L’actualité de la crise : L’addition, c’est pour qui ? par François Leclerc

Billet invité.

L’ADDITION, C’EST POUR QUI ?

Nous arrivons à une première phase de maturation de la crise. J’emprunte à dessein ce vocabulaire un peu ampoulé et distancié au monde dans lequel je baigne désormais, peut-être un peu contaminé mais plus certainement ironique. Plusieurs tendances, déjà perceptibles, se révèlent maintenant dans toute leur ampleur. Les banques s’engagent de manière accélérée dans un processus de concentration aboutissant à la naissance de « méga banques » au poids financier accru. Lloyds Banking Group (LBG), va ainsi être à Londres le fruit du mariage de raison entre Lloyds TSB et Halifax-Bank of Scotland (HBOS). De nouveaux plongeons spectaculaires interviennent sans cesse en Europe ou aux USA, assortis de leurs mesures de sauvetage d’urgence. Après HSBC, c’est Barclays qui cristallise actuellement les craintes en Grande-Bretagne. Sa chute boursière a été renforcée par l’expiration de l’interdiction des ventes à découvert sur les valeurs financières, qui a pris effet ce vendredi, conformément à une décision de la FSA (l’autorité britannique des marchés).

Le système bancaire, les gouvernements qui l’assistent pays par pays, ainsi que les banques centrales, cherchent dans la panoplie disponible des solutions pour vidanger d’un seul coup de leurs bilans de gros paquets d’actifs douteux. La zone Euro est à terme en danger potentiel d’éclatement, vu le différentiel grandissant entre les « spreads » des obligations des différents Etats qui la composent. Des pans entiers de l’économie cherchent à se réfugier sous l’aile protectrice des Etats, qui commencent à glisser vers un protectionnisme hier vilipendé. Le contre-feu allumé en direction de l’opinion publique, cette lutte impitoyable que mènent les gouvernements contre les bonus, stocks options, distributions de dividende et autres parachutes dorés, qui les scandalisent dorénavant, est attisé par la perspective de devoir prochainement annoncer une nationalisation des pertes bancaires en bonne et due forme et à grande échelle.

Enfin, pour la sortir de l’inattention générale dont l’Afrique est une fois de plus victime, retenons la déclaration accablée faite le 16 janvier à Johannesburg, à l’issue d’une réunion du Comité des 10 qui regroupe les ministres des finances et gouverneurs des banques centrales africains, par le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka : « Nous craignons que deux décennies de croissance ne soient compromises ». Le ministre sud-africain des Finances, Trevor Manuel, soulignait pour sa part que la crise avait fait s’effondrer le cours des matières premières et que la plupart des entreprises africaines n’avaient plus accès au crédit.

Voici donc les têtes de chapitre de l’actualité. Sans naturellement oublier l’orchestration qui débute du « New Deal » d’Obama, second volet du TARP et plan de relance, près de 1.200 milliards de dollars à eux deux, qui témoigne d’une réelle inflexion de la politique suivie jusqu’alors, mais suscite, pour le compromis politique avec les Républicains dont ces plans sont issus, les allégements fiscaux, de sévères critiques, la dernière notoire en date étant celle de Joseph Stiglitz, dans le « Financial Times ».

De nombreuses mesures, devant encore être adoptées par le Congrès, commencent à prendre tournure, avec pour objectif central de favoriser l’emploi. Programme de grands travaux, dispositions pour aider les dépenses de santé des plus pauvres, 47 millions d’américains vivant sans couverture maladie. D’autres sont en faveur des économies d’énergie et de l’indépendance énergétique du pays. Le volet fiscal controversé devrait, lui, consister en un abattement de 500 dollars d’impôt par contribuable.

Jeudi dernier, le principal conseiller économique de Barack Obama, Lawrence Summers, a présenté au Congrès les nouvelles mesures qui vont accompagner le deuxième volet du plan, d’un montant de 350 milliards de dollars. Le secteur automobile pourrait bénéficier de ces aides publiques. 50 à 100 milliards devraient servir à lutter contre la multiplication des saisies immobilières. Mais les entreprises qui bénéficieront de ces aides devront faire approuver leur politique de rémunération des dirigeants et de dividendes par les autorités fédérales. D’autres sources font état d’aides aux municipalités et aux Etats américains. Dimanche dernier, Barack Obama, avait déclaré que l’argent restant devait aller en priorité aux ménages et aux petites entreprises. La situation, en réalité, reste ouverte quant à la destination des fonds du TARP débloqués par le Sénat. Il faudra soit faire des choix drastiques, soit obtenir de nouvelles enveloppes financières, d’autres urgences criantes se profilant du côté des institutions financières, qui sont loin d’être stabilisées. C’est un puits sans fond.

Alors que Citigroup va tenter d’isoler dans une filiale intitulée Citi Holdings ses actifs douteux pour conserver les bons dans une autre, dénommée Citicorp, et que Bank of America ne parvient pas à digérer son acquisition de Merrill Lynch, en raison de la qualité des actifs de cette dernière, les autorités américaines, de la Fed et du Trésor, ainsi que les conseillers du futur président, travaillent « dur » (c’est le cliché habituel employé dans les déclarations et communiqués) à un projet. Il s’agirait de créer une « bad bank » (ou « aggregator bank », dénomination faisant tout de même moins voyou), qui recueillerait les actifs de mauvaise qualité du secteur bancaire, afin d’arrêter d’avoir à jouer les pompiers au coup par coup et de pouvoir faire face aux nouveaux épisodes catastrophiques attendus.

« Citigroup a perdu 40% en une semaine, et il y a toujours une grande part de ventes à découvert dans les baisses en ce moment. On peut imaginer que ce sont des prises de bénéfices de gens qui ont profité d’une baisse importante », a expliqué à l’AFP Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. « Si les provisions dépendent de pertes futures liées au crédit, tout ce que nous voyons actuellement laisse présager qu’il n’y aura pas de relâchement dans les provisions pendant au moins plusieurs trimestres », a déclaré de son côté M. Lewis, PDG de Bank of America lors d’une conférence d’analystes. Ce qui veut dire, en langage décodé, qu’il envisage de d’importantes pertes à venir en raison de nouvelles provisions prévisibles sur ses activités de prêts.

La question qui n’est pas encore publiquement évoquée, tellement l’addition qu’elle impliquera est vertigineuse, est toujours de savoir comment différencier les bons actifs des mauvais. Pas seulement dans le moment, mais en perspective de la suite des évènements. Il faudra, de toute évidence, tailler large ou alors s’y reprendre à plusieurs fois. Une alternative à cette création de structure de défaisance serait de garantir les actifs qui resteraient inscrits dans les livres de compte des banques. On parle aussi d’injecter du capital dans les banques. Toutes les options sont à l’étude, y compris des combinaisons d’entre elles, et les spéculations se multiplient dans les médias, alors que tout le monde y va de son avis.

Une fois ce débat tranché, la voie serait ouverte pour que puissent à nouveau « être achetées les actions posant problème et recapitalisées les banques » a estimé un analyste cité par Bloomberg, qui ne précise pas par qui. « Le crédit ne va pas réapparaître tant que les portefeuilles des banques n’auront pas été nettoyés et que les valeurs des collatéraux n’auront pas été rétablis » a-t-il ajouté, en veine de franchise. D’après Lawrence Summers, principal conseiller économique du président élu, celui-ci n’entend donc pas poursuivre la politique d’actions au coup par coup menée jusqu’à maintenant par le Trésor et la Fed. « On doit absolument faire quelque chose de déterminant » a déclaré de son côté Kenneth Rogoff, l’un des membres du groupe de conseillers du président élu, professeur à Harvard et ancien chef économiste du FMI, .

En Grande-Bretagne, un nouveau plan de soutien aux banques devrait être présenté la semaine prochaine par le chancelier de l’Echiquier, Alistair Darling, selon des sources en provenance du Trésor britannique citées par Reuters.

Ce plan pourrait inclure des nouvelles mesures destinées à restaurer la confiance des marchés envers les banques, afin de faciliter leur financement. Mais, selon un analyste de Fox-Pitt Kelton, interrogé également par Reuters, il n’inclura pas à nouveau des injections de fonds propres. Le but du gouvernement serait de faciliter les prêts aux ménages et aux entreprises. En particulier en octroyant des garanties publiques sur des titres financiers adossés à des crédits immobiliers.

Le « Times » et le « Daily Telegraph » ont pour leur part dévoilé vendredi que le gouvernement britannique étudiait la mise sur pied d’une « bad bank » qui recueillerait les actifs pourris.

En France, le gouvernement serait quant à lui, dans l’immédiat, prêt comme déjà annoncé à apporter une nouvelle aide de 10,5 milliards d’euros aux banques françaises. Mais, cette fois, il n’exclurait plus d’entrer directement au capital en souscrivant des actions sans droit de vote. A noter, par ailleurs, que l’agence de notation financière Moody’s a annoncé vendredi dans un communiqué avoir abaissé à « négative », contre « stable » auparavant, la perspective attachée à la dette senior de BNP Paribas (Aa1), présentée comme un roc inébranlable il y a encore peu de temps.

Impossible de ne pas faire mention, sur un sujet connexe et toujours en France et dans le cadre du débat qui enfle sur les bonus et les distributions de dividendes, de la conférence de presse de Georges Pauget, président de la Fédération bancaire française (FBF) : « Les dividendes relèvent de la compétence exclusive du conseil d’administration et des assemblées générales. Certes, personne ne vit en-dehors de son contexte, mais notre droit prévoit cela » a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy ayant demandé jeudi aux banques, à qui l’Etat a déjà accordé un prêt de 10,5 milliards d’euros, de prendre des engagements « sur les dividendes à verser, sur la rémunération des dirigeants et sur les bonus ». « Ce sont les conseils d’administration, le moment venu, qui définiront leur position » a répliqué Georges Pauget. Il a également, lors de la même conférence de presse, rejeté l’accusation selon laquelle les banques auraient « coupé » le crédit en utilisant un argument décisif : « La réalité, c’est que la demande de crédit est en baisse et il faut qu’on cesse de rendre les banques responsables de cette baisse », s’est-il emporté.

Le débat n’en restera pas là de toute évidence, il est en train de s’étendre au monde de l’entreprise. La présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, a critiqué samedi le salaire du PDG de l’équipementier automobile en difficulté Valeo, Thierry Morin, estimant que le groupe ne respectait pas les recommandations du Medef en la matière.

Prenons aussi le temps encore de graver au fronton des meilleures déclaration du jour, par analogie avec le diplôme du meilleur employé du mois si cher aux entreprises américaines, celle d’Ernest-Antoine Sellières, dont on espère qu’elle connaîtra le même sort sur ce blog que celle de Michel Cicurel, Président de la compagnie financière Edmond de Rotschild (où il était question d’une arme de première catégorie) : « le débat politique » (lire public, dois-je rajouter) engagé en France sur la question du versement ou non de dividendes aux actionnaires « n’est pas très opportun » a-t-il déclaré dans une interview donnée à « La Tribune » de samedi. Il a poursuivi : « Il revient aux actionnaires de décider si la situation de l’entreprise commande, ou pas, le versement d’un dividende ».

Prêtant moins à l’indignation, pour ceux qui en ont encore en réserve, la nouvelle la plus pertinente du jour aura sans doute été publiée par « Der Spiegel ». Elle tourne encore autour des « bad banks », un sujet qui sollicite décidément beaucoup l’attention. Des dépréciations d’actifs colossales seraient à craindre de la part des banques allemandes, car elles n’auraient pour l’instant déprécié qu’un quart de leurs actifs toxiques en évoquant la perspective de pertes à venir en milliards. L’hebdomadaire cite une enquête réalisée auprès de vingt instituts bancaires par la Bundesbank, la banque centrale Allemande, et l’autorité allemande des marchés financiers (Bafin), selon laquelle les banques allemandes possèdent au total 300 milliards d’euros d’actifs toxiques et n’ont pour l’instant déprécié que les plus « pourris », soit à peine un quart de la somme. « Le reste est encore inscrit dans les comptes à des valeurs illusoires », affirme le journal.

Les experts économiques du gouvernement estimeraient inévitables des dépréciations considérables, « qui devraient entraîner de nouvelles pertes très élevées pour les banques ». Le ministère des Finances a pour sa part évalué à 1.000 milliards d’euros l’ensemble du volume des actifs à risque du secteur bancaire allemand. Vu l’addition, le ministre des Finances Peer Steinbrück juge irresponsable la création d’une « Bad Bank » qui se chargerait des actifs douteux des banques. « Dans le pire des cas, cela conduirait à plus que doubler la dette fédérale », a déclaré au journal l’un de ses collaborateurs.

Où allons-nous, selon toute probabilité, sur ces questions de financement et sur la création monétaire intensive qui en découlera obligatoirement ? Willem Buiter, professeur à la London School of Economics, ancien membre du Comité monétaire de la Banque centrale britannique, fait autorité sur les questions monétaires et vient de publier un article retentissant dans le « Financial Times ». En voici le substrat. Les politiques de monétisation de la dette, publique comme privée, qui consistent pour les banques centrales à racheter ou prendre en pension des obligations, vont nécessairement se développer. Mais la BCE n’étant pas adossé aux recettes fiscales d’un pays, comme ses homologues, se trouve devant un problème. La défaillance d’un débiteur privé, ou bien la nécessité de procéder à une dépréciation des titres de ceux-ci, qu’elle détient en pension, pourrait nécessiter une recapitalisation que ses statuts n’envisagent pas. Willem Buiter propose donc la création d’un fonds européen pour y suppléer, qui devrait, selon lui, être doté de 3.000 milliards de dollars.

Il n’y a pas d’issue magique, les banques se défaussent sur les banques centrales ou bien sur les Etats, donc les contribuables. Il faudra toujours à un moment ou à un autre régler l’addition.

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87 réponses à “L’actualité de la crise : L’addition, c’est pour qui ? par François Leclerc”

  1. Avatar de Tigue
    Tigue

    La démocratie, qui a été très utile pour au developpement de ce capitalisme sauvage, risque d’ être fort gênante pour lui au moment de régler l’ addition. Il faut etre inquiet.

  2. Avatar de tigue
    tigue

    la surprise du chef http://www.lesaffaires.com/nouvelles/opinion/blogues/blogue.fr.html?handle=pauldontigny

    On peut se demander si on ne cherchait pas tout simplement a gagner du temps…du temps, mais pour quoi faire ?

