L’ange et la bête

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

La ruse de la raison, c’est l’un d’entre nous écrivant : « Le débat tourne en rond ! Il est évident que comme je l’ai déjà dit… », à la suite de quoi il pense se répéter mais tenant inconsciemment compte des objections à son raisonnement qu’il a lues, il l’explique beaucoup mieux que la fois précédente. Et c’est pourquoi ce débat avance. A la vitesse sans doute de l’invention du calcul différentiel (trois cents ans) mais tout aussi prometteur que lui.

Je suis retourné à ce passage de Modern Money Mechanics le document de la Federal Reserve Bank of Chicago sur lequel Eminence Thenar a attiré notre attention et qu’il propose comme preuve que les banques commerciales créent de la monnaie. Je l’avais d’abord lu en diagonale et je m’étais dit : c’est une explication un peu longuette de l’effet multiplicateur dû aux réserves fractionnaires. Puis j’y étais retourné et je l’avais lu pas à pas et c’était bien ça : la création monétaire, inconnue au bataillon.

Or je viens de terminer la lecture des contributions accumulées au cours du weekend (deux journées passées sur les rochers de Laguna Beach et à regarder les oiseaux persécuter les petits poissons dans la réserve ornithologique de Bolsa Chica) et je me suis demandé une fois de plus : comment est-il possible que je lise le même texte que d’autres et que j’y lise le contraire exact de ce qu’eux y voient ? Et j’ai vu : une phrase que j’ai dû lire à chaque passage et que j’ai dû disqualifier à chaque fois avec le même haussement d’épaules mental :

« Of course, they do not really pay out loans from the money they receive as deposits. If they did this, no additional money would be created. What they do when they make loans is to accept promissory notes in exchange for credits to the borrowers’ transaction accounts ». (MMM : 6-7).

Pourquoi écrire la chose suivante en introduction d’un exposé sur l’effet multiplicateur dû aux réserves fractionnaires ?

« Bien sûr, les prêts ne sont pas vraiment accordés à partir de l’argent qu’elles reçoivent en dépôt. Si c’était le cas, aucun argent supplémentaire ne serait créé. Ce qu’elles font quand elles accordent des prêts, c’est accorder des billets à ordre [reconnaissances de dettes] en échange d’un crédit sur les comptes où les emprunteurs passent leurs transactions »

Première remarque : la traduction de « money » en français, c’est argent, monnaie, c’est : « currency », c’est de l’argent qui est créé, pas de la monnaie, mais ce n’est pas essentiel, ce qui est essentiel, c’est le « pas vraiment » dans « … les prêts ne sont pas vraiment accordés à partir de l’argent qu’elles reçoivent en dépôt ». Pourquoi ce « pas vraiment » ? On l’apprend tout de suite après : « … pour que de l’argent supplémentaire soit créé ». Et pourquoi a-t-on besoin de cette notion que de l’argent supplémentaire a été créé : pour expliquer qu’il n’y a pas de miracle dans ce qui se passe grâce à l’effet multiplicateur dû aux réserves fractionnaires.

Je pourrais en rester là : dire qu’il s’agit d’une tournure de phrase malheureuse dans un document qui s’adresse non pas à des techniciens mais au public curieux de comprendre comment fonctionnent les dépôts et les prêts dans les banques commerciales. Mais je vais creuser davantage car il y a plus à lire dans la phrase « … les prêts ne sont pas vraiment accordés à partir de l’argent qu’elles reçoivent en dépôt ».

J’ai travaillé dans la banque pendant dix-sept ans et quand je lis un document destiné au public dire : « Ne vous y méprenez surtout pas, l’argent sur votre compte à vue est à l’abri de toute mésaventure ! Oui, nous prêtons de l’argent, mais ne croyez surtout pas que ce soit le vôtre ! Le vôtre est là, il ne bouge pas, reprenez-le quand vous voulez ! Ce que nous faisons, c’est que quand vous déposez de l’argent nous créons un clone de votre argent, et c’est ce clone que nous prêtons en échange d’une reconnaissance de dettes », j’élimine cela mentalement en me disant « Pas mal trouvé ! cela évite qu’il n’y ait des zozos qui lisent ça et se précipitent à leur banque pour retirer leurs sous et provoquent une panique bancaire. On leur dit : ce n’est pas vraiment votre argent qu’on prête, et ils sont moins inquiets ! ».

En disant ça, on rassure ceux qui craignent les paniques bancaires – en leur mentant, en prétendant que ces paniques ne peuvent pas avoir lieu – et on a créé – ex nihilo ! – une toute nouvelle catégorie, non plus d’inquiets mais cette fois-ci d’indignés : ceux qui sont convaincus maintenant que les banques commerciales créent de l’argent de toutes pièces plutôt que de prêter celui qui dort sur les comptes courants. Bravo !

Je ne sais pas pourquoi on a retiré le document MMM de la circulation : on a peut–être trouvé malvenus le « pas vraiment » ou le « aucun argent supplémentaire ne serait créé ». Malheureusement le fait qu’on l’ait retiré conforte l’idée qu’il y avait là un secret bien gardé que la finance avait malencontreusement révélé… et qu’elle s’efforce maintenant de dissimuler à nouveau !

Pascal a dit : « Qui veut faire l’ange, fait la bête » et il ne connaissait même pas le document de la Federal Reserve Bank of Chicago !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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59 réponses à “L’ange et la bête”

  1. Avatar de moderato-cantabile
    moderato-cantabile

    Vous voilà arrivé vous même à suggerer un « complot » des banquiers dans la communication faites aux néofites. Je ne conteste pas d’ailleurs que les publicités puissent être mensongères.
    Mais c’est oublier que l’argent que forme les dépots est rarement de la monnaie fiduciaire. En général il s’agit des virements (comme les salaires) et qui ne sont pas suivis par une quantité égale de billets qui arrivent dans les coffres des banques.
    Si un jour les bénéficiaires des comptes seraient paniqués et qu’ils iraient retirer en billets leurs dépots, les banques seraient mises en difficulté.
    Donc, les banques n’utilisent pas les dépots pour accorder des crédits, tout en étant dans l’incapacité de fournir autant de billets que le total des comptes déposés chez elles.

