Darwinisme, concurrence et truffes du Périgord, par Dissonance

Billet invité.

DARWINISME, CONCURRENCE ET TRUFFES DU PERIGORD

Le travers darwiniste.

Il est amusant de constater à quel point la démocratisation de l’éducation conduit à la démocratisation des idées reçues. Et en la matière, le darwinisme, encore appelé évolutionnisme, en porte une part non négligeable. Ainsi donc, contrairement à une croyance fortement répandue, il n’existe pas une unique manière d’envisager le darwinisme, mais bel et bien deux. La première de ces conceptions sera qualifiée de vaniteuse: Par le jeu des mots et de leur sens, nous, humains, étant parmi les plus récentes espèces apparues, nous avons eu beau jeu de nous qualifier d’espèce la plus évoluée. Voilà qui est flatteur, et sans doute vrai dans une certaine mesure, mais ceci induit un biais fort peu appréciable au raisonnement.

L’autre, antagoniste, est la conception humble. Et voici comment elle apparaît. Succinctement, si l’on souhaite faire une représentation graphique de l’évolution selon Darwin, on dessine un arbre, ni plus, ni moins. C’est une analogie commode qui représente bien les choses. Or, dans cette représentation on peut concevoir l’humanité comme l’un des bourgeons perché sur l’une des plus fines branches de la cime. Cette simple représentation met en relief une chose, à savoir que les plus récentes pousses soient aussi les plus fragiles, car les moins solides et les plus exposées, tandis que le tronc et ses toutes premières ramifications soient robustes, car bénéficiant de couches de matière superposées les unes aux autres au cours du temps (les cernes).

Remettant l’analogie dans un cadre homo-humain, la représentation de l’arbre est également utilisée dans cette discipline qu’on nomme généalogie. Et que peut-on déduire de cette dernière, si ce n’est ces deux choses : D’une part, effectivement, les plus jeunes générations sont celles qui portent sans doute un potentiel supérieur à celui de leurs aînés. Mais d’autre part, ces derniers ont pour eux ce qu’on appelle l’expérience de vie. En matière d’évolutionnisme, les choses sont semblables. Les mammifères en général, et les humains en particulier sont, comme les enfants d’une dynastie, ceux qui portent en eux le potentiel le plus étoffé, mais ce sont également les plus fragiles, tandis que leurs ainés, (des organismes primitifs de type unicellulaire par exemple), ont à leur actif le bénéfice de l’âge, la longévité, et donc l’expérience associée. Ainsi donc, on peut estimer que les plus aptes à la survie ne soient pas nécessairement ceux que l’on pense. On pourrait pousser ce raisonnement à son terme en rappelant l’histoire des dinosaures et de leur extinction, mais ce serait s’éloigner quelque peu du fond du propos et cela ne semble pas nécessaire.

La nature n’est pas si hostile qu’on croit.

Une seconde idée reçue, fortement chevillée aux esprits, est que la nature fonctionne selon le seul principe d’une concurrence acharnée. Pour rappel, la concurrence est à peu de choses près synonyme de compétition, ce qui implique une relation gagnant-perdant(s). Cependant, là aussi il existe une antithèse, que nos « darwiniens aînés » unicellulaires nous ont transmis, à tel point que l’essentiel de la faune bénéficie de cet héritage. Il s’agit du phénomène de symbiose.

Les cellules composant le règne animal ont ceci de remarquable que leur source d’énergie n’est pas à proprement parlé de leur seul fait. Un « intrus » s’est voici bien longtemps immiscé dans ce nid douillet. Une bactérie. Aujourd’hui, cette entité est connue sous le nom de mitochondrie. Cette protobactérie était à l’origine un organisme unicellulaire vivant indépendamment de tout autre organisme, comme nombre de ses congénères encore observables aujourd’hui. Désormais, celle-ci existe à l’intérieur des cellules animales et constitue littéralement la centrale énergétique de ces structures fondamentales. Moyennant la conversion des sucres tels qu’ils sont produits par les végétaux dans une forme utilisable par un organisme animal, notamment par ses muscles, la mitochondrie bénéficie de la protection de la membrane cellulaire, l’organisme entier étant par ailleurs « programmé » pour la nourrir.

Cette relation « gagnant-gagnant » (à mettre en opposition avec la relation concurrentielle précédemment définie) est l’un des exemples les plus spectaculaires du phénomène symbiotique, car très largement répandu, puisqu’il conditionne à lui seul l’existence de milliers (millions ?) d’autres espèces vivantes.

L’or noir du Périgord.

A l’instar de cette chère bactérie, bien d’autres organismes « aînés » mettent en œuvre ce type de relation de commun accord avec un autre organisme vivant, à différents degrés. On cite à titre d’exemple les lichens, associations d’algues et de champignons. Et de même, nos bonnes vieilles truffes du Périgord. Comme de nombreux autres champignons, les truffes s’associent aux végétaux environnants par le biais de leurs mycorhizes, leur apportant sucres, vitamines et mêmes hormones, tandis qu’elles absorbent une partie des matières premières drainées par les racines du végétal.

En conclusion, que déduire de tout cela ? Sans doute pas grand chose, si ce n’est que le principe de concurrence n’est pas une fatalité. Des organismes parmi les plus pérennes du monde vivant, merveilles de l’évolution darwinienne, démontrent à toute personne se donnant la peine de les observer qu’un autre type d’interaction que celle de la compétition, une voie mutuellement bénéfique, existe. On peut également en conclure que les truffes, c’est vraiment le top du top. 🙂

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48 réponses à “Darwinisme, concurrence et truffes du Périgord, par Dissonance”

  1. Avatar de rentacar
    rentacar

    La sélection naturelle est sérieusement maitrisée par la civilisation moderne.
    Le FMI est un pur produit de cet aboutissement ultime.
    Merci donc à Mr Strauss Kahn de mettre toute la puissance de frappe du FMI pour restaurer la confiance mutuelle. Il vient épauler au meilleurs moment la cinétique de relance de l’économie avec l’appui de l’ensemble des continents: Europe, Amérique et Asie.
    Le combat est rude mais les réserves accumulées par cette banque supra-nationale sont immenses:
    http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-38909904@7-37,0.html

    Voila un G20 qui met donc le paquet pour contrecarrer l’effet de cette crise.

    Bravo à tous les participants pour cette solution de solide compromis.

