Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Aujourd’hui, j’étais parmi les décideurs. Ils parlaient des décisions qui avaient été prises et de celles qui seraient prises. Ils étaient conscients que d’autres ailleurs prenaient d’autres décisions, et il fut question ainsi des Chinois et des Américains. On comprenait de ce qu’ils disaient que certaines choses dans le monde allaient à l’encontre de ces décisions passées comme futures, choses qui étaient évoquées avec une certaine irritation, comme autant de vaines contrariétés.
J’étais parmi les décideurs parce qu’ils voulaient m’entendre. On me demanda quand j’en eus fini si j’avais noté l’attention avec laquelle j’avais été écouté. Je dis oui, je dis : « J’ai noté le grand silence ! » On me dit « Ah ! Vous avez noté le silence ! », et c’était vrai parce que quand c’était un décideur qui parlait, il y avait un grand brouhaha, chacun vaquant à ses affaires, tous en apartés les uns avec les autres, quand ce n’était pas au téléphone. J’avais remarqué aussi tous les « Ah ! » et tous les « Oh ! » qui ponctuaient l’expression de mes opinions sur l’état du monde. J’avais le sentiment d’être un poète invité à la cour, et je connaissais la grande satisfaction de voir mes poèmes tout particulièrement prisés.
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