  2. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    Bonjour à tous. J’ai eu envie de raconter mon point de vue à travers une petite histoire que j’espère un peu humoristique afin de garder une ambiance détendue 🙂 Je caricature volontairement certaines interventions qui ont eu lieu sur ce blog. Croyez bien que ce n’est pas là une mauvaise moquerie de ma part. Au contraire, c’est plutôt l’inverse. J’espère n’offusquer personne :

    – Mais tout de même. Si la Fed elle-même reconnait qu’elle crée de l’argent. Qu’est-il besoin de vouloir à tout prix montrer le contraire ! C’est pas la peine d’être plus sataniste que les banquiers !
    – Normalement on dit plus catholique que le pape.
    – Oui, ben je tourne mon adage comme il me plait.
    – Allons allons, je suis sûre qu’il y a tous moyen de nous entendre. Il est vrai que les anti-ex-nihilistes vont devoir s’expliquer. Qu’est-ce qui vous permet donc de contredire ainsi la Fed ?
    – Je sais pas trop si on peut dire anti-ex-nihiliste. Ça sonne bizarre quand même.
    – On s’en fout. C’est pas du tout le sujet ! Moi je trouve que ça manque de rigueur tout ça ! Ce blog, c’est quand même remplit de gros nases qui devraient faire une petite thèse en physique nucléaire avant de l’ouvrir pour ne rien dire.
    – Moi je vais m’expliquer en termes mathématiques. Il y a les hypothèses, les définitions, puis ce que l’on déduit de ces hypothèses et de ces définitions.
    La définition de l’argent que je pose, c’est : quantité numérique que les gens peuvent échanger contre des biens et des services.
    L’hypothèse numéro 1, c’est que les banques pour toute la durée de l’émission d’un crédit, doivent posséder une quantité supérieure d’argent que celle correspondant au crédit émis.
    L’hypothèse numéro 2 est que les chiffres qui sont inscrits à la banque comme étant l’argent des déposants reste inchangés une fois le crédit passé.
    Maintenant nous allons démontrer que l’argent du crédit ne provient pas d’une création : La définition de l’argent stipule que celui-ci doit pouvoir être échangé contre des biens et des services. Or, une fois un crédit émis, le chiffre inscrit à la banque comme étant l’argent des déposants, et restant inchangé (selon l’hypothèse numéro 2) n’est pas utilisable pour concrétiser un échange, car cela violerait alors l’hypothèse numéro 1. Ce chiffre n’étant pas utilisable pour un échange, il ne répond pas à la définition de l’argent, il ne correspond donc pas à de l’argent.
    – Ah ouais d’accord. He SavantCosinus, le forum de math c’est à coté.
    – Et oh, si on ne s’écoute pas les uns les autres on n’arrivera à rien.
    – Ouais, déjà qu’en s’écoutant c’est pas gagné…
    – Moi je trouve qu’on avance. Elle est sympa votre démonstration. Cependant, il me semble que vous avez uniquement prouvé que l’argent des déposants n’était plus de l’argent une fois le crédit émis. Vous n’avez pas prouvé que l’argent provenant du crédit n’était pas créé ex-nihilo.
    – Effectivement… Vous avez raison… Je ne vois pas comment le prouver formellement. On voit bien que c’est au moment de la création du nouvel argent pour le crédit que l’argent des déposants est détruit. Cependant, compte tenu des hypothèses, je ne vois pas d’opérations logiques permettant d’en déduire que c’est en fait l’argent des déposants qui est utilisé pour le crédit.
    – Alors c’est bien comme on disait ! Et de toute façon la Fed aussi le dit : ‘The actual process of money creation takes place primarily in banks’.
    – Oui, on sait ça. C’est justement pour ça qu’on en débat. Moi je comprends pas tout ces trucs d’hypothèses et tout ça. Mais franchement ça parait évident que c’est l’argent des déposants qui est prêté.
    – Non mais c’est pas croyable, il va falloir le dire combien de fois : ‘The actual process of money creation takes place primarily in banks’. ‘The actual process of money creation takes place primarily in banks’. C’est clair maintenant ?
    – Et tu sais quoi, Dieu il t’a donné deux oreilles et une bouche. Ça veut dire que tu dois deux fois plus écouter que parler.
    – S’il vous plaît, si on commence à parler de Dieu on est pas arrivé. On pourrait revenir au débat ?
    – Moi je la trouve bien cette démonstration. Mais c’est vrai qu’elle ne prouve pas formellement que les banques ne créent pas d’argent. Cependant est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Si l’argent des déposants est inutilisable, le processus est vicié quoi qu’il arrive.
    – Alors on est d’accord : les banques créent bien de l’argent.
    – Oui, si on veut. Mais comme cette création à lieu en même temps qu’une destruction, il y a matière à se demander en quoi c’est une création.
    – Peut-être, mais en fonction des hypothèses, SavantCosinus n’a pas pu établir de lien direct entre les deux.
    – Mais je ne m’appelle pas SavantCosinus…
    – Ça c’est cool. C’est un peu comme le principe de non-localité de la physique quantique, quand on fait un truc à une particule et que ça fait la même chose instantanément à une autre particule à l’autre bout de la pièce, sans relation de cause à effet temporelle.
    – Le processus de création d’argent est quantique alors ?
    – Tu m’étonne qu’on y comprenne rien !
    – N’exagérons rien… je crois qu’on peut aussi ramener les choses a une citation scientifique bien connu, qui vient de bien avant la physique quantique : ‘Rien ne se perd, rien ne se crée… etc…’

  3. Avatar de benoit
    benoit

    Réaction à l’article de Paul « L’ange et la bête »: 😉 , 😉

    J’ai travaillé dans la banque pendant dix-sept ans et quand je lis un document destiné au public dire : « Ne vous y méprenez surtout pas, l’argent sur votre compte à vue est à l’abri de toute mésaventure ! Oui, nous prêtons de l’argent, mais ne croyez surtout pas que ce soit le vôtre ! Le vôtre est là, il ne bouge pas, reprenez-le quand vous voulez ! Ce que nous faisons, c’est que quand vous déposez de l’argent nous créons un clone de votre argent, et c’est ce clone que nous prêtons en échange d’une reconnaissance de dettes », j’élimine cela mentalement en me disant « Pas mal trouvé ! cela évite qu’il n’y ait des zozos qui lisent ça et se précipitent à leur banque pour retirer leurs sous et provoquent une panique bancaire. On leur dit : ce n’est pas vraiment votre argent qu’on prête, et ils sont moins inquiets ! ».
    En disant ça, on rassure ceux qui craignent les paniques bancaires – en leur mentant, en prétendant que ces paniques ne peuvent pas avoir lieu – et on a créé – ex nihilo ! – une toute nouvelle catégorie, non plus d’inquiets mais cette fois-ci d’indignés : ceux qui sont convaincus maintenant que les banques commerciales créent de l’argent de toutes pièces plutôt que de prêter celui qui dort sur les comptes courants. Bravo !

    Bien vu, Paul 😉 !
    Cela sonne « terriblement » juste ce que vous décrivez Paul.

    Je veux dire par là que le processus par lequel vous décrivez l’intention cachée à l’intérieur d’un texte, et les réactions que suscite l’ignorance même de cette intention, me semble si crédible, me parle tellement, résonne dans tout mon corps comme « oui, oui, oui… », comme quelque chose que je connais tant et tant, quelque chose que je reconnais comme EXPERIENCE, la mienne sans fin, expérience de toute une vie au contact des hommes : ces quiproquos qui font les grands fossés. Quand on ne s’adresse pas au même plan. Car il y a un implicite. Il y a un « sous-jacent », logique, qui ne peut être dit, sinon il casse la raison d’être du propos, la vraie fonction du texte, la démonstration.