  2. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Farpaitement !!!
    En l’occurrence ce mode « organique » de gestion des projets ou même des entreprises est à la base même du monde « OpenSource » ou « Libre ».
    Il serait intéressant qu’en tant anthropologue Paul se penche sur ce phénomène peut-être pas si émergeant qu’il en a l’air, mais qui en tout cas est en train d’obtenir ses lettres de noblesses.
    En effet, il apparaît que non seulement ça fonctionne bien, mais en plus, c’est plus concurrentiel (au sens darwiniste justement) que le modèle économique de l’entreprise privée (dans le domaine des logiciels en tout cas).
    Les communautés Open Source ne sont pas organisées selon un mode hierarchique, mais selon un mode organique. Il n’y a pas de « chef » ou de décideur, mais des leaders qui peuvent orienter selon leur mérite et leur charisme la communauté, mais en aucun cas ordonner : chacun y fait ce qu’il veut. Ca peut aller du développement (programmation) a proprement parler, au débuggage, à la promotion, formation, création de manuel, support, etc… et on peut le faire gratuitement, ou en proposant des services payants.
    Ce mode de fonctionnement s’oppose clairement au monde opaque, centralisé et hiérarchique de l’entreprise « classique ».
    Il peut aisément s’adapter a d’autres domaines que les logiciels (c’est déjà le cas en partie) : le savoir (cf wikipédia), la musique, et la culture d’une manière plus générale.

    Ca rejoint parfaitement votre analogie, et a le mérite d’exister.

    D’ailleur…
    ce blog fait lui même partie de cet écosystème puisque construit à l’aide de WordPress qui est lui même un logiciel libre… 😉

  3. Avatar de rentacar
    rentacar

    5000 milliards de dollars, c’est énorme et à la hauteur de cette crise: est ce justifié pour lutter contre la sélection naturelle?

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=c21c643b89fb5308cdd439898d8d499a

  4. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Je vais être volontairement vindicatif mais je trouve dommage de ramener cette analogie à la seule farce du G20… même si vous y croyez fort, il n’empêche que ce n’est que le dernier avatar du « libéralisme-keynesien » (ho le bel oxymoron) !
    Je pense que cette analogie à plutôt sa place dans une perspective historique. Mais bon … chacun voit mini à sa porte comme on dit.

  5. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Je trouve aussi qu’on peut pousser la comparaison biologique et parler d’un autre aspect : le parasitisme…
    Je trouve bien tentant de voir la finance être devenu une sorte de super-parasite … (alors qu’a la base c’était plutôt censé fluidifier l’économie)
    Il faudrait voir jusqu’a quel point la comparaison est valable.

  6. Avatar de FRANCK
    FRANCK

    Merci à vous pour cet article.

    Il n’est pas souvent qu’on parle des truffes du Périgord en ces moments bien difficiles pour beaucoup…
    http://taoteking.free.fr/interieur.php3?chapitre=2

  7. Avatar de wobebli

    Surtout, la science de l’évolution nous apprend qu’il existe une balance entre la survie individuelle (chacun pour soi) et la survie du groupe (empathie, sacrifice, action de groupe). Les deux mécanismes sont concurrents et susceptibles d’améliorer les chances de survie d’un gène. Pour la survie de l’individu, c’est bien connu du profane, la survie de l’individu favorise la survie de ses génes. L’aspect darwinien de la solidarité l’est moins. Un jeune buffle sans enfant va combattre les lions, ce qui diminue ses chances d’avoir une descendance mais augmente celle de ses freres, soeurs et cousins juvéniles, qui ont un patrimoine génétique trés semblable au sien et vont le transmettre. Kropotkine avait déjà aperçu ce phénoméne qui explique la réussite des espéces multicellulaires et parmi elles, des especes sociales sociales.

  8. Avatar de galapiat
    galapiat

    j’avais lu une expérience avec deux groupes qui avait un problème à résoudre !
    ceux qui avaient résolu le problème beaucoup plus vite étaient ceux qui avaient collaboré
    le mode collaboratif est beaucoup plus efficace que le mode compétitif !
    La preuve par ce blog 😉

  9. Avatar de anne
    anne

    @ Rentacar
    Pourquoi voulez vous « lutter contre la selection naturelle »? Ce serait à peu près comme de vouloir lutter contre le besoin de se nourrir pour vivre. La selection naturelle ne porte ni de mal ni de bien, c’est simplement le mécanisme qui produit l’évolution . Le darwinisme ce n’est pas « la survie du plus apte », au sens où on l’entend souvent, étant entendu que pour la plupart des gens, le plus apte est un individu. Alors que l’objet de la sélection , c’est l’espèce. Le darwinisme ce serait plutot la pérennité dans l’histoire de l’évolution, des espèces qui ont pu s’adapter aux changements du milieu, adaptation qui se fait via la sélection naturelle des caractères qui vont favoriser cette adaptation, par la transmission génétique aux descendants. Ces caractères sont variables, offrent de nombreuses possibilités au vivant pour exister, et des stratégies comme la compétition, en effet, la symbiose comme dit dans l’article, mais aussi la coopération qui est très largement pratiquée par toutes sortes d’espèces de mammifères, insectes ou microorganismes.

  10. Avatar de liobod
    liobod

    Même le sénat français en parle :

    http://www.senat.fr/questions/base/1995/qSEQ950811832.html

    On est toujours la truffe de quelqu’un….

    Désolé.

  11. Avatar de logique
    logique

    Il ne faut pas non plus oublier la notion de prédation. elle existe également a tous les niveaux de la chaine évolutive. Mais la survie des prédateurs depends surtout de sa capacité a réglementer sa proliferations. Je pense que c’est ceux a qui nous a mener la ou nous en sommes économiquement parlant.

  12. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    La symbiose et la commensalité c’est bien.
    Cà marche pour le poisson clown et l’anémone ou pour le poisson pilote et le squale.
    Les pinsons nettoyeurs dans les oreilles des éléphants etc..

    Cà marche des millions d’années pour l’animal mais pas des mois pour l’homme qui est si intelligent qu’il veut toujours (toujours plus) étendre son territoire afin de ‘gagner’ de la nourriture ou de la ‘puissance’.
    Il parait que l’idée sous-jacente serait de répandre son propre ADN le plus largement possible en séduisant des femelles.
    Il y a alors compétition même et surtout à l’intérieur de l’espèce.
    Cà s’appelle alors croissance.
    Ou mieux… ‘politique’.
    Enfin des trucs pervers d’humains quoi!

  13. Avatar de quentin
    quentin

    > la représentation de l’arbre est également utilisée dans cette discipline qu’on nomme généalogie.

    D’ailleurs quand on y pense il s’agit exactement du même arbre (avec un bon zoom)…

  14. Avatar de tomate
    tomate

    Bonsoir !

    @ Attn Mr ZENTROS :

    Bon article .
    Excellent de rappeler certains faits, dont nous ne sommes, pour la plupart, même plus conscients, si ce n’est entre la séance de PS3 et le téléfilm ….
    Les exemples mentionnés concernant la symbiose, nous obligent à réfléchir et mettre en oeuvre d’autres formes sociétales et économiques de nos « structures »…
    Toutefois, ils nous faut inclure bien d’autres observations, réflexions, études, projets, réalisations , en y associant d’autres formes « maitrisées » , que l’on retrouve autour de soi: le commensalisme, le parasitisme raisonné et constructif….. Quelle soupe !!!!

    Une personne, dont le nom m’échappe, s’est exprimé un jour, en soufflant à peu près ceci :

    « Qui dérange une fleur, dérange l’univers! »
    Merveilleux !!!! Tout simplement …. quelle humilité !!! quelle sagesse !!!! quel aveu d’ignorance et de constat, également !!!
    Le « qui » est primordial….énigmatique, tout autant qu’individuel, alternatif et rassembleur …. !!!