  3. Avatar de madar michael

    …entre les « spreads »…
    Notion digne du glossaire SVP
    mikl

  4. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc
  5. Avatar de Les Fougerêts
    Les Fougerêts

    A la lecture des chiffres de pertes qui se succèdent dans les plus grandes puissances économiques, des montants qui compte tenu de leur ampleur dépassent notre entendement de simples citoyens, nous ne mesurons même plus la situation financière de chaque pays et voyons défiler ces nouvelles un peu béats, éblouis par ces sphères qui dépassent totalement notre champ de vision.
    Mais qui finance tout cela ? Certes nous avons bien compris qu’in fine c’est nous contribuables qui paieront mais qui fait le prêt relais ? J’ai entendu dire que l’Allemagne avait eu des difficultés pour emprunter 6 « pauvres petits milliards » et maintenant il s’agirait de mettre en place un plan de défaisance pour 1000 milliards.. Si la 1ére puissance européenne peine pour trouver des prêteurs alors quid pour la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne etc.. Pour certains pays comme la France dont la population atteint un taux record d’épargne de 15% on peut penser qu’il est possible de faire appel au marché domestique si l’emprunt est modéré mais que dire de la Grande-Bretagne dont la population est surendettée; la solution serait-elle la planche à billets qui fonctionnerait dit-on aux USA avec la Fed pour acheter les bons du trésor américain. Mais cela fonctionnerait jusqu’à quand ?
    Serait-il possible qu’un gentil internaute nous dresse un tableau des 6 premières puissantes économiques avec l’endettement de l’état, des entreprises, de la population, des avoirs extérieurs pour déterminer une situation nette en ajoutant les pertes déjà connues, probables comme celles des banques allemandes citées par Der Spiegel et envisageables car on a bien compris que tout le monde joue au poker dans un contexte ou les participants jurent mordicus qu’ils n’ont pas d’actifs toxiques jusqu’au moment où une échéance à payer arrive face au débiteur qui déclare : désolé j’ai menti.

  6. Avatar de madar michael

    @francois leclerc
    Merci, peut être que le glossaire est réservé aux sigles?(CDO,CDS…)

  7. Avatar de jacques
    jacques

    Same player shoot again : les fonds souverains se positionnent sur les matières premières agricoles en se disant que l’on aura toujours faim . Ca va buller à babord.Ca va crever de faim à tribord.Vous avez dit spéculation.Comme c’est spéculatif!

  8. Avatar de leduc
    leduc

    C’est évidemment le citoyen/contribuable/consommateur qui va régler l’addition. Mais effectivement les citoyens étant déjà très endetté dans pas mal de pays, on se demande bien comment on pourra faire. Même en France je ne me fais guère d’illusion sur le taux d’épargne, cela n’empêche pas globalement les citoyens d’êtres endettés. Moi même par exemple j’ai un peu d’épargne et je possède un bien immobilier sur le papier, mais la vérité c’est que ce bien immobilier je suis endetté pour le rembourser et endetté pour encore 15 ans. Au moins avec un peu d’épargne mon argent suit au moins l’inflation, et avec cette réserve cela permet d’éviter d’être encore plus endetté en cas d’urgence et de devoir faire des emprunts type consommation avec des taux bien moins avantageux (mesure de prudence il me semble si on ne veut pas se retrouver dans la situation classique d’un citoyen moyen américain). J’imagine que beaucoup de « propriétaires » avec un peu d’épargne comme moi sont en fait largement endettés et pour longtemps. Faudra pas donc compter trop sur moi pour renflouer le capital des banques 🙂

    J’ai de plus en plus la conviction intime que la crise du crédit et une mauvaise répartition des richesses sont inextricablement liés. Il a dû y avoir un décalage de plus en plus grand entre ceux qui peuvent prêter et ceux qui doivent emprunter, le crédit et la dette et évidemment les intérêts n’ont fait qu’accentuer l’écart de richesse entre les préteurs et emprunteurs. Il me semble complètement illogique, totalement absurde par exemple de vouloir relancer la consommation encore plus, d’accord davantage de crédit encore aux consommateurs qui se trouvent déjà dans une situation plus que délicate concernant leur solvabilité. A la limite, plus on fera de relance, plus on incitera à la consommation par des prêts et crédit, plus le système va certainement s’enfoncer dans une crise encore plus profonde, cela ne fera que reculer l’issue et l’aggraver encore plus. Enfin c’est mon opinion empirique à ce sujet.

    C’est peut-être un raisonnement qui semble simplifié à l’extrême mais pour moi ce ne sont pas les banques qui doivent être renflouées et encore moins par les contribuables. C’est au contraire le contribuables qu’il faut sauver et désendetter si on veut avoir une chance de sauver le système. Ce ne peut en aucun cas être les citoyens contribuables (quand je parle de citoyens, contribuable, consommateur, il faut évidemment le prendre dans le sens le plus commun et usuel, c’est à dire de personnes qui ont un revenu modeste et qui n’ont pas ou peu de capital) qui doivent éponger les pertes, et au contraire ce doit être les grandes fortunes, actionnaires, investisseurs, toutes les personnes riches qui ont un capital et qui vivent de ce capital en le faisant fructifier et augmenter.

    Ce discours semble sans doute très socialisant, mais ca me semble évident pourtant. Il faut cesser cette logique économique absurde où les riches sont encore plus riches d’année en année (voir listes et classements des grandes fortunes, milliardaires et millionnaires), on ne peut pas constamment accaparer et accumuler toujours de plus grandes quantités d’argent dans un nombre de mains très limitées alors qu’il y a de l’autre côté un appauvrissement manifeste, un endettement constant, en bref la base de la société des dizaines de millions d’individus qui en arrivent à ne plus pouvoir assurer leurs diverses échéances.

    Si je pouvais d’une manière assez osé comparer le cycle économique à celui de l’eau (d’une manière ultra simplifiée il y a des millions de petits ruisseaux qui s’écoulent, qui forment des rivières, de plus en plus grosses, puis des fleuves qui se jettent dans l’océan, et de l’océan se forment des nuages qui vont au dessus des terres, il y a la pluie et le cycle reprend sont cours), je dirais que pour le cycle de l’eau, celui ci semble bloqué sur les vastes étendues d’eaux, les grandes concentrations océaniques, il y a plus d’eau qui va à l’océan qu’il y a d’eau qui retourne à la terre par les précipitations et la sécheresse arrive sur les terres, la flore commence à dépérir, la désertification s’installe, mais pendant ce temps l’eau est toujours là dans l’océan, immuable. D’une manière assez symbolique et analogique, c’est pareil pour l’argent, il y a de grandes concentrations d’argent qui se forment, cet argent n’est pas assez distribué, la concentration augmente alors que la redistribution générale diminue, résultat l’argent circule de plus en plus mal, il y en a de moins en moins, l’activité économique ralentit, l’argent est toujours là en quantité mais mal réparti circulant mal n’irriguant plus l’économie et la faisant dépérir.

    Pour répondre à une des interrogations sur qui va payer, je dirais que contrairement à l’eau qui tombe du ciel en arrivant de l’océan, on peut facilement créer de l’argent. Nul besoin de prendre aux riches pour le donner au pauvre et relancer la machine en épongeant les dettes, il suffit de créer cet argent « out of thin air » comme j’ai lu cette expression de plus en plus souvent sur des sites anglophones. Il suffit de faire tourner la planche à billet, d’avoir à disposition des hélicoptère et d’effectuer des lâchers de billets de banques comme le suggère Ben Bernanke (encore que vu la situation il vaudrait peut-être même mieux passer au gabarit supérieur et carrément prendre des B52 !!)

    Je crois que de plus en plus de personnes pensent ouvertement à cette solution de la planche à billet et la dissolution de la dette dans un raz de marée monétaire. Avec une fin à la république de Weimar ou du Zimbabwé et des billets de plusieurs milliards et cette hyper inflation incontrôlée ? Les banques centrales disent qu’on en arrivera jamais là, qu’elles couperont les vannes au bon moment, au moment critique mythique où on passe de la déflation à l’inflation. Qui vivra verra….

  9. Avatar de JJJ
    JJJ

    Eh oui : plus le temps passe et plus devient évidente la ruine du système financier. Depuis le début de la crise, la « communication » officielle a utilisé la vieille stratégie du « gradualisme », chère à Jacques de Larosière lorsqu’il était à la tête du FMI : on distille les mauvaises nouvelles par paliers successifs, dans l’espoir que l’opinion s’accoutumera plus aisément aux temps difficile et que la chance, le Père Noël ou quelque « main invisible », viendra contrarier les catastrophes prévisibles.
    Les dettes irrécouvrables, correspondant aux créances dites « toxiques », sont manifestement trop importantes pour pouvoir être digérées, même dans la douleur, par le système financier actuel. Lequel est donc irrémédiablement condamné – sauf pour les gouvernements à être exposés à un « appel du pied extra-parlementaire », selon la savoureuse litote de Paul.
    Ce n’est vraiment grave que pour ceux qui détiennent les créances en cause, ou les actions de sociétés qui y sont directement ou indirectement exposées (lesquels ne veulent pas lâcher le morceau, on les comprend…), c’est-à-dire approximativement tous ceux qui détiennent de la « richesse ».
    La monnaie étant une ingénieuse création de l’homme, voire une fiction, il est techniquement assez facile de la réinventer. Et il me semble que ce sera le cas, par la force des choses, car c’est le préalable à la réactivation de la production : pour régénérer les flux de revenus qui font vivre l’immense majorité des gens, il faudra sacrifier une bonne partie de la valeur, largement fictive, des stocks de capital accumulé par certains. Une forme d’euthanasie keynésienne des rentiers.
    Peut-être en viendra-t-on à donner une solution (momentanément) cohérente à cette anomalie persistante : la monnaie relève des biens publics, selon l’acception commune des économistes ; or, sa création est confiée à des mains privées. Et autant que l’on sache, l’objectif d’une banque est bien l’optimisation de son profit, jusqu’à la caricature : on ne sait s’il faut qualifier de provocation ou de vulgarité leur intention affichée de distribuer bonus et dividendes. Dans le système actuel, elles sont exposées au syndrome d’Attila : là où passe la banque, la prospérité ne repousse pas…

  10. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Leduc, JJJ

    Vos points de vue me semble se complémenter.

    Les « subprimes », c’est effectivement un double phénomène. On peut les décrire en disant : d’un côté il est donné accès au crédit afin de compenser une distribution très inégalitaire des revenus, de l’autre, il y a enrichissement des mieux dotés grâce à la nouvelle ponction que représente le coût de ce même crédit. Jusqu’au jour où tout s’écroule pour les rentiers, quand les moins dotés ne peuvent plus payer. Paul Jorion a certainement du expliquer cela, sous cette forme ou une autre.

    Il va être intéressant, dans la période à venir, d’examiner à la loupe les justifications qui vont être données pour, selon l’expression consacrée « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Pour réguler la titrisation et les instruments de couverture financière sans les proscrire, au nom de l’intérêt supérieur de la déesse croissance, afin de répondre aux besoins de financement de l’économie, soi-disant. Et de pousser dans leurs retranchements les auteurs de ces raisonnements qui n’en sont pas.

  11. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Excellent article et excellent commentaire de JJJ
    De la même manière que les banques commerciales créent de la monnaie scripturale en inscrivant simultanément la même somme en actif (la créance) et en passif (le DAV du bénéficiaire), qu’est ce qui empêche la Banque de France de créer un « DAV » à l’Etat en portant une créance à son actif … une créance d’Etat vaut bien une créance d’une entreprise X ou Y, non ?
    Nous éviterions déjà les accumulations des intérêts de dette publique (1320 milliards d’euros payés aux banques et aux plus riches depuis 1973)
    Bien sur, quand je pose la question « qu’est ce qui empêche », je sais bien que c’est la loi du 4 janvier 1973 initiée par Giscard d’Estaing et les accords européens qui ont suivi… mais ce que la loi a fait, la loi ne pourrait-elle le défaire ?

  12. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    A moins, pour enchaîner sur le commentaire précédent, qu’il n’y ait RIEN à réguler… en effet va-t-on chercher à réguler un massacre de population, un fric-frac à la voiture-bélier ?

    La « crise » n’est qu’une vaste arnaque, qui n’a qu’un nom : la carambouille. La bonne vieille carambouille comme on en avait dans le temps (pas si loin quand même) dans le marché de la viande.

    En effet, « il y a longtemps que les carambouilleurs de marchandises en tout genre ne s’étaient plus manifestés. Il s’agit d’une opération «économique» qui consiste pour des aigrefins, dissimulés derrière une entreprise fictive ou de façade, à acquérir auprès de fournisseurs abusés des marchandises qui ne leurs seront jamais payés pour les revendre immédiatement à bas prix à des clients peu scrupuleux et de disparaître ensuite dans la nature avec le «butin» de la revente.

    Face à ce genre d’escroquerie, on s’interroge toujours de savoir comment des fournisseurs avisés peuvent se faire duper dans ce genre de commerce ? Tout simplement parc que les opérations d’achat sont souvent assorties d’un paiement artificiel, issu d’une cavalerie financière, qui ne sera découverte que lorsque en bout de chaîne le dernier payeur aura été défaillant. » (Jean-Pierre Steiner)

    La caractéristique de « notre » carambouille (je veux dire, celle d’aujourd’hui, évidemment !) c’est qu’elle ne porte pas sur des marchandises, avariées, mais sur de la monnaie scripturaire, des devises, des titres divers et a-variés.

    Et c’est là que contrairement à une bonne vieille carambouille sur les marchandises (qui au pire rend malades quelques personnes…) la « nôtre » rend malades des pays entiers, voire tous les pays puisqu’ils « en ont tous croqué » !

    Comment sort-on d’une carambouille mondialisée (merveilleuse mondialisation !) dans laquelle nous sommes tous carambouilleurs (par nos députés et gouvernements) et carambouillés ? « Le lion malade de la peste… » disait Paul Jorion, il y a quelques mois.

  13. Avatar de Shiva
    Shiva

    Madame, Monsieur, si nous vous sollicitons aujourd’hui c’est que certains d’entre nous rencontrent de graves difficultés, nous ne pouvons plus l’ignorer, nous sommes tous responsables.

    Alors, s’il vous plait, donnez au spéculathon !

    les » investisseurs qui ont mal évalués les risques » sont en grande difficulté, en effet selon l’association « G20 » une grande partie de ces « déposants » ont du mal à récupérer leurs milliards investis dans la spéculation sur le dos de l’économie.
    Alors soyez généreux, DONNEZ pour la spéculation.

    Savez-vous qu’un petit geste multiplié par un milliard de personnes peu permettre de sauver plusieurs spéculateurs ?
    L’association G20 attend vos dons; si vous n’avez plus d’argent, vous pouvez donner vos entreprises, vos emplois, vos salaires, vos impôts, vos maisons, creuser votre dette nationale…

    Les idées ne manquent pas, et le moindre geste sera le bienvenu !

    Aujourd’hui plus que jamais, l’avenir de quelques-uns dépend de la générosité de tous, alors faites un don surtout consommez.

  14. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Mon commentaire enchaînait à celui de François Leclerc (pour la cohérence de la lecture).

