Bloomberg contre la Fed

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Un fait divers passé relativement inaperçu mais pourtant fondamental : l’agence de presse Bloomberg a déposé plainte le 7 novembre contre la Fed dans le cadre du Freedom of Information Act pour refus de divulguer des informations publiques.

Jusqu’au 14 septembre, la Fed n’acceptait de prêter de l’argent aux établissement financiers que contre la mise en gage d’instruments de dette de bon aloi : Bons du Trésor et Mortgage–Backed Securities (MBS) émises par Fannie Mae et Freddie Mac. Depuis, elle a ensuite étendu les options en acceptant comme collatéral un peu importe quoi : Asset–Backed Securities (ABS) adossées à des prêts subprime et Collateralized–Debt Obligations (CDO) en particulier. Le résultat ne s’est pas fait attendre : les sommes empruntées ont grimpé de 140 % en sept semaines.

La Fed refuse de divulguer de qui elle a accepté de prendre en pension ces instruments de dette potentiellement toxiques et à quelles conditions. Pourtant si l’emprunteur devait faire défaut elle s’en retrouverait propriétaire. Bloomberg la poursuit en justice : il s’agit dit l’agence de sommes considérables (2 000 milliards de dollars à ce jour) et de l’argent du contribuable et celui-ci a le droit de savoir comment ces sommes sont utilisées. Bloomberg n’en dit pas plus quant aux motifs propres de l’agence mais on peut penser à deux choses : tout d’abord bien sûr le souci d’une agence de presse spécialisée dans l’information financière que cette information lui demeure accessible, ensuite peut–être une préoccupation de son patron, Mr. Mike Bloomberg lui-même, le maire actuel de New York qui, s’il s’est finalement abstenu de poser sa candidature à la présidence des États–Unis, n’a pas pu manquer de remarquer que la défense du contribuable est en ce moment très appréciée des électeurs. Son second mandat de maire de New York touchant bientôt à sa fin, il a récemment réussi à faire voter une mesure lui permettant de briguer un troisième mandat au lieu des deux autorisés jusque-là. Le poste de gouverneur de l’état de New York, auquel il s’intéresse aussi, doit être lui renouvelé en 2010.

La Fed justifie à mots couverts son refus de communiquer le nom des bénéficiaires des prêts ainsi que les sommes avancées pour les instruments de dette mis en pension auprès d’elle, laissant entendre qu’elle ne leur fait pas de cadeau en ne payant que des clopinettes mais qu’il ne serait pas bon que ces prix ridiculement bas soient connus du public. Elle s’expose toutefois à la suspicion légitime qu’elle paie au contraire des prix beaucoup trop élevés, renflouant avec trop de largesse les banquiers avec l’argent du contribuable.

Il existe bien entendu un paradoxe dans le fait que Mr. Paulson, le Ministre des Finances américain, crie sur tous les toits : « Transparence ! Transparence ! », rejoint en cela par Mr. Bernanke, président de la Fed, s’égosillant en chœur : « Transparence ! Transparence ! » mais que quand il leur est demandé de communiquer l’information dont ils sont seuls à disposer, ils s’indignent et déclarent que ce serait très malvenu.

Voilà donc que depuis des mois on s’inquiète de trouver un prix à ces instruments de dette dont plus personne ne veut et que quand la Fed leur assigne précisément un prix en acceptant de les prendre en gage, elle refuse obstinément de dire ce qu’il est. Pourquoi ? Parce que, selon ses dires, elle devrait alors mentionner aussi le nom des parties impliquées et que cela, non seulement les stigmatiserait, mais les désignerait à l’attention des vendeurs à découvert qui se rueraient comme un seul homme pour précipiter leur chute.