  15. Avatar de antoine
    antoine

    Décidément cette tendance à comparer des institutions humaines à des phénomènes naturels m’agace profondément.
    Que ce soit dans le sens « darwinien » ou dans le sens « organique », ça ne change rien. Après la domination de la physique et l’étude des flux et/ou celle de la thermodynamique, voici la domination de la biologie et des modalités de « l’évolution ». On ramène une nouvelle fois le politique et l’économie à ce qu’ils ne sont pas et à ce qu’ils ne seront jamais. Je sais bien que la plupart du temps on en parle sur le mode de l’analogie ou de la métaphore. Mais il reste que même sur ce mode là en parler ainsi produit des effets de réalités en fournissant des grilles de lecture qui au mieux sont inopérantes, au pire sont dangereuses. En plus de ça elle accentuent le problème, relevé par Paul à juste titre, des dangers de la modélisation.
    Évidemment, ce genre de délire s’accompagne toujours d’une forme ou d’une autre de réductionnisme scientifique (ben oui il faut bien, à un moment, qu’un « génie » qui a pris l’analogie au pied de la lettre se sente investi de la mission sacrée de faire « coller » le niveau macro avec le niveau « micro ». On n’a pas fini de modaliser l’esprit de l’homme sous forme d’interfaces virtuelles et autres divisions « hardware »/ »software » toutes plus absurdes les unes que les autres. Demain on fait quoi, on retourne à un niveau inférieur à ce qu’avait conquis les anciens et les modernes? On se met à comparer les sociétés humaines et les hommes à des ruches, des termitières, à des modèles plus ou moins sophistiqués de parasitage, de symbiose?
    Le problème, c’est que ces représentations finissent toujours par déborder le simple cadre heuristique (qui si je ne me trompe pas est bien la perspective de l’auteur de cette remise en cause de certaines idées reçues) et à apparaître comme des descriptions plus ou moins adéquates, au mépris de toute rigueur épistémologique/philosophique (c’est à dire au mépris de toute rigueur tout court) et que des imbéciles influents finissent par les prendre au sérieux.

    Je précise que j’ai eu une mauvaise journée 🙂

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      « Décidément cette tendance à comparer des institutions humaines à des phénomènes naturels m’agace profondément. » : désolé, mais les êtres ne sont rien hors de leur environnement. Quand on verra des baleines dans le ciel et des étoiles dans la mer, on pourra en reparler. Désolé aussi d’être un peu sec, je ne vous en veux pas du tout pour votre com’. Il pose un problème de fond très intéressant. En effet, on peut discerner des structures identiques dans la nature et dans les sociétés humaines, (qui font partie des œuvres de la nature, et qui ne sauraient échapper à ses lois), ce qui vaut comparaison, mais, en même temps, il ne faut pas en tirer prétexte pour instaurer n’importe quelle loi ou objectif humains. L’eugénisme, dérivé du darwinisme mal compris, en est l’exemple caricatural.

    2. Avatar de karluss
      karluss

      euh… Crapaud, j’ai vu des étoiles dans la mer, et il y a aussi des poissons volants, peut-être pas des baleines, quoiqu’un parapluie emporté par le vent ferait peut-être l’affaire. J’ai même vu un crapaud sur un blog, et même un crapaud génial, alors … … Darwin va se relever !

      1. Avatar de karluss
        karluss

        est-il l’heure de la disparition pour Crapaud, cela fait un bail que… ah, mais non, il trouve sa piste sur une noire, ou une rouge, à dévaler les pentes avec ses palmes. On se la coule douce en Batracie ; bonnes vacances !

  16. Avatar de karluss
    karluss

    la sélection naturelle se moque bien de notre crise, si nous souillons notre berceau, l’humanité disparaîtra et dans le buisson de l’évolution notre branche cessera sa croissance.
    de profundis

  17. Avatar de Florence
    Florence

    Oui,
    d’ailleurs la terre a déjà connu 4 ou 5 épisodes d’extinction de masse (entre 70% et 90% d’espèces disparues) depuis sa naissance. Au Dévonien, à la fin du Permien, du Trias et du Crétacé. La terre peut bien se passer de nous, et la vie aussi.

    Des fois je me dis que ce qui arrive, c’est que nous les humains avons mis l’argent à la place de Dieu ; que tous les financiers et décideurs ont remplacé Dieu par le marché (et pourtant je ne suis pas croyante ni traditionaliste, que se passe-t-il pour que me viennent ce genre de pensées ?).

  18. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @antoine

    La tendance s’explique et se résume ainsi: Une idée en amène une autre 🙂
    Ce billet est le fruit d’un constat de la lecture de ce blog, où sont revenus à plusieurs occasions les deux termes composant le cœur de l’article, à savoir darwinisme et concurrence.

    Toutefois, je vous contredis sur un point: La politique et l’économie en tant que sciences humaines sont éminemment liées à la condition biologique de ceux qui les inventent et les animent. C’est par cela que ces disciplines diffèrent les sciences dites dures, purement conceptuelles.

    Ceci dit soit, je vous prends au mot et vous propose une relecture dans un cadre strictement économique de ce billet: Il s’agit d’imaginer ce que pourrait-être un modèle économique non concurrentiel, fondé par ailleurs sur un principe énoncé dans la déclaration des droits de l’homme: l’égalité des droits. Ceci est-il suffisamment économique et politique pour vous? 🙂

    Pour avoir travaillé un temps dans le domaine de l’informatique décisionnelle, j’ai pu constater que les technologies de l’information offraient des possibilités de quantification des échanges et des biens relativement fines. Je pense que l’on pourrait (si ce n’est déjà fait, pour une bonne part) quantifier l’ensemble des besoins humains par de tels procédés, et ainsi d’en déduire la production à la plus juste quantité des biens et services strictement nécessaires à chacun, faisant de ce fait voler en éclat la conception de « l’offre et de la demande », jamais remise en cause depuis son introduction par A. Smith.

    On sortirait par ailleurs dans cette conception de l’antagonisme toujours remis sur la table d’avec Marx. Il n’est en effet pas question ici de remettre en cause la notion de propriété privée. Juste de lui apporter des limites quantitatives. Le droit de propriété sans limite quantitative est de fait l’origine philosophique de la crise actuelle. C’est dans cette absence de limite que la spéculation prend ses sources, de même que la sur-exploitation des ressources naturelles. Or, le versant écologique de la crise est là pour nous rappeler que les ressources naturelles sont limitées, et le versant financier pour sa part démontre les limites du cadre spéculatif.

    @logique:

    La prédation est l’une des formes d’organisation concurrentielle qui s’oppose à la symbiose. L’autre forme étant jusqu’à récemment le parasitisme, comme l’a mentionné Ybabel. Ceci dit, Wikipédia présente le parasitisme comme une forme de symbiose, les parasites tuant leur hôte n’étant plus considérés comme parasites à proprement parlé (changement de définition scientifique datant du milieu du XXème siècle selon l’article).