    Et pourquoi tous ces non-dits ? Tout simplement parce que toute parole qui se veut utile a quelque chose de plus urgent à traiter que la vérité : la peur des hommes. Tant que celle-ci prédomine…

    La peur, ça fait des dégats terribles…

  4. Avatar de b(r)ankignole
    b(r)ankignole

    Il n’y a pas que Modern Money Mechanics.
    Le site de la Fed de Chicago a mis a disposition d’autres textes, ils ont tous été enlevés parce qu’ils étaient utilisés par des citoyens pour des recours en justice.

    D’ailleurs heureusement qu’ils ont fait ca, c’est ce qui aujourd’hui garantit l’authenticité de ces documents.

    La FED est une société privée qui ne paye aucune taxe (idem pour BCE et FMI)
    Voir le petit film ici http://www.endthefed.us/

    A voir également:
    MONEY FACTS
    SUBCOMITTEE ON DOMESTIC FINANCE
    COMMITTEE ON BANKING AND CURRENCY
    HOUSE OF REPRESENTATIVES
    88th Congress, 2nd Session
    SEPTEMBER 21, 1964

    Et surtout:
    Money Economic Balance ou il est stipulé clairement:
    Commercial banks are important financial institutions because they can create money — Money’s Economic Balance, Federal Reserve Bank of NY, P 17 (8th ed., 1979).

  5. Avatar de benoit
    benoit

    PS
    Ne vous meprenez pas :
    Je ne prone pas le mensonge en tant que tel (loin de la !), mais la responsabilite.

    Ignorer les mouvements de foule, ses paniques, sa violence, sous pretexte du principe de ne dire que la verite, peut s’averer lourd de consequences gravissimes, c’est a dire irresponsable au regard de l’Histoire.

    Les choses de la vie, et du pouvoir, ne sont ni toutes blanches, ni toutes noires. Il faut tenir compte de la realite telle qu’elle est, meme si (et surtout) cette realite ne correspond pas a nos souhaits.

    Meme si j’aime la verite, l’authenticite, je dois admettre qu’il y a des mensonges meritoires… 😉

  6. Avatar de Eminence Thénar
    Eminence Thénar

    Je crois que cette jurisprudence peut clore le débat :

    En 1969, un cas à la cour d’affaire du Minnesota a opposé un certain Jerome Daly à sa banque (First National Bank of Montgomery) car elle voulait saisir sa maison qu’il n’arrivait plus à rembourser…

    La défense de Mr Daly était basée sur le contrat d’hypothèque passé entre les 2 partis : la banque et lui-même.
    Un contrat doit légalement être basé sur l’échange d’une forme de contrepartie contre une autre.

    Mr Daly expliqua devant le jury que cet argent prêté n’était pas en réalité celui de la banque car il était créé à partir de rien au moment de la signature de l’accord de prêt, que cet argent n’était pas tiré des actifs de la banque mais que la banque l’inventait en ne mettant absolument rien en jeu qui puisse lui appartenir…

    Dans le mémorandum du juge, il est noté que le directeur de la banque, Lawrence V. Morgan (de la famille de J.P. Morgan ?), reconnaissait « que la banque avait créée de l’argent […] ou des avoirs sur ses livres comptables ».

    Le jury délibéra et admis qu’aucune contrepartie n’avait été apporté par la banque lors du contrat de prêt.
    Il rejeta la demande de saisie de la banque et Mr Daly conserva sa maison…

    Le jury ajouta sur le procès-verbal que « seul Dieu peut créer quelque chose de valeur à partir de rien ».

    Vous trouverez sur ce lien tous les procès-verbaux :

    http://www.lawlibrary.state.mn.us/CreditRiver/CreditRiver.html

    La source est crédible, il s’agit des archives officielles de justice de l’état du Minnesota : http://www.lawlibrary.state.mn.us/

    Il suffit de consulter le premier (« Judgment and Decree ») pour lire :

    « Mr. Morgan admitted that all of the money or credit which was used as a consideration was created upon their books, that this was standard banking practice exercised by their bank in combination with the Federal Reserve bank of Minneapolis, another private Bank, further that he knew of no United States Statute or Law that gave the Plaintiff the authority to do this. »

    « Plaintiff admitted that […] the money and credit first came into existance when they created it. »

  7. Avatar de et alors
    et alors

    meta-point de vue résumé (para, neo..) qui peut s’avérer utile et semble en tous cas valider ce que nous FAISONS pour l’instant. (l’ange…et/ou..la bête par exemple).
    http://www.nonfiction.fr/article-1941-comprendre_le_marche__une_tentative_ambitieuse.htm

  8. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    J’ai parfois le sentiment que l’on a déplacé la question qui est au centre de la crise actuelle, à savoir le problème des « dérivés de crédit » par une autre question qui est celle de la « monnaie de crédit », c’est-à-dire celle de la monnaie au sens large créée par le crédit bancaire. Les opérations des banques sur les « dérivés de crédit » pour le compte de tiers ou leur compte propre ont représenté ces dernières années près de 40% des bénéfices des grandes banques. C’est précisément en raison du fait que les bénéfices réalisés sur l’octroi de crédits classiques aux particuliers ou aux entreprises ne permettaient pas aux banques de réaliser les niveaux de rentabilité attendus par les actionnaires que celles-ci se sont lancées dans ces nouvelles pratiques risquées avec les conséquences que l’on sait.

    Le débat autour de la monnaie de crédit est intéressant mais à mon sens, il s’agit d’un autre débat que celui des instruments dérivés de crédit. Et les réponses apportées à ces deux questions sont profondément et radicalement différentes. La réponse (à mon sens, radicale et ambiguë) apportée par Paul Jorion à la question des dérivés de crédit est « Pas de paris sur l’évolution des prix » tandis que la réponse apportée par ceux qui veulent réformer de fond en comble le système bancaire de la monnaie de crédit est d’une toute autre nature. Elle est encore plus radicale, si radicale que l’on est en droit de se demander si elle autorise encore le principe de l’investissement à long terme. Ce serait quelque chose comme « Pas de paris sur l’avenir » car elle interdit aux banques d’octroyer des crédits qui ne seraient pas gagés sur la « production réelle » c’est-à-dire pour le dire concrètement, sur des commandes réelles.

  9. Avatar de Stubborn
    Stubborn

    Nous ne vivons pas dans un monde arbitraire, nous vivons dans un monde injuste.

  10. Avatar de Patrick Barret
    Patrick Barret

    @ Paul Jorion

    Pour être très exact au sujet de votre citation : « Qui veut faire l’ange, fait la bête »

    L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête.
    Blaise Pascal, Pensées, vi, 358.

    @ Archimondain

    À la fin du siècle dernier, la science a proclamé une grande vérité, à savoir, qu’en fait de matière rien ne se perd ni rien ne se crée dans la nature; tous les corps dont les propriétés varient sans cesse sous nos yeux ne sont que des transmutations d’agrégation de matière équivalente en poids.
    Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, II, i.

