Le « plan » de « relance » américain

Ce matin, le président Bush annonçait un plan de « relance » de l’économie américaine d’un montant de 150 milliards de dollars. Le « plan » doit encore être voté au Congrès avant d’être appliqué, ce qui prendra en toute occurrence de nombreux mois. On notera mes nombreux guillemets : s’agit–il réellement d’un
« plan » ? Où est la « relance » dans ce « plan » à l’encéphalogramme plat qui se contente d’offrir des chèques aux contribuables et aux entreprises ?

Eric Benhamou de La Tribune m’a interrogé tout à l’heure. L’entretien suivant paraîtra lundi dans le quotidien économique et financier.

Etats-Unis : le traitement de choc suffira-t-il ?

NON : Le plan de relance de Bush ne peut pas être considéré comme un traitement de choc. Ce n’est pas une question de montant, il ne correspond tout simplement pas à la nature de la crise que traversent actuellement les Etats-Unis. Nous ne sommes pas en effet face à une crise classique, à une récession dont les effets pourraient être amortis par des mesures de relance budgétaire: nous sommes dans le cas d’une récession provoquée par l’implosion du système financier qui se délite, qui se ferme secteur par secteur. Les solutions à la crise doivent donc être à la hauteur du problème posé. Comment imaginer qu’un chèque de 1600 dollars par ménage règle le surendettement chronique du consommateur américain ? Il a vécu à crédit pendant cinq ans sur les plus–values éphémères d’un patrimoine immobilier qui s’effondre aujourd’hui. A une crise aussi profonde et d’un type aussi nouveau, il faut à la fois des solutions radicales, novatrices et aussi ambitieuses que celles qui furent mises en place lors du « New Deal » des années 30.

La priorité est le système financier : il faudra bien se pencher sur le devenir du marché de la titrisation et les paris implicites sur l’avenir qu’elle suppose, imaginer des structures de cantonnement pour reprendre les créances douteuses, revoir les sources de profit des banques fondées sur des commissions, sans souci de rentabilité à long terme.

Mais sur le fond, ce sont bien tous les mécanismes, réglementaires, fiscaux, rémunérations, qui suscitent et amplifient les emballements au sein de la finance qu’il faudra remettre à plat. Il est clair que la pléiade de déductions d’impôts liées à l’accession à la propriété a nourri la spéculation immobilière et provoquera au final la faillite et la saisie de leur logement pour des millions d’Américains !

L’annonce des mesures envisagées n’est pas parvenue même un instant à calmer les inquiétudes : leur caractère inadéquat a fait que l’indice S&P 500 a aussitôt plongé d’1 % !

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