    @anne:

    Merci, c’est une autre manière de le dire. « La sélection naturelle n’a de sens qu’à l’échelle d’une espèce. » Avec une phrase si bien tournée, j’aurais pu m’économiser quelques heures d’écriture 🙂

    @tomate:

    « Toutefois, ils nous faut inclure bien d’autres observations, réflexions, études, projets, réalisations , en y associant d’autres formes “maitrisées” , que l’on retrouve autour de soi: le commensalisme, le parasitisme raisonné et constructif… »

    Oui. Cela dit, tout n’est ici que question d’objectif. Si l’on admet que l’objectif soit en dernier ressort de concevoir un modèle de société supportable par l’ensemble d’une population et pérenne sur une longue période, on peut en déduire que certaines observations soient moins pertinentes que d’autres.

  19. Avatar de Cécile
    Cécile

    le néodarwinisme sociale, ce n’est pas Darwin mais Galton
    donc le néodarwinisme (en résurgence à l’époque actuelle )
    s’établit ainsi :
    la vie en société est comme dans la nature, une lutte pour la survie
    seuls les plus aptes s’en sortent : il existe un processus biosociale
    il faut encourager la reproduction des plus aptes au détriment des moins aptes

  20. Avatar de Cécile
    Cécile

    désolée c’est un processus biosocial

  21. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Dissonnance

    C’est important de dire « néodarwinisme social » et non pas « darwinisme », de ne pas mélanger Galton et Darwin, je lis les vieux livres, le néodarwinisme a servi le colonialisme, ci-dessous une définition de l’angle facial en 1910,
    C’est une copie d’un « dictionnaire d’histoire naturelle », il y a l’exposé de Darwin, après la préface, Darwin n’est pas Galton,
    SVP Dissonance, lis la définition de l’angle facial, si tu ne pressents pas la manipulation, la récupération, le détournement de Darwin, alors lis Darwin

    « ANGLE FACIAL. Le squelette de la tête est formé de deux parties chez tous les Mammifères : le crâne proprement dit, réceptacle du cerveau, et la face, qui réunit les principaux organes de sens et l’appareil de mastication. Leur développement est en raison inverse et leur situation respective en rapport avec ce développement. Chez l’homme, le crâne est volumineux et placé au- dessus de la face ; chez les animaux quadrupèdes, il se rapetisse et se porte de plus en plus en arrière. Ces deux caractères acquièrent une haute importance pour évaluer le développement du cerveau et, par conséquent, de l’intelligence. Camper, le premier, fit l’application de cette méthode et inventa l’angle facial…………………………Le degré d’ouverture de cet angle, en donnant les proportions relatives du crâne et de la face, peut indiquer d’une manière assez exact le développement plus ou moins considérable de l’intelligence chez l’homme et les divers animaux……………………………………Ainsi dans notre tête européenne, l’angle offre une ouverture d’environ 80 degrés, tandis qu’il est beaucoup moins ouvert et n’offre plus que 70 degrés dans la tête africaine. L’ouverture de l’angle facial diminue à mesure que l’on s’éloigne de plus en plus de l’homme et qu’on descend davantage dans l’échelle animale. L’angle facial est d’environ 80 degrés dans les têtes européennes, de 75 dans les têtes mongoles et de 70 seulement chez les nègres ; chez le gorille, cet angle n’est plus que de 58 degrés. Aujourd’hui, l’étude du crâne forme la base fondamentale des recherches anthropologiques. On ne se contente plus de mesurer l’angle facial, on y ajoute d’autres mensurations, et principalement le cubage de la cavité crânienne………..Les crânes des Australiens donnent en moyenne 1347 centimètres cubes, ceux des nègres de l’Afrique occidentale 1430, ceux des Chinois 1518, ceux des Parisiens 1558…………………………………………………..

    HOMME (Homo)…………………………………..
    Depuis longtemps, on a agité la question de savoir si les différentes races humaines appartiennent à une seule espèce, où si chaque contrée a eu ses espèces particulières ;…………………… « L’homme, dit Buffon, blanc en Europe, noir en Afrique, jaune en Asie et rouge en Amérique, n’est que le même Homme teint de la couleur du climat. »….Mais on a opposé de nombreuses objections à cette conception. Toutes les terres situées dans la zone torride ne sont pas comme en Afrique, habitées par des hommes de couleur noire…..Quelle distance n’y a-t-il pas du Cafre, grand, bien fait, intelligent, au Hottentot, petit, laid, obtus ; et tous deux cependant vivent depuis des siècles côte à côte……………………
    On ne connaît pas assez, actuellement encore, les nombreuses races humaines qui peuplent la terre pour donner à cette question une réponse nette……………………..D’autre part, le degré de ressemblance ne peut pas aider à établir s’il s’agit d’une espèce ou de sa subdivision, d’une variété ou d’une race. Aussi les anthropologistes modernes abandonnent-ils généralement la discussion de cette question et se borne-ils à étudier les différents caractères qui diversifient les différents types humains et à les classer.
    On étudie principalement la forme du crâne et du nez, la taille, la couleur de la peau, la couleur et la nature des cheveux. La forme du crâne a depuis longtemps attiré l’attention des anthropologistes……..Camper, généralisant cette observation, établit en principe que le degré de proéminence du front est en rapport avec celui des facultés intellectuelles………..Ainsi, de 80 à 90 degrés chez l’Européen, l’angle facial n’est plus que de 60 à 75 chez le nègre, de 35 à 40 chez l’orang et devient de plus en plus aigu en descendant l’échelle animale.
    En se fondant sur ces divers caractères, différents auteurs ont proposé des classifications très variées des races humaines. Si Linné reconnaissait cinq races humaines :1° l’américaine brune ; 2° l’européenne blanche ; 3° l’asiatique jaune ; 4° l’africaine noire ; 5° la monstrueuse, Cuvier ne considérait dans les variétés de l’espèce humaine, que trois races distinctes : 1° la blanche ou caucasique ; 2° la jaune ou mongolique ; 3° la noire ou éthiopique. Il comprenait dans la race mongolique la variété américaine. Is. Geoffroy Saint-Hilaire admettait quatre races principales : 1° caucasique ; 2° mongolique ; 3° éthiopique ; 4° hottentote. Plus tard Huxley proposait cinq races principales : 1° négroïde ; 2° australoïde ; 3° mongoloïde ; 4° xanthochroïde ; 5° mélanochroïde. Dans la classification de Topinard, le nombre de races est plus grand : dix-neuf. Et dans un des ouvrages les plus récents d’anthropologie et d’ethnographie, J. Deniker propose une classification qui ne compte pas moins de vingt-neuf races…………………………………………………………………………….
    Cependant, les nombreuses races humaines du globe se laissent ramener à un certain nombre de types, qui se distinguent entre eux par le caractère du crâne, la couleur de la peau et la nature et la couleur des cheveux. Cette division n’a pas de base scientifique indiscutable, mais elle est commode et généralement acceptée. On appelle également races ces grandes divisions. Trois races se partagent l’humanité : 1° La race blanche……500 millions d’hommes… …2° La race jaune………environ 520 millions d’hommes………….3° La race noire……..environ 136 millions d’hommes……….  « Quelque variées que soient les formes revêtues par l’Homme sous les différents climats, dit Edmond Perrier, on observe entre ces formes tous les intermédiaires possible ; on peut passer de l’une à l’autre par une infinité de transitions insensibles ; certains individus présentent des caractères tellement mixtes qu’on ne peut les rattacher à aucune race définie. Il est donc évident qu’entre les races humaines il n’existe aucune démarcation bien tranchée »…………………… ……………………………………………………………………………………………………………………….
    …Depuis…crâne de Néanderthal : en 1908, la découverte a été faite à La Chapelle-aux-Saints… quelques années plus tard………..,à La Quina……………………………………………………………………………………………….