Je n’y crois pas. Je ne crois pas non plus que ce soit parce que la Fed brade – encore qu’on ne soit jamais entièrement à l’abri d’une mauvaise surprise de ce côté-là – je crois plutôt qu’elle se refuse à communiquer l’information en raison d’un tabou idéologique : parce qu’il est question ici de prix fixés par la Fed – donc d’une manière détournée par l’État – alors qu’un prix ne dispose que d’une seule manière légitime d’être formé : par le dieu tout-puissant Marché et que tant que celui-ci est dans le coma – comme il l’est depuis plus d’un an déjà – on préférera continuer à prétendre qu’il n’y a pas de prix.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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30 réponses à “Bloomberg contre la Fed”

  1. Avatar de LeSurHumain

    Quoi qu’il en soit, l’état dictatorial installé se résume en une division simple de l’organisation d’un peuple : un homme, d’une part, assume toutes les fonctions supérieures de l’esprit : il se charge du « bonheur », de l’« ordre », de l’« avenir », de la « puissance », du « prestige » du corps national; toutes choses en vue desquelles l’unité, l’autorité, la continuité du pouvoir sont, sans doute, nécessaires. Il se réserve d’agir directement dans tous les domaines, et de décider souverainement en toute matière. D’autre part, le reste des individus seront réduits à la condition d’instruments ou de matière de cette action, quelle que soit leur valeur et leur compétence personnelle. Ce matériel humain, convenablement différencié, sera chargé de l’ensemble des « automatismes ».
    Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 93.

  2. Avatar de LeSurHumain

    Plus concrètement :

    Comment nationaliser la Fed, banque centrale privée états-unienne intrinsèquement responsable de la crise mondiale actuelle ?

    Voilà à mon sens La question à résoudre !

  3. Avatar de TL
    TL

    C’est la Fed qui fait le prix, mais il n’est pas connu, et même nié. Voilà qui crée un précédent !

    @ LeSurHumain

    Lisez un peu ce qu’a écrit Paul (et d’autres), et vous vous rendrez compte que c’est beaucoup plus la politique gouvernementale d’accession à la propriété immobilière que la politique monétaire qui a provoqué la bulle immobilière des subprimes. Et quand vous voyez que les bourses prenaient plus de 15% par an, à quel niveau les taux d’intérêt décourageaient-ils la spéculation ?

  4. Avatar de LeSurHumain

    @ TL

    Et qui est l’architecte des mécanismes dysfonctionnels du système actuel ?

  5. Avatar de scaringella
    scaringella

    L’information que rapporte Paul est époustouflante. En effet la fed fait le prix, le diffuse à qui elle veut car au moins ceux qui ont vendus à la fed le savent. C’est un délit d’initié. Tous en prison 😉 car ils ont en plus avoué le crime. Plus grave la fed fixant le prix passe au dessus du marché c’est à dire se substitue à … l’état. Celà s’appelle un coup d’état. Les banques privées propriétaires de la fed viennent de prendre le pouvoir au usa. Avec l’accord de la classe politique Obama compris. Paulson est le président et Bernake le vice-président. Obama et Bush sont enfin découverts pour ce qu’ils ont toujours étés, des marionnettes. Des hochets pour amuser les nouveaux-nés qui votent. La dictature n’est pas loin j’en ai peur.

  6. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    des indications indirectes sur la valeur des actifs repris par la Fed dans l’article suivant – ainsi qu’un apport de plus à un sujet d’il y a un mois sur les CDS et les pertes qu’ils ont (et vont ?) générer – :

    http://v2.ftalphaville.ft.com/blog/2008/11/11/18092/the-american-bailout-group-formerly-insurance/

    ma compréhension de cet article laissant à désirer, je vous livre toutefois quelques idées repérées , en espérant que Paul pourra confirmer ma traduction et jeter un oeil sur cet article afin d’en tirer la quintessence :

    la société AIG fait l’objet d’une aide supplémentaire (prêt) de la Fed de 35 Milliards de $ – pour un total à ce jour de 150 Milliards de $ – .
    AIG doit ainsi acheter pour 35 Mds de CDO « ABS » (hypothécaires) qu’elle avait assuré à travers des CDS. Cet achat de CDO mettra fin aux CDS qui y étaient liés.
    sur les 35 Mds, 5 sont prétés spécifiquement pour faire face à des pertes potentielles sur ces opérations.
    avec la vente des CDO, le prêt sera remboursé.