    Mais, Stilgar s’est intercalé et pose une vraie question, la vraie question : peut-on revenir sur la disposition qui interdit à l’état (français mais aussi aux états de la zone euro depuis le traité de Maastricht – Article 104, pour ceux qui ont oublié) de créer la monnaie nécessaire à son développement sans avoir à l’emprunter contre intérêts à des banques privées ?

    J’ai donné ici, il y a quelques jours, le passage de l’analyse de Marx sur la crise de 1848 où il montre qu’aucun banquier n’accepte jamais de perdre ce pouvoir de créer la monnaie qu’il prête contre intérêts à l’état, puisqu’il peut ensuite vendre les bons du trésor obtenus grâce à son prêt…

    Je voudrais aussi rappeler les travaux de l’historienne Lacroix-Ruiz qui montre le poids de la Banque de France sur le gouvernement de Léon Blum, pour l’empêcher de trop céder aux pressions syndicales… Poids politique qui obligeait le gouvernement à emprunter aux banques privées pour avoir les moyens d’enclencher ses réformes.

    Revenir (ou plutôt venir à, enfin !) à une situation saine, où l’économie politique est un outil pour le développement et où la puissance PUBLIQUE est maîtresse des moyens monétaires et financiers nécessaires aux investissements PUBLICS, pose la question d’un changement assez radical, n’est-ce pas ?

  15. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    L’idée que la monnaie est un bien public, comme l’eau et plein d’autres ressources, l’information par exemple, est une idée qui me plait bien comme point de départ à une réflexion élargie.

    Nous sommes tous en quelque sorte des orphelins. Le socialisme, ou plutôt ce qui s’en réclamait, est mort ou presque, le capitalisme, nous dit-on, ne serait pas en meilleure forme. Who’s next ?

    Pour une définition de « bien public », voir l’incontournable wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_public

  16. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ François Leclerc

    En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur. C’est la gestion du risque qui est en cause : prêter de l’argent à des ménages que l’on sait dans l’incapacité de rembourser, c’est financièrement absurde, sauf si… l’on refile le portefeuille d’encours à des investisseurs peu regardants (ou astucieusement aveuglés). Et pour peu que l’on dérive, au deuxième et même au troisième degré, alors ces « véhicules » deviennent indéchiffrables, même pour leurs concepteurs ! Je partage bien votre avis : ni la titrisation ni la dérivation ne sont indispensables à la croissance. Pas plus que la vente short ne l’est à la liquidité des marchés boursiers. Devenue cliniquement dépendante des effets de levier, la sphère financière va bien entendu tenter de justifier leur impérieuse nécessité. Sauf si le système explose avant que l’argumentaire ne soit affûté…

  17. Avatar de pietranera
    pietranera

    Cette campagne de moralisation sur les bonus des banquiers ne présage rien de bon.
    Elle n’a pour objectif que de préparer l’opinion public à une vague massive de licenciements dans le secteur
    bancaire.
    En effet, après avoir réduit le personnel, remplacé par des machines, assisté de quelques stagiaires,
    Les banques vont être obligées de fermer un grand nombre d’agences non rentables.
    On se demande en effet comment vivent les 8 agences bancaires qui se trouvent à la sortie de chaque station de métro.
    Idem pour les agences immobilières.

    A propos de la monnaie : si un emprunt n’est pas remboursé, l’agent créé n’est pas détruit. Il continu donc à être utilisé par le système, sauf si le créancier rembourse à la place de l’emprunteur. Si les états et les banques centrales remboursent les créanciers à la place des emprunteurs, ils pérennisent cet argent non remboursé. Donc renflouer les banques équivaut à émettre de la monnaie. Quand on voit les montants en jeu on ne peu qu’être effrayé !

  18. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    Bref la même chose qu’en 1929. La guerre n’est donc plus très loin.

    Les escrocs ont gagné une fois sur le dos de pauvres/faibles gens qui ne comprennent rien aux contrats de prets. Ils gagnent une deuxième fois car les états épongent leurs faillites au lieu de payer celles des pauvres/faibles. Ils vont gagner une troisième fois de par les plans de relance. Car c’est cela que les escrocs attendent avant d’investir, quelles industries seront choisies et dans lesquelles le fruit de leur vol sera investit. Ils gagneront une quatrième fois par les intérêt des dettes de tous les états. La plus grande carambouille de l’histoire humaine menée de main de maitre par les riches/puissants d’occident avec pas mal de complices un peu partout dans le monde.

    Comment cela est il possible dans des démocraties? La réponse est dans la question. Ce ne sont pas des démocraties, pour le simple fait que ceux qui proposent les lois sont les mêmes que ceux qui les votent et les mêmes que ceux qui les mettent en oeuvre. La porte ouverte à deux siècles de carambouilles inninterrompues. L’épicentre de la faillite de la culture occidentale qui se joue actuellement est là. Une non séparation des pouvoirs.

    Les hommes de lois dont c’est le métier devraient seuls être habilités à proposer des lois même constitutionnelles, les hommes de l’éxécutif (parlement, sénat, gouvernement etc ..) devraient être seuls habilités à voter et mettre en oeuvre ces lois. On pourrait même proposer que les hommes de foi soient habilités à filtrer les lois acceptables pour le bien commun. Ne hurlez pas tout de suite, ce qui a valu la faillite des églises est bel et bien la concentration de tous les pouvoirs dans leurs mains. Exactement comme la faillite de tous les partis qui prennent le pouvoir dans les pays accidentaux est due à la concentration de tous les pouvoirs dans quelques mains. Séparons les pouvoirs réellement et donnons enfin leurs prérogatives à ceux dont c’est le métier.

    Certes c’est un projet de société et l’urgence n’est pas aussi globale? Mais bien sur que si! C’est la légitimité et la crédibilité de tout l’occident qui est en jeu actuellement. Et c’est seulement en refondant nos sociétés en accord avec nos principes que nous pourrons sortir de l’ornière. Et être crédibles. et sortir des éternelles carambouilles.

  19. Avatar de olivier
    olivier

    Puisque chacun à son histoire d’escroc, on trouve un joli conte sur l’escroquerie en ce moment sur net:

    Once upon a time, le jeune Bob vivait au fond du Nebraska.
    Un jour il décide de devenir riche, lui aussi. Pour démarrer, il choisit d’acheter un vieux cheval à un cowboy. Il emprunte sans difficulté 500 dollars à la banque du coin, qui aime par dessus tout les jeunes gens audacieux ; il verse au cowboy la totalité de la somme empruntée, et ce dernier lui promet la livraison, ferme, du canasson pour le 10 du mois.
    Las ! Une semaine plus tard, le cowboy vient voir Bob pour lui annoncer une mauvaise nouvelle: le cheval est mort. Bob, qui est encore un pied tendre, lui dit alors :
    – No problem, man ! Tu me rends mes 500.
    – Gosh ! lui répond le cowboy, c’est que je ne les ai plus. J’ai été obligé de les refiler à ma sœur, pour qu’elle aille se soigner.
    Bob, qui mûrit vite, réfléchit et lui dit :
    – All right, chap ! Je prends quand-même le cheval.
    – Le cheval ? Pour en faire quoi ?, lui demande le cowboy, très surpris (il ne sera jamais riche).
    Bob lui répond avec assurance :
    – Je vais le vendre en montant une loterie. Pour un cheval, je suis sûr de trouver tout un paquet de gens qui tenteront le coup.
    Le cowboy s’étonne :
    – Tu ne peux pas faire une loterie avec un cheval mort !
    Petit clin d’œil de Bob :
    – Pourquoi veux-tu que je dise que le cheval est mort ?

    Deux mois plus tard, le cowboy croise Bob, chemise de grande classe, lunettes de soleil, montre étincelante et chaussures de cuir fin. Aussitôt, il lui demande :
    – Alors ? Ta loterie, ça s’est passé comment ?
    – Super ! lui répond Bob. J’ai vendu 500 tickets à 3dollars la mise. Du coup j’ai fait mes premiers 1000 dollars de profit !
    – Mais…. Tu n’as pas eu de réclamations ?
    – Si, bien sûr. De la part du gagnant. Mais on s’est arrangé : je lui ai rendu sa mise.
    Aujourd’hui, Bob vend des produits structurés chez Goldman Sachs.

  20. Avatar de kerema29
    kerema29

    L’Afrique possède une grande partie des matières premières de la planète, on peut souhaiter à ses dirigeants de s’en réapproprier la propriété comme l’on fait la plupart des producteurs de pétrole.
    @ Leduc
    Dans l’analogie avec le cycle de l’eau, je ne vois pas apparaitre le « travail de l’homme » qui me semble être la base d’un (nouveau) système économique. Ces petits ruisseaux, ces rivières et ces fleuves aboutissent dans un océan qui restitue peu; OK, mais la solution d’une meilleure restitution ne serait est ce pas d’abord une meilleure valorisation du travail humain avant le capital?
    Je me méfie de la planche à billets, surtout de plusieurs milliards, et de la république de Weimar , tout cela c’est terminé par la deuxième guerre mondiale.
    Après le marasme économique, les peuples pourraient être sensibles à la célébration de l’art militaire, pourquoi pas l’Iran qui, comme l’Irak, menace la sécurité des Etats Unis…..

  21. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Scaringella,

    Pourrais tu préciser ce que serait un pouvoir légitime puisque ceux qui sont parvenus à exercer ce pouvoir ds nos démocraties depuis deux siècles sont mêlés de près ou de loin à cette carambouille?

  22. Avatar de Paul Jorion

    Les « subprimes », c’est effectivement un double phénomène. On peut les décrire en disant : d’un côté il est donné accès au crédit afin de compenser une distribution très inégalitaire des revenus, de l’autre, il y a enrichissement des mieux dotés grâce à la nouvelle ponction que représente le coût de ce même crédit. Jusqu’au jour où tout s’écroule pour les rentiers, quand les moins dotés ne peuvent plus payer. Paul Jorion a certainement du expliquer cela, sous cette forme ou une autre.

    Oui : « Vers la crise du capitalisme américain ? », La Découverte, 2007

  23. Avatar de NingúnOtro

    « # JJJ dit :
    18 janvier 2009 à 12:25
    @ François Leclerc
    En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur. C’est la gestion du risque qui est en cause : prêter de l’argent à des ménages que l’on sait dans l’incapacité de rembourser, c’est financièrement absurde, sauf si… l’on refile le portefeuille d’encours à des investisseurs peu regardants (ou astucieusement aveuglés). Et pour peu que l’on dérive, au deuxième et même au troisième degré, alors ces « véhicules » deviennent indéchiffrables, même pour leurs concepteurs ! Je partage bien votre avis : ni la titrisation ni la dérivation ne sont indispensables à la croissance. Pas plus que la vente short ne l’est à la liquidité des marchés boursiers. Devenue cliniquement dépendante des effets de levier, la sphère financière va bien entendu tenter de justifier leur impérieuse nécessité. Sauf si le système explose avant que l’argumentaire ne soit affûté… »

    Non, la titrisation ne pose pas le problème majeur… mais elle est tout prêt de dévoiler quel est le problème fondamental de l’actuelle structure bancaire. La titrisation est un problème parce-que elle est un symptôme de la maladie qui est rendu visible par l’excès de température qu’elle à provoquée à un corps déjà malade (ou les parasites compétitifs déploient une activité frénétique cherchant à s’emparer des dernières ressources pas encore accaparés par ceux qui n’ignorent pas le diagnostique – l’arnaque mondialisée de l’argent va obliger simplement à proscrire tout le système, alors ceux qui savent se positionnent sur la propriété d’actifs matériels, voire matières primes et production agricole). La titrisation n’a été qu’un truc astucieux pour incrémenter le rendement… Certainement, l’excès d’avarice à rompu le sac… et les super-avares ont crée un problème que les avares modérés essaient d’étouffer en cherchant n’importe quelle solution astucieuse qu’ils puissent faire avaler comme solutionnant le problème isolé des subprimes sans que celui-ci soit relationné avec le problème majeur dont il n’est que la surenchère, problème lui qu’ils entendent sauver parce-que c’est leur fonds de commerce principal: la réserve fractionnaire.

    Quelqu’un d’entre vous à t’il lu dernièrement « Emphyrio » de Jack Vance? Cela m’éviterait d’expliquer trop… en vous donnant une base utile.

  24. Avatar de Paul Jorion

    @ Stigardedune

    De la même manière que les banques commerciales créent de la monnaie scripturale en inscrivant simultanément la même somme en actif (la créance) et en passif (le DAV du bénéficiaire)…

    Non, une inscription ne crée – comme son nom l’indique – qu’une écriture, elle n’a aucun pouvoir de création d’un flux monétaire. Les inscriptions comptables sont de simples enregistrements. Une inscription comptable peut constater qu’un flux monétaire a été transféré – son rôle s’arrête là. Si ce transfert n’a pas eu lieu, l’inscription est abusive et le comptable est en faute.

  25. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ JJJ

    Que faudrait-il interdire, que faudrait-il réguler ? Nous allons entrer dans ce débat un jour ou l’autre.

    Remarquons d’abord qu’il n’est pas en soi interdit d’interdire, les ventes à découvert sur les valeurs boursières on bien été interdites sur certaines places boursières par les autorités de marché. Il est donc possible d’interdire, ce qui est déjà un pas en avant dans la réflexion.

    Peut-on réguler sans être contourné ? Dans le cas qui nous occupe obtenir une meilleur gestion du risque ? Question plus délicate dans la pratique. D’autant qu’au nom de la défense de la « créativité des marchés », les régulations finalement adoptées ne seront pas nécessairement des plus strictes.

    Peut-être faut-il prendre le problème par l’autre bout, en se demandant pour quelle raison la titrisation est apparue dans les années 70, à quels besoins elle a répondu. Et se demander si elle est si indispensable que cela à l’activité économique. si non, à quoi sert elle donc ?

    La titrisation a répondu au manque de fonds propre des entreprises, cela paraît acquis. Mais aussi à la nécessité, grâce à l’ingénierie financière, de créer des produits financiers à fort effet de levier. Grossièrement, les investisseurs ne pouvaient pas obtenir de l’activité économique les rendements à deux chiffres qu’ils exigeaient ont cherché mieux et ont trouvé.

    Ces rendements sont-ils, à la lumière de ce que nous savons maintenant, une nécessité économique, à tout bien considérer ? La titrisation peut-elle rendre d’autres indispensables services ?

    La crise à mis à bas l’échaffaudage. Le raisonnement devrait maintenant pouvoir suivre. Qu’il soit pris en compte est une autre affaire.

  26. Avatar de Pierre Lang

    @ Stilgar
    @ Paul

    A mon avis, c’est la signature du contrat de prêt qui crée la monnaie (et la réserve obligatoire correspondante). Ensuite, elle l’acte son existence dans sa comptabilité et sur le compte de l’emprunteur. Cette monnaie existera tant que le prêt existe. A son échéance le contrat de prêt se termine et la monnaie est détruite par la banque. A nouveau, elle l’acte dans sa comptabilité.

