TOUS COMPLICES (suite et fin), par Zébu

Billet invité

C’est l’histoire d’une maison. Une maison dont les habitants étaient tous propriétaires. Cette copropriété n’allait pas forcément de soi et de temps en temps on voyait sortir tel pavé, tel drapeau rouge au rez-de-chaussée ou au contraire entendait-on les cris des propriétaires de l’étage du dessus qu’on « égorgeait la propriété privée ». On y avait nationalisé le chauffage et l’électricité mais aussi le chemin qui y menait et en sortait, les moyens de déplacements et même le crédit qui permettait à tout un chacun de pouvoir investir pour l’avenir, sachant néanmoins que les risques liés aux vicissitudes de la vie étaient pris en charge par l’effort de solidarité entre copropriétaires. Puis un marchand d’allumettes passa.

De fait, les habitants de cette maison n’en avaient guère besoin, puisque le chauffage et l’éclairage collectif couvraient largement les besoins de la maisonnée, mais le vendeur était pugnace et faisait bruler ses allumettes, montrant combien les jolies petites flammes faisaient aussi de jolies lumières. Ces allumettes étaient dite de sécurité, c’est-à-dire qu’elles ne pouvaient pas s’enflammer toutes seules. Pour plus de sécurité encore, elles étaient enfermées dans une boîte.

Les copropriétaires délibérèrent et acceptèrent que les allumettes du marchand leur soient vendues. Le marchand revenait régulièrement car la demande augmentait et proposa bientôt des cheminées à chacun, qui permettaient de chauffer individuellement, en plus du chauffage collectif. Les allumettes permettaient ainsi d’allumer de beaux feux dans ces cheminées, d’autant plus beaux et grands que le chauffage central, dont les copropriétaires s’étaient progressivement désintéressés, tombait de plus en plus en panne car il était de moins en moins entretenu, chacun rechignant à verser les cotisations nécessaires pour les charges communes.

Au début, comme tout le monde était responsable, la vente et l’utilisation des allumettes ne posaient pas de problèmes. Mais au fur et à mesure, de nombreux petits feux se déclarèrent, vite éteints, provoquant des débats intenses entre habitants sur ces allumettes mais il n’était néanmoins pas question de remettre en cause le droit (inaliénable, disait le marchand, qui était devenu copropriétaire lui aussi) que chacun, en tant qu’individu responsable, puisse continuer à les utiliser. On signerait alors des règlements intérieurs, d’abord fort lus, puis vite oubliés, puis même supprimés. Et comme chacun jouait avec ses allumettes, petites ou très grandes, ce qui devait arriver arriva : un jour, un grand feu prit en la demeure

Les copropriétaires furent d’abord surpris de ne pas avoir entendu les sirènes de détection incendie, mais on avait oublié qu’on les avait débranchées il y a peu. Puis, courant partout à la recherche d’extincteurs, ils s’aperçurent que les rares encore accessibles n’étaient pas forcément adaptés au type de feu qui s’était déclaré. En désespoir de cause, ils appelèrent « au feu ! » et  « les pompiers ! », mais ils avaient oublié aussi qu’ils avaient réduit, pour cause de dépenses exorbitantes, les investissements dans la sécurité civile, de sorte que lorsque les pompiers arrivèrent, en retard, les lances à incendie ne pouvaient qu’à peine arroser le rez-de chaussée, alors que le premier étage brûlait déjà. Les canadairs furent appelés à la rescousse et inondèrent la maison tant qu’ils purent, sans pour autant éteindre le feu, qui repartait à chaque fois.

En proie à une vive inquiétude, bon nombre de copropriétaires hésitaient à sortir de la maison ou à tout le moins à changer de méthode, mais quelques-uns leur criaient que le risque de tout perdre en quittant la maison était trop grand pour être tenté : mieux valait se serrer les coudes et lutter ensemble contre l’incendie, quitte à porter des masques à gaz, que certains, étrangement, possédaient déjà et commençaient à vendre à tous les autres. Les masques à gaz n’étaient guère adaptés, on y étouffait ou on n’y voyait plus rien, de sorte que les copropriétaires, en nombre croissant, et alors même qu’on leur avait dit il y a quelque temps que l’on avait sauvé la maison de la destruction et que s’en serait fini des allumettes, commencèrent à douter. Certains s’asphyxiaient et il fallait bien faire quelque chose mais ils ne savaient pas quoi, sinon chercher chacun pour soi la meilleure manière d’échapper aux flammes.

Le feu en la demeure est bien réel. Personne n’en doute. Les responsabilités quant à l’incendie sont partagées, ceux qui ont vendu les allumettes étant évidemment les plus coupables. Les identifier, les mettre hors d’état de nuire est une nécessité. Mais ceci n’enlève en rien cette responsabilité partagée, qui doit être examinée, afin de pouvoir tirer tous les enseignements sur les causes qui ont conduit à cette situation.

