Billet invité
1/ La France est en faillite avérée. Il est définitivement impossible de rembourser notre dette. Pour la rembourser, il faudrait par exemple 33 années en excédent budgétaire de +3 %. Les schémas les plus optimistes prévoient un retour à un déficit de –3 % au mieux en 2014 en supposant une croissance de 2,5 % que nous n’aurons probablement jamais faute d’argent pour investir en masse et que les taux d’intérêt resteront au niveau actuel ce qui n’est déjà plus vrai avec l’inflation spéculative actuelle et la hausse des taux de la BCE récente.
La dette est aujourd’hui de 1600 milliards d’€ et va s’alourdir de 400 milliards d’€ dans les 5 ans à venir ce qui générera un service de la dette qui dépassera les 60 milliards d’€ au taux de 3 %, de 80 milliards d’€ au taux de 4 % qui est plus probable pour la France.
Cette situation existait déjà en 2002 comme en 2007. Mais les actions lénifiantes de Chirac et catastrophiques de Sarkozy ont amplifié le risque. Les programmes annoncés par tous les candidats actuels ne traitent ni de la dette (le versement de 25 milliards d’€ par an pour rembourser la dette est une rigolade), ni du chômage (les 300.000 emplois jeunes ne sont pas à la hauteur des enjeux).
2/ Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation de faillite puisque la BRI notait en mars 2010 que le Japon (avant les catastrophes), les Etats-Unis (avant le plan de relance d’Obama), la Grande-Bretagne, l’Irlande, ne pourraient jamais rembourser leurs dettes. Les ex-pays de l’Est ayant souvent emprunté en euros ne pourront pas non plus rembourser. Beaucoup d’autres pays en Afrique, Asie et Amérique du Centre et du Sud sont au bord du gouffre.
3/ La stratégie des cupides du marché financier est claire. En accord avec les agences de notation occidentales, on maintient des AAA pour les puissance dominantes et on attaque les pays les plus faibles à qui on accorde des prêts à des taux très élevés (7 à 10 %) sachant qu’en cas de défaillance, l’Europe paiera… en utilisant le fonds récemment créé et alimenté par des emprunts de la France (15 milliards pour le Portugal) et de l’Allemagne (20 milliards pour le Portugal), creusant encore davantage notre dette.
4/ La stratégie voulue par l’ensemble des gouvernants est le rétablissement des comptes publics par la rigueur type FMI : ces mesures sont inefficaces, insuffisantes et beaucoup trop douloureuses pour les classes populaires et moyennes. Elles sont d’autant plus insuffisantes qu’elles cassent le peu de croissance des pays très endettés, ceci expliquant cela. Ces mesures de réduction des déficits publics doivent porter essentiellement sur les dépenses les plus improductives de l’Etat.
La plus improductive est à l’évidence le service de la dette. C’est 45 milliards en 2010 pour la France ; c’est 1.500 milliards pour les pays du G20 qui sont payés en fin de compte par les peuples et qui, au lieu d’être investis dans des projets créateurs d’emplois, vont grossir les poches du système financier et de quelques rentiers. Cette masse d’argent sert d’ailleurs à accroître la spéculation financière.
5/ L’inflation liée en grande partie à cette spéculation entraîne une hausse des taux d’intérêt qui rend encore plus difficile le rétablissement des comptes publics puisque 1 % d’intérêt en plus c’est 16 milliards d’€ supplémentaires à payer par le contribuable français pour le service de la dette.
6/ En fait, le monde occidental capitaliste en est arrivé à cette situation catastrophique parce que les gouvernements de tous bords en France et ailleurs sont tombés dans le piège des banquiers (l’argent facile) et sont allés chercher la croissance avec les (dents ?) dettes. Tous les pays cherchent à trouver une voie qui permette de rétablir à la fois les comptes publics, le remboursement de la dette et la croissance. Seule la rigueur version FMI a été essayée avec les résultats catastrophiques et prévisibles que l’on connaît.
L’espoir de la croissance est vain dans nos pays dont le trend est plus proche de 1,5 % que de 2,5 %. De plus, cette croissance doit être « verte », ce qui va nécessiter des investissements lourds.
7/ Les créanciers raisonnables et moins cupides commencent à se rendre compte de l’impasse dans laquelle ils sont engagés. Par exemple, la Chine, qui est un des prêteurs principaux du monde occidental, a commencé à dégrader les notes des Etats-Unis, du Japon, de la France, de la Grande-Bretagne et même de l’Allemagne. Comme c’est dérangeant, on en a peu parlé.
8/ Il serait éminemment moral que le système financier prenne une part prépondérante au rétablissement des équilibres financiers nationaux.
9/ Il est fondamental que le politique reprenne le pas sur le marché financier : il est d’ailleurs curieux de constater que, quel que soit le régime politique (démocratie parlementaire, démocratie type 5ème république, oligarchie, dictature) le système aboutit aux mêmes résultats : dettes, chômage, injustices, plus de pauvres et plus de riches et le politique n’a plus de réels pouvoirs sur l’économie.