    Si l’emprunteur fait défaut et ne rembourse jamais, la banque fait pareil, mais elle met les sommes irréculérables en profits et pertes, comme si elle remboursait le prêt pour son client.

  27. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    @Eugene, le dictionnaire http://www.mediadico.com/dictionnaire-langue-francaise.asp/definition/legitime/2005 nous dit:

    Reconnu par la loi.• Juste, équitable, fondé sur la raison.

    Reconnu par la loi, le pouvoir l’est, evidemment c’est lui qui les propose et les vote il ne va pas se tirer une balle dans le pied ….

    Juste : A mon sens non, puisque le pouvoir est juge et parti, grace à la majorité a l’assemblée qui vote ce que décide le gvnt. le même dico dit pour juste: Qui est conforme au bon sens, à la raison. Accablant n’est il pas pour les gvnts qui ne connaissant pas le droit pour la plupart et, votent des lois permettant la carambouille.

    Equitable: Qui se comporte avec équité, conforme à l’équité, dit le dico. Equité: Justice, droiture dit le dico. Je ris rien qu’en écrivant ces mots et en pensant aux gvnts. Droiture: Etat d’un esprit droit, d’un coeur loyal confirme le dico. La loyauté des gvnts envers le peuple et bien l’exemple immédiat est le referendum sur la constitution européenne et ce qu’il en est advenu.

    Fondé sur la raison: le fondement, la base de départ de la légitimité est la raison. Raison: Faculté par laquelle l’homme connaît et juge. Bon sens. On voit bien comme les gvts sont loin de celà.

    Je prends mon exemple de développeur de logiciel. Ce qui fait ma légitimité dans ce métiers est:
    1. Je connais les techniques, langages et méthodes pour le faire. Par analogie pour les lois on voit bien qu’il faut connaitre le droit, les méthodes afférentes et le langage.
    2. Je fait du logiciel toute la journée, j’ai donc acquis le tour de main au fil du temps. Je connais et maitrise les outils sur ma machine de développement pour fabriquer du logiciel. Seuls les gens du métier et le droit en est un, peuvent fabriquer.
    3. La communauté des développeur me reconnait comme compétent c’est a dire reconnait ma maitrise du metier et à confiance dans ma capacité à fabriquer du logiciel correspondant au besoin, et les utilisateurs reconnaissent que le logiciel fabriqué rend les services attendus. Je vous laisse faire l’analogie avec les lois.
    4. Je respecte la norme, les règles, la déontologie par exemple de na pas introduire de virus dans mes logiciels a des fins connues de moi seul.

    Voilà pour la légitimité. Passons à la notion de pouvoir. Dico:

    Autorité: Pouvoir de se faire obéir.
    Moyen, pouvoir, droit de faire quelque chose.
    La police initialement créée pour surveiller les gens, et les lois par eux créées leur permettent de se faire obéir, et c’est bien dans ce sens là qu’elles sont créées.

    faculté de faire: Moyen, pouvoir, droit de faire quelque chose.
    Aptitude physique, intellectuelle ou morale.

    On ne pourra douter que des aptitudes intellectuelles et morales des gvnt puisque soit ils ne rendent pas compte qu’ils sont juges et partis et donc manifestement incompétents, soit ils le savent bien et leur moralité est donc une chimère.

    Le dico des synonimes: 3/ avoir la faculté: être apte, pouvoir, avoir la possibilité, être capable, être en mesure, être à même, avoir la force, avoir le choix, avoir les moyens, être susceptible.

    Par contre il est central dans la notion de pouvoir, le mot de faire. Le pouvoir a pour mission de faire. Quoi donc ? Pas les lois puisqu’ils n’y connaissent rien pour la plupart. Pas le bien commun puisque la planète va à la destruction nous disent les scientifiques (les hommes de la foi moderne) et l’humanité va vers l’enfer nous disent les religieux.

    Ne leur reste que le domaine de l’éxécutif, au sens d’opérateur, celui qui pilote une machine inventée et fabriquée par d’autres. Par rapport à moi qui fabrique le logiciel (sans etre forcément celui qui en à l’idée) les gvnt sont les utilisateurs du logiciel. Et toute utilisation non conforme est facilement détectable par les hommes de l’art.

    Ainsi un pouvoir légitime ne peut être qu’éclaté. Ceux qui inventent et fabriquent les lois (les gens du droit). Ceux qui les mettent en oeuvre en créant les plans de mise en oeuvre. Et ceux qui verifient la conformité au bien commun et des lois et de la mise en oeuvre. Seul un vrai consensus amènerait des changements et non pas des décisions prises en petit comité et imposée à tous par l’intermédiaire du vote de la bande de copains.

  28. Avatar de Zabovin68
    Zabovin68

    Je poste pour la première fois sur ce blog, alors en préambule permettez moi de vous dire bravo à M.Jorion bien entendu mais également à l’ensemble des gens qui, par leur commentaires de qualité, participent à ce bel échange d’opinions dont nous avons grand besoin.

    Je prend le clavier ce soir, simplement pour exprimer mon inquiétude face à ce grand cirque duquel nous sommes tous prisonniers. Je me sens l’envie de vous écrire, j’ai un peu de temps ce soir alors allons y!

    Je m’interroge sur l’avenir de mes enfants, sur le fruit de mon travail et la dignité (au sens minimal du terme) de mes futurs vieux jours, enfin bref, j’ai la trentaine et je ne vois pas de raisons de se réjouir en dehors des joies quotidiennes dans mon petit foyer et mon petit confort auxquels je tiens tant.

    Mon esprit se trouve parfois à imaginer des scénarios s’avérant fantaisistes auxquels succèdent des réflexions plus synthétiques et pragmatique, sans parler de mes propres « feelings » personnels sur notre devenir.
    En clair je réfléchis à tout cela. Parfois, je me réjouis, tout égoïstement, de voir à quel point j’ai bien anticipé mes positionnements, je me félicite d’avoir évité l’endettement immobilièr, etc…
    Cependant, je me préoccupe quand se dessine l’aspect social des choses, quand je constate que la classe moyenne Française s’essouffle et décline, que la misère augmente et que l’argent facile semble toujours plus bénéficier à des acteurs toujours plus détachés de la réalité…
    La tour Eiffel, qui pour moi peut être perçue comme une image des strates sociales, se déforme et vois son socle toujours grossir et sa pointe toujours s’effiler. Je me soucie de voir la France dans cet état et pourtant j’oublie et je repars à mes préoccupations quotidiennes, à mon boulot prenant, à ma famille etc…

    Les gens (avertis) parlent de la crise, des évènements, de cycles de l’économie, des « leçons de l’histoire, des analyses comparatives du passé fusent et viennent se heurter à des évènements inédits sur lesquels rien n’y personne ne peuvent objectivement s’appuyer…

    Il y a aussi le constat cette fois indiscutable que le travail réel n’a déjà plus sa place dans le schéma actuel, que l’homme n’est à présent qu’une ressource négociable pour ne pas dire jetable, que l’économie jadis censée (enfin je pense) être motrice dans l’évolution de l’humanité, s’en sert aujourd’hui au point de ne servir qu’une faible minorité inconsciente et coupée du monde.

    Des pronostics plus ou moins engagés apparaissent, le spectre du chômage dans les pays les plus riches passe du stade de filigrane à celui d’ombre consistante. Les équilibres sociaux semblent être à présent la proie de ces dérèglements, ils sont contrôlés au gouvernail d’étambot par des gouvernements sans vigie et pris dans une tempête qui s’annonce longue et rude.

    Les gouvernements nourrissent le système financier en hypothéquant, sans trop d’hésitations, leur propres populations dans des termes de plus en plus longs. Les quelques déséquilibrés de ce monde jouent avec le gaz ou la poudre pour ne pas évoquer l’arme nucléaire qui pourrait surgir bien plus vite qu’on ne le pense. Pendant ce temps la, Les VVIP, perdent quelques milliards par ci par là, une bagatelle, et continuent paisiblement leur chemin alternant entre vie de yacht, d’airbus de luxe ou de villas cossues quand ce ne sont pas des îles privées.

    Bon sang! Nous regardons par nos hublots du web, nous nous perfectionnons à comprendre à la lueur de nos lectures, nous travaillons dur dans des environnement toujours plus stressants et tendus, nous remplissons nos obligations de citoyens, nous faisons des enfants, nous consommons autant que ce système nous consomme … nous rêvons aussi car nous sommes humains… Et pourtant, le constat me paraît simple : rien ne s’arrange, les inégalités croissent, les abus se multiplient, la misère perdure voire s’installe de façon substantielle.

    Cette crise est-elle un complot? Est-elle une conséquence toute naturelle et imprévisible (c.f. les cygnes noirs)? Sera-t’elle salutaire ou dévastatrice? En parlerons nous demain comme d’un fait divers qui a permis un réajustement de l’économie ou bien comme d’un tsunami qui aura remis à plat la moralité de cette foutue mondialisation et refaçonné le concept de la démocratie? Ou bien encore qu’elle aura permis l’avènement de l’économie de la connaissance et la liquidation des préjugés inutiles sur la condition humaine et l’économie réelle? etc….

    Allons plus loin, pensez vous qu’il faille s’unir? Mais quand? Mais comment? L’immense majorité des gens vis paisiblement au jour le jour au rythme que les médias classiques leur administrent.. Doit-on attendre, tétanisés? dois-on agir?

    Plus loin encore, faut-il déjà acheter son compteur Geiger et préparer ses réserves dans son sous-sol? Faut-il fuir? S’armer?

    Je ne cherche pas à deviner ou à prédire les détails, je m’interroge simplement sur la profondeur des conséquences sociales de cette crise, sur ce qui va nous arriver!

    Les mouvements sociaux seront au rendez-vous, je pense même que de leur ampleur pourrait naître le vrai changement mais en même de vrais conflits… ils doivent donc être maîtrisé ou du moins réversible et le moins destructeurs possibles.
    J’espère de tout cœur que cette crise n’exacerbera pas les individualités et les extrêmes mais qu’elle rendra à la solidarité et à l’objectif commun un sens. Ce qui m’apparaît cependant inévitable c’est un certain protectionnisme qui je l’espère ne s’en tiendra qu’aux échanges économiques et au maintien de l’emploi.

    L’humanité est jusque ici engagée dans un développement asymptotique depuis que la religion a laissé la main à la technologie et que le mercantilisme nous a appris a se gargariser au détriment des autres peuples (pour faire court).

    Nous en sommes d’après moi à un point de rupture, une inflexion de cette trajectoire qui doit se produire pour casser cette perversion devenue à présent insupportable et vide de sens car destructrice de ces propres fondements!

    C’est comme un cancer, c’est par analogie au biologique, comme si le corps humains (machine qui je pense est d’une complexité comparable à l’économie mondiale d’aujourd’hui) se mettait à détruire ses propres éléments de base (cellules) et à se détraquer par angiogenèse au lieu d’assurer son autorégulation et au lieu de veiller à sa défense naturelle et à la bonne alimentation des cellules qu’il ENGLOBE. Le flux financier en serait le sang qui malheureusement engorge un seul organe qui n’en ont pas besoin, si l’organe meurt par engorgement le corps mourra de toute façon.

    Si la nature condamne un organisme tel que l’homme à sa mort par dérèglement cellulaire ou vieillissement, je ne vois pas pourquoi l’humanité, qui n’est qu’une résultante intégrale composée d’hommes, ne pourrait pas subir la même loi naturelle.

    Dans ce cas il ne nous reste qu’à méditer et nous préparer au traitement en espérant que celui ci sera efficace!
    Je pense que de la capacité de l’humanité à changer de trajectoire et à s’administrer le traitement sans trop s’apitoyer et surtout sans s’embraser, naîtra un nouvel ordre salutaire.

    Désolé pour le message peu réjouissant et peu constructif, nous allons tout de même nous battre et continuer à vivre le plus heureux possible car cela, à titre d’individu, c’est le plus important ne serait-ce que pour nos enfants qui porteront la suite de l’histoire et pour le bien qu’on pourra apporter autour de sois.

  29. Avatar de Pierre Lang

    @ tous

    Question ?
    Qui peut expliquer comment la monnaie adossée à un prêt est détruite dans le cas où les prêts on été titrisés ?

    Merci pour des pistes de réponse… 🙂

  30. Avatar de A.
    A.

    Voici un extrait de « la politique monétaire » paru aux éditions repères:

    « Dans un régime de « domination budgétaire », en continuant de mener une politique budgétaire laxiste, les pouvoirs publics peuvent forcer la banque centrale à finir par céder et à monétiser le déficit – c’est-à-fire à augmenter le seigneuriage (l’avantage financier direct qui découle de l’émission d’une monnaie) et à utiliser la taxe d’inflation sur le capital monétaire pour financer le déficit ».

    Je cite cet extrait car il me semble que le billet de François Lecrlec n’évoque pas un point. Les obligations d’Etat par lesquelles les Etats s’endettent auprès d’investisseurs pour combler leur besoin de financement sont rémunérées à un taux bas car les investisseurs recherchent la qualité et délaissent les marchés d’action. Or, dans le supplément éco du Mon de la semaine dernière, plusieurs analystes parient sur leur remontée dans un délai allant jusqu’à deux deux ans. Et là, le financement des déficits publics deviendra plus onéreux et plus problématique. Finalement, l’inflation ne sera-t-elle pas un moyen comode pour effacer l’ardoise ?

  31. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ A

    Il est certain que le marché obligataire public, qui connait de très bas rendements à l’heure actuelle, a toutes les chances (si je peux dire) de voir ceux-ci remonter et d’augmenter mécaniquement, lors des opérations de ultérieures de refinancement de leur dette par les Etats, le coût de celle-ci. Non compte-tenu des nouveaux besoins de financement que de nouveaux plans de relance, auxquels on peut s’attendre, créeront.

    Bref, une nouvelle bulle financière est en gestation, dont on devine que l’éclatement, s’il devait intervenir, serait encore plus devastateur que ce que nous connaissons.

    Cela va donc être aux banques centrales de jouer leur rôle. Et de relancer l’inflation pour, comme vous le dites justement, effacer la dette. Mais il est clair que la BCE, fortement soumise à l’influence allemande, n’est pas aujourd’hui prête à toutes les aventures, comme s’y engage résolument, par contre, la Fed, et comme probablement la suivra la BoE (les britanniques).

    Si vous examinez les bilans des banques centrales, ils sont en train d’enfler à grande vitesse. Et la qualité des contreparties à l’émission de leurs liquidités qu’elles prennent en pension est, elle, en train de baisser. Tout du moins, on peut sérieusement le supposer.

    Les banques centrales, notamment la BCE qui n’est pas et de loin la plus souple, vont devoir faire preuve dans la période à venir de beaucoup de cette créativité généralement généreusement accordée au marché.