    EUROPEENNES [ Populations ]……………………………………….La population européenne actuelle se divise en un certain nombre de peuples, dont aucun n’appartient à une seule race : tous présentent un mélange de plusieurs races, dont chacune se retrouve chez les autres peuples. Aussi les ethnographes classent-ils séparément les races et les peuples : les races d’après leurs caractères physiques, les peuples d’après la langue qu-ils parlent.
    On distingue en Europe six races principales : deux races blondes et quatre races brunes. Les deux races blondes sont : 1° La race nordique (qui se rencontre surtout dans le nord) ou germanique, de grande taille, dolichocéphale, à cheveux blonds, à yeux clairs, à face allongée avec nez droit. Les représentant de cette race se rencontrent surtout en dans les pays scandinaves, en Angleterre, en Ecosse, en Irlande, dans une partie de l’Allemagne et dans la population allemande des pays baltes. 2° La race orientale ( qui est plus répandue dans l’est de l’Europe), sous-brachycéphale, de taille peu élevée, à cheveux d’un blond cendré, à face carrée, à yeux clairs, à nez souvent retroussé. Ce type est surtout répandu chez les Blancs-Russiens, les Finlandais et les Allemands de la Prusse. – Les quatre races brunes sont : 1° La race ibéro-insulaire (en Espagne et dans certaines îles voisines en partie en France et en Italie), de petite taille, dolichocéphale, à cheveux noirs, souvent bouclés, à yeux très foncés,à peau basanée. 2° La race Cévenole (dont le type est le mieux exprimé dans les Cévennes), répandue en France, mais aussi en Italie, en Suisse, en Moravie, en Pologne. On l’a aussi appelée race occidentale, ou alpine, ou celtique. C’est une race très brachycéphale, de petite taille, trapue, à cheveux et yeux foncés, à la figure arrondie. 3° La race littorale ou atlanto-méditerranéenne (répandue sur tout le pourtour de la Méditerrannée). Elle est de grande taille, mésocéphale, brune. 4° La race adriatique, brune, brachycéphale, de grande taille, ses représentants se trouvent sur les bords de l’Adriatique, mais aussi en France et dans beaucoup d’autres pays : des Polonais, des Petits-Russiens, des Serbes, des Croates, des Slovènes présentent ses traits caractéristiques : cheveux foncés ondulés, yeux foncés, face allongée, teint un peu basané.
    ………………………………………………
    Les peuples qui habitent l’Europe se classent, d’après leur langue, en deux grands groupes : le groupe aryen, ou indo-européen, et le groupe anaryen.
    Le groupe aryen comprend trois grandes familles et trois familles plus petites ; les grandes familles sont les Latins, les Germains et les Slaves ; les petites, les Helléno-Illyriens, les Celtes et les Letto-Lithuaniens, tous d’ailleurs très mélangés au point de vue de la race.
    1° Les peuples latins sont tous ceux dont la langue dérive du latin ; ils habitent surtout le sud-ouest de l’Europe ; ce sont les Français, les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les Roumains. On trouve parmi eux des représentants de toutes les races décrites ci-dessus comme races brunes et aussi d’une race secondaire mélangée, à cheveux et à yeux plus clairs ;
    2° Les peuples germaniques comprennent les Allemands, les Anglais, les Hollandais, les Suédois, les Norvégiens, les Danois ; les langues qui les caractérisent sont l’allemand, avec ses différents dialectes (dont un a fourni la langue flamande ou hollandaise), l’anglais (qui est un mélange d’un dialecte allemand et de la langue des conquérants normands du XIe siècle, se rapprochant de la langue française) les langues scandinaves. Ces peuples sont aussi mélangés que les peuples latins, à l’exception des Scandinaves, qui appartiennent en grande majorité à la race Nordique. Les Allemands en particulier, offrent un mélange de trois races au moins.
    3° Les peuples slaves se divisent en trois groupes : le groupe oriental (Grands-Russiens, Ukrainiens, Blancs-Russiens), le groupe occidental (Polonais, Tchèques, Slovaques) et le groupe méridional (Serbo-Croates, Bulgares). Ici aussi, il y a mélange de plusieurs races, presque de toutes celles qui existent en Europe
    ……………………………………………………………………………………………………………………….et les peuples parlant les langues celtiques : les Ecossais, les Irlandais, les Bretons
    Le groupe des peuples anaryens en Europe comprend : 1° les Basques, habitant la région pyrénéenne, dans le sud de la France et de l’autre côté de la frontière espagnole ; 2° les Finno-hongriens, auxquels appartiennent les Finnois et les Hongrois, les Lapons, les Samoïedes, et certaines peuplades de l’est de la Russie et de la Sibérie (Votiaks, Permiaks, Tcheremisses, etc.) ; 3° les Caucasiens……… ; 4° les Juifs ; 5° les Turcs ; 6° les Mongols……..

  22. Avatar de quentin

    Une autre idée reçu est de croire que les singe sont nos ancêtres, alors qu’ils sont nos cousins, ou encore de croire que les poissons sont plus primitifs que les reptiles qui sont plus primitifs que les mammifères, comme s’il y avait un sens à l’évolution et comme si certaines branches avaient cessé subitement d’évoluer
    En réalité toutes les espèces vivantes aujourd’hui sont cousines et ont eu autant de temps pour évoluer les unes que les autres.

    Je ne sais pas si c’est volontaire, mais il me semble qu’il peut y avoir confusion sur la notion de « primitif » dans l’article. On parle d’espèce « primitive » quand on constate qu’il y a eu très peu dévolution sur une branche par rapport à des fossiles anciens, mais ce n’est pas le cas général.

