La scène se passe il y a vingt-cinq ans. Mon interlocuteur est un jeune trader. Très doué et très ambitieux. Il connaît bien Saint-Martin : il s’y rend souvent. Mais ce n’est là pour lui qu’un hors-d’oeuvre : dans quelques années, fortune faite, il s’y installera. Il s’installera au paradis, pour le quitter le moins possible. Si, il se rendra parfois dans la partie sud de l’île : la partie hollandaise.
J’ai repensé à cette conversation ce matin en lisant dans Le Monde un article intitulé : « À Saint-Martin, les habitants traumatisés tentent de fuir avant l’arrivée d’un nouvel ouragan ». Là aussi, il est question de Saint-Martin, mais le mot « paradis » n’est plus de mise : on y parle d’un enfer. J’y lis : « Tout le monde veut être dans le prochain avion qui les éloignera de ce que toutes et tous appellent l’enfer. » Les bâtiments ont été détruits à 95% et aujourd’hui menace un nouvel ouragan : sur les traces d’Irma. Cette fois, c’est José.
Lisez l’article et notez bien ceci : il n’y est pas question de reconstruction, mais de fuir une fois pour toutes. Ceux qui fuient sont soulagés d’avoir survécu aux vents de 350 km/heure mais n’imposeront pas ce calvaire à leurs enfants une seconde fois, ni même à eux-mêmes.
Je me suis rendu une fois en Floride : à St Pete Beach. Là aussi quel petit paradis ! Enfin, pas l’image que je m’en fais moi-même, mais je peux vous assurer que la quasi-totalité de ceux que j’ai vus là, y seraient bien restés pour toujours.
Je suis curieux de savoir ce qui restera de St Pete Beach lundi matin.
Réveillons-nous : certains endroits de la planète sont en train de devenir inhabitables, passés en quelques jours seulement, du paradis à l’enfer.
Pendant que je regarde de nouveau la seconde image qui illustre ce billet, soudain, je me remémore une image d’une…