    @ b(r)ankignole

    The Federal Reserve Bank is the Cause of Our Financial and Economic Crisis !
    End the Fed

    @ Eminence Thénar

    En 1969, un cas à la court d’affaire du Minnesota, à impliquer un homme nommé Jerome Daly qui récusait la saisie de sa maison par la banque qui lui avait fait le prêt pour l’acheter.
    Son argument était que le contrat d’hypothèque exigeait que les deux partis, lui et la banque, aient chacun établi une forme légitime de propriété pour l’échange.
    Dans le jargon légal, ceci est appelé contrepartie [base d’un contrat. un contrat est fondé sur l’échange d’une forme de contrepartie pour une autre].
    M. Daly expliqua que cet argent n’était pas, en réalité, la propriété de la banque.
    Car il était créé à partir de rien au moment de la signature d’accord du prêt.
    Vous rappelez-vous ce que « Modern Money Mechanics » déclare à propos des prêts ?
    Ce qu’ils font, lorsqu’ils accordent un prêt, c’est accepter des obligations en échange de fonds.
    Les réserves sont inchangées par la transaction d’un prêt.
    Mais, déposer des fonds constitue un ajout au total des dépôts du système bancaire.
    En d’autres termes, l’argent ne vient pas de leurs actifs existants. La banque l’invente simplement, ne mettant en jeu rien du tout, hormis son obligation théorique sur papier.
    Alors que le jugement du litige progressait, M. Morgan, le président de la banque, déposa son témoignage.
    Et dans le mémorandum personnel du juge, il rappela que « le plaignant » – le président de la banque – « admis que, avec la participation de la Réserve Fédérale […] a créé de l’argent ou des avoirs sur ses livres comptables.
    L’argent et les avoirs ont vu le jour lorsqu’ils les ont créés. M Morgan admis qu’aucune loi des États-Unis lui permettant de réaliser ceci n’existait.
    Une contrepartie légitime doit exister et être remise pour entretenir l’obligation.
    Le jury n’a pas trouvé de contrepartie légitime et approuve.
    Il ajouta aussi, poétiquement, « Seul Dieu peut créer quelque chose de valeur à partir de rien ».
    Et, sur cette révélation, la court rejeta la demande de saisie de la banque, et Daly garda sa maison.
    Les implications de la décision de cette court sont immenses.
    Car à chaque fois que vous empruntez de l’argent à une banque, que ce soit pour une hypothèque ou une facture par carte de crédit, l’argent que l’on vous donne n’est pas seulement contrefait, il est illégitime comme forme de contrepartie.
    Et, par conséquent, annule le contrat de remboursement car la banque n’a jamais été en possession de cet argent.
    Malheureusement, de telles jurisprudences sont supprimées et ignorées.
    Et le jeu du transfert perpétuel de biens et de la dette perpétuelle continue.
    Ce qui nous amène à l’ultime question :
    Pourquoi ? »
    Extrait du documentaire « Zeitgeist Addendum »

  11. Avatar de jlm

    Pour n’avoir que surfé sur ce débat, je vais néanmoins expliquer l’état de mes préjugés : j’utilise deux logiques et, selon les circonstances, « je switche » entre l’une et l’autre.

    Dans la première logique, « l’argent » est un signe dans un « système comptable »

    Lorsque Paul raisonne dans le cadre de la conservation des quantités, alors je suis entièrement d’accord – les banques ne créent pas d’argent au travers de l’effet multiplicateur –

    Accessoirement : faire brûler de faux billets usagés et les faire remplacer par des neufs authentiques, mais aussi toute autre manipulation éventuellmement dissimulée dans un recoin tordu du système, ne changerait rien au principe selon lequel les Banques ne créent pas d’argent, il y a aurait fraude, c’est tout ! Naturellement, pour expliquer cette création en terme de « non-création », les banques frauduleuses seraient obligées de tricher avec la logique et de contrevenir en un point ou un autre avec les principes d’identité, de non-contradiction, de tiers exclu .

    Dans la seconde logique, « l’argent » joue comme signe « dans une relation sociale ». Selon cette perspective, pour l’argent qui dort sur un compte pendant qu’il est prêté, il n’y a pas conservation des quantités ! En effet, l’argent dormant sur un compte favorisera un mariage entre deux familles de la bonne société, en même temps que prêté, il permettra à un couple de croire un temps à son installation. Par dessus le marché et dans le même mouvement, il assouvira de plus la rapacité du prêteur intermédiaire… il y a inflation du signe : à terme, les espérances de tous seront déçues.

    Certes, la seconde logique enrobe la première, c’est pourquoi il est nécessaire que Paul démonte l’illusion de la création d’argent comptable par les banques, avant que d’être à même d’opérer une critique de la création de rapports sociaux illusoires par l’argent.

  12. Avatar de Shiva
    Shiva

    @b(r)ankignole

    La BCE est un organe indépendant des autres institutions européennes et des États membres, mais:

    – Les membres du directoire sont nommés d’un commun accord par les chefs d’État ou de gouvernement des États de la zone euro
    – Elle agit strictement dans le cadre des missions que lui confie l’union européenne
    – Elle est tenue d’agir en toute transparence présenter toute son activité aux instances européenne mais aussi au grand public
    – Son capital est entièrement constitué par les BCN…

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=DB3E1035435F99530C0D4F4B75C8EEAE.tpdjo08v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006169958&cidTexte=LEGITEXT000006072026&dateTexte=20081209

    Difficile dans ces conditions de parler de « société privée », non ?

    @tous
    Sur la capacité des banques à disposer le la monnaie des DAV légalement:
    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=1B66119C66DC2CEA1BA9C62C08E4FB50.tpdjo08v_1?cidTexte=LEGITEXT000006072026&idArticle=LEGIARTI000006652050&dateTexte=20081209&categorieLien=cid

    Pas d’ambiguïté ici…

  13. Avatar de Moi
    Moi

    @Patrick Barret : cette histoire de Jerome Daly contre une banque qui lui avait fait crédit ressemble très fort à un hoax (un canular). J’ai fait quelques recherches mais je n’ai pas retrouvé de documents officiels sur le procès en question. Par contre, il y a beaucoup de sites américains peu sérieux (libertariens et autres foldingues) qui en parlent mais parfois avec des variantes importantes. Ainsi dans certains cas Jerome Daly est procureur et non pas plaignant. L’année du procèes change aussi régulièrement.
    Donc, j’ai un gros doute. Avez-vous une référence sérieuse à nous fournir sur ce cas?

    PS: Normalement, la référence du procès est celle-ci: 294 Minn 351, 200 NW2d 913. Mais je l’ai retrouvée dans un site répertoriant les procès où les plaignants avaient des arguments farfelus (c’est courant aux USA). Par contre, je ne trouve pas les actes en question.

