L’actualité de demain : ATTENTION, BANQUES ! par François Leclerc

Billet invité

Une étude de Royal Bank of Scotland (RBS) vient de donner la mesure du désendettement à venir des banques de la zone euro et de ses conséquences. Selon celle-ci, elles devraient encore réduire leurs bilans de 2.700 milliards d’euros, après l’avoir dernièrement fait de 2.400 milliards selon la BCE. Le total des actifs des banques de la zone étant de 33.000 milliards d’euros, soit trois fois et demi le PIB de la zone, l’objectif serait de modestement le ramener à un facteur trois (aux États-Unis, il est de un). Le système bancaire européen a atteint une taille telle qu’il ne peut plus être renfloué par les États, ce qui explique le mystère entourant son état réel et donne une autre dimension à une crise européenne déjà caractérisée par le mélange détonnant de la dette privée et publique. L’Europe est la grande malade du capitalisme financier. Ce ne sont pas tant les États qui y vivent au dessus de leurs moyens que les banques qui dépassent les leurs !

Excluant des renforcements de leurs fonds propres qui diminueraient encore un rendement fortement à la baisse – les investisseurs ne se précipitant pas devant le risque d’être mis à contribution lors d’un éventuel sauvetage – les banques font le choix de diminuer la taille de leur bilan pour respecter les ratios de Bâle III. D’autant qu’il va falloir donner un semblant de vraisemblance à l’examen de la valorisation de leurs actifs qui s’engage, ce qui impliquera de reconnaître partiellement des pertes auparavant masquées. Optimiser la taille du bilan, c’est aussi durcir les conditions de crédit afin de restreindre sa distribution, tel que la BCE vient une nouvelle fois de le constater à la faveur de sa dernière enquête auprès des banques, accentuant la fragmentation financière au sein de la zone euro entre pays périphériques et centraux.

Le système bancaire apporte sa contribution à la détérioration de la situation économique européenne afin de respecter à sa manière ses obligations réglementaires. Au Royaume-Uni, cela conduit le ministre du commerce, Vincent Cable, à s’emporter contre les « talibans du capital au sein de la Banque d’Angleterre [qui] sont en train d’imposer des restrictions, alors que nous sommes à une étape délicate de la reprise ». Le choix serait, si on le suit bien, entre renforcer le système financier et abandonner la relance, ou favoriser celle-ci mais advienne que pourra !

Ils ne sont pas sérieux : les miasmes de la crise financière n’ont pas fini de faire sentir leurs effets et l’on voudrait parler de relance !

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