  32. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Pierre Lang

    A coup de marteau ?

    🙂

  33. Avatar de Paul Jorion

    @ Pierre Lang

    Les flux (principal et intérêts) versés mois après mois par les emprunteurs des prêts titrisés, sont transmis à ceux qui ont acheté les titres (découpés en certificats spécialisés en « tranches » temporelles ou intérêts / principal).

    Il n’y a pas de destruction : le remboursement de la dette va à ceux qui l’ont rachetée sous la forme des titres.

  34. Avatar de Zabovin68
    Zabovin68

    @A

    Je crois que l’inflation enlisera sérieusement la crise et je souhaite que l’inflation soit maitrisée le plus longtemps possible.

    @ Pierre Lang
    J’assume que vous parlez d’emprunts inter bancaire? Dans ce cas je suppose que les banques doivent se totaliser les montants globaux à recouvrer entre elles, les balances d’argent virtuelle et les en cours constitueront la base pour négocier tout cela autour d’une table ronde. Quand à savoir comment la responsabilité des organismes de notation ainsi que les éventuelles assurances sont prises en compte la c’est mystère… je suis curieux si quelqu’un en sait plus.

    C’est d’ailleurs impressionnant de constater le peu de recours en justice sur des montages et des escroqueries pareilles, ou bien serait-ce parce que personne n’y comprend encore toujours rien pour pouvoir y constituer une plainte recevable? Ou bien trop dem onde a mal fait son travail?

  35. Avatar de thomas

    Zabovin @

    (si je peux me permettre) L’espoir qui anime ce blog, c’est que justement, nous ne sommes pas des métastases au travail sur la terre, et qu’il existe un chemin qui permet de sortir de là en grandissant un peu.

  36. Avatar de Pierre Lang

    @Paul

    Il n’y a pas de destruction : le remboursement de la dette va à ceux qui l’ont rachetée sous la forme des titres.

    Au moment où la banque a créé le prêt elle a créé la monnaie correspondante, l’a versée au compte de l’emprunteur et a comptabilisé ces opérations. A quel moment cette monnaie, où et par qui est elle détruite et comment la banque initiale répercute-elle tout cela dans sa comptabilité ?

    S’il n’y a pas de destruction, il y a création de monnaie ex nihilo. Non ?

  37. Avatar de Shiva
    Shiva

    @NingúnOtro et JJJ

    « En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur ».

    A mon avis; si, la titrisation pose un problème.

    Par la titrisation se créent des marchés spéculatifs financiers, ces marchés sont alimentés par de la monnaie prélevée sur l’économie jusqu’à des proportion totalement insoutenables. Au bas mot 50 fois le PIB mondial peut-être plus, les contrats de gré à gré n’étant pas comptabilisables précisément…

    Tant que ces marchés sont en expansion peu de problème, a part que l’économie et pillée systématiquement et tous les gains de productions possibles et imaginables réalisés sur le dos des « producteurs », investis sur ces marchés financiers. Mais bon an, mal an, le « système » de crédit-production-consommation inflationniste garde la tête hors de l’eau.

    Par contre si un blocage intervient et que ces marchés se retournent, tous les produits financiers sont en vente au même moment, ce qui fait chuter les cours et leur valeur, jusqu’à presque rien, vu que plus personne ne veut les acheter.

    Pour éviter ce retournement des marchés de produits financiers basés sur des titres, une seule méthode ; la fuite en avant.

    Dans le secteur du crédit immobilier américain, la limite « physique » de la surévaluation des biens et de l’endettement était atteinte et je crois bien que les crédits subprimes ont étés inventés uniquement pour éviter cet effondrement catastrophique du marché des produits titrisés de l’immobilier, dans le cadre de la fuite en avant indispensable. Je pense que l’idée de base était « si on fait ça, on continue à faire du pognon, on trouvera bien une autre idée si ça ne va plus », cela encouragé par les plus hautes autorités, une moralité tournée vers le profit toujours vertueux, money is good for you !

    Il y à plusieurs impasses dans la titrisation, la première est que le produit sous-jacent peut faire défaut, à la mesure de la solvabilité des consommateurs-travailleurs, donc dans un marché sans nouveaux produits mis en vente (ou trop peu) les prix ne peuvent que chuter, impossible de revendre plus chère une « vieille » obligation déjà valorisée plusieurs fois. Il ne reste donc qu’a attendre sagement le retour des crédits. La seconde, qui rejoint la première, est que la spéculation sur les titres aboutis à une sur-valorisation du produit sous-jacent, en cas de retournement de marché; qui paie ?

    Ce qui m’amène à la troisième impasse ; ceux qui émettent les titres et les achètent sont en grande partie les mêmes, ils pilotent ces montagnes monétaires constituées d’une part de la mise en coupe réglée de la production économique (injection sur les marchés-bulles) et d’autre part d’une rente de crédit généralisée espérée de cette même bête de somme économique. Or la production mondiale est limitée et si la bête n’est plus nourrie faute de crédit, son rendement diminue, elle ne parvient plus à rembourser son dû d’où une accélération de la dépréciation des titres, perte bancaires, resserrement du crédit…

    En fait pour vous dire le fond de ma pensée, je crois que tous ces « produits financiers » dont les CDS que je mets dans le même panier, son de pures inventions crées pour siphonner l’économie.

    Quelques grosses baleines. chacune plus lourde qu’un État fabriquent ces marchés ou elles mènent le bal et se taillent la part du lion grâce à leur puissance financière surdimensionnée. Elles laissent les bandes de requins faire la razzia chez les plus petits poissons, pour faire de la mousse ; quitte à les sacrifier un peu plus tard les banques et autre fonds de placement jouant le rôle de VRP rabatteurs.

    Lorsque tout s’effondre nos baleines ont depuis longtemps changé de cap et nagent tranquillement en eau calme.

    Je ne crois pas que la spéculation financière soit un jeu ou tous les acteurs sont gagnants, je crois qu’il y a quelques gagnants et beaucoup de perdants. Considérant les sommes colossales mises en jeu sur ces marchés en une quarantaine d’années, en comparaison du PIB mondial, je pense que l’on peut parler d’un « lessivage » complet des agents économiques, que l’on voit sortir des casinos en ce petit matin du monde, mal rasés, le neu-pap de travers et des dettes à sauter du 29ième étage…

    C’est là l’état de mes réflexions sur cette crise dont la titrisation me semble être l’un des principaux moteurs, entre connaissances, intuitions, déductions et imagination…

  38. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Zabovin68

    Merci pour votre commentaire, vos interrogations sont les miennes.
    Je partage tout à fait votre pertinente analogie de l’organe qu’on essaie de sauver au détriment de tout le reste, risquant du coup de ne rien sauver du tout. Il n’est pas besoin d’être un spécialiste — ce que je ne suis pas — pour voir que les solutions adoptées jusqu’ici pour remédier à la crise risquent d’aggraver la crise plutôt qu’autre chose.

    A ce stade de la crise les politiques n’ont pas encore compris l’immense avantage tactique et stratégique qu’ils pourraient avoir si ils déclaraient officiellement à leurs élus que les causes de la crise ne sont pas purement financières mais tiennent à un modèle économique dont les préceptes ont été invalidés par l’épreuve des faits. Beaucoup d’économistes, de sociologues, de philosophes, et autres penseurs, citoyens de base aussi, avaient depuis longtemps pressenti ou même analysé, prévu, que le sytème néo-libéral ne pourrait durer. Aujourd’hui le FMI, et même un Krugman, et d’autres, qui autrefois ne voulaient pas admettre que les inégalités engendrées par la mondialisation sauvage sont la réelle cause de la crise, se sont rendus à l’évidence.

    Il ne reste plus que les politiques pour tenir un discours lénifiant, ce qui plus que jamais donne du poids à la thèse de la collusion entre monde économique et monde politique. Ou alors le discours est volontariste mais l’analyse n’a pas la radicalité qui convient à la gravité de la situation. Pourquoi les puissances de la finance et du capitalisme concentré s’avoueraient-elles vaincues si les politiques n’indiquent pas clairement qu’ils ne leur faut plus raisonner dans l’hypothèse d’une restauration possible de leur toute puissance ? Que désormais il faudra tenir compte des travailleurs, de leur juste rémunération, de leurs conditions de travail, des objectifs émancipateurs ou non des activités productives, et bien sur des limites écologiques et physiques de leurs activités ?

    Il est clair, comme le montre très bien François Leclerc dans ses billets, qu’une épreuve de force s’engage entre les pouvoirs publics et les milieux de la finance et des affaires, ainsi que la BCE. Les milieux politiques sont prêts à tous les plans de relance et de reflouement des banques, mais sont pour le moins hésitants pour passer à la seule action digne de ce nom, ornière, celle qui consiste à enfin changer les règles du jeu, et de façon conjointe à prendre clairement le parti des humains et non plus du seul capital. Le soutien des peuples et leurs classes moyennes, sans parler des pauvres, leur est d’avance acquis, alors pourquoi ces hésitations ? Ces hésitations, cette pussilanimité, seront lourdes de conséquences. Ils doivent se réveiller !!
    Ou, comme l’a déjà dit Paul, « l’appel du pied extra parlementaire » se manifestera. Ou pire, les démocraties, ou ce qu’il en reste, périront faute d’avoir été suffisamment conscientes du péril qui les guettent.

  39. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Pierre Lang

    Si il y a création ex-nihilo il faut qu’il y ai destruction au retour du crédit (sinon la masse monétaire augmenterait indéfiniment, on thésauriserait tous les crédits dans cette masse !)

    Si les banques prêtent de la monnaie existante il serait préférable d’éviter de le détruire, sinon la banque y est de sa poche pour verser les dividendes obligataires.

    Donc si il y avait création ex-nihilo il ne pourrait exister de titrisation de crédit.
    On voit mal quelqu’un payer une somme pour un titre sans retour, puisque les remboursements seraient détruits.

    Que se passe-t’il:

    l’enregistrement comptable de la ligne de crédit est effectivement diminué, jusqu’à zéro lors du remboursement du crédit.

    L’argent; lui, est transmis de proche en proche jusqu’au porteur de l’obligation.

    Merci, on a franchi un grand pas.

    Ouarf !

  40. Avatar de pietranera
    pietranera

    « Si l’emprunteur fait défaut et ne rembourse jamais, la banque fait pareil, mais elle met les sommes irréculérables en profits et pertes, comme si elle remboursait le prêt pour son client. »

    Ce n’est vraie que si les défauts de remboursement ne dépassent pas un tout petit pourcentage. Les banques n’ont en fond propre que moins de 10% du montant total des prêts (pour les plus raisonnables, voire souvent 3% ).

    Sinon l’état doit reprendre les créances douteuses et/ou remettre du cash dans les caisses des banques. Ensuite l’état ne peut se refinancer que par l’impôt ou par l’inflation (impôt déguisé sur les économies des gens par la création monétaire)
    Je ne crois pas au scénario de l’inflation car nous sommes en phase de déflation pour des raisons démographiques.
    Reste l’impôt, ce que l’on constate de plusieurs manières : impôts indirects, prélèvements sociaux, hausse de taxes TV et sur Internet, la téléphonie, les ordinateurs, l’habitation, taxes locales, d’apprentissages, professionnelles, PV, radars, écologiques, ….. et ce n’est qu’un début !

  41. Avatar de Pierre Lang

    @Shiva

    On est bien d’accord, il n’y a pas de création de billets ex nihilo.

    Normalement, quand une banque prête, elle crée de la monnaie scripturale qui est adossée à un contrat de prêt. Quand le prêt se termine, cette monnaie est détruite par la banque. C’est donc de la création scripturale qui n’est pas ex nihilo (puisqu’elle s’appuie sur un prêt)

    Dans le cas de la titrisation, la banque vend son portefeuille de prêts à la SPC (Special Purpose Company) qui vend les titres et sert d’intermédiaire de gestion entre les emprunteurs et les spéculateurs. Si la monnaie scripturale n’est pas détruite à l’achéance des prêts, alors il y a création de monnaie scripturale ex nihilo 🙂

    Ce que je cherche, c’est comment cette monnaie est détruite. Elle peut l’être au moment de la vente du portefeuille par la banque. A priori, cela paraît assez logique. Car la tritrisation est un moyen détourné d’emprunter (siphoner) de la monnaie existant sur le marché. Mais alors, comment explique-t-on que le montant total des produits résultant de titrisation ait atteint des montants si vertigineux sans faire tourner la planche à billets ?

    Si la banque ne détruit pas la monnaie le jour de la titrisation, comment fait la SPC quand un prêt vient à échéance ? Question subsidaire 😉 Que se passe-t-il si la SPC fait faillite ?!

    Bonne nuit 😉

  42. Avatar de Daniel Dresse
    Daniel Dresse

    @ Pierre Lang

    Lorsqu’en France, au lendemain de la première guerre mondiale, s’est posée la question des réparations à la casse causée par quatre ans de conflit sur le territoire national, la réponse politique obsessionnelle à l’unanime émoi populaire avait été : « le boche paiera ! ». Vous remplacez « boche » par « contribuable » et vous aurez une réponse multiforme, à la fois plausible et pratique, à toutes les questions que vous vous posez sur la mise au bouillon Liebig des contrats de prêts, des produits titrisés, des emprunteurs, des investisseurs, des banques, des SPC, et je ne sais quoi d’autre encore.
    Le siphonage auquel vous faites allusion va donc continuer, puisque les candidats à la dégustation du dit bouillon sont logiquement désignés. Il est évident bien sûr que le contribuable ne pourra pas tout boire, sous peine de voire son estomac crever et tout le bonhomme avec. Il faudra donc trouver autre chose pour aider à éponger la soupe tout en requinquant le malade.
    C’est là que fait son retour sur scène une vieille connaissance en sorcellerie, capable de tout faire redémarrer comme en quatorze avec de l’or en plomb. C’est marrant finalement de constater que cette crise « extraordinaire » risque de prendre rapidement un air de vieux feuilleton.
    Il n’y a pas en effet de « lois éternelles » en matière d’économie, juste des virages à droite ou des virages à gauche (cela dépend du relief), sauf une peut-être : la manière dont une génération éponge les dettes de la génération précédente. L’inflation, la revoilà la gueuse !
    Ainsi, quand vous vous demandez pourquoi les montants vertigineux des produits de la titrisation n’ont pas entraîné un dérapage non contrôlé de la planche à billet, je vous dis : « Attendez ! Attendez ! La série n’est pas terminée ! ».
    Ne vous en faites donc pas. Elle va tourner la planche à billet. Demain, dans six mois, dans deux ans, je ne vois pas comment l’on pourra s’en sortir autrement ?

  43. Avatar de NingúnOtro

    Je vous conseille de lire Emphyrio, de Jack Vance…

  44. Avatar de Jonathan Livingston

    @Pierre Lang, et autres,

    En lisant sur Wikipédia sur la «titrisation», on découvre comment cela se passe, en fait c’est une opération de titrisation, une phase temporaire dans le cycle du crédit bancaire.