  23. Avatar de Alain A
    Alain A

    La sélection naturelle mise en évidence par Darwin n’implique pas la guerre entre espèces mais dit seulement que celles qui sont les plus aptes à occuper une niche écologique sont favorisées et peu à peu se multiplient plus vite que les autres.
    Si l’on veut faire du bio-mimétisme (copier la nature DANS CE QU’ELLE A DE BON) il importe de réaliser que pour les question économiques et anthropologiques, centre des intérêts de ce blog, la concurrence se fait entre sociétés humaines et modes d’organisation collectifs.
    La génétique des population est dès lors plus utile que la génétique moléculaire ou le darwinisme (biosocial ou pas). On constate alors qu’entre groupes assez semblables, celui qui se développe le mieux est celui où les pratiques de solidarité, d’entraide, de protection des petits sont les plus développées. Même les loups ne se mangent pas entre eux et les hommes devraient quand même le retenir. Donc, si le capitalisme anglo-saxon échoue à unifier le monde (ce que j’espère car ce serait une perte de socio-diversité désolante), on pourra voir comment évoluent des sociétés différentes, adaptées à leur environnement historio-culturo-bio-pédo-climatique (j’en passe et des meilleures).
    Bernard Lietaer suggère que la monoculture d’une seule monnaie par zone géographique est une perte de diversité désastreuse notamment en cas de crise financière comme maintenant. Il montre que pour les monnaies aussi, une zone d’équilibre idéal se situe entre unicité efficace mais toujours fragile et diversité moins efficace à court terme mais permettant l’adaptation aux événements brutaux et imprévus.
    Donc, plutôt qu’une globalisation desséchante et dangereuse à terme, ne pouvons-nous accepter que des modèles économiques différents coexistent, échangent modérément et voient ce qui est le plus adapté à chaque situation particulière. L’impérialisme serait donc moralement condamnable, humainement destructeur mais aussi scientifiquement contre-productif.

  24. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @quentin:

    Ce mot de « primitif » était inapproprié, oui. Le « format procaryote » est primitif (c’était dans ce sens que je l’entendais), mais effectivement ce type d’organismes est celui qui bénéficie de la plus grande durée d’évolution.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_l%27%C3%A9volution

    @Cécile:

    Il se trouve que précisément, je tente de mettre en évidence par ce billet le fait que la théorie évolutionniste est l’objet d’interprétations discutables. Il me semble également que le contenu de votre citation sur l’angle facial est, dans une certaine mesure, symptomatique de ce que j’ai nommé la « conception vaniteuse » de la théorie. En l’occurrence elle la pousse même, me semble-t-il, jusqu’à l’absurde.

    @Alain A.
    « Si l’on veut faire du bio-mimétisme (copier la nature DANS CE QU’ELLE A DE BON) il importe de réaliser que pour les question économiques et anthropologiques, centre des intérêts de ce blog, la concurrence se fait entre sociétés humaines et modes d’organisation collectifs. »

    Oui, c’est une objection que je me suis faite également. C’est sans doute la limite essentielle de cette analogie.

    La suite de votre argumentation est louable, cependant elle requiert de préciser une chose: Certains modèles économiques portent en eux un objectif impérialiste. Ce qui revient à dire que ces modèles sont voués à phagocyter tout autre modèle ne suivant pas le même schéma, éradiquant ainsi toute diversité. Dit de façon imagée, le mouton est un herbivore, ce qui ne le préserve pas de se faire dévorer par le loup. A quand une diversité de modèles économiques herbivores? 🙂

  25. Avatar de antoine
    antoine

    @ Cecile
    Ou voyez vous/ A quoi voyez vous une résurgence de ce modèle, Cecile?
    Le terme « biosocial » ne veut rien dire. C’est du novlangue (Les scientifiques passent leur temps à faire ce genre de choses: ils escamotent un problème, et puis ensuite ils prétendent l’avoir résolu, alors que leur façon même de poser le problème était biaisée; ou bien ils remplacent l’énoncé du problème par un « principe », et finissent par oublier le tour de passe passe).
    Le « raisonnement » dans l’ensemble repose sur un paralogisme, dont l’aporie, bien connue, est déjà présente chez Spencer.

    @ Dissonance
    « La politique et l’économie en tant que sciences humaines sont éminemment liées à la condition biologique de ceux qui les inventent et les animent. »

    Dans l’ordre: 🙂

    1/ Tout ce qu’il y a à savoir est que l’homme est un animal politique au sens aristotélicien du terme (avec tout ce que ça implique). Ceci, je crois, définit assez bien tout ce qu’il y a à dire sur la « liaison ».

    2/ Admettons que vous souhaitiez quand même faire jouer un rôle à sa « biologie ». En général ceci nous amène à la catégorie des « besoins (vitaux) ». Il y a là un problème.
    D’abord parce que les « droits de l’homme » ne se réduisent pas à la satisfaction de besoins psychologiques et physiologiques (regardez attentivement la liste).
    Ensuite parce-que « l’égalité des droits » ne renvoie à aucun contenu substantiel déterminé sur le plan normatif (traiter deux personnes de manière identique, cela n’empêche pas de les maltraiter de manière égale).
    Enfin parce-que la référence à la biologie de l’être humain en en tant tant que tel garantit MOINS que ce que garantit toujours nécessairement moins de droit que le fait d’être un membre actif de la coopération sociale (ça ne veut pas nécessairement dire « travailler »), comme l’a montré J. Rawls. Dès le départ, mettre l’accent dur les besoins naturels, c’est PERDRE DE VUE le fait fondamental que la communauté politique est toujours déjà, avant toute chose, une entreprise de coopération sociale (ce sur quoi nous serons d’accord je pense).
    C’est pour cette raison que l’idée de droits de l’homme, associée à l’idée de « besoin » indexés sur sa biologie/physiologie, est souvent considérée comme fondamentalement a démocratique (ce qui à première vue peut paraitre contrintuitif je veux bien le reconnaître), voire comme dangereuse ou séditieuse du point de vue démocratique.

    « Faisant de ce fait voler en éclat la conception de “l’offre et de la demande”, jamais remise en cause depuis son introduction par A. Smith »
    Si vous faites allusion à son essai sur la richesse des nations, je vous opposerai son texte d’inspiration humienne consacré à la théorie générale des sentiments moraux (je vous renvoie à la brillante analyse de Harkonsen). Le fait que des économistes céllèbres par ailleurs n’aient strictement rien compris à l’articulation de sa pensée, et l’aient déformée, ne lui est pas vraiment imputable.

    Je sais bien que depuis Deleuze les concepts « organiques » tels que rhizome sont « à la mode ». Mais pour moi, penser les interactions sociales et l’idée de coopération sociale, ça impliquerait surtout de penser différents modèles d’interactions définis par la configuration stratégique des agents, qui sous-détermine la forme que peut prendre la coopération ou le conflit. De ce point de vue le « parasite » ou le « free rider » constituent des exemples intéressants. Le recours au jeu d échec, de go, à l’orchestre, à l’équipe de sport etc etc m’apparaissent plus pertinent comme éléments d’analyse que n’importe quelle référence à la mécanique des fluides… ou à la membrane de l’huitre perlière. En dehors du monde humain, ou trouveriez vous quelque chose de tel que le panoptisme? C’est là la rupture majeure entre les arts politiques (l’art royal, l’art de gouverner, l’ingénierie humaine…) et les arts techniques (ingénierie technique, sciences appliquées) car on peut très bien en revanche s’inspirer de/ imiter des processus physiques/naturels pour développer une invention technologique. Ceci tient au fait que le matériau des dispositifs politiques, c’est l’homme alors que le matériau de ma machine à laver est un amas de ressources naturelles (i.e. non humaines).
    Cette grande leçon est déjà chez Platon.