  14. Avatar de samedi
    samedi

    @ Ton vieux copain Michel

    vous dites : « la réponse apportée par ceux qui veulent réformer de fond en comble le système bancaire de la monnaie de crédit est d’une toute autre nature. Elle est encore plus radicale, si radicale que l’on est en droit de se demander si elle autorise encore le principe de l’investissement à long terme. Ce serait quelque chose comme “Pas de paris sur l’avenir” car elle interdit aux banques d’octroyer des crédits qui ne seraient pas gagés sur la “production réelle” c’est-à-dire pour le dire concrètement, sur des commandes réelles. »

    Je pense que c’est mal résumer la position de la plupart des intéressés. Le problème n’est pas que la monnaie soit créée ex-nihilo, et il ne s’agit pas de supprimer le mécanisme de la dette privée ou publique. Sauf à imaginer un système non capitaliste, comme le système écosociétal dans lequel nul n’a besoin de disposer d’argent avant d’entreprendre, puisque la monnaie y est créée et détruite au moment même de la production et de la consommation des biens qu’elle sert à échanger.
    Autrement, personne n’entend supprimer le système du crédit, que je sache.

    Le problème est d’abord celui de la justification des intérêts dans le cas d’une monnaie créée ex-nihilo. Je ne discute pas, ici, de la formule. Quand je prétends qu’il est illégitime qu’une banque prélève des intérêts en proportion des crédits qu’elle octroie, parce que de fait, au bilan, une partie importante de la monnaie prêtée est simplement crée par elle, certains me répondent que ce qu’elle prête, elle doit d’abord l’emprunter, et qu’elle prélève non les intérêts payés par les clients emprunteurs mais un différentiel d’intérêt (entre les derniers et les intérêts versés aux prêteurs). C’est oublier que :

    – tout se passe comme si elle prêtait l’argent de ses déposants, non pas seulement ceux de ses créanciers ;

    – la multiplication est distributive : peu importe qu’il s’agisse des seuls intérêts perçus ou de différentiels d’intérêts entre crédits et emprunts, ou même de ce différentiel encore diminué de tel ou tel impôt sur les bénéfices ou sur le CA, et peu importe que seul un pourcentage de la monnaie prêtée soit créée ex-nihilo : il s’agit toujours de bénéfices proportionnels au volume de monnaie prêtée, donc à celui de la monnaie sortie d’un chapeau.

    Là-dessus, certains relativisent ce scandale en disant que cette activité – créer la monnaie pour la prêter – n’est pas plus illégitime que la rente en général. C’est oublier qu’on peut garder un système capitaliste en changeant de régime d’émission de monnaie. C’est oublier que le rentier ordinaire ne crée pas sa monnaie, et justifie la rente par une prise de risques de pertes de pouvoir d’achat effective, ce qu’il prête étant de la monnaie légalement échangeable contre une monnaie à cours forcé, à la moindre exigence. Tandis que la banque commerciale, nous l’avons dit, est en situation de faillite permanente et, nous l’avons assez vérifié, se fait sauver la mise au besoin.

    On me dit : normal que la banque prélève des intérêts en proportion de la monnaie qu’elle fait circuler, puisque, prêtant de l’argent qu’elle emprunte, elle devient elle même l’assureur, pour le tout. Et on ajoutera : d’ailleurs, quand il y a des défaillances, ses profits diminueront. C’est mal voir le décalage d’échelle :

    – soit, quand tout se passe bien, la banque devrait n’empocher que l’intérêt équivalent à celui auquel elle emprunte, plus une prime pour payer le travail effectivement fourni (pas la valeur du service comprise comme proportionnelle à la somme prêtée – ça, c’est la société qui l’a rendu), et dans ce cas il est normal que la société, l’État, les contribuables, paient les pôts cassés en cas de faillite bancaire (remettent les comptes en l’état et renflouent un peu la trésorerie de la banque pour que celle-ci poursuive son activité) ;

    – soit la banque perçoit des intérêts proportionnels à la monnaie qu’elle sort d’un chapeau, et dans ce cas elle assume effectivement ses risques, pass seulement quand tout va bien… mais lors de sa faillite le jour où elle se produit. Autrement dit, ses actionnaires, mais aussi ses clients, inévitablement…

    Certains ne semblent pas du tout ahuris d’avoir un système dans lequel les promesses de création de richesses de X, au bénéfice de la société, sont converties par une banque à son profit. Plus la société créée, donc vient d’emprunter, et se donne les moyens de créer, donc emprunte, plus elle doit de l’argent, donc des richesses futures, à une catégorie réduite de personnes. Moi, je trouve ça magique… maléfique.

    Le problème est celui d’un privilège – de création monétaire, ou, peu importe, celui de fausser ses comptes légalement, d’aliéner légalement la propriété d’autrui (que l’État vous force quasiment, par ailleurs, à faire héberger dans une banque), de mentir légalement aux citoyens en disant ne pas puiser dans leurs avoirs lorsqu’on prête à d’autres, de se prendre pour Dieu en créant de la valeur à partir de rien, … Manifestement, ce sont les facettes d’une même médaille.

    Plus largement, il s’agit du problème du pouvoir que confère ce privilège à certains et supprime au souverain supposé, disons au politique.

    Le problème est celui d’un régime, de la souveraineté, d’une communauté et de chacun de ses membres. C’est celui de savoir qui est le « us » dans la formule « In us we trust » inscrite sur les billets ou projettée sur toute autre forme de monnaie (scripturale) que nous sommes contraints d’utiliser, …

    Qui parle d’interdire, en ce sens, les paris sur l’avenir ? Qu’on le veuille ou non, la monnaie de demain sera nécessairement la maruqe d’une promesse de payer en richesses réelles, une réserve de pouvoir d’achat, … donc porteuse d’engagements pour l’avenir. Engagaments pris par d’autres, puisque la monnaie sert aux échanges. L’économie est toujours affaire de partage, comme dit B. Maris, et il s’agit évidemment de savoir avec qui on vit, partage, pose des conventions, des lois, et à quelles conditions on est disposé à faire confiance… librement, non pas parce qu’on y est contraint.

    L’erreur que vous commettez, dans votre message, il me semble, est de considérer que, puisqu’il faut créer de la monnaie pour investir (produire), alors cette monnaie devrait être créée par les banques. Pourquoi ? Pourquoi, au motif qu’elles ont pour fonction de prêter, devraient-elles créer la monnaie elle-même ? Pour assurer leur rôle, ne leur suffit-il pas de prêter à X de la monnaie fournie par Y ?

    La solution que nous défendons avec AJH – il le fait, indépendamment et de manière moins radicale que le système monétaire écosociétal – consiste à obliger les banques à emprunter à la Banque centrale l’intégralité de la monnaie qu’elles prêtent (hors de celle qu’elles détiennent effectivement ou empruntent sur le marché).

  15. Avatar de Moi
    Moi

    @Patrick Barret:

    Soit vous êtes très naïf, soit vous essayez de faire passer des idées tendancieuses en frisant la malhonneteté intellectuelle. Sur le même site que vous nous proposez en lien, proposant les questions les plus fréquentes: http://www.lawlibrary.state.mn.us/askfaq.html.
    Vous y trouverez cette question : I am looking for information about: First National Bank of Montgomery vs. Jerome Daly/The Credit River Case/Martin V. Mahoney.