    LES CDO RACHETES 35 Mds ONT UNE VALEUR FACIALE DE 70 Mds – donc une décôte de 50 % –
    sachant que la Fed les rachète indirectement à travers le moribond AIG, peut être une bonne indication de la valeur retenue pour les actifs pris en garantie par la Fed pour prêter des fonds aux banques.

    par ailleurs AIG semble engagé à hauteur de 237 Mds sur des CDO synthétiques d’entreprise (corporate) dont la valeur pourrait être encore plus entamée que les CDO « hypothécaires ».

    y aura t il encore un autre prêt de la Fed d’un montant d’au moins 118.5 Mds ? – soit la moitié de 237 Mds –

  7. Avatar de LeSurHumain

    @ scaringella

    Comme quoi nous pouvons nous retrouver sur l’essentiel !

  8. Avatar de scaringella
    scaringella

    @LeSurHumain

    Surement pas.

  9. Avatar de LeSurHumain

    @ scaringella

    Et bien ne vous déplaise, je vous suis à 100% dans votre commentaire.

  10. Avatar de Seldon
    Seldon

    Le SurHumain me rappelle un peu tristement ce qu’écrivait Orwell lorsqu’il regrettait que le socialisme anglais attirait fortement les hurluberlus et les excentriques, qui repoussaient ainsi les gens indispensables à sa mise en oeuvre.

    Il faut relire Le Quai de Wigan de Orwell.

  11. Avatar de LeSurHumain

    @ Seldon

    « La seule chose au nom de laquelle nous pouvons combattre ensemble, c’est l’idéal tracé en filigrane par le socialisme : justice et liberté. Mais ce filigrane est presque complètement effacé. Il a été enfoui sous des couches successives de chicaneries doctrinales, de querelles de parti et de « progressisme » mal assimilé, au point de ressembler à un diamant caché sous une montagne d’excréments. La tâche des socialistes est d’aller le chercher où il se trouve pour le mettre à jour. Justice et liberté ! Voilà les mots qui doivent résonner comme un clairon à travers le monde. »

    George Orwell : Le Quai de Wigan (extraits et analyse)

  12. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ seldon,

    Si le socialisme n’est pas capable d’accueillir les excentriques ah quoi bon le socialisme ?
    Si le socialisme c’est une société pour l’homme satistique moyen quelle saveur aura-t-il ?

    Les arguments de LeSurhumain sont des arguments à prendre pour ce qu’ils sont : des arguments.

    Je ne vois pas ce qu’apporte au débat le repérage d’une prétendue excentricité chez tel ou tel interlocuteur.
    L’excentré a aussi une particularité intéressante. Ce n’est la plupart du temps pas un extrêmiste,
    mais un être humain qui échappe au conformisme ambiant.
    Je ne sais pas si LeSurhumain est excentrique ou pas, peu importe, et après tout, sortir de l’axe général n’est-ce pas le seul moyen d’évoluer, de se transformer et par voie de conséquence de faire évoluer la société ?

    Bon, mon propos peut paraître sententieux. En tous cas j’ai tout de même bien ri en lisant le dernier échange entre scaringella et LeSurumain. 🙂 Non point pour jeter un blâme sur cet échange, mais parce qu’il condense en deux répliques laconiques
    une manifeste petite friction entre deux individus, qui peut-être seraient les meilleurs amis du monde s’ils se rencontraient pour de bon. Quoique.

    Me référant à ma propre pratique de ce blog je constate qu’à force de poster des commentaires nous finissons par projeter sur les uns et les autres des idées fixes, des sentiments, des intentions, des motivations, de sorte que pouvons être tentés parfois de réagir en fonction de ce que nous pensons savoir des autres intervenants. Et c’est d’ailleurs tout naturel comment pourrait-il en être autrement ! Le tout est de savoir naviguer entre raisons et sentiments sans trop pencher d’un coté ou de l’autre.
    L’affect c’est l’énergie de la raison.

  13. Avatar de Paul Jorion

    Un petit effort pour rester dans le sujet sinon vous m’obligerez à supprimer tous ces apartés !

