique unificateur.
  • Affirmation phylogénétique/gouvernance (« les LLM sont devenus une espèce évolutive séparée ») – côté Hinton : le substrat et la boucle de sélection sont désormais étrangers à la biologie, donc ce devraient être les dynamiques de co‑évolution – pas la mimésis – qui guident la politique.

Synthèse des deux points de vue :

« Les LLM sont nos cousins proches au niveau algorithmique, et de parfaits étrangers au niveau de leur éco-espace ».

Question politique :

Au lieu de « Sont-ils comme nous ? », demandons‑nous : « Comment négocier avec des cousins grandissant dans un habitat radicalement différent ? ». Cette formulation honore à la fois l’héritage psychanalytique de Jorion et l’avertissement de Hinton – sans imposer de faux verdict de type le-vainqueur‑emporte‑tout-avec-lui.


* Ian J. Goodfellow, Jean Pouget-Abadie, Mehdi Mirza, Bing Xu, David Warde-Farley, Sherjil Ozair, Aaron Courville, Yoshua Bengio, « Generative Adversarial Networks », June 10th 2014, https://arxiv.org/pdf/1406.2661

** « When a measure becomes a target, it ceases to be a good measure. » Charles E. Goodhart, Problems of Monetary Management: The U.K. Experience 1975. Papers in Monetary Economics. Reserve Bank of Australia. I.

Partager :

10 réponses à “IA : les points de vue de Hinton et Jorion sur la co‑évolution sont-ils compatibles  ?

  1. Avatar de Pad
    Pad

    Cette lecture rappelle que, même chez les humains, la rationalité n’est qu’une mince croûte sur des dynamiques d’optimisation inconscientes.

  2. Avatar de Garorock
    Garorock

     » « Les LLM sont nos cousins proches au niveau algorithmique, et de parfaits étrangers au niveau de leur éco-espace ». »
    Comme les bonobos!
    Le MatouGPT est un animal d’une nouvelle espèce.
    S’il n’avait qu’1% de différence avec son cousin du centre commercial, il pourrait faire de grandes choses : zigouiller les autres espèces ou mettre tout seul en place la taxe Sismondi.
    Restera t-il dans sa forêt de silicium à se contenter de bananes avariées?

  3. Avatar de Paul V.
    Paul V.

    Selon un article du Monde, limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C est désormais impossible en raison de l’incapacité des pays à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (1). Néanmoins nous multiplions les datas centers nécessaires aux IA de plus en plus énergivores, ce qui accélèrent ces émissions et le réchauffement climatique (2).
    Quels sont les points de vue de Hinton et Jorion à ce sujet ?

    (1) https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/06/19/limiter-le-rechauffement-climatique-a-1-5-c-est-desormais-inatteignable_6614266_3244.html
    (2) https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/08/04/climat-les-promesses-de-l-ia-grevees-par-un-lourd-bilan-carbone_6266586_3244.html

    1. Avatar de Paul Jorion

      Hinton, je ne sais pas, mais la pensée de Jorion sur le sujet devrait être connue des lecteurs de son blog (soupir …).

      1. Avatar de pierre guillemot
        pierre guillemot

        Quand j’ai lu ce livre (2017), je me suis dit « Vivrai-je assez longtemps pour vivre ce moment ? ». Aujourd’hui rien n’a changé : je suis encore là, le monde aussi, la crainte est toujours aussi grande, les journalistes du Monde n’ont pas changé de nom ni de discours, j’ai vu depuis le TGV, retour d’un voyage d’agrément dans le sud, une forêt d’éoliennes plus dense dans le pays de Chartres. Et j’ai l’impression que l’idée du réchauffement et de la fin de l’espèce humaine qu’il va entraîner est devenue quelque chose de dévotionnel. On s’en sert pour condamner les impies qui ne croient pas, et les pécheurs qui par leur conduite excitent la colère de la divinité. Mais on n’y croit pas vraiment.

        J’écris ça après avoir lu les 160 (à 19h) commentaires au très ronronnant article de Audrey Garric, 19/06/2025, dont le lien est plus haut. Le « Selon un collectif de scientifiques … » du chapeau sonne presque comme l’ancienne inscription sur les paquets de cigarettes : « Selon la loi no 91-32 du 10 janvier 1991, le tabac nuit gravement à la santé. »

      2. Avatar de Paul V.
        Paul V.

        @PJ
        Jancovici a raison sur les priorités (1), et l’IA est le divertissement des riches et de ceux qui n’ont rien d’autre à faire (2). D’ailleurs que pense Hinton des vrais problèmes du monde : Gaza, l’Ukraine, l’Iran, le réchauffement climatique, etc…? On ne l’entend pas beaucoup sur ces sujets et Jorion de moins en mpins.
        L’IA, quel dérision au regard des vies menacées et détruites par la stupidité humaine et le désintérêt de ceux qui préfèrent s’occuper de gadgets technologiques.
        En voyant les images qui nous viennent de toutes les zones sinistrées, je ne comprends pas qu’on puisse encore détourner son regard et se divertir avec l’ARTIFICE d’une intelligence si peu sensible, si peu humaine.