    Il s’agit là d’un cas célèbre utilisé et relayé par tous les hurluberlus libertariens aux USA. Daly et le juge Mahoney étaient eux-mêmes des hurluberlus. C’est pourquoi le site propose une explication.

    En résumé de ce qui est raconté:

    – ce cas ne discute pas du crédit mais de la valeur de la monnaie fiduciaire, Daly remettait en cause les billets de banques émis par la FED. C’était une période où l’on discutait beaucoup de l’étalon-or.
    – les décisions du tribunal de paix de Credit River n’ont pas valeur jurisprudentielle (le juge est élu localement, en plus Mahoney était pote avec Daly, ce dernier étant lui-même attorney dans un autre comté).
    – Daly a fini débouté auprès de « vrais » tribunaux.

    Inutile de continuer, je vois à quoi j’ai affaire.

  16. Avatar de albert
    albert

    Pas tres clair ce debat.

    Pourquoi ne pas considerer l’argent (la monnaie, les billets de banque) comme un bien , une automobile. L’argent est donc un produit avec un fabricant et un prix.
    Le credit c’est egalement un bien ou plutot un service qui permet de retirer des billets aupres du fabricant de billets. Il a egalement un prix.

    D’ou la confusion entre credit et creation d’argent donc de billets.

  17. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @tous :
    Je suis un lecteur familier de ce blog, et j’ai une question à soumettre à tous. Au sujet de la création monétaire par les banques, les contributeurs se concentrent sur les rouages bancaires, sur la mécanique interne de la machine. Je regarde l’activité de la banque Tirelire par rapport au législateur, et j’en déduis l’apparition de bénéfices créés ex-nihilo que l’on peut transformer accessoirement en argent ayant cours légal, merci à ceux qui m’expliqueront où je me trompe :

    La banque Tirelire a pendant les années 2005, 2006 et 2007 déclaré des bénéfices de l’ordre de 5 milliards d’euros. Pendant ces années d’euphorie, les actifs de la banque Tirelire laissaient apparaitre des « créances » que les banquiers, à cette époque, jugeaient comme crédibles, des promesses de bon et vrai argent. En Août 2007, les créances composants l’actif de la banque sont jugées toxiques.

    A/ Entre les années d’euphorie et le début de la crise, les mêmes produits financiers passent d’une note « excellente » à la mention « toxique. »

    B/ La Banque Tirelire est française, elle est soumise à un impôt de 50% sur ses bénéfices, qu’elle a payé rubis sur l’ongle pendant les années « open-bar ».

    C/ Si les actifs de la banques sont désormais jugés « toxiques », cela signifie qu’ils l’étaient également pendant les années fastes, donc le bénéfice déclaré ces années là est faux, mensonger de fait. Le bilan était en fait déséquilibré, le bénéfice déclaré par la banque Tirelire devait être moindre.

    D/ Pourtant l’Etat a empoché l’impôt payé par la banque Tirelire, soit 2.5 milliards d’euros. Cet impôt calculé à partir des bénéfices libellés en euros est de l’argent qui n’aurait pas dû exister, puisque les créances dont on n’espérait un gain se sont transformées en perte, à terme.

    E/ La nature de l’argent, s’il n’est pas présenté sous sa forme fiduciaire, dépend de celui qui le regarde, à partir d’un bénéfice créé ex-nihilo par jeu d’écriture, l’Etat perçoit 2.5 milliards d’euros de vrai et bon argent. Il y’a eût création ex-nihilo de bénéfices exprimés en euros. La banque Tirelire reporte son bénéfice sur son livre de compte, l’Etat peut accessoirement servir de lessiveuse à « argent sale » par le biais du prélèvement de l’impôt, les 50% restants sont distribués aux ayants-droits de la banque, ses actionnaires et supers cadres dirigeants …

    Où est-ce que je me trompe ?

  18. Avatar de Patrick Barret
    Patrick Barret

    @ Moi

    Le site « lawlibrary.state.mn.us » est un sous domaine (la librairie juridique) du site « state.mn.us » qui est bien le site officiel de l’État du Minnesota des États-Unis d’Amérique !

    Concernant la suite de cette affaire que vous venez de m’apprendre :
    http://www.lawlibrary.state.mn.us/askfaq.html#credit

    Je ne suis pas un spécialiste (et mon anglais juridique est loin d’être parfait) et ne puis donc me prononcer. Il n’en demeure pas moins qu’un jugement à bien était rendu et que c’est de celui-ci dont nous parlions Eminence Thénar et moi-même (en relayant le contenu d’un documentaire récent).

    La recherche de la vérité n’est pas un chemin facile.
    De plus, l’erreur est humaine mais la justice des hommes ne l’est pas toujours !

    Bien à vous.

  19. Avatar de Patrick Barret
    Patrick Barret

    @ Moi

    Puisque vous semblez vous y connaître, peut-être pourriez-vous répondre à une de mes demandes sur ce blog :
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=931#comment-12040

  20. Avatar de bernard
    bernard

    @ Ton vieux cop…

    « Le débat autour de la monnaie de crédit est intéressant mais à mon sens, il s’agit d’un autre débat que celui des instruments dérivés de crédit. Et les réponses apportées à ces deux questions sont profondément et radicalement différentes. La réponse (à mon sens, radicale et ambiguë) apportée par Paul Jorion à la question des dérivés de crédit est “Pas de paris sur l’évolution des prix” tandis que la réponse apportée par ceux qui veulent réformer de fond en comble le système bancaire de la monnaie de crédit est d’une toute autre nature. Elle est encore plus radicale, si radicale que l’on est en droit de se demander si elle autorise encore le principe de l’investissement à long terme. Ce serait quelque chose comme “Pas de paris sur l’avenir” car elle interdit aux banques d’octroyer des crédits qui ne seraient pas gagés sur la “production réelle” c’est-à-dire pour le dire concrètement, sur des commandes réelles. »

    Je suis aussi bien de l’avis que l’intérêt principal du débat repose sur les instruments monétaires dérivés de tous ordres, et donc en particulier on ne doit pas oublier les instruments « dérivés » du crédit, sous prétexte qu’ils se fondent dans le paysage.

    En ce qui me concerne, je persiste à penser que la monnaie, et de toute espèce, est quelque part de la « fausse monnaie », en ce sens qu’elle a perdu toute valeur d’usage (sauf peut-être pour allumer les cigares de Serge Gainsbourg) depuis l’abandon de l’étalon-or (et encore ne s’agissait-il principalement pas d’usage mais de durabilité ).
    Elle ne doit donc pas être considérée comme une « richesse », et sa quantité n’a quasi rien à voir avec le bien-être d’une population, et sa croissance en quantité n’a rien à voir avec un quelconque « progrès ».

    Sur le débat de sa création par les banques, je ne vois cependant (sauf erreur de ma part) guère s’opposer que deux populations: celle qui pense que la création de monnaie par le crédit n’existe pas et celle qui voit cette création directement dans les effets multiplicateurs permis par les taux de réserve.