  14. Avatar de LeSurHumain

    Voici une impressionnante analyse de fond de Michel Chossudovsky (daté du 9 novembre) sur les artisans du désastre économique :
    Who are the Architects of Economic Collapse ?
    http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=10860

    Traduction libre française de Petrus Lombard pour Alter Info :
    Qui sont les artisans du désastre économique ?
    http://www.choix-realite.org/forum/viewtopic.php?pid=28741#p28741

  15. Avatar de jacques
    jacques

    Petit rappel sur la légalité:La section13 de la loi régissant l’activité de la Fed autorise la banque « lors de circonstances l’exigeant » de preter de l’argent à quiconque, et de prendre à sa charge le risque du crédit.Ce qui n’est pas arrivé depuis les années trente.En regardant l’industrie automobile en pionnière dans l’antichambre de la Fed, le problème des actifs gagés n’est pas tant dans la qualité que dans les quantités à venir.Si la Fed par l’intermédiaire des banques ne refinance pas à court terme GM, celle-ci dépose le bilan . Les obligations emises par GM ne valent plus rien.Les propriétaires de ces obligations (banques,institutionnels,fonds de pension ou de couverture…) sont victimes d’appel de marge . Le marché des obligations industrielles déja émises se plombe .La prime de risque pour l’émission de nouvelles obligations donne un coup de pied au C… de notre cher TED spread et un petit tour de manivelle au crédit crunch.On sent confusement que le point critique n’est pas loin et que ce n’est pas le moment pour la Fed de donner une chiquenaude dans la falaise, chère à Paul Jorion.

  16. Avatar de tigue
    tigue

    @surhumain.
    Les marges de manoeuvre de l’ etat US sont bien meilleures que ce que vous signalez dans vos liens. Vous devriez lire ceci, pour comprendre le phenomene deflationniste qui précède l’ inflation future.

    http://tropicalbear.over-blog.com/article-22805419.html

  17. […] Article communiqué par Paul Jorion […]

  18. Avatar de LeSurHumain

    @ tigue

    Vous avez probablement mal interprété mes propos.

    Je ne dis pas nationaliser la Fed pour cause de « faillite » à venir ; elle n’a en principe théoriquement aucune limite quant à la masse monétaire qu’elle peut émettre ; quoique, lorsque la confiance dans cette monnaie devenue fictive s’arrêtera…

    Je dis nationaliser (rendre national, rendre à la nation), dé-privatiser la banque centrale étasunienne par choix politique pour que les États-Unis disposent de nouveau du droit d’émission de leur monnaie et de leur crédit au seul bénéfice de la nation, des collectivités et des citoyens ; pour que l’arnaque à la dette publique s’arrête enfin !

    En effet, comment les intérêts des banques privées propriétaires de la Fed peuvent-ils coïncider avec ceux des citoyens et aller dans le sens du bien commun ?

    C’est de l’antagonisme à l’état pur, de la dictature monétariste, de l’antidémocratisme inique & cynique, du fascisme larvé voire de l’esclavagisme sournois ! Qui plus est lorsque cette même Fed bat la monnaie des échanges internationaux pour le reste du monde !

  19. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Il ne faut quand même insister sur le fait que les décideurs de la politique de la Fed ne sont pas les banques actionnaires mais les sept membres du Bureau des Gouverneurs, lesquels sont nommés par le Président des Etats-Unis, cette décision étant soumise à l’approbation du Congrès.

    Je suis d’accord que le manque de transparence de la Fed au sujet de l’allocation des lignes de crédits et des actifs pris en gage a quelque chose de scandaleux, étant donné qu’il s’agit de l’argent des contribuables mais je suis sûr que si d’aventure la Fed divulguait ces informations, la bande de vautours qui s’est acharnée sur la dépouille de Lehman et d’autres institutions ne manqueront pas de se jeter sur de nouvelles carcasses. Ces vautours sont tellement rapaces qu’ils n’hésitent pas à se bouffer eux-mêmes, comme l’illustre cette info lue l’autre jour sur Bloomberg, à savoir que Goldman a recommandé à certains de ses clients de dumper les obligations municipales de l’Etat de Californie dont elle était elle-même la banque émetrice.