    Mais d’abord, pour le fonctionnement de la façon qu’on crée le crédit au départ, même s’il est très difficile d’avoir le fin mot de l’histoire, voici ce que j’en comprends:

    Au départ, en simplifiant un peu, une banque peut consentir des prêts en fonction de ses fonds propres, des actifs réels (actions) selon un ratio. Je crois que c’est 8% d’actifs réels. En gros une banque, doit rester rentable avoir une balance entre ses actifs (crédits) et ses passifs (dépôts), sans prêter directement l’argent des dépôts, elle a de bonnes assurances pour rentrer dans son argent et même en faire si ces emprunteurs ne sont pas tous de mauvais emprunteurs, d’ailleurs bien souvent ses prêts sont garantis par un actif réel qui reviendra à la banque de payer en premier s’il y a défaut de paiements plus importants que prévu. Les dépôts sont comme en garanti dans l’histoire selon l’observation statistique que les gens laissent en général leurs dépôts en banque ou qu’il y a toujours un volume de valeur en banque relativement constant malgré tous les mouvements. D’ailleurs, c’est par ce droit d’émettre du crédit selon ses règles, que la banque va rémunérer les dépôts à terme qu’elle offre à ses déposants pour stabiliser le volume des dépôts qui garantit ses prêts quelque part. Elle ne prête pas les dépôts directement, mais le volume constant de dépôt détermine sa capacité sécuritaire de générer des crédits.

    Bon, elle peut ainsi passer l’argent mis à la disposition par une banque centrale à un taux bas, elle met à la banque centrale des fonds propres en garantis selon toujours ces ratios de 8% en garanti première, ou elle achète du crédit sur la marché interbancaire mis à la disposition par des banques qui sont en position de prêter d’après la masse du volume relativement constant dans la banque. De toute façon, la banque qui s’appuie sur son volume de dépôts est assurée contre les banks run par la banque centrale, en misant sur le fait que les gens reviennent un jour remettre leurs dépôts en banque et que ce ne sera que temporaire.

    Bref, tant que la banque ne fait pas trop de mauvaises créances, bref si elle surveille ses affaires, ça fonctionne assez bien. Bref, elle crée de l’argent adossé au dépot et au garanti de l’emprunteur. Puis détruit l’argent au fur et à mesure qu’il est remboursé et ramasse les intérêts, elle honore les dépôts à terme de ses clients et se rémunère ou remet l’argent à la BCentrale, c’est même chose. Tout cela est surveillé.

    L’opération de tritisation a permis à la banque de vendre ses actifs non liquides (ses créances), de les rendre temporairement liquides, de refiler la responsabilité de ses crédits à des clones (SPV) qui garantissent l’opération dorénavant. Quand une banque a un volume assez important de crédits, elle peut créer un portefeuille de dette, elle crée une compagnie qui va gérer l’opération les SPV (spécial purpose véhicule, des compagnies de gestion quoi) qui vont trouver des investisseurs pour ce porte-feuille (l’article de wiki est très bien sur les détails de l’affaire). La SPV garanti le portefeuille de prêts en ayant un fond propre pour protéger les investisseurs. Toutes ses dettes vont être sécurisé par des investisseurs qui mettent leur argent en garantie dans la SPV. C’est comme si la banque venait refiler la dette qui jusque-là était appuyé sur ses fonds propres et ses dépôts sécurisé par la banque centrale à un clone d’elle-même à des gens qui ont mis l’argent à disposition pour ces emprunteurs. Tout d’un coup, la dette qui était qu’hypothétiquement adossé à des garantis temporaires est maintenant adossé à des valeurs réelles est devenu réel puisque des épargnants (investisseurs) ont mis 100% des capitaux prêtés en garantis pour avoir les bénéfices du flux des intérêts.

    La banque récupère 100% détruit le prêt avec et récupère ses fonds propres peut de nouveau émettre du crédit et commence un autre cycle pour constituer un nouveau porte-feuille. Il est à noter que lorsqu’il reste que 10 % du volume initiale du porte-feuille elle le rachète et termine ni vu ni connu l’opération de destruction monétaire.

    Je résumerais cela ainsi: on a trouvé le moyen de faire la multiplication des banques… et de faire couler à flot le crédit. Tant qu’il y a des investisseurs prêts à venir garantir l’opération de titrisation, le truc était multipliable à l’infini.

    Mais bon, la réalité étant ce qu’elle est, les investisseurs sont venus à manquer. Pire, les processus transformants les banques en Père Noel du crédit a commencé à transférer régulièrement la prise de risque à des investisseurs. On a bien tenté de rassurer ses investisseurs à coup de notation, en créant les CDS, des assurances risques, garantis sans contrepartie, et des CDO, coupes en tranche de risque qui répartissaient les risques à tout le monde. Et bien d’autres dérivés… Voilà pourquoi d’ailleurs tout le monde est emmaillotté dans la déconfiture. Tout le monde a placé des sous un peu partout dans des CDOs qui ramassaient un peu n’importe où. En bout de ligne, il y a toujours des tranches risqué dans un porte-feuille de placement, surout quand on ne connait rien à l’affaire et qu’on fait confiance à son courtier qui lui ne peut pas être plus clairvoyant qu’il ne peut dans cette opacité structurelle. Il s’appuie sur les agences de notations… qui elle non plus ne peuvent pas évaluer des trucs très complexes qu’en ragardant sur la basse de fond propre qui est mis en garanti par les SPV comme l’explique l’article de Wiki. Bref, tout le monde subit des pertes en ce moment… Le crédit est bloqué, l’abysse des mauvais actifs, qu’on a caché dans les méandres du système financiers un certain temps, est infinis. Les gouvernements sont en train de se saigner à sauver toute cette histoire qui n’est pas encore toute déterrée…

    Bref, dans le meilleur des mondes, le crédit coulait à flot. On a même créé le même principe dans le papier commercial, ou des investisseurs prêtaient de l’argent à des compagnies pour de courts termes. Récemment, on s’est aperçu, en tout cas au canada, que les CDS et CDO farfouillait aussi dans le papier commercial. Pire, on a même manqué de nouveau investisseurs pour payer des papiers commerciaux à terme. Oui, oui, Ponzi était à l’oeuvre, on entend absolument pas parler de scandale ici, le gouvernement du Québec a sorti les sous et selon l’expression de maquillage a fait le ménage du papier commercial et a dit simplement a la population que trop d’intérêt important de l’économie Québécoise était en jeu!

    CE que je comprend donc: pas vraiment de création ex nihilo, mais beaucoup de gens ont mis leur argent en garanti pour financer la croissance économique des 10 dernières années pour comprendre en bout de ligne que leur investissement étaient un leurre. Mais bon, le gouvernement éponge pour le moment cette inconsistance du système qui assure les riches investisseurs de leur revenu ou de sauver leur capital. En bout de ligne, nos états mettent notre richesse collectives en contrepartie de cette folie… Des investisseurs sont sauvés, d’autres abandonnés à leur sort. Évidemment, les banques et leur coquille vide de SPV pourraient faire l’objet de poursuite par des investisseurs floués, mal informés de l’ampleur de ce racket extraordinaire. D’ailleurs, se pourrait-il que les banques pour s’éviter de telles poursuites doivent souvent racheter des SPV ces mauvais crédits plus vite que prévu… Et qu’on les draine dans des bad banks. Évidemment, plusieurs banques se retrouvent alors en situation d’insolvabilité…

    Je pense que bien du monde ces derniers temps cherche à comprendre. On comprend en tout cas qu’une théorie du financement s’est magistralement cassée la gueule et nous prenons tous toute une correction!

    L’économie dopée au crédit facile va réaliser que trop d’activités économiques non rentables ont perduré pendant des années, en pure pertes… Folies du privé achetées à crédit par le public. C’est un scandale pas assez décrié!

  45. Avatar de Paul Jorion

    @ Pierre Lang

    Les établissements de prêt hypothécaire avancent aux emprunteurs des fonds qui sont soit récoltés auprès du public comme son épargne (le plus souvent des Certificats de Dépôt), soit sur le marché interbancaire des capitaux, et aux États–Unis, auprès des FHLB (Federal Home Loan Banks) qui sont organisées en coopératives de ces établissements de prêt.

    Ces prêts immobiliers sont alors vendus par paquets de plusieurs milliers à une entité indépendante : un SPV (Special Purpose Vehicle) qui les agrège pour constituer une RMBS (Residential Mortgage–Backed Security) unique dont le fonctionnement mime celui d’une obligation classique.

    Cette obligation RMBS est alors vendue au public et le SPV récupère ses fonds. En réalité, le SPV est une « créature » de l’établissement de prêt hypothécaire qui a financé les prêts immobiliers initiaux mais il a été conçu juridiquement de manière à apparaître entièrement indépendant financièrement de cet établissement émetteur. De cette manière, la notation du RMBS en terme de risque de crédit par les notateurs (Moody’s, S&P, Fitch) est indépendante du risque de crédit de l’établissement financier à l’origine des prêts.

  46. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Paul

    De cette manière, la notation du RMBS en terme de risque de crédit par les notateurs (Moody’s, S&P, Fitch) est indépendante du risque de crédit de l’établissement financier à l’origine des prêts.

    Ce n’est pas vraiment un avantage pour la note. La signature de Fannie et Freddie valait mieux que celle de n’importe quel pékin emprunteur, non ? Il y a sûrement une autre raison (ou plusieurs…)

  47. Avatar de Paul Jorion

    @ NingúnOtro

    Pourquoi lire Emphyrio, de Jack Vance ?

  48. Avatar de Paul Jorion

    @ JJJ

    Dans le contexte américain, les Government–Sponsored Entities, Fannie Mae et Freddie Mac, du fait de leur statut semi-privé / semi-public n’intervenaient que par défaut : pour suppléer à l’initiative du secteur privé toujours considéré comme prévalent. En fait, de la même manière que les « market-makers » – si cela vous dit quelques chose – sur les marchés « organisés » (c’est–à–dire avec chambre de compensation).

  49. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Paul Jorion (18 janvier 2009 à 16:53 )

    Puisque le terme « monnaie » (pourtant communément admis en ce qui concerne le scriptural) semble vous choquer, je reformule ma proposition (Stilgar – 18 janvier 2009 à 11:02)

    Qu’est ce qui empêche la Banque de France de créer un “DAV” à l’Etat en portant une créance à son actif … une créance d’Etat vaut bien une créance d’une entreprise X ou Y, non ?
    Nous éviterions déjà les accumulations des intérêts de dette publique (1320 milliards d’euros payés aux banques et aux plus riches depuis 1973)
    Bien sur, quand je pose la question “qu’est ce qui empêche”, je sais bien que c’est la loi du 4 janvier 1973 initiée par Giscard d’Estaing et les accords européens qui ont suivi… mais ce que la loi a fait, la loi ne pourrait-elle le défaire ?

    Mais Paul, il doit bien exister des facs d’économie en Californie . Pourquoi ne vous rapprocheriez-vous pas d’un prof d’université « reconnu » pour lui demander de trancher ce débat sans fin, à savoir si oui ou non:
    – La double inscription simultanée d’un même montant à l’actif et au passif du bilan d’une banque – dans le cadre des régles légales – constitue l’acte par lequel elle crée la monnaie scripturale: c’est bien une capacité de dépenses supplémentaires pour l’emprunteur sans que personne d’autre ne renonce à son pouvoir d’achat qui va pouvoir utiliser le montant porté en dépôt à vue comme moyen de payement.
    – La monnaie scripturale n’est finalement qu’une dette de banque qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de payement; l’essentiel est que cette créance soit reconnue comme une véritable monnaie.

  50. Avatar de Eugène
    Eugène

    scaringella,

    Merci pour ce petit tour d’horizon. Finalement rien ne fonde jamais vraiment le droit, pas plus qu’aucun politique ne peut se targuer d’une légitimité autre que par délégation. Reste alors à savoir ‘délégation de qui ?’ si l’opération de désignation des représentants n’est qu’un petit tour de magie commerciale pour vendre un produit sans garantie …

  51. Avatar de Pierre Lang

    @Paul et les autres

    Merci pour les réponses…

    @Jonathan Livingston

    Merci pour la piste relative au point de vue monétaire. Logique…

    … Tout d’un coup, la dette qui était adossée à des garanties temporaires (de mauvaise qualité, entre autres les subprimes) est maintenant adossée à des valeurs réelles puisque des investisseurs (spéculateurs) ont mis +/-100% des capitaux prêtés en garantie, pour avoir les bénéfices des intérêts. Ces investisseurs acceptant (sans le mesurer) le risque éventuel de ne pas revoir leur capital.

    La banque récupère immédiatement +/-100% de sa dette, détruit le prêt (et la monnaie correspondante) et récupère ses fonds propres. Elle peut de nouveau émettre du crédit et commencer un autre cycle pour constituer un nouveau portefeuille. Il est à noter que lorsqu’il ne reste que 10 % du volume initial du portefeuille elle le rachète et termine ni vu ni connu l’opération de destruction monétaire.

    Si ces investisseurs ont eux-même emprunté pour acheter leurs titres, la dette initiale a été remplacée par la leur. Dans ce cas, la banque du premier a transféré son risque sur la banque du second… et c’est la banque du second qui crée la monnaie pour le premier emprunteur !

  52. Avatar de Magnus Pym
    Magnus Pym

    @ Paul

    Merci de la précision

    @ Daniel Dresse

    Si l’on s’en tient à l’Histoire, il est impossible de préserver la valeur de la monnaie dans le long terme. Ce qui, du reste, est probablement heureux d’un point de vue social, en ce sens que l’érosion monétaire évite une trop forte concentration de la rente financière.
    La relative stabilité du pouvoir d’achat des monnaies, sur le dernier quart de siècle écoulé, n’est en ce sens pas significatif des tendances longues. Toutefois, si le « panier de la ménagère » ne s’est pas exagérément enchéri, plusieurs classes d’actifs ont littéralement explosé (bulles de l’immobilier et des matières premières, en particulier).
    Pour que le massacre de la valeur de la monnaie puisse s’opérer, massacre nécessaire pour éponger les dettes (publiques et privées) excessives et à ce titre irrécouvrables, il n’y a que deux types de solutions :
    1°) la méthode de Philippe le Bel, consistant à envoyer les banquiers au bûcher, lorsque le souverain leur doit trop d’argent. La dette se trouve ainsi réduite en cendres. La méthode est efficace, mais aujourd’hui que l’usure n’est plus condamnée par le droit canon, la combustion des banquiers est tombée en désuétude. Il est même possible qu’elle soit devenue illégale, bien que la corporation compte toujours pas mal d’hérétiques…
    2°) la méthode du bon docteur Keynes (qu’il n’a pas inventée), consistant à « euthanasier » les créanciers par la dépréciation délibérée de la valeur de la monnaie. Le moyen le plus efficace demeure l’usage immodéré de la planche à billets – lorsqu’il est possible (tel n’est pas encore le cas en Europe).
    Je ne partage pas votre mauvaise humeur à l’idée du retour (probable) d’une inflation monétaire massive. Une telle hypothèse est de nature à redonner des perspectives d’avenir aux jeunes générations, qui en sont aujourd’hui dépourvues, en squeezant les « richesses » (partiellement fictives) accumulées par les autres. Certes, les rentiers (percevant des pensions et/ou des revenus du capital) subiront la malédiction keynésienne, mais cela se soldera vraisemblablement par un moindre confort. De toute façon, que les « moins jeunes » (dont je fais partie) se rassurent : dans nos sociétés de redistribution, les retraités sont toujours à la charge des actifs.

