La vie d’artiste

Nicolette, tu venais chez moi rue Saint-Paul, en 1986-87. On n’était pas, ni toi ni moi, à l’apogée de notre carrière. On n’avait pas beaucoup de ronds, j’en avais un tout petit peu plus que toi parce que toi, tu n’avais vraiment pas un radis. Rosella m’avait dit « On répète en ville que vous êtes en train de vous clochardiser ». On s’était rencontrés rue de l’Université à une soirée de poètes américains à Paris ; Dieu sait ce que j’étais aller y faire : aller à ta rencontre probablement. Tu restais sur le divan et moi j’écrivais ; on ne se disait rien. Puis quand le soleil s’était couché, je t’invitais à Piment-Café, rue de Sévigné, de l’autre côté de la rue Saint-Antoine.

Il y a quelques années j’ai lu une interview de toi dans un magazine anglais, tu disais :

Une chose est sûre : à aucun moment, à aucun moment, vous dis-je, je n’ai douté de moi-même.

Ah ben tiens, il vaut mieux entendre ça que d’être sourd. Mais t’as raison, Nicolette, t’as raison : moi, si on me posait la question, sur moi à cette époque, je dirais exactement la même chose.

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Une réponse à “La vie d’artiste”

  1. Avatar de AUXIETRE Jean-Baptiste
    AUXIETRE Jean-Baptiste

    Ne pas douter de soi est une chose mais croire que les choses ne dépendent que de soi en est une autre qui est fausse. Pour faire les choses dans la vie il faut être plusieurs et là souvent hélàs on peut à juste titre douter des autres ou tout au moins de certains ! Souvent quand les gens se construisent c’est dans un contexte et si les autres ne font rien, soi même on n’arrive aussi à rien quelque soit son travail et sa volonté. Souvent ceux qui ont quand même réussi malgré des échecs croient que cette possibilité est donnée à tout le monde et là aussi c’est se donner trop d’importance à soi même et plus grave encore c’est se défausser de faire ce que l’on peut pour les autres….

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  1. @Chabian Comme pour les doigts, il sait pas bien compter, ou reste indécis sur la perspective, c’est pourtant la première…

  2. Et sur le 1er dessin, les parties génitales de l’humain mâle (ou ambigu ?) sont vues selon le style Archimboldo…

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