  20. Avatar de LeSurHumain

    @ Ton vieux copain Michel

    Effectivement à la Fed, le Bureau des Gouverneurs décident tandis que les banques actionnaires encaissent les bénéfices !

  21. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Vous oubliez de mentionner qu’une très grande partie de ces bénéfices, plus de 95%, retourne au Trésor américain.

  22. Avatar de LeSurHumain

    @ Ton vieux copain Michel

    Ah !

    Pourriez-vous nous expliquer cela ?

  23. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Il y a un accord entre la Fed et le Trésor pour qu’elle ristourne une grande partie des bénéfices. A l’arrivée il ne reste plus que 1% environ aux banques actionnaires. Lire ceci, par exemple.

    Who Gets the Fed’s Profits?

    Gary Kah and Thomas Schauf have also maintained that the huge profits of the Federal Reserve System are diverted to its foreign owners through the dividends paid to its stockholders. Kah reported « Each year billions of dollars are ‘earned’ by Class A stockholders of the Federal Reserve » (Kah, p. 20). Schauf further lamented by asking, « When are the profits of the Fed going to start flowing into the Treasury so that average Americans are no longer burdened with excessive, unnecessary taxes? »

    The Federal Reserve System certainly makes large profits. According to the Board’s 1995 Annual Report, the System had net income totaling $23.9 billion, which, if it were a single firm, would qualify it as one of the most profitable companies in the world. How were these profits distributed? By an agreement between the Board of Governors and the Treasury, nearly all of the Fed’s annual profits are paid to the federal government. Accordingly, a lion’s share of $23.4 billion, which represents 97.9 percent of the Federal Reserve’s net income, was transferred to the Treasury. The Federal Reserve Banks kept $283 million, and the remaining $231 million was paid to its stockholders as dividends.

    Given that less than one percent of the Fed’s net earnings are distributed as dividends, it seems that an investor could easily find much more profitable ways to store their wealth than buying Federal Reserve stock. Regarding Schauf’s lamentation, the Federal Reserve System has been paying its profits to the Treasury since 1947.

    http://www.usagold.com/federalreserve.html

    Concernant les mythes qui courent au sujet de la Fed, lire ceci :

    http://www.geocities.com/CapitolHill/Embassy/1154/flaherty.html

    Bloomberg a certainement de bonnes raisons de pousuivre la Fed devant les tribunaux pour manque de transparence. Il également tout à fait justifié de critiquer la politique monétaire de la Fed car le crédit facile a été une des causes principales de la bulle. Quant à Greenspan, son opposition systématique à davantage de régulation fait de lui le responsable en chef de la crise. Tous ces arguments sont recevables et justes. Mais l’idée que la Fed n’a pour seul but que de détourner l’argent des citoyens américains est une imputation over the top, totalement exagérée.

  24. Avatar de LeSurHumain

    @ Ton vieux copain Michel

    By an agreement between the Board of Governors and the Treasury, nearly all of the Fed’s annual profits are paid to the federal government. Accordingly, a lion’s share of $23.4 billion, which represents 97.9 percent of the Federal Reserve’s net income, was transferred to the Treasury. The Federal Reserve Banks kept $283 million, and the remaining $231 million was paid to its stockholders as dividends.

    Petite explication sur le fonctionnement de la Fed (arrêtez-moi si je me trompe) :

    Le « Federal Reserve Act » définit ainsi la mission de la Fed : « maintenir en moyenne une croissance des agrégats monétaires et de la quantité de crédit compatible avec le potentiel de croissance de la production, de manière à tendre vers les objectifs suivants : 1) un taux d’emploi maximum ; 2) des prix stables ; 3) et des taux d’intérêt à long terme peu élevés. »

    Le bureau des gouverneurs est l’organe dirigeant de la Réserve fédérale, dont le siège est à Washington. Il compte sept membres nommés par le président des États-Unis et confirmés par le Sénat américain. Leur mandat est de quatorze ans non renouvelable. Celui du président est de quatre ans renouvelable sans limite. Malgré ce processus de désignation, l’institution est en pratique quasiment indépendante du pouvoir politique. Le gouverneur dépose néanmoins régulièrement devant les commissions des affaires monétaires et financières du Congrès.

    La Réserve fédérale est détenue par douze « Regional Federal Reserve Banks », et est donc à ce titre, une institution privée. Ce statut est censé lui assurer l’indépendance de ses choix vis-à-vis du gouvernement. La Réserve fédérale ne reçoit pas de subsides du congrès pour son fonctionnement.

    Chacune des douze « Regional Federal Reserve Bank » possède sa propre zone de chalandise (« District Reserve Banks ») regroupant plusieurs états ou portion d’état, parfois représentée au niveau local par l’une des 25 succursales du réseau. Chaque banque commerciale se trouvant dans la zone géographique de l’une des « Regional Federal Reserve Banks » est obligatoirement actionnaire de celle-ci.

    La « Federal Reserve Bank of New York » est donc la plus importante des douze banques du réseau, car c’est à elle qu’échoit la supervision de l’une des plus importantes places bancaires mondiales. Elle concentre plus de 40 % des actifs des banques régionales, et constitue aussi la plus grande réserve d’or du monde avec 9.000 tonnes en dépôt en 2006 dont seulement 2 % appartiennent aux États-Unis, mais dont les principaux propriétaires sont une cinquantaine d’états étrangers, des organismes internationaux et quelques particuliers.

    Elle joue également un rôle majeur puisque que c’est elle qui exécute les opérations de marché décidées par le comité de politique monétaire pour faire varier les fonds fédéraux. Elle peut aussi intervenir sur le marché des changes à la demande du Trésor américain. Son président est membre permanent du Comité de politique monétaire.

    En revanche, les parts détenues par les banques régionales dans la Réserve fédérale ne sont ni échangeables ni vendables, et ne peuvent être mises en gage pour dégager des fonds. De plus, ces parts rapportent un coupon fixe (dividende) de 6 % annuel.
    http://www.federalreserve.gov/generalinfo/faq/faqfrs.htm#6

    Et finalement, l’excédent de capital généré par les activités de la Réserve fédérale peut être cédé au budget fédéral, mais en aucun cas aux banques régionales actionnaires. Ceci exclut donc le risque d’une instrumentalisation pure et simple des capacités de la Réserve fédérale par ses actionnaires.

    En 2007 par exemple, les bénéfices de la Fed ont été de 38,716 millions de dollars ; la Réserve fédérale a contribué positivement au budget fédéral à hauteur de 34,598 millions de dollars (soit 89.36% des bénéfices); les dividendes versés aux banquiers membres se sont élevés à 992 millions de dollars (soit 2.56% des bénéfices) ; et 3,126 millions de dollars (soit 8.07%) ont été transférés au capital de la Fed (cad augmentation de capital) pour « surplus and change in accummulated other comprehensive loss ».
    http://www.federalreserve.gov/boarddocs/rptcongress/annual07/sec6/c3.htm#t2

    Alors c’est 1%, 6 % ou 2.56% ?

    Que représente la ligne intitulée « surplus and change in accummulated other comprehensive loss » ? It is often attributable to gains and losses yet to be realized from a variety of sources including unrealized pension costs, gains and losses on securities and derivatives, foreign currency hedges and net foreign investments.

    La Réserve fédérale décide de manière définitive de la politique monétaire américaine, l’organe décisionnaire étant le « Federal Open Market Committee » ou FOMC, ce qu’on peut traduire par « Comité fédéral pour les interventions publiques sur les marchés de taux d’intérêt » équivalent d’un « Comité de politique monétaire ». Il siège au moins huit fois par an. Il est composé des membres du bureau des gouverneurs, du président de la « Federal Reserve Bank of New York » et, par rotation, de quatre autres représentants des « Regional Federal Reserve Bank ». Un compte-rendu de la réunion est rendu public au bout de trois semaines.

    Le FOMC se fixe des objectifs sur le taux au jour-le-jour du marché monétaire américain, les Fed Funds. Pour y arriver, les instruments dont il dispose sont : 1) le taux d’escompte ; 2) le taux des réserves obligatoires ; 3) et surtout les opérations sur les marchés de taux d’intérêt, essentiellement sur des emprunts d’État courts.

    En revanche, la valeur externe du dollar américain (USD) est, elle, du strict ressort du gouvernement fédéral, et la Réserve fédérale se garde bien de la commenter sauf, éventuellement, et avec de sérieuses précautions oratoires, quant aux effets inflationnistes ou déflationnistes de son évolution.

    La FED n’utilise pas d’objectifs intermédiaires clairement déterminés pour guider sa politique monétaire ; elle a abandonné la politique de suivi strict des agrégats monétaires (M3 notamment). Elle pratique une politique de fine tuning (réglage fin), ajustant ses taux plus fréquemment que ses homologues, ce qui la rend plus réactive.

    24 Mars 2006 : M3 n’est plus publié par la Réserve fédérale US !
    Le monde n’a plus aucune information fiable sur la valeur réelle du Dollar.
    http://www.choix-realite.org/forum/viewtopic.php?id=3400&p=1

    Donc pour résumer : les banques commerciales situées sur le territoire américain sont actionnaires des « Regional Federal Reserve Banks » qui sont elles-mêmes actionnaires de la Fed et elles se sont donc redistribuées entre elles 2.56% des bénéfices de celle-ci en 2007 tandis que 8.07% de ces même bénéfices ont servi à augmenter le capital de la Fed pour … !!! POUR ???

    Expliquez-moi svp ?

  25. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Apparemment, les bénéfices étaient de 1% en 1995 mais de 2,56% en 2007. Bénefs à se partager entre toutes les banques actionnaires. J’imagine que les dividendes sont en sus. J’ignore à quoi sert l’augmentation de capital. Je ne suis ni banquier ni comptable.

    Il n’en reste pas moins que: 1. Les banques-actionnaires ne décident pas de la politique monétaire des Etats-Unis. C’est le Board of Governors, nommé par le Président avec l’approbation du Congrès et surtout le FOMC. 2. Une grande partie des bénéfices retourne à l’Etat. 3. Aucune banque étrangère et aucune banque d’investissement américaine ne peut être actionnaire de la Fed.

  26. Avatar de LeSurHumain

    3% (871 sur 34,195) en 2006 !

    Mais ce qui m’interpelle c’est cette histoire des 3 milliards (8% du bénéfice) d’augmentation de capital en 2007 pour « surplus and change in accummulated other comprehensive loss” !

    Quelqu’un pourrez-t-il nous expliquer cette ligne et ce processus d’augmentation de capital de la Fed ?

  27. Avatar de LeSurHumain

    Pour 2006 : 4,272 sur 34,195 soit 12.50% des bénéfices !!!

  28. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Oui mais un bénef à se partager entre un grand nombre de banques-actionnaires; Au final, ça représente relativement peu au regard de bénéfices réalisés par ces banques sur leurs activités. En cliquant sur les sites spécialisés, vous pouvez constater que les profits de Citibank pour 2006 étaient de 19,2 milliards USD et ceux de Bank of America de 16,5 milliards.

  29. Avatar de LeSurHumain

    @ Ton vieux copain Michel

    Nous sommes bien d’accord, néanmoins je souhaiterais vraiment comprendre ce que veut réellement dire cette ligne :
    « transferred to surplus and change in accummulated other comprehensive loss »
    La Fed semble donc transfèrer ainsi une partie de ses bénéfices pour les réintégrer dans son capital !!!
    http://www.federalreserve.gov/boarddocs/rptcongress/annual07/sec6/c3.htm#t2

    La seul indication que j’ai trouvé au sujet de « surplus and change in accummulated other comprehensive loss » est :
    « It is often attributable to gains and losses yet to be realized from a variety of sources including unrealized pension costs, gains and losses on securities and derivatives, foreign currency hedges and net foreign investments.  »

    Kézako ?

  30. Avatar de Patrick Barret
    Patrick Barret

    Voici une petite trouvaille interactive bien intéressante pour comprendre les rouages, les relations et le fonctionnement du « Federal Reserve System » (Fed) !

    http://www.muckety.com/Federal-Reserve-System/5000702.muckety

    Amusez-vous bien.

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