  53. Avatar de Magnus Pym
    Magnus Pym

    Mille excuses de ne pas l’avoir précisé : JJJ et Magnus Pym sont la même signature, depuis 2 PC différents

  54. Avatar de Shiva
    Shiva

    @tous

    Un lien qui détaille trois formes de titrisation:
    – sur le crédit, conservé dans le bilan de la banque émettrice « Covered Bonds »
    – sur le crédit exporté dans un véhicule ad hoc « Assets Backed Securities »
    – sur des CDS « CDO synthétiques »
    On y voit ce qui se passe dans les bilans.
    Dans ce doc qui date de mai 2007 on peu lire :

    « l’application de Bâle II incite les banques à titriser leurs créances afin d’optimiser le risque auquel elles sont soumises et donc l’allocation en fonds propres afférente »

    Le site en question qui est réalisé par une société de conseil financier semble être une mine.

    http://finance.sia-conseil.com/20070503/titrisation-evolution-d%E2%80%99un-marche-en-mutation/

    Bon je vais bouquiner !

  55. Avatar de A.
    A.

    un article paru sur Médiapart d’Aldo Haesler, auteur de la « sociologie de l’argent » paru chez Droz

    http://www.mediapart.fr/club/blog/aldo-haesler/180109/quelques-elements-pour-comprendre-la-defaite-du-capitalisme

    – Sur la réponse de Paul à Pierre Lang

    De fait,dans votre schéma d’explication, il y a bien création monétaire ex-nihilo puisque le transfert du crédit octroyé par la banque à un SPV permet de contourner l’obligation d’avoir les fonds propres nécessaires.
    Où les SPV ont-elles trouvé l’argent pour acheter des RMBS ? Car, pour rebondir sur les précédents messages de Pierre Lang, le montant des subprimes est énorme, et il a bien fallu amorcer la pompe et la seule vente des RMBS n’ a pu suffire à enclencher un dynamique exponentielle.

  56. Avatar de Pierre Lang

    @A.

    Non, pas d’accord. Pas ex nihilo (sauf si les banques font des faux et usage de faux!). Car la SPC vend les obligations sur le marché à des investisseurs. Soit ceux-ci ont l’argent, soit ils l’empruntent eux-mêmes. Dans ce cas, c’est la banque de l’investisseur qui crée et détruit la monnaie…

    Il « reste » à comprendre comment la taille de la bulle est si énorme. Sans doute en faisant tourner l’argent en rond au sein d’un groupe relativement fermé qui se prêtent en circuit fermé (sans s’en rendre compte) l’argent l’un l’autre en croyant que le support qu’ils achètent ne cesse d’apporter des plus-values). « Sans s’en rende compte », car l’opacité du système ne permet pas de l’analyser en détails.

    Comme deux compères qui se re-prêteraient indéfiniment 100€ l’un l’autre en ajoutant à chaque tour la même somme dans l’actif et le passif de leurs comptes (en réalité cela se passe dans une nébuleuse ou le traçage est impossible à faire). Sauf qu’elles font croire au public (comme Madoff) qu’elles ont trouvé une martingale ! Ce qui permet à des victimes plus ou moins crédules de rentrer dans la danse en croyant faire de jolis profits et des gens malhonnêtes d’en profiter. Comme dans Madoff, les derniers rentrés perdent le plus. Quand les deux compères ont fait leurs comptes, il ne reste plus au bilan que les 100€ de départ, plus ce que les gens y ont mis, et qu’ils ne récupéreront pas vu l’embrouillaminis du système.

    C’est pourquoi il est indispensable d’isoler les deux compères du reste du système (il me semble que cette stratégie suive son bonhomme de chemin chez les décideurs en charge de trouver la solution). Si au contraire, on essaye de renflouer un des deux compères, l’argent public investit disparaît…

  57. Avatar de Pierre Lang

    @A.

    Pardon. Je suis d’accord avec vous. Je n’avais pas lu (Sur la réponse de Paul à Pierre Lang). C’est avec de Paul que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde. Je suppose qu’il m’a répondu trop vite, car je pense qu’au fond, il partage notre point de vue.

  58. Avatar de Nadine
    Nadine

    @ Stilgar

    Chaque émission de monnaie scripturale d’une banque X doit en théorie pouvoir être payé en monnaie centrale lors des compensations interbancaires à moins que celle ci ne soit compensée par une monnaie scripturale concurrente ayant fini chez elle.
    Donc si la monnaie de la banque privée n’est pas compensée (la banque X règle son solde négatif en monnaie centrale) le pouvoir d’achat gagné par l’emprunteur sera perdu par la banque. Pas de miracle !

  59. Avatar de A.
    A.

    @Pierre Lang

    Je pense qu’un élément de la réponse à notre interrogation doit être le fait que la valeur des biens immoiliers anticipée était sans cesse croissante, ce qui a du permettre un endettement gagé sur de tels biens. C’est, si mes souvenirs sont bons, l’objet des premières pages du dernier livre de Paul.

  60. Avatar de A.
    A.

    Est-ce que quelqu’un sait pour quelle raison l’inflation n’est calculée que sur les seuls biens de consommation, excluant ainsi tous les actifs ?

  61. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Pierre Lang

    Pouvez-vous donner la taille en dollars de la bulle ?
    Merci

  62. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine
    Je ne suis pas certain de bien comprendre ce que vous voulez dire… mais ce n’est pas ici le lieu d’un nouveau débat sur la « création monétaire » . Voulez vous me préciser votre pensée sur stilgardedune (at) gmail.com ?

  63. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    C’est bien dommage ! je veux bien préciser mais je n’utilise pas gmail, si vous avez une autre solution?

  64. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine
    C’est une simple adresse mail…

  65. Avatar de Paul Jorion

    @ Stilgar

    La double inscription simultanée d’un même montant à l’actif et au passif du bilan d’une banque – dans le cadre des règles légales – constitue l’acte par lequel elle crée la monnaie scripturale: c’est bien une capacité de dépenses supplémentaires pour l’emprunteur sans que personne d’autre ne renonce à son pouvoir d’achat qui va pouvoir utiliser le montant porté en dépôt à vue comme moyen de payement.

    Non, comme je l’ai dit : une inscription comptable ne dispose d’aucun pouvoir de création monétaire. Une inscription enregistre sans plus une opération. Quant à « scriptural », c’est une description du support, par opposition à métal ou papier, c’est tout.

    Je crois que tu te laisses abuser par le rapprochement sémantique « inscription » / « scriptural », que tu te dis : « la monnaie « scripturale » doit être créée par une simple « inscription » ». Ce n’est pas le cas : bien qu’en l’absence de support la monnaie scripturale soit dématérialisée, cela ne suffit pas à ce qu’elle puisse être créée par de simples « inscriptions » : elle représente toujours des flux monétaires respectant un principe de conservation des quantités. L’inscription se cantonne à ce qu’elle a toujours été : un simple enregistrement passif d’opérations portant, dans le cas de monnaie scripturale, sur des flux monétaires dématérialisés.

  66. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Paul
    Je ne confonds rien et je ne me laisse pas abuser… mais j’en ai marre de ce débat. Je ne puis que te conseiller à nouveau de te rapprocher d’une université californienne…
    La variation des quantités de « monnaie scripturale » (tu l’appelles comme tu veux, c’est sans importance) au fil du temps (qu’on ne retrouve nulle part sur les bilans de banque centrale) sont la preuve absolue de la « création de moyens de paiement » par les banques commerciales (La monnaie scripturale n’est finalement qu’une dette de banque qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de payement; l’essentiel est que cette créance soit reconnue comme une véritable monnaie). Il n’y a pas de « conservation des quantités)

  67. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Je pense qu’il ne faut pas confondre d’un côté ce que j’appelle le « coup d’Etat idéologique » des Banques commerciales sur l’Open Market, qui leur a permis de rendre presque automatique, systématique et permanent le refinancement, et de l’autre la création monétaire.

    Au final, la Banque Centrale garde le pouvoir de fermer les vannes. Pas sans risques certes pour les banques imprudentes, mais ce pouvoir est celui de la Banque Centrale.

    Il y a donc conservation des quantités… dans les limites définies par la Banque Centrale.

    Attention aussi quand on parle de monnaie scripturale à bien distinguer monnaie scripturale centrale (composante de la base monétaire, créée par la Banque Centrale) et monnaie scripturale de second rang (mise à disposition par les banques commerciales).

  68. Avatar de Shiva
    Shiva

    Décidément la création monétaire ex-nihilo est le point « Godwin » de ce blog…

  69. Avatar de Vincent
    Vincent

    @ tous …

    cette discussion sur les schémas de continuation/sortie éventuelle est de très bon niveau …
    bravo aux intervenants …

    mais …
    mais …

    elle est bien trop académique …

    je crains que vous négligiez une réalité qui se profile pourtant dès aujourd’hui … en roumanie, tchéquie, pays baltes, russie, chine provinciale .. pour ne citer que les plus récents … l’homme de la rue, avant de voir à long terme les nouveaux schémas de monnaies et crédit … voit son revenu diminuer par chômage complet ou partiel, voit son épargne fondre, voit les wealthy du type mr le baron Ernest Antoine chez nous conserver leurs prébendes et surtout leur arrogance … l’homme de la rue prend peur … l’homme de la rue se rassemble et manifeste, l’homme de la rue crie, il frappe bientôt …

    et que pèse une discussion académique face à la peur des hommes ???

  70. Avatar de fnur
    fnur

    que pèse la peur des hommes face à la discussion académique et lycée de versailles…

  71. Avatar de fnur
    fnur

    en fait la peur est une valeur spéculative, le fondement de la spéculation, la peur de manquer ou de ne pas avoir assez même. Une ligne de fuite sans limite qui justifie tout les flux. Les roulements d’épaules du capitalisme sont ceux de la peur qui se travestit en opulence, celle qui fait croire que l’on a évincé toute raison d’avoir peur, drôle de paradigme. Un déodorant sur des aisselles suantes…

  72. Avatar de fnur
    fnur

    comme aurait pu dire Lacan de quoi avons nous peur, de l’objet petit a.

  73. Avatar de Daniel Dresse
    Daniel Dresse

    @ JJJ Pym

    Juste une précision. La mauvaise humeur n’est pas la mienne, mais celle que j’anticipe chez un certain nombre d’autres personnes à la perspective inflationniste : les rentiers bien sûr (ah ! l’épouvantable alliance pour eux du travail et du capital productif) mais aussi les gardiens du temple de l’Europe actuelle, taillée précisément sur mesure pour la rente et les nations rentières (j’ai presque envie de dire LA nation rentière, mais j’ai plein d’amis allemands).
    Pour les générations qui viennent, je me réjouis bien au contraire, le rééquilibrage ne pouvant qu’être bénéfique à l’harmonie entre les plus anciens et les plus jeunes.
    Les retraités actuels, ou ceux qui sont en voie de l’être, ne constituent d’ailleurs pas une caste homogène. Il y a chez eux aussi une coupure générationnelle (Louis Chauvel parlait de « cohortes » dans son célèbre « Destin des générations ») en gros entre ceux qui sont nés avant 1950 et ceux qui sont nés après.
    Sans parler bien sûr des différences de statut, les ouvriers ou les employés arrivant en fin de carrière ou dans un proche avenir étant condamnés soit à percevoir une pension de misère, soit à poursuivre leur travail jusqu’à perpète (l’option semble-t-il du gouvernement actuel).
    Les plus amers parmi ces derniers risquent d’être ceux qui se sont laissés prendre au discours lénifiant sur la « nécessaire » et très sacrificielle épargne complémentaire individuelle.
    Ceux là seront les véritables victimes de l’inflation et, puisque je suis l’un d’eux, je n’ai qu’un conseil à leur donner : « Retirez tout, tant que cela vaut encore quelque chose, et allez vite vous saouler avec les jeunes ! ».

    @ Ningùnotro

    Je lis peu de SF mais, pourquoi pas, je jetterai un œil sur celui-là.

  74. Avatar de NingúnOtro

    « Shiva dit :
    18 janvier 2009 à 21:36

    @NingúnOtro et JJJ

    “En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur”.

    A mon avis; si, la titrisation pose un problème. »

    Shiva, je dis que la titrisation ne pose pas de problème majeur… parce-que celle-ci n’est qu’une surenchère devenu symptôme… c’est de la magie financière, mais elle ne fait qu’aller un peu plus loin que l’arnaque de base: la réserve fractionnaire!

    Le grand mal est dans la réserve fractionnaire, et c’est pour cela que toutes les banques ont des problèmes, et pas seulement celles qui ont voulu être plus compétitives (dans le vol) que ce que permettait déjà cette réserve fractionnaire. La création ex-nihilo est difficile à comprendre parce-que d’une façon ou d’une autre on doit bien créer de l’argent nouveau pour représenter les nouvelles richesses produites et permettre donc l’échange symbolique de leur possession, don’t l’argent n’est qu’une étappe intermédiaire pour permettre le troc multibande et à fractions non-égales.

    Le problème se pose quant à la légitimité des institutions auxquelles on permet cette création, et à la forme dont cette nouvelle monnaie, soit-elle fiduciaire en effectuant une échange préalable de valeur contre des billets et monnaies avec la banque centrale, ou directement scripturale est introduite dans le système.

    Quand vous travaillez et vous produisez quelque chose, vous investissez du temps, des connaissances, des matières primes et un considérable effort… si ce que vous produisez vaut 1.000€… vous devez dépenser, investir peut-être 500€ et votre bénéfice n’est que la plus value qui reste… 500€.

    Vous encaissez cette plusvalue, qui vous à couté bien de la sueur… et vous la déposez sur votre compte à vue…

    Rien qu’en faisant cela… par la réserve fractionnaire, la banque, sans que une seule goutte de sueur intervienne (ils ont tous l’air acclimatisé dans leurs belles officines)… peut créer ex-nihilo 90% + 90% des 90% + … soit une série convergente vers le 100% d’argent NEUF, sans que personne n’ait fourni aucun effort de production phisique ou intellectuel (oui, c’est bien EX-NIHILO, nul effort).