  26. Avatar de Allegra
    Allegra

    La théorie de l’évolution, par son nom même, dit que quelque chose évolue. Prétendre qu’il n’y a pas d’espèce plus évoluée qu’une autre, c’est ne pas reconnaître la théorie de l’évolution. Pourquoi pas, mais bon, je me place ici du côté de l’orthodoxie. Alors, qu’est-ce qui évolue? Selon la théorie synthétique de l’évolution (la dernière en cours, je crois), c’est la complexité, qui elle-même reste délicate à définir. S’il est vrai qu’une espèce qui existe depuis 100 millions d’années a prouvé une capacité certaine à survivre, il est également vrai et évident, pour moi, qu’un être humain (ou même, en l’occurrence, un ver de terre) est plus évolué qu’un animal unicellulaire. Même si ce en quoi il est plus évolué est difficile à définir rigoureusement.
    Tout écosystème tend vers l’équilibre. A l’équilibre, l’écosystème est globalement stationnaire du point de vue du nombre d’individus de chaque espèce, et cet équilibre est dynamique: manger, être mangé, naître, mourir. Cela est assez comparable à différents constituants chimiques à l’équilibre. Y voir la lutte pour la vie, ou même la sélection naturelle du plus adapté me semble aussi maladroit que de décrire de l’eau comme une lutte incessante entre les ions OH- et H3O+.
    En quoi est-ce important? Ce n’est pas qu’il faille faire ou pas des analogies hasardeuses entre économie ou sociologie et physique ou biologie. Je crois qu’il s’agit plus de conception du monde. Dans quel monde vit-on? Un monde dominé depuis des millions d’années par la lutte et la concurrence, ou un monde vivant depuis des millions d’années sous l’enseigne de la coopération? L’influence de la vision du monde sur ce qu’on tolère ou non dans notre société est fondamentale.
    Il en est de même du monde physique. Il évolue lui aussi. Evolue-t-il vers toujours plus de désordre, ou vers toujours plus de liberté? Avec les mêmes équations, on peut avoir différents discours sur le monde.
    Au XIXème siècle, l’homme découvrait que le monde physique comme le monde vivant évoluent. N’y a-t-il pas là un hasard extraordinaire? Ces deux principes ne pourraient-ils pas n’en faire qu’un?

  27. Avatar de antoine
    antoine

    @ Allegra.

    « S’il est vrai qu’une espèce qui existe depuis 100 millions d’années a prouvé une capacité certaine à survivre, il est également vrai et évident, pour moi, qu’un être humain (ou même, en l’occurrence, un ver de terre) est plus évolué qu’un animal unicellulaire.
    Il fait des choses que vous ne pouvez pas faire. Et vice versa. C’est uniquement parce que vous valorisez les faits mentaux sur les diverses aptitudes du ver de terre que vous pouvez former ce jugement. Comment pourriez vous l’affirmer sinon?

    « Tout écosystème tend vers l’équilibre. A l’équilibre, l’écosystème est globalement stationnaire du point de vue du nombre d’individus de chaque espèce, et cet équilibre est dynamique: manger, être mangé, naître, mourir. Cela est assez comparable à différents constituants chimiques à l’équilibre. Y voir la lutte pour la vie, ou même la sélection naturelle du plus adapté me semble aussi maladroit que de décrire de l’eau comme une lutte incessante entre les ions OH- et H3O+ »
    Vous êtes sûr? Ne faites vous pas là une simple association d’idées, purement arbitraire? Il me semble que le terme « équilibre » désigne ici non seulement 2 processus complètement distincts (ce qui est normal), mais surtout qu’il a malheureusement à chaque fois un SENS différent: dans le premier cas il s’agit d’un résultat qui est le produit d’une observation empirique des faits. Le résultat y est absolument nécessaire. Dans le second cas il ne s’agit pas du produit d’une observation empirique factuelle mais de l’énoncé d’une loi de type probabiliste/statistique. Quelqu’un confirme mon intuition? Je n’en suis pas complètement sûr. La première fois c’est une « loi » de la physique qu’on a rigoureusement déduite des faits, et la seconde fois un « modèle » dont on vérifie la pertinence prédictive a posteriori.
    De plus, la séparation des deux ions ne se conserve pas dans l’eau, ce qui fait que les éléments et l’environnement sont une seule et unique chose. Tel n’est pas le cas dans un écosystème ou il est impossible d’idoler un sous-écosystème qui réalise en petit ce que l’éco-système réalise en grand, par opposition aux deux ions. De plus un écosystème est toujours « ouvert » (cf l’épisode des météorites et la théorie catastrophiste, l’idée de pression du milieu qui conditionne les critères de la lutte n’ayant pas de pertinence quand il s’agit de matière inerte. Enfin, l’écosystème c’est quelque chose qui évolue de manière imprédictible (la reaction H20 est partout et toujours la même, elle se répète, alors qu’il est impossible de deviner quel sera la prochaine direction prise par l’évolution à un instant t, et ce n’est pas, comme l’a bien montré Bergson, une question de « complexité plus grande » et donc plus difficile à prévoir, mais d’imprédictibilité absolue des formes du vivant… cette thèse d’inspiration plutôt lamarckienne tendrait d’ailleurs à se confirmer sur le plan empirique d’après quelques études génétiques récentes quant à l’hérédité des caractères acquis). Je ne sais pas ou vous avez lu qu’un écosystème tendait à l’équilibre numérique… Ca n’a pas de sens. Il n’y aurait pas transformation qualitative des espèces sinon.

    « Au XIXème siècle, l’homme découvrait que le monde physique comme le monde vivant évoluent. N’y a-t-il pas là un hasard extraordinaire? Ces deux principes ne pourraient-ils pas n’en faire qu’un? »
    Pourquoi voudriez vous que ce soit le cas, si ce n’est parce que, d’une certaine manière, ça simplifierait les problèmes, et nous rendrait psychologiquement plus rassurante l’idée que le réel soit complètement rationnel, de jure réductible à une théorie unifiée quelconque.
    Pourquoi avez vous BESOIN de cette continuité physique/vivant/homme? Comment se fait-il que seul l’Occident ait un besoin désespéré de CROIRE en une telle continuité (on n’instruit qu’à charge), ce qui implique in fine de réduire le mental ou les flux de conscience à du physico-chimique et le vivant à de la matière inerte? La réponse qu’on me donne est souvent celle-ci « parce qu’il ne peut pas en être autrement » ou, ce qui est plus franc, « parce qu’il faut qu’il en soit ainsi ». Sinon? Sinon quoi? Sinon c’est un cataclysme pour la culture occidentale (mais on y vient, cette crise là n’est là aussi qu’une question de temps… ).

    Essayez de vous poser cette question: qu’est ce qui, à l’ère des visions du monde, ne peut pas être une vision du monde « parmi d’autres », c’est à dire ne peut pas être une vision du monde tout court car plus originel que toute vision du monde? Quelle est la condition de possibilité de toutes les visions du monde possibles? Sans quoi je suis d’accord on construit sur du sable.

    PS: Les scientifiques en ont de bonnes. Ce qu’ils peuvent « assurer » -quand ils le peuvent et qu’ils ne prennent pas une modélisation ou un principe épistémologique pour une réalité ontologique- est « rationnel », « nécessaire ». (il s’interrogent plus rarement sur ce qui peut bien faire que tout ce qui est « nécessaire » est « rationnel »… parce-que c’est ça la vraie coïncidence inouïe… le fait est qu’on ne peut pas aborder cette question sans quitter les terres bienveillante de la production scientifique de masse… et faire face à l’abîme). Mais ce qu’ils ne peuvent pas assurer, ou leur discours absurde sur les prétendues implications de leurs découvertes, relève en revanche des « visions du monde », c’est à dire du relativisme le plus total. Manière de discréditer tout autre style de discours, et en même temps de prétendre avoir ne serait-ce qu’un titre égal à produire ces autres types de discours. C’est à la fois d’une arrogance sans nom, et d’une stupidité sans borne… car ceci impliquerait une définition de la vérité qui n’est en elle-même le produit d’aucune découverte scientifique (du style mathématique ou du style « protocole expérimental »), et qui est pourtant ce sur quoi tout leur édifice repose.

  28. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @Allegra

    En résumé, très simplement:
    Les organismes unicellulaires évoluent depuis environ 4 milliards d’années. Les humains (homo sapiens) évoluent depuis environ une centaine de milliers d’années. Question: Laquelle de ces branches est la plus évoluée? La réponse n’est pas si triviale que vous sembliez le penser, et ne tient qu’à l’angle par lequel vous entendez répondre. D’un strict point de vue chronologique en tout cas, les organismes unicellulaires n’ont absolument rien à envier à l’humain, ni à quelque autre forme de vie que ce soit.

    @antoine

    Admettons que l’énoncé de cette phrase ait été malheureux:
    “La politique et l’économie en tant que sciences humaines sont éminemment liées à la condition biologique de ceux qui les inventent et les animent.”

    Maintenant, remplaçons « biologique » par « humaine ». Cela vous convient-il mieux?
    “La politique et l’économie en tant que sciences humaines sont éminemment liées à la condition humaine de ceux qui les inventent et les animent.”

    Ce qui nous ramène, me semble-t-il, à l’animal politique d’Aristote, oui.

    « Les droits de l’homme ne se réduisent pas à la satisfaction de besoins psychologiques et physiologiques ».

    Bien entendu, et je serais bien en peine de vouloir prétendre le contraire. Ceci ne veut toutefois pas dire que ces besoins soient absents, ou même négligeables. Ils résident au minimum dans le « droit à la vie », autrement appelé « droit de vivre ». Par ailleurs ils conditionnent la mise en œuvre des droits suivants:

    Quelle serait la pertinence, par exemple, de vouloir inculquer à un affamé la notion de droit de propriété? Il y a là une hiérarchie des valeurs bassement naturelle à considérer. La survie dans un premier temps, dans un second seulement l’organisation politique. Ce qui est fondamentalement a-démocratique, je vous l’accorde, pour ne pas dire a-politique, mais néanmoins incontournable. Autrement dit, le refus de considérer la satisfaction des besoins dans l’organisation politique revient à générer le « chacun-pour-soi », et par conséquent la destruction pur et simple de toute ambition politique.

    La question n’est au final pas de substituer un droit à la satisfaction des besoins à tout autre droit purement politique, mais bien celle de la priorité à donner à l’un et à l’autre. Si vous considérez qu’on puisse fonder (ou même maintenir) la démocratie indépendamment de toute considération pour la simple question de la survie de la population, et bien soit. Pour ma part je ne pense pas qu’une telle conception des choses puisse aboutir à un résultat probant, pire, j’estime qu’elle conduit exactement à l’effet inverse.

    Concernant Smith, je n’en dirais pas grand chose, n’étant absolument pas spécialiste. Cependant ne vous y trompez pas. Mon propos n’est pas de stigmatiser des individus (A. Smith ou « les économistes n’ayant rien compris à l’articulation de sa pensée »), ceci importe bien peu en définitive, mais de constater la mise en pratique de la théorie telle qu’elle est effectuée et d’en tirer des conséquences. Or que dire de cette statistique bien connue: « 80% des richesses mondiales sont aux mains de 20% de la population mondiale »? Comment justifier un constat aussi accablant, sachant par ailleurs que l’offre sur certains produits peut être excédentaire, et pourtant inaccessible à certaines populations?

    Enfin, pour en revenir à la pertinence de choisir une allégorie biologique pour proposer une piste de modélisation économique, il me semble que cela puisse s’expliquer par le besoin d’introduire une composante écologique à ces modèles ayant jusqu’à présent brillé par leur inaptitude à organiser le monde de manière cohérente et pérenne.

  29. Avatar de Romain D
    Romain D

    On trouve de tout dans a vie : des organismes vivant en symbiose avec d’autres (fameux win-win), des prédateurs, des organismes en compétition pour l’accès aux ressources et aussi pas mal de parasites.

  30. Avatar de Pierre Guillard

    Il est un garçon qui portait, le jour de sa mort il y a tout juste dix ans, les mots de « sélection naturelle » sur son T-shirt. C’était Eric Harris, l’un des deux tueurs du lycée Colombine. L’enquête a montré qu’il occupait parmi ses pairs la place atroce de souffre-douleur et qu’il était devenu une bombe de colère rentrée. Il tua donc beaucoup pour dénier sa posture de misère dans la guerre de tous contre tous. Mais il ne put achever sa sombre randonnée qu’en portant son arme contre lui-même, en appliquant contre lui la loi terrible que disait son vêtement. Il accomplit ainsi, de manière atroce mais aussi dérisoire, dans une jolie école au nom d’une jolie fleur, et en une heure unique, tout le parcours de Hitler.
    Comme Dissonance le laisse entendre en fin de son billet, nous ne savons pas quels sont ceux de nous qui sommes porteurs d’avenir, et c’est pourquoi chacun a raison de se battre. Goliath est gros, il va gagner et, pour nous en réjouir ou pour le déplorer, nous en sommes tous sûrs. Eh puis non, le vainqueur c’est David, le petit, l’adroit.
    Dans ces revenus mirobolants que s’accordent les princes de la finance, qui font aujourd’hui grandes conversations chez les humains ordinaires, pourquoi ne pourrions-nous pas lire un appel de détresse ? Quand un enfant capricieux devant nous se goinfre de crème glacée, ne disons-nous pas qu’il appelle au secours et désire, pour son soulagement comme pour le nôtre, rencontrer enfin sa limite dans l’ordre social ? Qu’ils le sachent ou non, nos grands banquiers nous disent qu’ils ont perdu leurs repères et qu’ils font appel à tous pour trouver leur juste place dans le grand jeu de la sélection naturelle.

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