PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES, par Michel Leis

Billet invité.

Il y a quelque temps, je reprenais dans un billet, trois cartes montrant l’alternance politique en Europe. Les alternances se multiplient et traduisent cette insatisfaction généralisée vis-à-vis des politiques. Au sortir des trente glorieuses, les politiques ont choisi d’adopter un discours gestionnaire, la conversion a pris une bonne dizaine d’années, mais tous les partis de pouvoir ont fait leur aggiornamento, ils en sont les premières victimes.

Comme le souligne François Leclerc, occuper le même territoire de communication que les entreprises s’est révélé être une arme à double tranchant pour le monde politique. La continuité du vocabulaire a pu sembler rassurante pour des salariés qui n’avaient plus que des déclinaisons d’un seul et même discours. Cette continuité a aussi facilité l’établissement d’un langage commun entre les élites et l’interpénétration des idées. Mais au final, le discours de l’entreprise apparaîtra toujours plus efficace parce que les critères de résultats, d’efficacité, et de temps ne sont pas les mêmes. Les actionnaires démocratiques réclament donc un changement de direction, mais le vivier de dirigeants reste désespérément étroit.

Cette oscillation traduit aussi la peur du saut dans l’inconnu. Entre l’évidence du changement et l’impossibilité d’en formuler un contenu recevable, il y a l’égoïsme des nantis ou de ceux qui se perçoivent comme tels. La montée des populismes régionaux que l’on constate un peu partout en Europe est le reflet de cette tendance lourde.

Face à ce constat, il y a deux possibilités. Celle d’utiliser les interstices en espérant que des modèles alternatifs se diffusent. Les quelques échos que l’on perçoit de ce type d’expérience peuvent cependant laisser sceptique. L’autre est de changer le discours politique en inversant le rapport de force avec le monde économique. En d’autres termes, le retour du dirigisme (oh quel gros mot !) en ce sens que l’État fixe un cadre et des orientations en se donnant le moyen de les tenir, y compris de manière coercitive. Occuper ce terrain est la seule façon d’être à la hauteur des enjeux, reste à éviter le piège des étiquettes un peu trop marquées par des échecs passés.

 

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Une réponse à “PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES, par Michel Leis”

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Commentaires récents

  1. J’appelle ça tourner en rond . Et comme plus rien ne tourne rond dans notre monde autant admirer ce magnifique…

  2. Ça m’a fait penser à des motifs de mosaïque vénitiens, mais je n’ai pas retrouvé le modèle exact… https://images.app.goo.gl/9Tax1PLXc2LLkLq66

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