    Or, il me semble que c’est uniquement l’intérêt versé par l’emprunteur qui vient directement grossir la masse monétaire globale et ceci au profit de la banque. ( Je mets de côté l’intérêt associé aux assurances associées à l’emprunt, qui me paraît légitime (au niveau d’une gestion coopérative), et qui devrait d’ailleurs éliminer toutes les dispositions hypothécaires associées au prêt, ce qui éviterait les drames associées à la défaillance de l’emprunteur).

    Peut-on nier cette création? A mon sens, non.

    Cela est dû a l’instrument «intérêt» qui est tout simplement l’instrument «dérivé» n°1 du capitalisme.
    Tellement « avantageux » que toute la bataille des banques a été de faire baisser les réserves fractionnaires, actuellement à travers la « plastic money » permettant d’éliminer pratiquement la demande de billets par l’usager.

    C’est aussi l’effet d’un des premiers « avantages comparatifs» historiques (ici appliqué au créancier sur l’emprunteur), la recherche et l’exploitation de nouveaux AC constituant le principal moteur théorique de l’économie capitaliste.

    Avec comme conséquences un mouvement de croissance « systémique » de la masse monétaire, corrigé par des crises inévitables, accompagnées d’une concentration capitalistique accrue au bénéfices de ceux qui ont pu convertir leur masse monétaire en titres de propriété en temps utile, ou vont bénéficier des faillites de concurrents.

    Nous venons de voir le cas du prêt aux particuliers.

    Le cas du prêt d’investissement aux entreprises est similaire: ici, l’intérêt est remplacé par un « dividende » (instrument dérivé n°2) attendu par les patrons actionnaires, et, de plus, pour une durée indéterminée. L’investisseur prend certes un risque, mais devient le patron et contraint l’entreprise à créer du profit, et pour cela fait jouer toute la panoplie des « avantages comparatifs », dont ceux de la mondialisation ne sont que les avatars les plus récents, et qui jouent le plus souvent contre les travailleurs de l’entreprise.

    Ce dividende ne se justifie pas plus, qui crée la fuite en avant de la masse financière et la soumission des moyens de production et, in fine, de la société tout entière à la loi du profit capitaliste.

    La logique voudrait que la gestion des entreprises soit du type associatif, entre les mains de ses travailleurs (parmi lesquels on trouve généralement les fondateurs, et les éléments dynamiques), le financement étant réalisé par l’emprunt, du même type que l’emprunt privé et piloté par des banques centrales proches du système actuel.

  21. Avatar de béber le cancre

    Ce problème d’argent n’est il pas comparable à une pelote de laine salement emmélée?

    Il me semble que le rôle d’une banque est , entre autre, de gérer les crédits.
    C’est un bon début de compréhension pour un ignare ,non ?.

    Et donc, certains crédits seront remboursés, d’autres pas , mais … sur la quantité, du moins la plupart du temps , la défaillance des uns est compensée par la réussite des autres .
    Dans ce cas là, que la banque ait l’argent en caisse ou pas importe peu , qu’il ait été inventé ou pas , cet argent, tout celà n’a pas d’importance , puisque l’argent prété reviendra au bercail ( avec les zintérêts , c’est le but avoué du jeu) .

    Qu’arrive t’il quand la banque ne peut plus compter que sur un taux de défaillance trop élevé ?.
    A la limite elle coule ( plouf!) ,et ceux qui avaient encore des remboursements à lui faire ne doivent plus rien puisque l’entreprise qui leur a prété n’est plus là pour réclamer ….
    Ha mais çà se passe pas comme çà chez Mac Banquier !

    L’argent du banquier sert pour la vie de tous les jours ! Si l’argent « inventé » et prété ne revient pas à la maison , ce ne sont plus les crédits remboursés qui pallient aux problèmes des cédits jamais remboursés , c’est les comptes courants …
    Ha ben non alors !

    C’est là que sarko est arrivé, dans son costume doré , qu’il a sauvé nos zéconomies… en empruntant !

    La réponse à la situation actuelle n’est elle point qu’ une banale façon de soigner le mal par le le mal :  » Un problème de crédit ? Empruntez ! »

  22. Avatar de Moi
    Moi

    @Patrick Barret : oui, il s’agit bien d’un site officiel et ce n’est pas le site que je remets en cause puisque c’est de là que je me suis fait mon opinion: « Although he did not ultimately prevail, this case has been celebrated by many of those groups and individuals that practice « law on the edge » as we call it in our pathfinder at http://www.lawlibrary.state.mn.us/lawedge.html. »
    Le site fait ici référence à des groupes anti-taxe, libertariens et d’extrême-droite. Je fais peut-être de l’amalgame mais je vois le genre, comme tout américain le ferait en lisant ce passage (cinglés de la gachette du mid-west, poseur de bombes à oklahoma city, unabomber, etc).

  23. Avatar de Greg
    Greg

    @Moi

    Excusez-moi, mais ce qui importe dans ce jugement, ce n’est pas tellement les suites de l’affaire, ou par quels groupe elle a été mise en avant, mais plutôt le fait que le directeur de la banque a bien admis avoir créé de la monnaie scripturale ex-nihilo, ce qui résoud une partie du débat en effet.

  24. Avatar de Fred L.
    Fred L.

    @ Samedi

    « Là-dessus, certains relativisent ce scandale en disant que cette activité – créer la monnaie pour la prêter – n’est pas plus illégitime que la rente en général. C’est oublier qu’on peut garder un système capitaliste en changeant de régime d’émission de monnaie. C’est oublier que le rentier ordinaire ne crée pas sa monnaie, et justifie la rente par une prise de risques de pertes de pouvoir d’achat effective. »

    Les banques disposent d’un monopole sur l’émission de crédit, cela leur permet de capturer une partie du surplus; cela n’est pas différent de l’aristocratie anglaise qui louait ses terres et touchait une rente parce qu’elle détenait un monopole sur les terres cultivables (il n’y avait aucune prise de risque dans ce cas).- J’ai volontairement généralisé le problème pour que l’on cesse de parler de scandale : il y a beaucoup de gens qui se sont posés vos questions et nulle conspiration du silence, simplement un système complexe de domination. Vous pourriez dire exactement la même chose, et crier au scandale à propos de la propriété privée (ce qu’a d’ailleurs fait Proudhon).

    « L’erreur que vous commettez (…) est de considérer que, puisqu’il faut créer de la monnaie pour investir (produire), alors cette monnaie devrait être créée par les banques. Pourquoi ? Pourquoi, au motif qu’elles ont pour fonction de prêter, devraient-elles créer la monnaie elle-même ? Pour assurer leur rôle, ne leur suffit-il pas de prêter à X de la monnaie fournie par Y ?

    Non! Parce que jusqu’à preuve du contraire, l’Etat non plus ne sait pas combien de monnaie créer : l’incertitude qui voile la teneur des paris sur l’avenir vaut pour tous; aussi bien l’Etat, que les banques et tous les autres argents de l’économie. Quand vous supposez qu’en transférant à la banque centrale le pouvoir des banques, vous centralisez le système dans l’espoir de vous rapprocher de l’idéal monétariste d’une monnaie exogène au système économique.