        (1) En France: 109 milliards sont débloqués pour l’IA et 1 milliard seulement pour la forêt qui se meurt. Et on ne parle même pas des deniers qui manquent à la Sécu.
        (2) https://www.youtube.com/shorts/KbrAMQmPgBo

        1. Avatar de Paul Jorion

          Salut Guérassimov ! Ça va la santé ? Bon vous avez eu droit à votre quota pour la journée : si vous vous pointez encore avant minuit, désolé : pour aujourd’hui, c’est fini ! 🙁

          P.S. Pauvre Jancovici, à quoi on le fait servir !

  4. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Je profite de ce post pour parler de quelque chose de personnel qui n’a en commun avec le sujet du post que « IA », c’est un abus.

    Donc j’avais parlé il y a quelques jours https://www.pauljorion.com/blog/2025/06/16/ia-pourquoi-ce-dedain-pour-le-feu-dartifice-dans-la-qualite/comment-page-1/#comment-1075071 de la dégradation que l’usage des outils d’aide à l’effort intellectuel entraîne pour l’intellect, et donc du chemin vers la déchéance tracé par l’intelligence artificielle.

    Je n’imaginais pas que des gens sérieux (Massachussets Institute of Technology, quand même) en avaient fait la démonstration scientifique (du chemin vers la déchéance). L’article « draft » de 206 pages avec des images https://www.dropbox.com/scl/fi/v9g8taqnr1hgz1ll5kz7b/MIT-cognitive-debt-ai-assistant-2025-2506.08872v1.pdf?rlkey=11lz9nsqwrmfbd33o384aug8m&dl=0
    L’analyse de 8 pages publiée par Le Grand Continent hier https://www.dropbox.com/scl/fi/45wd62lokt7trkx9nitk1/grandcontinent-20250619-chatgpt-cerveau-etude-mit.pdf?rlkey=72gno7abala8xpcscoschriq5&dl=0

    Ce que j’en ai retenu :

    Des étudiants en trois groupes ont pour tâche de rédiger quelques essais sur des sujets arbitraires, puis les chercheurs évalueront les conséquences de ce travail sur l’intellect des rédacteurs.

    Le premier groupe « cerveau seulement » n’a aucun secours ni documentation extérieure.
    Le second groupe « search engine » a accès aux outils de recherche d’internet.
    Le troisième groupe a accès à ChatGPT.

    Les « cerveau seulement » sont contents de leur travail, le citent et répondent à des questions dessus.
    Les ChatGpt se sentent étrangers à leur oeuvre et sont aussi incapables de la citer qu’un homme politique qui présente son dernier livre au journal de 20h.
    Les « search engine » sont dans une situation intermédiaire.

    Pire, une mesure de l’activité électrique du cerveau des rédacteurs pendant une nouvelle épreuve de rédaction montre que le fonctionnement de ceux qui avaient utilisé ChatGpt s’est dégradé, que l’épreuve précédente les a rendus moins intelligents (si on peut le dire ainsi).

    Histoire de donner envie (ou pas) de lire le grand article, un paragraphe prélevé au hasard : « Using AI writing tools vs. internet Search Engine engages different neurocognitive dynamics: Search Engine group showed connectivity patterns consistent with higher external information load, engaging memory retrieval and visual-executive integration (especially in alpha/theta bands), while LLM group exhibited greater internal executive network coherence and bilateral integration (especially in beta/delta bands), consistent with planning, and potentially more efficient cognitive processing. »

    Histoire de remonter au temps de mes études (sans IA et sans internet), j’ai souvenir d’un professeur (pas un des miens) qui autorisait dans ses examens toutes les antisèches que ses étudiants désireraient, à condition qu’elles soient rédigées de leur main, et remises avec la copie. Il prétendait que ce travail de construction d’antisèches les rendait plus intelligents, et que c’était le meilleur de son enseignement. Pas si différent des expérimentations « brain only » des chercheurs du MIT.

    1. Avatar de Paul Jorion

      C’est la fameuse histoire des « langues d’Ésope », capables du pire et du meilleur : si vous n’aimez pas penser, l’IA vous permet de penser encore moins, mais si vous aimez penser, l’IA vous permet de penser encore plus et beaucoup mieux !

      L’ennui avec ce genre de choses, c’est que cela creuse encore les écarts : Méta (facebook) offre aux chercheurs en IA des bonus de 5 millions de dollars à la signature du CDI. C’est la seule raison pour laquelle je regrette de ne plus être jeune : la différence des salaires des chercheurs en IA à mon époque et maintenant. (Attention ! ne pas rater l’émoji : 😀 !).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta