« N’est-il pas temps, alors, de s’engager ? »

Olivier
Envoyé le 12/03/2010 à 21 h 41 min

« Ce blog a moins bougé les choses que nous voulons le penser » « N’est-il pas temps, alors, de s’engager ? » (citations issues des réactions il y a quelques jours).

Il est des questions, des affirmations que vous n’aimez guère et que vous préférez éluder. Du moins que vous avez préféré éluder pendant un temps. Aujourd’hui, aujourd’hui seulement j’ai ma réponse. Il y a un impact, il y aurait un impact. C’est du moins ce que dit l’homme de la rue, un journal Les Échos à la main, l’autre main s’agrippant tant bien que mal à une quelconque rambarde du métro, magnifique héros du quotidien paré de tous les marques du réel, et qui pourtant, Mr. Jorion, ne semble être guère plus qu’un relais de narration dans ce qui n’est qu’une fiction, un apologue. Relais de narration, notons le, qui prend en charge et légitime au mieux votre opinion : « oui, mes idées ont impact, quand bien même je ne ferais pas de politique, regardez l’homme de la rue : il parle comme moi ! » Monsieur Jorion, soyons sérieux. Vous ne pouvez à la fois nous dire une telle chose et nous dire ensuite à propos des CDS, je cite de mémoire : « il y a des rencontres, des conversations très importantes qui ont un rapport avec la une du journal ». Auriez-vous donc l’oreille des dieux (oups ! de nos dirigeants !) ? C’est en tout cas ce que vous suggérez. Et cela pourrait bien aussi expliquer pourquoi vos réponses sur l’engagement ont été si évasives…

Personnellement je prends acte : votre foi dans la démocratie est quelque peu défaillante. Vous semblez prendre parti du fait qu’il vaut mieux parler au Prince qu’au peuple. Comment vous en vouloir (c’est ce que j’avais fait il y a presque deux ans), le reflux de la démocratie dont nous parlions est bel et bien un fait.

Olivier, je ne suis pas chef de parti. Je n’ai jamais été actif à l’intérieur d’un parti et je n’ai pas l’intention d’en créer un. Vous avez dû le remarquer, je ne dis jamais « Faites ceci ». Je sème devant vous : ce sont mes billets et mes vidéos, et quand on me demande de venir ici ou là, je réponds oui ou non. J’ai parfois carrément posé la question ici : « Faut-il aller à tel genre d’émission ? » J’ai posé la question à mon propre sujet parce qu’elle a été soulevée à juste titre par Lordon, après que Bourdieu l’ait initialement posée, et que c’est une bonne question dont la réponse est loin d’être évidente.

Une fois que j’ai accepté en mars 2009 le principe de me rendre à l’invitation des membres socialistes du Parlement Européen pour faire des recommandations, et une deuxième fois en novembre 2009, devant la commission d’enquête sur la crise du même Parlement Européen, il serait absurde que je me désintéresse ensuite du sort de mes propositions. Vous avez l’air de dire que tous les résultats en politique s’obtiennent par des grèves ou des défilés, ce n’est pas mon avis. Je ne suis pas contre les grèves ou les manifestations et on m’y a vu au fil des années plus qu’à mon tour, lorsque j’estime que c’est le meilleur moyen d’arriver à une fin. Mais pour obtenir l’interdiction des positions nues sur les CDS, ce n’est pas le meilleur moyen (ça aurait l’air malin sur un calicot).

J’offre ici un forum, je fais des propositions et je participe à la discussion. À partir de là nous sommes tous égaux et nous faisons chacun comme nous l’entendons. Les uns proposent ici de lancer un mouvement, d’autres des pétitions. Je n’ai jamais découragé personne, comme le prouve le fait que vous puissiez lire ces propositions dans les commentaires mais pas plus que quiconque, je ne suis obligé de m’y rallier. J’ai la chance que ce que je dis et écris commence à retenir l’attention et si quelqu’un ayant un meilleur accès que moi aux leviers de la décision me demande si on peut en parler, je n’aurai pas la stupidité de lui dire : « Non, je préfère signer une pétition à ce sujet ».

Je ne suis pas partisan de la politique du pire : ce que je dis souhaiter, je veux vraiment que cela se réalise et j’utilise au mieux les opportunités qui me sont offertes. La seule directive que je vous donnerai jamais, c’est précisément celle-là : « Faites comme moi : saisissez toutes les occasions qui vous sont offertes ! » Et si vous pensez que mon aide vous serait précieuse, faites-le moi simplement savoir.

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163 réponses à “« N’est-il pas temps, alors, de s’engager ? »”

  1. Avatar de Clive
    Clive

    Cher Paul,
    Ayant voulu faire découvrir votre blog a quelques personnes récemment, il a été trop compliqué de plonger dans les archives pour trouver les billets marquants…
    Je voulais vous suggérer une sorte de plateforme permanente, accessible dans une rubrique comme celle des « derniers billets » en colonne de droite, qui pourrait présenter une dizaine de billets concentrant l’essentiel de vos analyses et propositions.
    Billets permanents donc pouvant être mis à jour et discutés selon l’évolution des évènements, et offrant la possibilité d’un « rattrapage » à ceux qui arrivent…
    Quant à la méthode « virale », c’est bien la raison pour laquelle vous êtes soutenu (financièrement) par autant d’ « adeptes » ou de « disciples » (en hommage aux termes « gourou » et « prophète » que l’on vous colle…), qui se doutent bien qu’il y a pas mal de monde à court-circuiter si on veut faire évoluer les choses…
    Cordialement.

    1. Avatar de Nataly
      Nataly

      je souscris 😉

    2. Avatar de Candy says...
      Candy says…

      Excellente idée, et qui ne demanderait pas nécessairement un travail herculéen.

      Je cherche aussi de mon côté à encourager des personnes que j’aime beaucoup, appartenant à la même génération que notre hôte, intelligentes et cultivées, mais vivant encore pleinement dans un monde qui est déjà virtuellement tombé dans les poubelles de l’Histoire, à s’intéresser aux idées de Paul et à cette initiative stimulante que constitue son blog.

      Une section qui pourrait leur servir de préface et exciter leur curiosité assoupie serait d’une grande utilité.

      Pensez-y, Paul.
      J’éprouve quelques remords à vous demander un surcroît de travail alors que vous déployez déjà une énergie très impressionnante. Si j’avais quelque compétence que ce soit en informatique et en gestion de blogs, je vous proposerais volontiers mon aide, mais ce n’est malheureusement pas le cas.

  2. Avatar de Piotr
    Piotr

    Soyons réaliste ,demandons l’impossible!
    Sur ce blog : »Tout le monde ,il est beau ,tout le monde il est gentil! »
    vs/
    Soyons pragmatique ,apprenons la langue de nos maitres.
    Non ,non ,non c’est plus l’anglais,c’est le chinois,je veux dire le mandarin standard.

  3. Avatar de Jérémie
    Jérémie

     » Et si vous pensez que mon aide vous serait précieuse, faites-le moi simplement savoir.  »

    Je ne crois pas que vous soyez comme ça, est-ce si important de savoir l’aide que j’apporte à l’autre ? Cela me rappelle tant de gens importants dans cette société et à divers postes influents ou pas. Pourquoi vouloir souvent désirer que la réforme, le changement vienne d’abord de nous, de nos idées, de notre temps et si le réel changement ne proviendrait que bien après nous, c’est-à-dire le moment venu et pas avant, avons nous déjà aussi penser à intégrer ce genre de variables dans nos échanges, à la génération suivante par exemple comment pourrions nous encore l’accepter comme tant d’autres sans doute avant et après nous dans l’histoire. Si ça se trouve 99% des gens dans le monde ne savent même pas que nous existons, que nous intervenons de temps en temps sur le blog. Puis-je encore savoir que je vous aide, non merci dites moi plutôt que je n’apporte pas grand chose d’important aux gens de mon temps. En quoi sommes nous donc plus différents des autres, de la multitude, de nos adversaires ? Bien évidemment je peux comprendre que cela soit toujours une joie et non une tristesse de voir qu’il y a encore quelques personnes de bonne volonté dans cette société, je vous en remercie alors de nous en faire part de temps en temps et puis si ça se trouve votre notoriété ne vient pas du tout de vos idées mais bien plutôt de votre bonne bouille vous ressemblez tant à mon grand père, comme vous ne ressemblez guère à tant de politiciens. Sur ce bon appétit, il me faut maintenant me remplir l’estomac le changement de régime n’attend pas …

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      D’accord pour la modestie.

    2. Avatar de Candy says...
      Candy says…

      Je vous trouve un peu défaitiste sur ce coup-là, même si lorsque vous dites que « si ça se trouve 99% des gens dans le monde ne savent même pas que nous existons, que nous intervenons de temps en temps sur le blog », vous êtes particulièrement optimiste. 1% de plus ou moins six milliards d’humains, ça fait soixante millions. Au risque de vous décevoir, j’ai comme l’impression que nous sommes un peu moins nombreux que ça.

      Soit dit en passant, j’aurais aimé que mon grand-père ressemble à Paul Jorion, mais il était négociant en charbon et catholique à un niveau pathologique qui laissait peu de place à toute velléité de relation humaine et sincère. D’après ce que je peux juger à son apparence, Paul a plutôt l’âge de mes parents que celui de mes grands-parents, mais il est bien plus jeune d’esprit que quiconque parmi eux. Et que moi aussi, si ça se trouve.

  4. Avatar de Alain A
    Alain A

    Hé les cops de France

    Il y a 1.000 manières de s’engager mais demain vous avez l’occasion d’en expérimenter une qui est quand même celle sensée être au sommet de la pyramide démocratique. J’espère que vous allez en profiter. Chez nous, les Outre-Quiévrain (encore plus au nord que chez les Ch’tis), c’est obligatoire et je trouve cela normal. Profitez-en bien…

    1. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      Alain A, j’en profite pour vous poser deux questions que j’ai toujours oublié de poser à mes amis belges.

      Le vote étant obligatoire en Belgique, quels sont les moyens de coercition qui sont utilisés? (j’ai lu que vous avez eu près de 10% d’abstention aux dernières élections fédérales).

      Depuis des décennies en France nous remettons aux calendes grecques un débat sur la faible prise en compte des votes « blancs » (ceux qui veulent voter pour dire quelque chose comme: « mon choix de citoyen n’est pas représenté »). Au delà d’un certain seuil à déterminer, et si la démocratie a un sens, il serait logique que ce vote « blanc » rende caducs les résultats. Lassés, certains électeurs « blancs » ont fini, outre-Quiévrechain, par se résoudre à grossir les rangs du parti des sans voix (façon absurde de s’exprimer qu’une absurdité démocratique leur laisse).
      L’obligation de voter rend-elle chez vous ce vote blanc plus visible, lors des commentaires post-électoraux? Et plus efficace, si un seuil était franchi?

    2. Avatar de frédéric
      frédéric

      @ Jean Luc

      quel beau sujet de conversation 🙂

      Frédéric

    3. Avatar de Candy says...
      Candy says…

      Jean-Luc, étant Belge également, votre question m’interpelle.

      Je crois sans en être certain que ce qui est comptabilisé comme abstentions en Belgique représente la masse des bulletins blancs, c’est-à-dire des personnes qui se sont déplacées jusqu’au bureau de vote, qui ont fait la file et qui ont malgré tout décidé de ne pas voter.

      Leur non-vote devrait donc avoir plus de signification qu’en France, où les journalistes se font un plaisir de gloser sur les citoyens qui préfèrent profiter des plages temporairement dépeuplées que d’aller voter, annihilant par ce discours l’aspect « démocrate sincère mais profondément désabusé » de bon nombre d’abstentionnistes.
      L’abstention n’est pas mieux prise en compte lors de la proclamation des résultats en Belgique qu’en France. Elle est ignorée, passée sous silence. Elle n’a aucune existence médiatique.

      Par contre, un de mes amis ne vote plus depuis une dizaine d’années. Il ne se rend même pas au bureau de vote, il a déserté la démocratie. En dix ans, jamais il n’a été pénalisé ou verbalisé pour autant. La loi prévoit des sanctions (des amendes) pour les non-votants, mais son application n’est pas très stricte.

    4. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      Candy says…

      En allant vérifier ce que j’écrivais hier, j’ai trouvé ça:
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Élections_législatives_fédérales_belges_de_2007
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Élections_régionales_belges_de_2009

      On peut voir qu’il y a bien un comptage:
      – Inscrits: 100,00
      – Votants: X (donc pourcentage d’abstention)
      – Blancs et nuls: X

      Les votes blancs et nuls sont donc mélangés comme en France.
      Il me semble que le système démocratique s’honorerait de bien séparer les votes blancs (un bulletin vierge, au bon format) et les nuls (tout le reste, dont parfois des surprises). Si la logique était respectée, ces bulletins blancs devraient même être proposés dans les bureaux de vote aux mêmes conditions que les bulletins des candidats (je dis une bêtise?)

      Il y a donc un taux d’abstention en Belgique.
      En considérant que le vote est obligatoire, et tenant compte de ce que vous dites sur cette personne que vous connaissez, on peut se dire que le pourcentage d’abstention en Belgique est dû à quelques « outlaws » ou « renégats » comme votre ami (dont le nombre est sûrement augmenté par les décès ou émigrations mal référencés, et d’autres causes encore).
      Je ne dis pas qu’il faille se réjouir de voir des personnes abdiquer leurs droits de citoyens, mais le fait que votre ami existe me rassure sur la nature humaine. Je ne sais pas très bien l’expliquer, mais 100% de votants en Belgique m’aurait fait frémir (quand j’étais petit et que j’observais une fourmilière, je me rassurais en pensant que deux ou trois fourmis ne rentreraient pas à la fin de leur journée de travail, et partiraient, seules, vivre chacune leur petite vie de fourmi).

    5. Avatar de Alain A
      Alain A

      Jean-Luc

      Comme le dit Candy, la sanction du non vote est une amende mais elle n’est généralement pas appliquée à la première incartade. Toutefois, après 2 ou 3 non-observances de la règle d’obligation, l’amende peut tomber. Cela varie un peu entre les différents arrondissements électoraux, certaines autorités judiciaires étant plus sévères et sanctionnant plus vite que d’autres (l’injustice de la justice est partout…).

      Même constat pour la signification des deux gestes de refus (8 à 9% d’abstention au vote et 6 à 7% de votes blancs ET nuls) du système électoral: les politiques n’en tiennent aucun compte, se contentant de mesurer leurs résultats par rapport à ceux des adversaires.

      Des commentateurs s’inquiètent régulièrement de l’augmentation de ces 15% de réfractaires mais cela reste de peu d’effet, sauf peut-être quelques avancées en matière de moralisation de la vie politique, de non cumul de mandats, de contrôle des pratiques clientélistes. Mais quelques gros scandales bien médiatisés ont plus d’effet que l’abstention de 15% du corps électoral.

    6. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ Alain
      @ Candy

      Merci à tous les deux de m’avoir un peu éclairé.

      Il reste une poignée d’heures avant que ne débute le ballet des circonlocutions médiatiques des éditorialistes, politologues et observateurs de toutes sortes, sur les « enseignements » à tirer du scrutin français d’aujourd’hui.

      Je viens de lire dans le journal Le Parisien de ce dimanche, une interview de Ted Stanger, un journaliste américain à Newsweek installé en France depuis bientôt vingt ans. Il s’amuse régulièrement à tailler des croupières aux certitudes françaises dans des livres aux titres évocateurs: « Sacrés Français! », « Sacrés fonctionnaires! » (attention qu’il ne vienne pas vous écrire un « Sacré Belges! »).
      Il dit que les français (les francophones?) sont tous philosophes, comme tous les américains sont économistes.
      Un sujet comme « l’identité nationale » n’aurait selon lui aucune chance d’intéresser qui que ce soit en dehors de la France (et de la Belgique?). De même, des élections « régionales » dans un pays centralisé où les régions n’ont aucunes prérogatives réelles, ne susciteraient ailleurs que du désintérêt.
      Il s’amuse de voir toutes les tendances politiques françaises reprendre le sujet de « l’identité nationale », même pour expliquer pendant des heures, et sur des centaines de pages de journaux, que ce n’est pas un sujet de discussion.
      Et il s’amuse de deviner que ces élections régionales vont intéresser tous les français, même ceux qui ne seront pas allés voter. (sacrés Français!)

      Concernant le sujet du vote et de ses conditions imparfaites, on restera donc une nouvelle fois sur les conclusions de Churchill:
      « Democracy is the worst form of government, except for all those other forms that have been tried from time to time. »
      (discours à la Chambre des Communes, le 11 novembre 1947)

      Bon dimanche à vous, mes compatriotes de ciel.
      (Un des messagers du poète Louis Aragon est mort hier par chez nous, Jean Ferrat. Vous connaissez le poème « Le printemps » de Louis Aragon? On y trouve ces vers:
      O frontaliers ô frontaliers vos nostalgies
      Comme les canaux vont vers la terre étrangère
      La France ici finit naît la Belgique
      Un ciel ne change pas où les drapeaux changèrent. »)

    7. Avatar de Paul Jorion

      Les lilas et les roses

      Ô mois des floraisons mois des métamorphoses
      Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
      Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
      Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés

      Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
      Le cortège les cris la foule et le soleil
      Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
      L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
      Le triomphe imprudent qui prime la querelle
      Le sang que préfigure en carmin le baiser
      Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
      Entourés de lilas par un peuple grisé

      Je n’oublierai jamais les jardins de la France
      Semblables aux missels des siècles disparus
      Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
      Les roses tout le long du chemin parcouru
      Le démenti des fleurs au vent de la panique
      Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
      Aux vélos délirants aux canons ironiques
      Au pitoyable accoutrement des faux campeurs

      Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
      Me ramène toujours au même point d’arrêt
      A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
      Une villa normande au bord de la forêt
      Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
      On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
      Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
      Et ni les deux amours que nous avons perdus

      Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
      Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
      Et vous bouquets de la retraite roses tendres
      Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou

      (Le Crève-coeur, 1941)

      LOUIS ARAGON

  5. Avatar de Nataly
    Nataly

    Julien Alexandre dit :
    13 mars 2010 à 00:30

     » il est certes louable d’essayer d’expliquer au plus grand nombre pourquoi il faut interdire les vente à découvert de CDS »

    Je veux bien que quelqu’un re-essaie sur le mode :

    Pierre emprunte 100 à Jacques, mais Jacques se méfie, il n’a pas confiance en la capacité de remboursement de Pierre aussi souscrit-il une assurance auprès de Dominique, qui lui coute…

    C’est niais-niais, certes, caricatural, re certes… N’empêche… C’est grâce à ce type de simplification (dont j’imagine les limites) que je suis tombée accroc de ce blog il y a des années. Si quelqu’un pouvait/savait m’en remettre une louche, je serais ravie…

    🙂

    1. Avatar de Paul Jorion

      Mettez « CDS » dans la case « RECHERCHE » et consultez les billets les plus anciens.

  6. Avatar de Thierry
    Thierry

    Réfléchir à ce qui pourrait nous sortir des difficultés inextricables dans lesquelles nous nous sommes embourbés économiquement, socialement, écologiquement et politiquement, ce blog y contribue indéniablement.
    Mais il est sans doute clair pour tout le monde, y compris pour Paul Jorion, que ce n’est pas uniquement avec l’interdiction des paris sur les fluctuation de prix que nous allons pouvoir sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes. Cette interdiction est des plus nécessaires, mais évidemment une réflexion sur d’autres moyens d’en sortir est indispensable.

    Un nouveau blog intéressant qui, de son côté, explore aussi ces questions est celui de Christian ARNSPERGER, (prof à l’Université Catholique de Louvain-la Neuve) intitulé « TRANSITIONS » et sous-titré « Pour un débat citoyen serein sur les enjeux de la transition écologique et économique: Capitalisme gris? Capitalisme vert? Post-capitalisme? »
    Ce blog n’en est qu’à ses débuts, il ne contient pas encore beaucoup de textes, mais je pense qu’il devrait intéresser nombre de ceux qui viennent ici.

    http://transitioneconomique.blogspot.com/

  7. Avatar de l'albatros
    l’albatros

    C’est une bonne réponse du moins très intéressante. Ce que propose Paul Jorion n’est pas fait pour rester statique, pour autant il n’est en aucun cas là pour fonder un parti politique.
    Cela pose un autre problème, celui de la récupération faite de vos idées. Vous savez très bien que plus le succès est grand (en terme d’audience), plus vous susciterez de l’intérêt parmi les milieux politiques et viendra alors le temps de la récupération de vos idées. Le problème étant de savoir comment elles le seront. Vous comprenez très bien que l’interdiction des CDS pourrait être une mesure récupérée par une extrême droite très populiste et ayant le vent en poupe qui dirait que depuis plusieurs décennies le concept d’Etat-Nation a été mis à mal par « le mondialisme » etc. Le tout pour mieux discréditer des partis de gouvernement dont les socialistes.

  8. Avatar de Terry31
    Terry31

    Je rejoins le pessimisme d’Olivier et d’autres ici, sur l’aboutissement de l’interdiction des CDS. Même si les européens venaient à « recevoir la grâce » et ce n’est pas encore dit qu’ils la reçoivent puisque dans les faits rien n’est encore décidé, il est évident qu’ils se heurteraient au refus des américains et des britanniques.

    D’ailleurs, selon certains journaux, ni les britanniques, ni l’administration d’Obama ne souhaitent réguler ce marché.
    Tim Geithner n’a t-il pas déclaré le mois dernier qu’il : « ne jugeait pas nécessaire d’interdire les ventes à terme à découvert, car cela ne serait pas fondamentalement utile » ?
    D’autres, conscients des dangers des CDS, éludent cependant le problème en répondant qu’une interdiction provoquerait l’apparition de nouveaux instruments tout aussi « imaginatifs ».

    Ce ne sont donc pas quelques personnes qu’il faut réussir à convaincre mais c’est tout un appareil qu’il faut faire plier. Nous sommes loin du compte !

    Sur la question de l’engagement, Paul a décidé de le faire à sa façon en livrant sa pensée sur cette crise et ses solutions au travers de ce blog d’abord, puis des médias et enfin, aux politiques qu’il rencontre.
    C’est un choix d’action honorable que nous devons respecter, il me semble qu’il ne nous appartient pas d’en juger autrement.

  9. Avatar de Thierry
    Thierry

    Jean-Ferrat est mort.

    Nous aurions dû écouter bien plus attentivement ce qu’il nous chantait. Nous n’en avons pas été capables…

    Tristesse.

    1. Avatar de claude roche

      @ je peux vous confirmer : la montagne est belle, et le piton d’Entraigues est magnifique
      et si certains veulent la faire à vélo ..
      amitiés

    2. Avatar de bernard laget
      bernard laget

      Il n’y a pas que jean ferrat auquel nous n’avons pas été attentifs, je vous propose de réecouter Félix Leclerc, un poéte quii a semé beaucoup de fleurs et inspiré au québec des poetes plus jeunes.

      http://www.youtube.com/watch?v=RLdApQjnhdA

  10. Avatar de olivier
    olivier

    Droit de réponse :

    « En tant que citoyen, je revendique le droit de comprendre les tenants et aboutissants d’un choix politique/économique important. » affirme Frédéric dans les commentaires.

    Pour ma part je revendique bien davantage encore. Je revendique, parce que nos élus ne sont guère que nos semblables, de participer à toutes les décisions qui pourraient avoir une influence sur ma vie. Participer. Ni plus ni moins.

    Ce qu’il y a dans mon intervention, ce n’est pas tant un appel pour que Paul se mette à haranguer les foules sur d’improbables estrades ; c’est la volonté d’interroger (qui sait si l’on n’appellera pas ça le sens critique) ce qu’est la démocratie : qu’est-ce que la démocratie ? Est-ce le pouvoir pour le peuple ? Ou est-ce le pouvoir par le peuple ? Partant, cela interroge l’expert qu’est Paul : les lumières doivent-elles éclairer le despote ou le peuple ? C’est sur ce plan qu’il faut comprendre ce que j’ai tenté d’expliquer hier.

    Je sais bien que Paul a le désir de bien faire. Je sais qu’il voit dans la situation grecque et le problème des CDS la première des urgences. Je sais aussi sa stratégie. Elle est lisible et vieille comme le monde : parler la langue du maître et faire passer l’air de rien ses idées. Par la bande dirait-on dans le petit monde du billard. C’est au nom de cette vieille lune, cette subversion que l’on voudrait tranquille, que nombreux furent ceux, dans la génération de Paul, qui crurent qu’il suffisait de prendre sa guitare, de lâcher trois accords devant une caméra pour s’imaginer changer le monde. C’est votre illusion, à vous Paul, et à bien d’autres ici manifestement. Permettez-moi, mais à ce stade, cela me paraît insuffisant : je ne vous suis pas. Pour ce qui est du fond non plus d’ailleurs : je ne crois pas que l’urgence première soit celle que vous édictez. L’urgence n’est pas de sauver un système, c’est de sauver les gens. Sans doute est-ce très ingénu de le dire ainsi. Un peu primaire aussi. Mais que voulez-vous je ne croise jamais de concept dans la rue. On me traitera de populiste ? Allons donc ! Quand on regarde ce qu’est déjà devenue notre société, on sait que c’est un argument aux arêtes émoussées. Les oripeaux de la politique du pire, dont on voudrait, habilement, me parer, ne sont pas les miens. Ils sont ceux avec lesquels s’habillent les 4 millions de chômeurs, les innombrables précaires qui subissent sans broncher depuis 30 ans. Qu’on me comprenne, derrière ma vindicte, il n’y a que la douleur d’une interrogation. Il y a des yeux, pour paraphraser La Rochefoucauld, qui regardent le soleil en face. Qu’est-ce qu’une vie ? Je ne dis pas qu’est-ce que la monnaie, qu’est-ce qu’un CDS ou qu’est-ce que le travail. Je dis qu’est-ce qu’une vie aujourd’hui quand on vit en France ? Est-ce s’employer à « gagner » sa vie (cette vie que vos parents vous avaient pourtant « donnée ») ? Cela signifie-t-il consommer, toujours consommer ? Cela signifie-t-il se débarrasser de ses intentions par un vote ou une intervention sur un blog ? Cela se restreint-il à regarder, plus ou moins passionnément, le spectacle lointain de la politique ? Non, bien sûr que non. Cela doit-être plus. Sinon la vie ne serait qu’une vie pour rien. C’est pour cela que nous avons besoin d’une démocratie où la participation ne se résume pas à un chiffre ou à un taux commenté par les éditorialistes le soir des élections. C’est pour cela que les intellectuels, notamment lorsqu’ils ont choisi l’Internet (mode d’expression de la démocratie radicale et participative s’il en est) doivent se demander à qui ils s’adressent ? Au peuple ou aux dirigeants qui président à notre destinée ?

    Ma réponse, elle, est claire. Elle ne s’accommode d’aucun compromis. Nos dirigeants se sont trompés. Ils ne sont donc plus légitimes. Pourtant, ils sont les mêmes, toujours les mêmes, à se présenter encore. Il appartient alors au peuple et aux intellectuels de se prendre en main… sans eux. Vous n’avez pas de consignes, Paul. Pour ma part, j’en ai une. Ne votez pas ! Ne déléguez plus votre pouvoir. Vous êtes le pouvoir ! Exigez la réhabilitation du tirage au sort… (Vous obtiendrez ici des explications)

    Dernière précision à ceux qui sentent que le terme de « gauchiste » commence à palpiter, là, au coin des lèvres : je n’appelle pas au sang. Je ne crois pas au Grand Soir. Je ne possède aucune carte de parti. Je suis amoureux. J’aime le visage d’Antigone. Contrairement à ce qu’en dit les livres, il n’est pas triste.

    1. Avatar de frédéric
      frédéric

      @ Olivier

      J’aime votre message. Le ton, la colère, tout ça parle au jeune furieux que j’ai été…et que j’essaie encore d’être, quand j’arrive à rassembler tout mon courage et ma volonté (pas facile en vieillissant).

      Ma revendication actuelle se limite officiellement à « comprendre ». Parce que je ne peux pas croire à l’incompétence absolue de ceux qui nous gouvernent. Que certains soient bêtes, cupides ou incompétents, c’est possible. Ils ne peuvent pas tous l’être.

      Nous vivons dans un monde complexe. Voyez cette histoire de CDS. Lisez le bulletin officiel des impôts (53 pages) consacré au dispositif de lutte contre les paradis fiscaux (je l’ai posté plus haut). Rien n’est simple. Qu’est ce qu’un paradis fiscal? qu’est-ce qu’une dette? qu’est ce que du capital? Ces notions varient selon le pays dans lequel nous nous trouvons.
      .
      Participer à toutes les décisions qui pourraient avoir une influence sur votre vie, dites vous. Si l’un de vos très proches était assassiné, vous souhaiteriez donc être associé à la décision de justice qui serait rendue contre le meurtrier. Quel serait votre verdict? Quel serait le mien, placé dans la même situation?

      Vous dites que l’urgence n’est pas de sauver un système, mais de sauver des gens. Etes-vous si sûr que les gens sont d’accord pour que vous les « sauviez »? Qu’entendez-vous par « sauver »? Votre morale vaut-elle mieux ou plus que la leur? Qui vous dit que je vais être d’accord avec votre conception de la société? Qui nous dit qu’ils vont majoritairement être d’accord avec notre vision de la société? Qui entendez vous représenter?

      Parcourant les contributions sous ce billet, on trouve ceci :
      rendre le vote obligatoire
      au-delà d’un certain seuil de votes « blancs », rendre les résultats caducs
      voter
      une nouvelle nuit du 4 août et remettre la guillotine en service
      supprimer l’argent
      continuer à réfléchir
      enseigner l’apprentissage du sens critique
      tenir un discours qui entrainerait un « effet domino »
      interpeller les députés / les élus
      voter EE
      saisir toutes les occasions qui nous sont offertes pour agir
      demande d’une consigne de vote à François Leclerc
      « un pour tous, tous pour un »
      Paul Jorion dans une commission
      attendre l’arrivée d’un cataclysme du à une surexploitation du globe
      faire de la pédagogie, éclairer les citoyens sur les choix possibles
      concentrer ses efforts à convaincre les tenants du Pouvoir

      J’y ajoute ces quelques chiffres :
      budget de la France : 370 milliards d’euros
      budget de l’UE : 129 milliards d’euros

      Chiffre d’affaires groupe EDF 2008 : 64 milliards d’euros
      Chiffre d’affaires groupe GDF Suez 2008 : 83 milliards d’euros
      Chiffre d’affaires france télécom 2008 : 53 milliards d’euros

      Olivier, les forces en présence sont absolument gigantesques. Côté multinationales, à 3 ou 4 elles dépassent la puissance des Etats eux-mêmes. Et même si les Etats ont en théorie le pouvoir de légiférer, les intérêts privés colossaux évoqués ci-dessus (les sociétés ont été choisies au hasard) ne vont pas se laisse plumer. Ils ont des moyens d’influence que nous n’imaginons pas.

      Dans ce contexte, vous avez sans doute raison de vous demander ce qu’est la démocratie. Je vous avoue humblement que cette question me dépasse.

      Alors, quoi faire? Aller jouer de la guitare avec les potes de Paul? Ou bien trouver un nouveau Paul (pote, bien sûr) qui fera l’apologie du sacrifice?

      Mobiliser les gens autour d’un projet est une chose difficile. Comme d’autres, j’ai essayé ici même, pensant trouver un terrain propice. Le résultat est modeste pour l’instant : nous sommes 4 citoyen(nes) résolus à nous rencontrer dans la vraie vie. Le rendez-vous est pour bientôt. Nous avons quelques idées qui pourraient être mises en oeuvre de manière concrète. Si quelque chose se dégage, nous avons convenu d’en parler ici, puisque c’est grâce à ce blog que nous sommes entrés en contact.

      Une suggestion? Cultivez votre révolte, Olivier. Elle n’est pas prise pour du populisme, elle n’est pas regardée de haut, elle n’est pas ingénue… elle est forte, sensible, elle nous maintient en éveil, et je suis persuadé qu’elle trouvera sa raison d’être dans les changements qui s’annoncent.

      PS : ne soyez pas trop dur envers la stratégie de Paul ou celle de François. Chacun à leur manière, ils contribuent avec talent et conviction au mouvement…
      « Le sage a deux langues, l’une pour dire la vérité, l’autre pour dire ce qui est opportun »

      Amicalement,

      Frédéric

    2. Avatar de Fab
      Fab

      Olivier,

      Je crois que nous sommes d’accord sur le fond mais pas sur la forme. Sur le fond ça m’apporte un réel réconfort, cette situation étant relativement rare sur ce blog…et dans la « vraie » vie aussi !
      Sur la forme, j’aurais souhaité publier mon message (juste après, sous le vôtre) un peu avant, pour que vous tombiez dessus…avant que vous ne publiiez le vôtre ! Bon, j’avoue à me relire qu’il mériterait d’être repris, mais je suis certain que si vous vous y attardez vous comprendrez pourquoi je dis que nous ne sommes pas d’accord sur la forme. Ne serait-ce que par votre présence et par la mienne sur ce blog. Si Paul était engagé, pour peu que j’aie la moindre divergence non pas nécessairement avec ses idées mais avec celles de ses camarades de circonstance, je peux vous assurer que je prendrais mes jambes à mon cou et que partant la probabilité que nous nous croisions en prendrait un coup. Mais baste, la forme, c’est un peu comme les goûts et les couleurs.

      Le fond donc. Sur lequel je vous rappelle nous sommes d’accord, selon moi. Mais j’adopte sur un point en tout cas une grille de lecture différente. Ce n’est qu’une grille de lecture : à la fin de la lecture on peut la jeter et ne garder que qu’une impression. Cette grille, j’en parle (vaguement certes) dans mon précédent message qui suit le vôtre donc, consiste à considérer que les politiques sont à leur place parce qu’ils sont à notre image. Je sais, c’est dur, mais c’est à considérer davantage comme une moyenne de nos déviances que comme l’image d’un individu. Et la mission première et ultime de ces gens-là est de garantir la survie du système dans et par lequel ils ont pu accéder au pouvoir. Ce qui, dans cette grille, semble être la moindre des choses. D’où la « conclusion » : c’est à nous, le peuple, de changer le système, ne serait-ce que pour que nous ayons enfin droit aux dirigeants que nous pensons mériter. Et pour cela le blog et le non-engagement de Paul sont des vecteurs de qualité. En passant, je ne sais pas si vous avez suivi mes nombreuses interventions ici depuis de nombreux mois, mais je ne pense pas que quiconque pourrait me présenter comme sympathisant aux idées et mesures ici défendues. Bien au contraire : j’ai ma conviction, ma foi, ma grille de lecture, au travers desquelles je ne peux qu’être en profond désaccord avec la mise en application A CE STADE de ces idées. Mais bon, c’est le jeu. C’est la démocratie. Si vous m’offrez une meilleure tribune, je la prends. En plus !

      🙂

    3. Avatar de Crapaud Rouge

      Olivier, il faut accepter la finitude de toutes choses. De nombreuses associations ont pour raison d’être de « sauver des gens », c’est hautement louable, certes, mais leur mérite n’ôte rien à ceux qui se donnent d’autres buts.

      J’avoue ne pas du tout vous comprendre quand vous dites: « C’est votre illusion, à vous Paul, et à bien d’autres ici manifestement. » Qu’en savez-vous ? S’il est vrai que Paul se montre attentif aux signes de son influence, – ce que j’interprète pour ma part comme des signes d’encouragement -, en ce qui me concerne je viens ici sans espoir de changer le monde, seulement avec celui de passer mon temps de façon intelligente.

    4. Avatar de olivier
      olivier

      @ Crapaud Rouge
      « sauver les gens », pas changer le monde. Et si le Grand Soir vient de surcroît, j’aurai grande foi dans le prochain petit matin. C’est mon coté « hégélien »…
      « sauver les gens »: oui c’est très naïf, c’est enfantin comme formulation. Je le revendique. Je ne veux voir qu’avec les yeux de l’enfant. C’est une ascèse. Et l’expérience montre que cela a bien plus d’effet que milles lectures.
      « sauver les gens »: c’est vrai que ce n’est pas seulement enfantin. C’est un peu con aussi. Mais cela aussi je le revendique. Je veux bien être pris pour un con si cela vous aide à vous sentir plus intelligent. Moi aussi j’aime bien les gens intelligents. En revanche, je ne crois pas que la politique doivent nous servir à nous rendre plus intelligents ou à passer intelligemment du temps. La politique, c’est être au coeur de la cité, être au milieu des gens, qui vous l’aurez peut-être remarqué, ont cette tendance à crever en ce moment. La crise, oups, la Grande Crise! Vous vous souvenez? La Grande Crise avec des gens dedans…Voila pourquoi sans doute, je veux « sauver les gens », gens qui, à mon avis, si je pense à ceux que je connais, seront assurément d’accords pour être sauvés. C’est humain, vous savez. Nicolas le philosophe nous l’a bien enseigné: « mourir, c’est pas facile ». C’est sans doute aussi parce que les gens dont je parle ont un visage plus vrai et plus beau que celui d’un CDS qu’il m’importe peu de paraître intelligent: pour être tout à fait définitif, si la politique c’est chercher à être plus intelligent, alors je veux mourir idiot.
      Tiens en l’écrivant je repense à ça: http://www.dailymotion.com/video/x3g9nh_arnaud-michniak-mourir-idiot_music
      Bonne écoute. Peut-être.

  11. Avatar de Fab
    Fab

    Bonjour,

    « Ce blog a moins bougé les choses que nous voulons le penser » « N’est-il pas temps, alors, de s’engager ? »

    Tout dépend si le but fixé est une fin en soi. Si oui, alors peut-être qu’il faut s’engager. Sinon, non…

    Le non islandais n’a pas été sérieusement relayé, par crainte de débordement probablement. Les tensions en Grèce sont plus facilement audibles mais l’analyse qui en est faite est monotone : les tensions font suite aux dysfonctionnements du système économico-financier, l’état (grec ici) tente de sauver l’affaire en resserrant les cordons de la bourse, le peuple n’est pas content, les politiciens réagissent en s’en prenant aux coupables…

    Que vont faire les peuples, grec d’abord puis les autres : « On a gagné, on a gagné, on plie tout le matériel et on rentre ! ».
    Ce qui nous éloignera d’une prise de conscience qui pourrait se généraliser, entre autres sur la relation entre travail et rémunération (notez le temps qu’il a fallu pour qu’apparaisse ici le besoin d’une réflexion, en amont, sur le travail…et il y a encore plus amont !), ou sur la réapparition de la spiritualité, laïque semble-t-il bon de préciser en reprenant le terme de Vincent Wallon. Les mesures proposées ci et là ont selon le cas une plus ou moins grande efficacité pratique, mais leur rôle premier est de provoquer la réflexion, et fatalement cette réflexion est canalisée vers l’objectif desdites mesures. Comment s’assurer alors que les différentes « pousses » qui sont apparues survivront une fois que « l’objectif sera atteint », combien de temps leur faudra-t-il pour disparaître, les sujets plus « en amont » parviendront-ils à percer ?…?

    La grippe porcine est un bon exemple de gestion de risques majeurs par les dirigeants, le risque majeur était dans ce cas bien évidemment que le processus -fabrication intensive de viande pour le gavage- soit observé, critiqué, remis en question, bref réfléchi de manière globale et solidaire par les populations : y a-t-il aujourd’hui un grand débat sur les mégaporcheries, sur l’élevage intensif, sur l’attitude de l’homme envers l’animal, sur la manière qu’ont les sociétés d’évacuer ce genre de questionnements, sur ce que l’homme est devenu, sur sa relation avec la Terre-mère…? Sur la vie et sons sens ? Non, la réponse-vaccin a été suffisante ! Société 1 – Homme 0. Et c’est bien parce qu’ils n’ont pas de modèle de société de rechange à leur disposition que nos dirigeants font tout pour sauver ce qui peut l’être encore de l’actuel, pour garantir la paix sociale : ils sont payés pour ça !

    C’est donc à nous, au peuple de proposer du neuf. Or nous ne sommes pas prêts. Il faut donc continuer à alimenter la critique, la vraie, comme le font ici Paul et tous ceux qui présentent et défendent leurs idées.

    S’engager c’est s’enfermer, voyez le cas BHO. Ce qui ne veut pas dire ne pas défendre ses idées, les rendre visibles pour les rendre disponibles, les décortiquer pour les perfectionner afin que celui qui décidera de les utiliser ait le meilleur matériel possible.

    PS : merci Octobre pour votre clin d’oeil.

  12. Avatar de daniel
    daniel

    Il existe un moyen simple de prouver son engagement,
    c’ est le vote. Voter est à la fois démocratique et
    révolutionnaire.
    Toutes les raisons prônant l’abstention sont
    cyniques ou totalitaires. ( disant totalitaire
    je pense à une réflexion d’ un esprit distingué:
    « ma voix égale à celle d’un imbécile ?
    jamais! et c’est bien la preuve que la démocratie est viciée
    à la base »).
    Pour les élections de ce Dimanche, on verra
    le degré d’engagement de l’opinion publique.
    Un taux d’abstention élevé justifira le conservatisme
    anti social, favorable à la phynance.
    ( Toutes nos faiblesses sont insrumentées,
    mais l’inverse n’est pas vrai. )
    Nul doute que la proportion des votants sera
    prise en compte dans les cénacles phynanciers…
    et progressivement oubliée tant l’ atavisme pognonesque
    – se perpétuer dans son être- est puissant.

    Pour ceux rêvant d’absolu efficace, le vote
    peut paraître simpliste. Il me semble
    que ce n’est qu’ une fuite: pourquoi refuser
    un effort modéré, si on est prêt à des efforts
    autrement intenses ?
    Je vous le demande poliment: allez voter.
    L ‘effort d’ aller voter n ‘est jamais perdu.
    Faites cet effort. Et si vous le voulez,
    ce peut être un début.

    Ceux ne votant pas auront montré
    que leurs vitupérations sur le clavier azerty
    sont vaines.
    Car le maximalisme restera ce qu’il est en réalité:
    une complicité objective avec les puissances
    idéologiques de la phynance. Tout comme
    le refus d’exercer un droit élémentaire.

    A l « a quoi bon » , on peut opposer ce fait:
    tout se tient. Les petites choses collectives
    sont indispensables à la réalisation
    des grandes idées…
    Et le dédain est un luxe hors de saison.

  13. Avatar de changeur
    changeur

    ce blog n’a rien changé et ne changera rien. D’ailleurs je commence à me poser la question de ce blog…
    Au début un gentil Barbu Jorion, issus d’un certain serail voulez nous dire des choses sur l’avenir du monde…
    « il va s’écrouler…ceci cela.. » Puis la notoriété aidant il passe à la TV à la radio…
    IL nous explique de moins en moins de chose, mais il tente de nous guider, de nous influencer, vers tel ou tel voix. Remarquez qu’il y a des voix bien pire que celle là…
    Finalement il semble se rapprocher d’une politique…. une voix politique déjà en extinction.
    Ca sert à quoi tout ça, ne me demandez pas de vous suivre.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Il nous explique de moins en moins de choses.

      Je mets les explications dans des livres pour ne pas devoir les répéter, comme ça je peux me consacrer à de nouvelles questions et produire du neuf.

      mais il tente de nous guider, de nous influencer, vers tel ou tel voix. Remarquez qu’il y a des voix bien pire que celle là…

      A quoi faites-vous allusion ? Je ne comprends pas.

      … ne me demandez pas de vous suivre.

      Je dis le contraire, je dis : « Faites votre truc à vous. Saisissez toutes les occasions qui vous sont offertes ! »

    2. Avatar de Papimam
      Papimam

      @changeur
      Je me répète « Nous devons être le changement que nous voulons dans le monde » Gandhi

      Au lieu de vociférer, apportez votre pierre à l’édifice.
      Je reviens d’une projection photo faite par Matthieu Ricard, que sa montagne est belle à tous les moments de l’année, que ses compatriotes tibétains sont attachants, heureux et fiers dans la pauvreté même.
      Commençons par changer notre référentiel trop tourné vers le matériel et privilégions la culture, l’altruisme, la compassion, l’amour de l’autre qui sont des valeurs majeures.
      Voilà peut être un début pour amorcer la métamorphose prônée par Edgar Morin.

      Face à la course croissante à l’individualisme j’ai particulièrement apprécié la métaphore de Matthieu Ricard :
      « Nous avons 5 doigts à notre main, ne nous posons pas la question de savoir quel est le meilleur, pour bien fonctionner la main à besoin de tous ses doigts ».

      C’était les 5 minutes de méditation, nul doute que Jérémie va apprécier.

    3. Avatar de zébu
      zébu

      ‘vociférer’ …
      ça c’est un verbe qui a de la gueule !
      🙂

    4. Avatar de Crapaud Rouge

      « Ca sert à quoi tout ça » ? On se le demande aussi, mais ça fait partie du charme, ce n’est pas une question repoussoir. Diriez-vous que les grands vins ne servent à rien parce qu’il est plus utile, plus pratique et moins coûteux de boire de l’eau pour se désaltérer ?

  14. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Ce qui est intéressant sur le blog c’est, autant, sinon plus, le produit des opinions contradictoires, et non pas le jugement à propos des opinions exprimées, prises une à une. C’est le produit cumulé et contrasté qui fait sens et permet l’émergence d’une pensée plus riche et dynamique, voire nouvelle, et qui donne finalement toute sa puissance à la pensée originale produite par l’auteur du blog. IL n’y a pas a priori de questions et d’opinions illégitimes. Cela serait nier toute dimension dialogique.

    Vu sous cet angle, le point de vue exprimé par Olivier est tout à fait positif, car il a permis à Paul de préciser sa pensée, sa position, ce qui finalement la renforce. On en revient toujours, avec Hegel, à l’idée du rôle – positif – du négatif dans la pensée.

    Cela implique aussi que nous ne sommes pas véritablement propriétaires de nos points de vue car ceux-ci ne seraient pas ce qu’ils sont s’ils ne naissaient d’un dialogue, d’une certaine confrontation même. Nous sommes plus traversés par la pensée que nous n’en sommes les auteurs.

    Je me fais aussi souvent la réflexion que telle pensée ou sentiment exprimés par tel ou tel, m’ont aussi bien traversé l’esprit, quand bien même celles-ci ou ceux-ci n’ont pas accompli chez moi leur parcours jusqu’au bout au point de déboucher sur une expression circonstanciée. Si finalement je ne l’ai pas exprimée cette idée, ce sentiment, c’est parce qu’un petit élément dans ma propre réflexion, parfois ténu, et qui fait toute la différence, me fait distinguer ma pensée mon sentiment, de celle d’un autre. Leibnitz ne disait pas autre chose lorsqu’il évoquait un monde où aucune goutte d’eau ne ressemble exactement à une autre. Elles sont toute faites de la même matière, elles ont les mêmes propriétés, ce qui change c’est juste leur différence irréductible quant à leur rapport au temps et à l’espace. Il en est de même des humains. C’est notre position à chacun, irréductible dans l’espace et le temps, dans l’histoire, qui déterminent des pensées en surface apparemment contradictoires mais en réalité essentiellement solidaires.

    Bref, ce sont en réalité parfois très peu de choses qui nous distinguent les uns des autres, même si de prime abord l’opposition apparaît frontale et irréductible. De là l’idée des bifurcations de la pensée. La pensée est essentiellement relationnelle. Et c’est heureux, car c’est de leur relation dynamique qu’elles tirent leurs forces, du moins quand elles peuvent vraiment se rencontrer. La condition est qu’il y ait toujours un lieu commun, ici c’est le blog.

    Bien entendu, cela peut générer une certaine frustration si l’on en attend plus qu’il ne peut donner, car ce lieu commun n’est pas un lieu où puissent directement se rencontrer physiquement des humains en chair et en os. C’est un des problèmes de notre démocratie que celui-là. Trouver de nouveaux lieux féconds tout à la fois pour la pensée et l’action et qui satisfassent au désir de la joie d’être ensemble.

    Ici il y a les mots, avec lesquels nous nous transportons vers ce lieu commun sans lequel il n’y aurait point de pensée véritable. La Raison ici ne méconnaît point l’affect qui est en elle et la fait se mouvoir, c’est de toute évidence une des clés du succès du blog de Paul Jorion. La question légitime que l’on peut alors se poser c’est : comment prolonger ailleurs cette l’expérience assez singulière qui a lieu ici ?

  15. Avatar de louise
    louise

    @TARTAR dit :
    13 mars 2010 à 08:25

    « Le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas. »…………….
    je crois que cette spiritualité relèverait du domaine de ce que nous pressentons aujourd’hui sans le connaître, comme le XVIII° siècle a pressenti l’électricité grâce au paratonnerre.

    Malraux avait raison.

    Ce que vous rapportez là, cher haché des grandes steppes, me trotte aussi dans la tête depuis quelque temps.

    Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que nous nous sommes fourvoyés dans une impasse.
    Nous commençons aussi, grâce, entre autre, à ce blog à entrevoir ce qui pourrait devenir une autre forme de société.
    Un nouveau monde où l’idée de profit, de richesses matérielles serait remplacée par d’autres formes de richesses, celles venant du coeur.

    Certains, dont moi parfois je l’avoue, lorsque la conscience de tant et tant de vies gâchées, de tant et tant de morts pour rien, pour de l’or, de billets de banque, des zéros sur un compte, me vient à l’esprit, certains donc appellent à des solutions radicales alors que d’autres, peut-être encore épargnés, tremblent devant le risque de l’effondrement total.

    Quand comprendrons-nous que la seule constitution valable pour un monde pacifié ne tient qu’en cette seule phrase :
    « Aime ton prochain comme toi-même » ?

    Qui étaient-ils ceux là qui nous ont offert ce sublime testament ?

    Comment ont-ils eu la prescience de ce qui allait arriver ?

    Etaient-ils plusieurs, n’y en a-t-il eu qu’un ?

    Pourquoi ce message a-t-il traversé les siècles ?

    Finira-t-on par en comprendre enfin toute la portée ?

    Par delà les millénaires ces hommes nous interpellent et nous n’écoutons pas !
    Oh, oui, nous entendons, nous entendons, alors on fait un don, une piécette au sdf du supermarché, un chèque pour le tsunami, pour le tremblement de terre, nous entendons, oui, mais nous n’écoutons pas.
    Nous n’écoutons jamais.

    Aime ton prochain comme toi même, fais attention à lui, il est fragile, il est comme toi, c’est un homme, une femme, un enfant, il faut le nourrir, le couvrir, soit attentif, a-t-il faim, a-t-il peur, que cherche-t-il ?

    Etre et accepter à la fois.
    Etre le secours et accepter d’être secouru.

    Etre et accepter la main secourable, sans attendre rien en retour que le bonheur d’une nouvelle amitié.
    Etre et accepter l’oreille attentive aux souffrances.
    Etre et accepter l’épaule solide qui se présente pour passer un cap difficile.

    Mais peut-être ne nous aimons nous pas assez nous-mêmes pour cela ?
    Le début serait de s’accepter d’abord pour ce que nous sommes ?

    Alors aimons-nous nous-mêmes et aimons les autres comme nous mêmes !

    1. Avatar de Fab
      Fab

      Si c’est là une proposition de texte visant à remplacer la lettre de Guy Mocquet à l’école, je vous assure de mon soutien.

      C’est beau comme du Gandhi dis ! Ou comme du Jésus, celui qui crie pendant que la caravane humaine se trompe de chemin.

    2. Avatar de octobre
      octobre

      C’est vrai absolument. L’Amour a le pouvoir de transformer en profondeur.
      La haine de nous mutiler en profondeur. Vouloir éradiquer ce qui est beau dans la nature humaine est la plus grande des folie. Si on suit cette pente, il n’y aura bientôt plus un seul brin d’herbe auquel s’accrocher. Quel peut-être notre rêve quand les mondes individuels chocs leurs armures dans un immense bruit de fer.
      J’ai mal, maman la terre.

    3. Avatar de hema
      hema

      @louise,

      Pour moi l’épaule secourable aura été (et continue d’être) le blog de PJ, j’y apprends beaucoup de choses (les CDS, la monnaie fondante, la philosophie de Platon,.. et beaucoup d’autres endormies au fond de moi, se réveillent, et les une éclairent les autres et la lumière revient.
      Mon épaule est maintenant disponible.

      Merci Louise pour cet ode à l’amour.

  16. Avatar de octobre
    octobre

    MOURIR AU SOLEIL

    Je voudrais mourir debout
    Dans un champ, au soleil
    Non dans un lit aux draps froissés
    A l’ombre close des volets
    Par où ne vient plus une abeille
    Une abeille

    Je voudrais mourir debout
    Dans un bois, au soleil
    Sans entendre tout doucement
    La porte et le chuchotement
    Sans objet des gens et des vieilles
    Et des vieilles

    Je voudrais mourir debout
    N’importe où, au soleil
    Tu ne serais pas là, j’aurai
    Ta main que je pourrai serrer
    La bouche pleine de groseilles
    De groseilles

    JEAN FERRAT

  17. Avatar de djoy
    djoy

    Pour méditation un texte paru dans le Figaro…
    …rassurez-vous le 28 nov 1888.
    L’auteur en est Octave Mirbeau

    Voici :

    « Une chose m’étonne prodigieusement – j’oserai dire qu’elle me stupéfie – c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose. Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ?

    Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ? et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Nous l’attendons.

    Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne ; je comprends M. Chantavoine s ‘obstinant à chercher des rimes ; je comprends tout. Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire 1’être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, ô chauvin !

    Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer – ô folie admirable et déconcertante – des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur « qui la connaît » et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans « les résultats de sa toute-puissance » qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain. Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait. Mais les autres ?

    Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : « Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le soûle ?

    À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus ?… Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ?

    Qu’est-ce qu’il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baihaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard, des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat. Et c’est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.

    Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.

    Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et de donner l’autre ? Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.

    Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.

    Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève. »

    Octave Mirbeau 1848-1917

    Depuis le réferendum en 2005 et la traîtrise des politiques en 2007, l’europe et tout son carcan ne tombera que lorsque la prise de consciance des peuples aura lieu , sans compter la crise économique qui a démoli l’Europe plein emploi , sans inflation et donc sans risque !

    Les gens, enfin pas les moutons, ont bien compris qu’on leur impose et donc qu’on dispose d’eux !

    Les élections ne sont qu’un cirque tout comme une bonne série est à la télé : moutonneux , bien abétissant et sans contrainte pour ceux qui la font !

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      « Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. » : parfaitement exact ! Il espère empêcher que d’autres maîtres, pires que ceux pour lesquels il vote, ne s’emparent du pouvoir.

    2. Avatar de laurence
      laurence

      @ djoy,

      merci pour ce texte!

  18. Avatar de oj
    oj

    je crois qu’il n’est plus temps pour les forces de proposition.

    Je vois, depuis 10 ans, la société francaise se degrader, le pouvoir augmenter sans cesse sa pression sur les individus.

    Je vois la finance en pleine deviance (faire sans cesse de l’argent sur l’argent) et puis cette crise qui revele finallement au grand jour la plupart des défis à venir colossaux agravés par la désintégration des Nations avancées.

    Je vois des sociétés qui par leur complexité, tétanisent les ardeurs des simples citoyens face aux puissances de l’argent .

    Je vois le monde qui ressemble de plus en plus aux sociétés post-industrielles decrites dans les fictions des années 40-50.

    Et je vois le temps qui passe nous assommer sans réagir sauf a decrier, critiquer analyser proposer sur les blogs et forums.

    Je crois qu’il va devenir necessaire que les citoyens reprennent leur destin en main d’une manière brutale pour bousculer definitivement le monde institutionnel.

    Ceci ne pourra se faire que dans un grand fracas mais ceci va devoir se faire.

    Nous sommes comme la grenouille d’Al Gore , nous avons difficulté a saisir le seuil fatidique mais je crois qu’il approche et de plus je le veux

  19. Avatar de Anne
    Anne

    J’ habite un petit pays où:
    – 2009 se devait de commémorer les 400 ans de la naissance de Calvin (Calvinisme-Protestantisme-Capitalisme. Un certain Max Weber a écrit à ce sujet le désormais classique « L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme « ).
    – depuis 10 ans nous avons assisté à:
    – l’assassinat de Theo van Gogh
    – l’assassinat de Pim Fortuin (extrémiste de droite)
    – au phénomène Geert Wilders (extrémiste de droite)
    – une fièvre spéculative à tous les niveaux
    – une perte de sens et d’identité
    – une incapacité à résoudre les problèmes de circulation (un véritable problème dans ce petit pays)
    – l’attentat contre la famille royale le 30 avril 2009, faisant 7 morts parmi les spectateurs (très choquant, car nous y avons tous assisté en direct)
    – déconfiture de la grande banque nationale ABN-AMRO
    – faillite d’une autre banque, la DSB
    – interrogation quant au bon fonctionnement de la DNB (en charge du contrôle des marchés financiers) – Commission De Wit –
    – affaire Icesave
    – mise en place de l’ancien ministre des finances Gerrit Zalm à la tête de la nouvelle ABN, également impliqué dans la gestion de la DSB, il a été plus ou moins suspecté de ne pas y avoir vraiment bien fait son travail.
    – décision de retirer les troupes d’Afganistan, les autres n’ont qu’à continuer sans nous.
    – de ce fait, chute du gouvernement Balkenende. Elections anticipées en Juin.
    – énorme déficit budgétaire, ce sont les prochaines générations qui ramasseront les pots cassés…
    Et cerise sur le gâteau,
    – le ministre des finances démissionnaire a décidé de se retirer de la politique, parce que… tenez-vous bien, ce ministre trouve qu’il ne voit pas assez ses enfants grandir… à tomber à la renverse!
    Les journaux néerlandais d’annoncer en gros titres ce week-end que ce pourrait être le début de la 4ème vague émancipatrice… je crois rêver!

    Voilà ce qu’on appelle un état de décadence avancé… Vive une Europe unie qui reprenne les affaires en main!

    1. Avatar de octobre
      octobre

      Et donc de s’émanciper.

    2. Avatar de hema
      hema

      @Anne

      Tous ça me semble extraordinaire, comment est ressentie par la population hollandaise la cause invoquée par votre ex ministre (cause très honorable si elle est sincère)

      -fuite avant la débacle,….???
      -désaccord avec les politique menées???
      -trouille de se faire lyncher, puisque maintenant ça à l’air de rentrer dans les moeurs.

      Au plaisir de votre réponse

    1. Avatar de Anne
      Anne

      Je vous remercie Frédéric, en effet, une analyse tout à fait intéressante.

    2. Avatar de hema
      hema

      merci Fred, interessant

  20. Avatar de Tinsmar

    Bonjour,

    Papimam, Paul et les autres :

    Papimam dit : « Je me répète « Nous devons être le changement
    que nous voulons dans le monde » : Gandhi (14 mars 2010 à 00:09) »

    J’ai pu lire plusieurs fois ici, (plus haut) que la démocratie était pointée du doigt, qu’on n’était même plus en démocratie.

    Je pense qu’il ne faut confondre avec le mode de fonctionnement de cette même “démocratie représentative” qui est de moins en moins directes. (cf élections pour les Communauté de Communes, d’agglo, urbaine etc. élections de représentant de Pays etc.) et je pense que c’est cela qui est condamnable
    Cela entraine des sentiments de défiance lorsque j’observe des régressions démocratiques qui se généralisent, suite aux multiples coup de butoir néolibéraux d’oligarques.

    Si nous nous plaignons de ce mal-fonctionnement, pourquoi ne pas en proposer d’autres ? Vu que le titre de ce post parle de s’engager.

    A mon sens, il n’y a qu’une seule voie qui serra efficace tout en respectant notre constitution : la démocratie directe représentative voir co-constructive au niveau locale. Voir un précédent post perso : Cf http://www.pauljorion.com/blog/?p=7695

    Et j’estime que ce ne serait pas nier la démocratie que de proposer, voir organiser pour les prochaines élections municipales, l’élévation du niveau de celle-ci, et au contraire, c’est pour moi la chérir que de proposer cela.

    Il n’est donc pas nécessaire de faire une révolution (au sens d’effectuer une trajectoire qui nous ramène au point de départ) mais de proposer à nos concitoyens, une EVOLUTION de nos démocraties en élevant leur niveau. Une démarche non violente, respectueuse dans un premier temps de nos institutions et qui a le mérite de ne pas offrir d’angle d’attaque aux oligarques etc.

    Certes, une proposition qui ne répond pas à l’urgence de la situation, mais imaginable pour un moyen terme.

    Bonne soirée

  21. Avatar de louise
    louise

    @ Fab dit :
    14 mars 2010 à 07:21

    Merci, n’en jetez plus svp, la cour est pleine ! 🙂

    Pourtant si on réfléchi un peu (je dois signaler que au fil des ans je suis devenue athée !) que veut dire cette histoire d’un type, il y a 2000 ans, qui jeta les marchands hors du temple, qui prônait l’amour de son prochain et qui fut crucifié pour cela ?

    Qui était-il ou qui étaient-ils pour avoir ainsi traversé 2 millénaires ?
    Et bien que sa « doctrine » ait été récupérée pour d’autres objectifs, pourquoi ce message transparaît-il toujours ?

    Que voulait-il nous dire ?

    Quel était exactement son message ?

    Où en sont les traductions des manuscrits de la Mer Morte ?

    On sait plein de trucs sur la disparition des dinosaures et quasiment rien sur cette affaire !
    Elle ne date pourtant pas du crétacé fût-il inférieur !!

    Les supers savants du giec vous analysent le climat de la terre d’il y a 400 000 ans et là on n’est pas foutu de savoir ce qui s’est réellement passé !

    Une nouvelle religion apparaît et l’on ne sait rien sur ses origines, ou si peu !

    Un livre m’a ouvert d’autres horizons, c’est « Le secret de l’exode » de Roger et Messod Sabbah.
    Si vous tombez sur cet ouvrage lisez le, cela ouvre des perspectives.

    Mais s’il aborde l’origine des religions monothéistes, il ne répond pas à cette question essentielle à mes yeux : pourquoi cet homme que l’on a appelé Jésus a-il essayé de changer le monde ?

    Comment avait-il compris que dès cette époque la société humaine allait courir de désastres en désastres ?

    Et pourquoi est-il apparu à cet endroit là ? Pourquoi était-il attendu là ?

    Pourquoi à ce moment là ?

  22. Avatar de louise
    louise

    @ Olivier

    Bien sûr qu’il s’agit de sauver des gens !
    Mais on ne peut le faire malgré eux !
    On peut toujours essayer de leur montrer certaines choses.

    « t en France ? Est-ce s’employer à « gagner » sa vie (cette vie que vos parents vous avaient pourtant « donnée »)  »

    J’ai posté cela dans un commentaire il y a quelque temps, elle m’est apparue tout d’un coup comme une évidence, l’avais-je déjà lue ou entendue ?
    Je ne sais pas .
    C’est ce genre de choses qui peuvent amener d’autres personnes à s’interroger sur le but de leur vie, et, une question en amenant une autre, les décider à réfléchir sur le sens à donner à leur action de citoyen du monde, et les engager à ne nommer au pouvoir que des gens qui correspondent à leur nouvelle vision au delà des partis et autres organisations politiques.

    1. Avatar de olivier
      olivier

      @ Louise
      je n’ose vous dire la Muse qui m’a inspiré. Je recevrais encore des noms d’oiseaux…

  23. Avatar de Fab
    Fab

    louise,

    Ça me fait plaisir que vous ayez répondu.
    Ce que vous dites est le seul message qui vaille : Jésus l’avait compris, et avant lui d’autres. La paix universelle est dans la paix intérieure, passe par la paix intérieure de chacun. L’amour universel est dans l’amour intérieur : chacun doit commencer par s’aimer avant de pouvoir vouloir aimer son prochain.

    « pourquoi cet homme que l’on a appelé Jésus a-il essayé de changer le monde ? »…

    Parce qu’il était bon, la compassion.

    Ce sont les circonstances qui ont fait ensuite qu’il a pu y consacrer sa vie : il était libre…Quand vous pouvez vous mettre en RTT pendant 40 jours sans avoir à dépenser un radis, les possibilités sont grandes.

    De là à dire que quand vous êtes tenu par ces deux liens, vous n’êtes plus libre il y a un pas que je me suis depuis longtemps permis de franchir.

    Et j’essaie aujourd’hui d’aider les gens à franchir ce pas (notez que si j’échrist : …aider les gens à se libérer de leurs liens ça sonne différemment, ça peut effrayer).

    Bonne journée

    L’amour est l’ultime signification de tout ce qui nous entoure. Ce n’est pas un simple sentiment, c’est la vérité, c’est la joie qui est à l’origine de toute création.

  24. Avatar de Fab
    Fab

    « à Fab
    En lisant votre texte, j’ai poussé un gros soupir. Vous observez finement les grosses ficelles de la société contemporaine. Je n’utilise pas les smileys, mais je vous adresse quand même un clin d’œil complice. » (Octobre)

    Les grosses ficelles.

    Ce qu’il y de bien avec les grosses ficelles c’est que ce sont elles qui offrent le plus de chances de sortir un système de son puits d’inertie. Ce qu’il y a de moins bien avec les grosses ficelles c’est qu’elles ont en général la même caractéristique que les poutres que l’on a dans l’oeil : on ne les voit pas facilement. Ce qu’il y de bien avec les grosses ficelles c’est que les petites y sont attachées, et qu’en tirant dessus on tire les petites avec, alors qu’en tirant sur les petites on a peu de chances de faire bouger le tout et toutes les chances qu’à la fin elles se rompent. Ce qu’il y a de bien avec les grosses ficelles, c’est qu’elles ont une plus longue durée de vie et qu’en étant un peu poète on peut les comparer à des nervures, facilement identifiables qui plus est, tant elles sont grosses. Ce qu’il y a de moins bien avec les grosses ficelles c’est qu’en ces temps de spécialisation, elles ne sont pas à la mode. La spécialisation, ça ressemble un peu à la division. Et la division, mis à part que ce n’est pas le meilleur moyen de réunir (je m’étonne tous les jours de la puissance de la logique), c’est un très bon moyen si pas le meilleur pour mieux régner. Il est vrai cependant qu’en tressant les petites ficelles on peut en obtenir une grosse (messieurs, ça ne marche qu’avec les ficelles).

    Et on se retrouve au final avec une grosse ficelle.

    Tout ça pour ça diront certaines langues, l’important c’est de participer leur répondront les autres.

    Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    PS : merci Octobre donc d’avoir lu au-delà de la forme, c’est une politesse qui mérite d’être appréciée.

    1. Avatar de octobre
      octobre

      De rien.
      Chaque époque a droit à son lot de misère. Notre tranche d’histoire est particulièrement bien pourvue en solitude. Vous venez bien ici pour être lu et y trouver un peu de chaleur non ?

    2. Avatar de Fab
      Fab

      Octobre,

      Je pensais que vous ne faisiez pas partie de ces gens qui lisent (voient, entendent, sentent, etc.) chez les autres ce qu’ils ont envie d’y lire (…) et uniquement ça.

      Peut-être alors est-ce votre démarche que vous voyez reproduite ailleurs. Si tel est le cas je suis heureux que vous trouviez ici cette chaleur que je suis prêt à vous donner, et avec un peu de chance cette chaleur comme vous la nommez pourra se répandre à d’autres, et alors oui la misère actuelle reculera d’autant.

      Si vous saviez le nombre de gens qui sont prisonniers de leur environnement, de leur travail…de leur vie, A LEUR INSU. Et cette misère n’est pas liée à la richesse monétaire. Cette misère est partout : le plus dur étant de la reconnaître. C’est un long travail : il faut d’abord s’exercer à la déceler chez les autres avant de pouvoir la déceler chez soi. C’est une grosse, si pas LA grosse, ficelle : si tout le monde la voit vous verrez comme les problèmes et questions actuels s’envoleront.

      Alors pour répondre à votre question : oui, je suis effectivement content d’être lu, mais le chemin est long, chacun ne voulant en fait lire que ce qu’il a envie ou est capable de lire : difficile de changer de grille de lecture ou d’enlever la grosse ficelle qu’on a dans l’oeil ; et non, je ne viens pas ici pour trouver de la chaleur mais en espérant en donner, mais ne suis pas mécontent parfois d’en recevoir également.

      Sincèrement.

      PS : peut-être est-ce simplement une de ces deux phrases qui a « perturbé » votre lecture :
      « Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir »
      « L’amour est l’ultime signification de tout ce qui nous entoure. Ce n’est pas un simple sentiment, c’est la vérité, c’est la joie qui est à l’origine de toute création. »
      Elles ne sont pas de moi ! En espérant que votre lecture sera différente : je ne sais de qui est la première, l

  25. Avatar de Anne
    Anne

    @hema

    Comme vous semblez être intéressé par les Pays-Bas, pour répondre à votre question, je vous dirais d’abord que l’opinion publique est abasourdie car personne ne s’y attendait. On se pose bien sûr la question de savoir comment il est possible qu’à ce niveau-là – alors qu’en s’engageant, on sait trés bien que la vie politique ne sera pas de tout repos et qu’on a bien réfléchi à ce que l’on faisait (Wouter Bos n’est pas bête du tout) – on puisse si soudainement, en pleine déblacle financière et avec de tels enjeux, annoncer aussi simplement que l’on préfère consacrer plus de temps à ses enfants ( tout en étant assuré, au grand étonnement d’ailleurs de beaucoup de lecteurs, comme je le lis ce matin, d’une confortable compensation ces prochaines années). La Hollande semble de plus en plus plongée dans un état de confusion totale.
    Ces dernières décennies, la Hollande s’est voulue être le grand champ d’expérimentation de l’émancipation – un exemple à suivre – et voilà où nous en sommes, les hommes se vantant d’être émancipés (c’est Wouter Bos qui, il y a quelques années, se vantait de se réserver chaque semaine un « papadag »- une journée de papa) ne peuvent plus assumer leurs responsabilités professionnelles et familiales et finissent par craquer… Alors qu’on ne le l’accepterait sans doute pas des femmes au top, comme l’écrivait ce week-end une journaliste du journal NRC, et qu’on a demandé depuis des années aux femmes de tout combiner – et bien voyons, c’est juste une question d’ o.r.g.a.n.i.s.a.t.i.o.n ! … Un société dans la confusion. Où allons-nous si même les hommes n’y arrivent plus?
    Troisième point: il me semble que Wouter Bos va bien devoir s’expliquer quant aux décisions prises par son ministère ces dernières années. Peut-on du jour au lendemain laisser ainsi des dossier brûlants, non résolus, à son successeur sans plus avoir à y engager sa responsabilité?
    Nous assistons à une vague de démissions de personnalités politiques relativement jeunes et aux capacités certaines. Est-ce un signe de bonne augure?
    La conclusion est que la société se fragilise. A trop vouloir, on finit pas perdre, et chaque jour on se demande un peu plus où nous allons et quelles sont nos valeurs.

    1. Avatar de lou
      lou

      Vous évoquez une question sur laquelle je vous rejoins: combiner vie professionnelle, vie familiale sans aucun problème. On se rend compte, hommes comme femmes, que c’est impossible, et qu’il faut faire un choix. Les hommes font de plus en plus le choix de leur famille. J’aurais tendance à penser que c’est une bonne chose (des hommes de ma génération ne veulent pas être les pères absents qu’ont été leurs propres pères), du reste, si tout le monde travaillait à temps partiel, il serait plus facile d’allier les deux. Quant aux carrières politiques, on voit à quel point ce n’est plus gratifiant!

  26. Avatar de Michel MARTIN

    Pourvu que ce blog continue de vivre dans son principe actuel. Marci aux auteurs pour leur hospitalité et leur intelligence.

  27. Avatar de Anne
    Anne

    Je dois être inspirée par certains commentaires car j’ai encore ces petites remarques à faire.

    La voie de Jésus Christ est une des voies, il est évident que notre société manque d’amour, de compassion, d’attention, de sérénité, de calme, de temps,… la liste est longue, car on peut ajouter sacrifice, don de soi, abnégation, etc…

    Comme on le sait (ou pas), la modernité a voulu donner la parole aux chantres des valeurs inversées. Toute notre société occidentale est basée sur l’inversion des valeurs. Nous commençons à en récolter les fruits (plus ou moins gâtés). Et depuis 40 ans que nous en mangeons, nous commençons à en sentir les effets… Pour moi, deux questions se posent: Pourquoi avons-nous dû être nourris de ces fruits-la? Qui a eu intérêt à nous nourrir de la sorte? Quelqu’un aurait-il une réponse?

    Pour nous en sortir, il y a des pistes… des penseurs, des philosophes, des Sages, des individus libres et critiques… J’ai un livre en particulier, j’en ai beaucoup d’autres, tout à fait inspirant à cet égard, « Terre Patrie » d’Edgar Morin (Seuil, 1993).

    Un point fondamental qu’il nomme et qu’il suggère est de « préparer la décélération »(p. 177). Je ne peux qu’être d’accord avec lui: notre société s’est emballée, notre société va trop vite!
    De là ma reflexion faite dans un autre post sur la juste place de la femme dans la société moderne et son éventuelle contribution à la crise actuelle. La femme a-t-elle joué son rôle de modérateur dans la société, ou bien s’est-elle lancée à corps perdu dans la course folle de la société de consommation et de compétition (vous vous souvenez peut-être comme moi des années 80 et du phénomène yuppie, j’étais alors étudiante, et tout se mis à bouger très vite… et les femmes de n’avoir plus qu’une idée en tête: faire carrière!)?. Et je cite Edgar Morin: « Il faut rehabiliter la lenteur – Lentum in umbra – dans la vie quotidienne, élargir et développer les possibilités de convivialité où reapparaît un temps proprement humain… p. 178 Pour ce qui est de l’année sabbatique, comme il le propose, je me pose la question…

    Edgar Morin ajoute également qu’il faut « préparer l’ère méta-technique »: « On peut espérer que la technique cesse d’être le guide aveugle de notre devenir; on peut envisager l’intégration de la technique dans les finalités humaines » p.179 Un peu ce qui est pratiqué dans ce blog ( merci monsieur Jorion) : de l’anthropolitique.

    La religion entre bien sûr tout à fait dans ce projet de société. R. Girard dans « le Nouveau petit Robert », je ne suis pas allée chercher bien loin: Il n’y a pas de société sans religion parce que sans religion aucune société ne serait possible ». Je dirais presque que c’est simple comme bonjour. Un retour aux sources est nécessaire. Qui va le mettre en oeuvre? Qu’allons nous faire pour y contribuer?

    1. Avatar de hema
      hema

      @Anne,

      Merci pour votre réponse au post d’avant, je m’intéresse au Pays-bas comme à beaucoup d’autres pays.
      Je suis assez d’accord avec l’article envoyé par Fred, si ça se passe mal en Hollande ça préfigure assez bien (ou plutôt mal) ce qui se passer en Europe et en France (CF résultat des dernières élections ou le Front National (extrême droite) pavoise).

      Pour moi, les Pays-Bas ainsi que les pays scandinaves étaient plutôt un modèle en terme d’émancipation féminine, et personnellement j’adhère, est ce qu’une partie des problèmes viennent de là, je n’y crois pas , mais je n’y ai pas réfléchi plus que ça.

      Sur la folie de la vitesse et la force de l’amour, je vous rejoins complètement, sur le modèle de Jésus-Christ et si on reste ou niveau du bonhomme qui à l’air assez sympa, je peux vous rejoindre, si on parle de l’influence positive des religions, je ne partage pas du tout cette idée (mais j’ai peut-être mal compris votre post…).

      A+ Cordialement et bonjour chez vous.

    2. Avatar de louise
      louise

      @ anne

      Je ne vous suis pas moi non plus sur les religions.
      Le christianisme a complètement dévoyé le message de celui ou ceux que l’on appelle Jésus.

      Prenez la bible et le Nouveau Testament.
      Ce sont deux textes radicalement différents.

      Le Dieu de la Bible n’a rien à voir avec celui que Jésus nomme « son Père ».
      D’un côté un dieu féroce qui n’hésite pas à tuer les hommes qui ne lui conviennent pas, de l’autre un dieu qui est amour et pardon !

      « Tu gagnera ton pain à la sueur de ton front » c’est le dieu de la Bible !
      Et çà, il fallait bien le garder pour maintenir le peuple en servitude !
      L’aspect « foudres divines » aussi pour que la piétaille marche droit.

      L’épisode Jésus a été raccordé à la Bible en faisant de lui un descendant du roi David.
      Du coup le message d’amour se trouve bien amoindri intentionnellement.

      Car ce que prônaient Jésus et ses disciples n’était ni plus ni moins que l’abandon des richesses matérielles !
      Et çà, çà ne pouvait pas passer !

      Or, ce message a eu un écho énorme chez les « petites gens ».
      Pas besoin d’acheter volailles, moutons ou taureaux pour faire de magnifiques offrandes, de payer les dignitaires des temples pour les sacrifices, non, rien de tout cela.
      Une seule ligne de conduite : s’aimer les uns les autres et le paradis est assuré !

      Intenable !

      C’est pour cela qu’il a fallu habiller tout çà correctement.

      Enfin, voyons, Jésus dans une crèche, bon d’accord, Noël, paix sur la terre, etc, etc, mais tout de même, le Fils de Dieu vous vous rendez compte, on ne peut pas le laisser ainsi !
      Il est ressuscité quand même!
      Et donc : églises, cathédrales, ruissellements d’or et de pierreries, chasubles, calices, ciboires et tout le tralala, c’est Notre Seigneur, que diable (oh, mille pardons, je m’égare !).
      Et donc : de l’argent, encore plus d’argent, pour Lui, et des monarques de droit divin, pour mettre de l’ordre dans tout çà !

      Et 2000 ans plus tard voilà où nous en sommes.

      Alors que la seule parole véritable est « Aime ton prochain comme toi-même ».

      De toute ces histoires il n’y a que çà à retenir et la religion n’a rien à voir là dedans.

    3. Avatar de Fab
      Fab

      Anne ma soeur, toi au moins tu vois venir !

      Louise, la religion ramenée aux pratiques religieuses que nous avons connues, ce n’est pas ce qu’il y a de plus motivant effectivement. La religion ça peut être aussi : le travail, l’argent, le foot…que de l’amour quoi !?

      Remplaçons « religion » par « spiritualité » et voyons…

    4. Avatar de Michel MARTIN

      A Louise,
      Jésus fait partie de ceux qui nous invitent à la liberté, à la responsabilité et à la raison. Son sacrifice, injuste et voulu injuste aux yeux de tous nous invite à la réflexivité. C’est une autre image de la parabole de la paille et de la poutre, c’est l’invitation à quitter le rituel magique du bouc-émissaire pour entrer dans celui de la compréhension des effets de nos actes.

  28. Avatar de jducac
    jducac

    @ Loréal Alain 13 mars 2010 à 11:15

    Vous vous dites ancien soixante huitard et vous diffusez un extrait du discours de Davos de notre Président.

    «La mondialisation a dérapé à partir du moment où i était admis que le marché avait toujours raison et qu’aucune autre raison ne lui était opposable. ( … ) Elle a engendré un monde où tout était donné au capital financier et presque rien au travail, où l’entrepreneur passait après le spéculateur, où le rentier prenait le pas sur le travailleur, où les effets de levier, atteignant des proportions déraisonnables, engendraient un capitalisme dans lequel il était devenu normal de jouer avec l’argent des autres, de gagner facilement, rapidement, sans effort, et trop souvent sans une création de richesse ou d’emploi. »

    Ne peut-on pas penser que l’esprit de 68, avec ses slogans ravageurs pour la morale, ne porte pas une grande responsabilité dans ces dérives quand on se remémore ce que vous énonciez comme des acquis de votre « révolution ».

    Avec « Il est interdit d’interdire » et « jouissons sans entrave » notamment, pourquoi se gêner dès lors qu’on a fait sauter les freins moraux. Tout est permis et tout finit par arriver. Vous avez, sans le vouloir à l’époque, semé les graines d’une régression morale et nous en sommes à la récolte. Nous ne maitrisons plus rien, ni l’économie, ni nos enfants, ni notre devenir.

    C’est à vous de reconnaître vos erreurs sur ce plan pour aider à remettre la marche du monde sur de bonnes voies.

    1. Avatar de lou
      lou

      Vous accusez bien vite les 68 ards, comme il est de mode actuellement. Je ne me sens pas concernée, n’ayant que 35 ans. Pour autant, les freins moraux avaient sauté avant 68. Comme toujours, on ne regarde que le phénomène saillant, mais la tendance était à l’œuvre depuis longtemps. Et la crise de 29, vous n’allez pas la faire retomber sur les épaules de nos baby boomer quand même? Sur ce blog, j’ai l’impression qu’il faut, parce qu’on est allé trop loin dans une direction, aller dans la direction contraire voire retourner vers je ne sais quel age d’or perdu. Il y a quand même une infinité de nuances possibles entre les extrêmes. Et surtout, il y a de nouvelles formes de « vivre ensemble » à inventer, et ce, avec urgence.

      A Anne. Girard est un catholique, je veux bien prendre ses propos (dictionnaire) comme paroles d’évangiles, mais les évangiles ne concernent pas le monde entier… Qu’appelle t on religion? Si c’est la croyance en un dieu, alors non, toutes les sociétés n’ont pas nécessairement de religion. Si c’est « ce qui lie » (étymologiquement) alors oui, mais avec d’autres fondements qu’un au delà transcendant. Le simple comme bonjour, n’est pas toujours simple, et pas dit que le « bonjour » soit pratiqué partout. Je vous dirais bien de vous méfier des évidences. mais c’est un parti pris.

  29. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Oui Anne nous sommes bien aujourd’hui dans une complète inversion des valeurs.

     » Aide et contrôle d’abord ton prochain avec une fourche comme tu n’aimerais pas être traité toi aussi demain dans la peur.  »

    Oui j’attends les prochaines mesures de masse sensaient mieux faire le bien des hommes, tant bien sur cela ne touche pas encore nos élites marchandes et politiques, tout la haut dans leur bulle.

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