    Par ailleurs, vous acceptez sans vous en rendre compte la conception libérale de l’économie, puisque vous supposez que tout investissement devrait s’appuyer sur une épargne préalable, le taux d’intérêt équilibrant le marché du crédit. C’était peut-être vrai en des temps reculés (?), mais il y a longtemps que cela ne fonctionne plus du tout ainsi: c’est l’investissement qui – si les paris se réalisent – engendre un niveau de richesse qui à son tour provoque une épargne venant couvrir l’investissement initial. C’est le vieux paradoxe de l’épargne, que l’on trouve par exemple chez Keynes. – De ce point de vue, votre proposition serait le meilleur moyen d’éterniser la crise actuelle, car vu l’état de l’épargne existante, sans pari (déficit) sur l’avenir, on peut toujours attendre les investissements.

    @Bertrand

    « C/ Si les actifs de la banques sont désormais jugés « toxiques », cela signifie qu’ils l’étaient également pendant les années fastes, donc le bénéfice déclaré ces années là est faux, mensonger de fait. Le bilan était en fait déséquilibré, le bénéfice déclaré par la banque Tirelire devait être moindre. »

    C’est là qu’il me semble que vous faites erreur : l’investissement se fait en incertitude; en droit, la non rétroactivité de la loi est un principe fondamental; eh bien c’est pareil en économie; à l’époque, les actifs étaient jugés SAINS; si l’on pouvait prévoir comment évoluent les investissements, le problème disparaîtrait. – Vous commettez ce que Bergson aurait appelé une illusion rétrospective : après coup les bulles paraissent peut-être ridicules, mais tant qu’elles durent, elles font consensus, parce qu’à l’époque on ne savait pas (ce qu’on sait aujourd’hui).

  25. Avatar de Eminence Thénar
    Eminence Thénar

    @ Moi :

    Concernant l’affaire Jerome Daly bien sûr que ce jugement a été critiqué, ridiculisé et oublié…

    Vous imaginez les conséquences de celui-ci : légalement on pourrait ne plus rembourser les emprunts bancaires car ceux-ci ne respectent pas le contrat de prêt puisque les banques ne fournissent aucune contreparti…

    Ce jugement, s’il se propagait, mettrait fin au privilège des banques de pouvoir créer la monnaie pour la prêter, réclamer un intérêt dessus et pouvoir récupérer une hypothèque en cas de défaut de remboursement !
    Le monde serait tout autre…

    Alors bien sûr, il est facile de dire que Daly est un huluberlu, qu’il est super pote avec le juge etc…
    Tout est fait pour discréditer ce jugement et protéger les intérêts des banques.

    Pensez-vous qu’un homme seul a autant de poids que le système bancaire pour ridiculiser l’autre et le faire taire ?

    Alors ce jugement est récupéré par des groupes « anti-systèmes »… Ben ils ont bien raison de le faire et on peut leur en remercier ! D’ailleurs je récupère moi-même ce jugement sans aucun état âme ! Il est tellement riche d’enseignement…

    Toute personne honnête doit désormais reconnaître que les banques créent à partir du néant les sommes prêtées lors des crédits ! La preuve est absolu, le directeur de la banque l’a reconnu sous serment lors d’un procès officiel devant témoins!

    Ensuite vous parlez d’un autre procès où cette fois Daly critique la FED, c’est un procès de 1971, deux ans après celui de la saisie de sa maison.

    Les « vrais » tribunaux qui n’ont pas confirmé tout ces jugements sont surement plus dépendants des pouvoirs en place…

    Opinion personnelle : la justice n’existe pas, ni en France, ni ailleurs !

  26. Avatar de Candide
    Candide

    Cette histoire de Daly est à mettre sur le même plan que celle, toujours en cours, qui concerne l’inconstitutionnalité de l’impôt sur le revenu aux USA. Il y a une vidéo sur ce sujet sur le Web, par le célèbre réalisateur Aaron Russo (Un fauteuil pour deux, etc.), lequel est décédé (mystérieusement et commodément selon certains) après la sortie du film…

    Le site officiel est : http://www.freedomtofascism.com/downloads/dvd.php

    Quand à la vidéo, je ne sais plus où on peut la visionner. YouTube ou DailyMotion, probablement.

  27. Avatar de fab
    fab

    Eminence Thénar,

    Vous dites : « Toute personne honnête doit désormais reconnaître que les banques créent à partir du néant les sommes prêtées lors des crédits ! »

    En êtes-vous sûr et ne pensez-vous pas que cette affirmation mériterait tout de même un bref débat ?

    En particulier, ne pensez-vous pas que l’on pourrait reformuler ainsi :

    Toute personne honnête doit désormais reconnaître que les banques créent à partir de la conviction que l’humanité va continuer à jouer au monopoly, les sommes prêtées lors des crédits !

    Et partant, ne pensez-vous pas que le fait pour l’humanité de jouer au monopoly puisse être assimilé au néant ?

  28. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    Cela ne change pas grand chose de dire que l’argent est créé, tant que l’on reconnait que cette création est accompagné d’une destruction de somme équivalente. Maintenant, c’est la question des intérêts qui se posent. Les intérêts monétisent le temps. Ceux qui n’ont pas d’argent deviennent esclaves de ceux qui en ont.

    Il convient de considérer les choses en gardant bien en tête que nous sommes dans tous les cas esclaves de notre condition humaine. Ce temps libre que nous possédons, nous devons l’utiliser pour travailler, ne serait-ce que pour se nourrir. Maintenant, le système actuel empire-t-il les choses ? Jusqu’à quel point va cette subordination forcée d’une personne à une autre par le système économique ?

    Je me permets de replacer ici une excellente intervention de Rumbo, venant d’un autre post :

    voici une approche statistiquement documentée extraite d’un bulletin antérieur à la liste des bulletins figurant dans le site de ADED (Association pour les Droits Économiques et Démocratiues) écrit par Denis GAUCI, son président
    c’est el bulletin N°18 du Deuxième trimestre 2003,
    extrait:
    Essayons de calculer le nombre de victimes de cette guerre économique. Si la planète entière pouvait bénéficier de la même espérance de vie que dans les pays les pus “riches”, soit 78,5 ans (en 2003), nous pourrions écrire: 6 milliards divisé par 78,5 = 76,4 millions de morts “naturelles” par an. Sachant que pour des raisons économiques, l’espérance de vie à l’échelle mondiale n’est que de 67,5 ans (et c’est une estimation optimiste car l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne est en dessous de 50 ans) nous pouvons connaître le nombre réel de décès par an, soit:
    6 milliards divisé par 67,5 = 88,8 millions dont 76,4 millions de morts naturelles et 12,4 millions de morts pour cause “économique”. Ce qui fait par jour: 12,4 millions divisé par 365 = 34 000 par jour. C’est un “rendement” excellent. Pour envoyer prématurément les humains dans l’au-delà, notre système monétaire est infiniment plus performant que tous les conflits armés. (fin de l’extrait)

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