Depuis une dizaine d’années, c’est la finance qui dicte aux politiques la marche à suivre.
Alors que politiques et médias s’occupent d’élections et de problèmes de second ordre pour justifier leur existence et leur pouvoir, je crois qu’il est temps que nos présumées élites se rendent compte de la gravité de la situation.
Il ne s’agit plus de droite ou de gauche. Il s’agit de la survie du monde, au moins occidental.
Il n’y a plus de solution dans la continuité. Tous les programmes de droite ou de gauche depuis plus de 30 ans se révèlent inefficaces. Ceux qu’on nous propose aujourd’hui le seront aussi car ils ne s’attaquent pas aux deux vrais problèmes : la dette et le chômage.
Si nous ne cassons pas cette spirale mortifère l’avenir est très clair : les crises de la dette en Europe, au Japon et aux Etats-Unis vont se développer une par une au gré des marchés financiers, et dans les pays concernés ce sera la séquence grecque actuelle : note dégradée, hausse des taux, rigueur FMI, grèves, baisse de la croissance, rigueur accrue, révolte, intervention du fond européen alimenté par des pays européens très endettés et qui creusent leurs dettes jusqu’au jour où le fonds européen ne sera plus suffisant, etc.
Cette séquence est engagée en Grèce, en Irlande et au Portugal. L’Espagne et l’Italie suivront et l’épée de Damoclès se rapprochera de la France qui, au fond, est dans une situation beaucoup plus catastrophique que l’Italie à cause de son déficit plus important et du fait que sa dette est détenue à 70 % par des étrangers.
Ces crises localisées d’abord se généraliseront entraînant des troubles graves mettant en cause l’existence de l’Euro, de l’Europe et de nos démocraties.
La solution ne peut qu’être mondiale ou au moins européenne. Il faut se donner des marges de manœuvre en prenant l’argent nécessaire là où il est.
Je propose un moratoire sur 5 ans (intérêt et capital) sur l’ensemble des dettes souveraines de tous les Etats sauf les pays les plus pauvres pour lesquelles il faut annuler la dette.
Cette décision déclenchera un véritable choc dans le monde de la finance, du même ordre mais pas forcément pire que celui qu’il nous a infligé en 2008, et à la suite duquel on a vu les banques récupérer très rapidement. Dans le cas présent, la décision sera prise à froid et peut donc être modulée pour en atténuer les dégâts.
Les Banques centrales devront pendant ces 5 ans assurer les « fins de mois » des pays en déficit.
Le non service de la dette permet de gagner environ 3 points de déficit arithmétiquement et gagner 1 à 1,5 % de croissance, ce qui permet d’envisager sur 5 ans le retour aux excédents budgétaires pour de nombreux pays grâce à la recherche d’économies parmi les plus improductives dépenses (train de vie de l’Etat, simplification des structures en mille feuilles) et grâce à une forte augmentation des recettes liées à une fiscalité touchant lourdement les plus aisés (solidarité nécessaire en période de survie).
Exemple : le budget de la défense en France est de 63 milliards d’euros. L’addition de tous les budgets militaires de l’Europe des 27 se monte à 284 milliards de dollars, soit plus de trois fois le budget militaire chinois et, ceci pour une efficacité très limitée… Une défense européenne mise en place au cours de ces 5 années permettrait d’alléger le budget de nombreux pays européens de un à deux points de déficit.
Le même travail peut être fait pour les dépenses liées aux Ambassades et aux consulats.
Les 150 milliards de frais de fonctionnement de l’Etat en France peuvent être réduits de manière importante sur une période de 5 ans en supprimant tout ce qui n’est pas vital pour le pays.
Des recettes nouvelles seront trouvées par une réforme fiscale profonde.
Enfin, les 7.500 milliards non payés par les membres du G20 aux spéculateurs sur 5 ans pourront en partie être investis dans des projets créateurs d’emplois ce qui rendrait crédibles des taux de croissance – évidemment verte – de l’ordre de 4 % ,capables de résorber là aussi sur 5 ans le chômage structurel actuel.
L’annulation de la dette des pays les plus pauvres devrait aussi permettre d’améliorer les budgets sociaux de ces pays, de relancer l’économie de proximité qui reste l’avenir de ces pays rendus exsangues par leurs gouvernants et le FMI et de participer ainsi à la reprise mondiale verte.
La voie est tracée pour 5 ans mais il faut voir plus loin et suivre « LA VOIE » décrite si bien par Edgar Morin dans son livre qui devrait éclairer les politiques à suivre dans les domaines de l’humanité, de la pensée et de l’éducation, de la société et de la vie, par les futures élites pour ménager un espoir aux générations présentes et un avenir aux générations futures .
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