    Peu importe après de quelle façon la banque injectera ce nouveau capital dans le système (faire un prêt, acheter des actifs -leur préféré dernièrement, parce que les actifs resteront lorsque la monnaie s’effondrera, et c’est bien pour cela qu’ils préfèrent bien sur au lieu de faire des prêts qui disparaitront avec la monnaie-)…

    Finalement, schématisé sur une seule opération, mais extensible au mélange de toutes dans l’ensemble, nous nous trouvons avec:

    Production réelle:
    500€

    Argent circulant:
    500€ du producteur (bien gagné)
    500€ de la banque (gratuit)

    Évidemment… cela cause immédiatement une inflation bestiale, parce-que le total de la production (valeur 500€) s’échangera finalement bien contre le total de liquidité disponible… (nominal 1.000€), une dévaluation instantané de 100%.

    Si cela n’est pas immédiatement évident au citoyen lambda, c’est parce-que l’inflation sur un panier basique de produits (l’alimentation physique et spirituelle de l’esclave… est indexé, alors que l’inflation et la compétence pour l’achat de tout autre actif est libre et bestiale…

    Le problème avec la reserve fractionnaire… est le même qu’avec celui du droit d’organiser des lotteries… l’arnaque est tolérable SEULEMENT… si toutes les bénéfices sont socialisés! Ors, depuis 1973, et cela à échelle mondiale, elles ne le sont plus… elles n’alimentent que quelques poches privées.

    En plus, des poches extrèmement malades, car elles usent la plupart de cet argent pas pour faire le bien de l’humanité, mais pour se livrer une guerre économique fratricide entre eux (les initiées). De ce point de vue, on peut comparer les subprimes avec une nouvelle arme de destruction massive contre l’adversaire qui ne serait pas capable d’en comprendre le méchanisme accélérateur… et comme nul d’eux est idiot ni suicidaire, des que l’arme fut inventé tous durent l’incorporer dans leur arsenal, qu’ils voulerent ou non.

    Pourquoi lire Emphyrio de Jack Vance, Paul?… Lisez donc, vous comprendrez! Entre autres, cela m’évite d’avoir à écrire 300 pages moi-même pour ne pas dire mieux…

  75. Avatar de Magnus Pym
    Magnus Pym

    @ Daniel Dresse

    C’est une option, la saoûlerie; et ce qui n’a pas été bu, le convertir en napoléons : la « relique barbare » n’a sans doute pas dit son dernier mot…

  76. Avatar de Pierre Lang

    @NingúnOtro

    Si la réserve fractionnaire =100% les banques ne peut plus rien prêter à personne… Peut-elle « jouer » avec les dépôts ou est elle simplement un gros coffre fort ?

    Si la banque prête plus que les 500 € que vous lui avez déposés, ces € serviront à l’emprunteur pour qui lui aussi puisse avoir la possibilité de gagner 500 € sur les 1000 € de son chiffre d’affaire…

    Le résultat de tout cela est que le pays augmente son niveau de vie (son PIB-quelque-chose) et que la BC peut imprimer de nouveaux billets.

  77. Avatar de Lacrise
    Lacrise

    Le pays augmente son niveau d’intoxication.

  78. Avatar de Shiva
    Shiva

    @NingúnOtro

    Bonsoir,

    J’allais vous répondre: » à votre avis faut-il plus ou moins de réserve fractionnaire ? », je n’avais pas lu le commentaire de Pierre (bonsoir aussi !).

    Il y a deux écoles sur ce blog, ceux qui pensent que la banque prêtent les dépôts et ceux qui pensent qu’elle crée la monnaie des crédits sans toucher aux dépôts. Tous s’accordent à penser que la monnaie des crédits se retrouve dans les dépôts, au moins en partie.
    Pour les premiers la monnaie remboursée (capital + intérêts) par les emprunteurs n’est pas détruite au retour, c’est un actif peu liquide qui retourne au passif sous forme liquide et peut donc être réinjectée éventuellement dans un nouveau prêt.

    Pour les seconds la monnaie remboursée par les emprunteurs est détruite au retour, la banque conservant uniquement les intérêts.

    Les réserves fractionnaires sont généralement évoquées par les seconds comme un « limitateur légal » du crédit qui interdit aux banques de prêter plus que « X% » de leurs dépôts (90%) voir pour certains « X fois » les dépôts (9 x). Or dans les règlements Européens, rien ne lie le total des dépôts dans un IFM à ses limites d’émission de crédit. La règle de réserves obligatoires stipule que 2% des dépôts des clients d’un IFM doivent être transférés sur un compte spécialement prévu à cet effet (compte de réserve) obligatoirement ouvert à sa banque centrale nationale.

    Dans les règlements mondialement appliqués (Bâle II) le imitateur de crédit appliqué aux IFM (Ratio Mac Donough) lie le volume de crédit accordé par les IFM, par tranches de risques, à leurs fonds propres dans un rapport de 4 (plutôt 6 dans les fait) à 8%.

    Il faut savoir qu’en Europe (je ne suis pas aussi polyglotte que vous 😉 ) le plus fort ratio crédits/dépôts chez les IFM c’est (seulement) 3 fois plus de crédits que de dépôts et que la majorité font moins de crédit qu’ils n’ont de dépôts (- de 100%).

    On est bien loin de ce qu’autoriserait la « loi des réserves fractionnaires » 2% soit 50 fois plus de crédits que de dépôts !

    Je ne veut pas prendre parti dans « la querelle » d’ailleurs je n’ai pas (plus-pas encore ?) d’avis, mais il me semble que tant qu’à « s’exciter » sur qqc (comme dirait Pierre 🙂 ), c’est plutôt dans le « offshore », le « hors bilan », le maquillage, qu’il faut rechercher les scandales et les mécaniques de création des bulles-mongolfières financières et donc dans la titrisation et les produits servant à faire de l’argent sur l’argent.

    Qu’en pensez-vous ?

    PS: Si on regarde attentivement la vidéo de Paul Grignon, la partie création « chapeau magique » n’apparait qu’au début à la création de la banque, pour le premier prêt c.a.d. basée sur le ratio Mac Donough…

  79. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Shiva
    Dans les « limitateurs automatiques » de crédit vous avez oublié les fuites correspondant aux besoins en monnaie centrale (billets) que doivent assurer les établissements bancaires… environ 15% des dépôts à vue en France, plus en Espagne et en Allemagne. Ces fuites, qui s’ajoutent aux 2% de réserves fractionnaires obligatoires, sont beaucoup plus limitatives que le ratio Mc Donough.

  80. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Stilgar

    Certes,

    Il s’agissait ici uniquement de mieux définir le rapport entre réserves fractionnaires et limitation légale du crédit.

    A noter que la titrisation permet de rendre immédiatement liquide le crédit et donc de le développer en dehors des contraintes de fonds propres et de liquidités…

    Merci

  81. Avatar de Paul Jorion

    @ Shiva

    On est bien loin de ce qu’autoriserait la « loi des réserves fractionnaires » 2% soit 50 fois plus de crédits que de dépôts !

    Il faut rappeler que le calcul à partir des réserves fractionnaires ne produit ces chiffres mirobolants : 9 fois plus de crédits que de dépôts pour 10 %, 49 fois plus pour 2 %, que dans un seul cas de figure – qui n’a pas la moindre plausibilité dans le monde réel : qu’au sein de la chaîne de ceux qui empruntent, chacun utilise la totalité du montant de son prêt pour le déposer sur un compte à vue… tout en ne s’inquiétant pas du fait qu’il doive verser des intérêts pour ce privilège.

    Il ne faut peut–être pas être trop surpris de ne pas observer une telle multiplication dans la réalité.

    PS :

    Je ne veux pas prendre parti dans « la querelle » d’ailleurs je n’ai pas (plus-pas encore ?) d’avis…

    Même pas sur le fait de savoir si les réserves fractionnaires interdisent aux banques de

    1) prêter plus que « X% » de leurs dépôts (90% pour RF = 10%)
    2) prêter plus de « X fois » leurs dépôts (900% pour RF = 10%) ?

  82. Avatar de Pierre Lang

    @Paul

    1) prêter plus que “X%” de leurs dépôts (90% pour RF = 10%)
    2) prêter plus de “X fois” leurs dépôts (900% pour RF = 10%) ?

    J’ai lu
    2) prêter plus de “X fois” leurs réserves (900% pour RF = 10%) ?

    Ces valeurs (9 pour 10%, 49 pour 2%) ne dépendent que du coefficient de réserve. Ils sont atteints quels que soit le taux de liquidité des emprunteurs. La formule est : Total prêté = Réserve * ( 1 – X ) / X

    Le coefficient multiplicateur (Total prété / Dépôt initial) dépend à la fois de X et du taux de liquidité des particuliers. Pour X=2% (actuellement en Europe), le coefficient multiplicateur vaut 2.17 pour b=45% et 14.49 pour b=5% (b=taux de liquidité des emprunteurs).

  83. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Paul

    La règle des réserves obligatoires imposée par la BCE aux IFM est d’immobiliser en compte de réserve 2% des dépôts des clients et donc permet le prêt (ou tout autre utilisation) des 98% restant. Évidement pas de permettre le prêt de 49 fois les dépôts, ce qui de toute façon serait encore plus éloigné de la réalité du rapport prêts/dépôts observée. Et bien sûr par la même occasion cela laisse la thèse (à laquelle je souscris par l’acte de foi du béotien) du prêt des dépôts tout à fait plausible 😉

  84. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Paul

    Je répugne à envisager le « cycle » dépôts crédits ou inversement pour deux raisons:

    -le passage par l’économie modifie certainement la monnaie, je n’ai pas de vision clair de ce que cela représente, mais c’est là qu’elle réalise son triple objectif, support de la création de richesse, échange de valeurs, support de valeur.

    -les dépôts sont extrêmement volatiles et la monnaie initiale très rapidement éparpillée, atomisée, entre dépôts, conversions en fiduciaire, réutilisation économique, placement à long terme…

    Donc lorsque l’on imagine toutes les banques en une seule et la masse des prêts exprimé en un seul qui à l’instant T retourne sagement au dépôt unique en fonction de la loi des réserves fractionnaires…

    J’ai des doutes.

    Je crois que l’on a tellement simplifié le modèle que l’on ne dit plus rien d’intéressant, en tout cas je ne me sens pas personnellement pour affirmer qu’il décrive correctement une quelconque réalité monétaire.

    C’est pourquoi, concernant les réserves fractionnaires je préfère dire que 2% des dépôts doivent être immobilisés en banque centrale sans, à priori, créer une limite à la capacité de crédit de ma banque commerciale.

    D’ailleurs ma banque s’en fiche des modèles globaux pour le grand public, elle mène sa propre politique concernant la création de crédit, pour elle le ratio de réserve est juste un déficit chronique de liquidités qu’elle doit compenser par l’emprunt sur le marché interbancaire.

  85. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Piere Lang

    Tout à fait …

    Admettons que les banques (prises dans leur ensemble d’une zone) disposent de réserves excédentaires auprès de la banque centrale pour un montant de 100.

    Dans la zone euro la demande de monnaie fiduciaire (liquidités) est constatée à +/- 15% des dépôts, et les réserves obligatoires sont de 2% . Les « fuites » sont donc de 17% (16,7% pour être précis puisque les réserves obligatoires de 2% sont calculées sur le retour des dépôts).

    S’il y a demande de crédit des ANF, elles peuvent accorder un nouveau crédit de 100, et, en assurant le total des fuites de 17, il leur restera 83 de réserves excédentaires.
    Ces réserves vont, à leur tour, permettre 83 de nouveaux crédits, et le total des fuites sera de 14,1 . Le solde des réserves deviendra 68,9.
    Ces réserves vont à leur tour permettre 68,9 de nouveaux crédits, et le total des fuites sera de 11,7. Le solde des réserves sera de 58,1
    Ainsi de suite pour arriver à ce que les réserves excédentaires soient de 0, puisque le total des fuites sera de 100.

    Dans cet exemple, au total, à partir de 100 de monnaie centrale:
    * les banques auront créé 599 (de crédit): coefficient multiplicateur (ou diviseur) de 6
    * 90 se retrouveront en monnaie fiduciaire,
    * 10 en réserves obligatoires auprès de la banque centrale
    * le retour des dépôts dans le système bancaire sera de 509.

    Tant qu’il n’y aura pas de nouveau refinancement de monnaie centrale, les banques commerciales (dans leur ensemble) seront « coincées ».

    On voit bien que les banques ont tout intérêt a pousser sur les réglements sans monnaie fiduciaire

    Il y a donc bien création de monnaie par le système bancaire à partir du montant de monnaie centrale dont elles disposent (base monétaire).

  86. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Encore une fois, le lien, ici d’inspiration nettement libéral, que je transmets ci-dessous, est pour que ses arguments servent au débat et non pas que je les soutiens entièrement. Je ne les soutiens que partiellement. Pour que l’intervention soit complète il faudrait transmettre en même temps un autre lien (il y en a mais je n’en ai pas un sous la main à l’instant) qui soit, disons « dirigiste » (que je soutiens aussi partiellement), car l’équilibre de ce sujet – se trouve entre les deux – et, l’histoire économique le montre, nous oscillons assez stupidement d’un extrême à l’autre.

    Ma conviction, toujours confirmée par le déroulement de la crise, est que nous avons à faire à une combinatoire banques-États qui – verrouille – absolument toute porte de sortie salubre en matière économique et monétaire.La société reste toujours la cinquième roue de la charette…

    C’est la production des biens qui doit remplacer les taux d’intérêts et l’or (et tutti quanti d’ailleurs). Cette – production des bien – est, par nature, l’étalon de la monnaie. La producction des biens est la raison d’être de la monnaie, vous en voyez d’autres?… Difficile à avouer?… Ensuite, quand cet équilibre vital est respecté sans aucune dérogation, et bien ceux qui veulent faire des des beuveries, des orgies financières, s’éclater et se shooter, subir les délices des gueules de bois, etc, pourront le faire à leur frais sans gêner les autres. Car gloser sur des concepts comptables y compris des manipulations de grande sorcellerie comptable relativement à la monnaie ou son « spectre », si cela fait progresser le bon éclairage sur des pratiques frauduleuses (police comptable? Pourquoi-pas), c’est fort bien. Mais il ne faut pas que cela nous entraîne loin des réalités économiques productives – à refleter – techniquement, et non plus pour des stratégies dont le but principal est, sempiternellement, de s’assurer la dominance générale. Voir:

    http://www.quebecoislibre.org/031220-10.htm

  87. Avatar de Paul Jorion

    @ Rumbo

    On a parlé de litote quand j’ai évoqué un « appel du pied extra-parlementaire ». Que dire alors quand un pamphlet « libertarien » est appelé par toi « libéral » ?

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