Les rentiers, ceux-là même qui sont les plus nombreux dans la maison commune de la démocratie, doivent ainsi examiner leurs responsabilités passées mais aussi celles à venir. Mais l’auto-flagellation, que d’aucuns, les plus coupables, espèrent mettre en œuvre afin de diluer leurs propres responsabilités, ne leur permettra pas de tirer les leçons nécessaires quant aux possibilités d’éteindre cet incendie. La question est donc tout à la fois de réaliser une remise en cause des responsabilités (ou des défaillances) passées et de prendre celles qui leur incombent au regard de la situation actuelle. Et il y a urgence.

Le débat n’est ainsi pas de savoir si les rentiers doivent ou non participer financièrement aux pertes mais bien de savoir à combien elles s’élèveront. Car de fait, des pertes ont déjà eu lieu, entre augmentation du chômage, de la précarité, de l’intérêt de chacun contre l’intérêt général, de la violence croissante, etc. La part la plus importante reste cependant à venir. C’est donc toute la responsabilité actuelle des rentiers que de définir le niveau de risque acceptable pour accepter de transformer un système qu’ils ont contribué, à leur corps défendant ou non, à créer et qu’ils continuent d’alimenter, bon gré mal gré.

La question n’est pas non plus de savoir si le risque de participer à cette transformation du système est supérieur à celui de tenter de le sauver : il est trop tard pour revenir à un statu quo ex-ante, ce qui aurait pu être fait (éventuellement) jusqu’à la fin 2008 – début 2009 et qui ne l’a pas été. L’alternative proposée ressemble donc à un pari pascalien : si une transformation du système permet d’éviter la catastrophe, alors les rentiers ont tout intérêt à y participer ; dans le cas contraire, ils auraient eu de toute façon à faire face à cette catastrophe. Enfin, à la question de savoir pourquoi eux, on pourrait répondre « parce qu’il n’y a personne d’autre », les plus riches ayant des moyens qui leur permettent, dans une certaine mesure, d’y échapper, et les plus pauvres, n’étant pas au cœur de ce système, n’ayant pas le pouvoir que les rentiers possèdent pour le transformer, sauf de manière violente.

Il leur faudra donc assumer leurs responsabilités mais il faudra aussi pouvoir les aider dans leur libre arbitre, car, à moins de reconnaître que tous sont formatés par ce même système, ils conservent cette capacité. C’est d’ailleurs toute la difficulté dans une démocratie libérale, à l’envers de régimes dictatoriaux, que d’exercer individuellement et collectivement ce libre choix, les révoltes arabes ayant ainsi montré – ce qui peut paraître paradoxal – qu’il est plus facile de lutter contre un ennemi commun (« le tyran ») qu’un ennemi d’autant plus difficilement identifiable que la responsabilité est partagée dans un système démocratique.

L’exercice de cette responsabilité peut par ailleurs très bien renforcer le système en place : on a pu le constater avec les élections municipales récentes en Espagne où l’absence du « tyran » (Franco) n’a pas permis d’exprimer un front commun du refus, y compris quand le choix exprimé est contre les intérêts mêmes des rentiers. De cette expérience en système démocratique, qui permet de s’approprier les transformations sociales spécifiques au monde européen et de ne pas leur appliquer celles en cours dans le monde arabe, il est nécessaire de tirer quelques leçons :

1/ Le poids de la peur et le toujours possible salut individuel ne peuvent pas être négligés.

2/ En l’absence de répression policière récurrente et/ou violente, les mouvements de protestation ne se transformeront pas en mouvements sociaux.

3/ Le mouvement de protestation de la jeunesse espagnole n’a pas permis de mettre en place un rapport de force social suffisamment en amont des élections pour pouvoir être efficace, l’impact médiatique ne permettant pas à lui seul de déclencher une dynamique, sociale ou politique.

4/ L’absence de plateforme de propositions précises concernant la transformation du cœur du système, à savoir justement la question de l’économie de rente, n’a pas permis de créer une dynamique sociale favorable au mouvement de protestation, cette absence de dynamique sociale n’entrainant pas de dynamique politique.

5/ L’appel au vote blanc s’est matérialisé sans instaurer un rapport de force en direction des partis politiques quant aux solutions qu’ils devraient mettre en œuvre, afin d’éviter un tel vote de sanction. Cet appel est par ailleurs intervenu trop tardivement pour pouvoir peser sur les programmes politiques, le vote sanction étant quasiment acquis contre le PSOE et pour le PP.

Toute tentative de transformation du système actuel en démocratie européenne devra donc intégrer ce qui en constitue le cœur : les rentiers. Sans eux, le risque (sauf répression) est de conforter la tentation du retour à l’ordre. De sorte qu’il apparaît nécessaire non seulement d’insister sur le pari quant à la prise de risque, la situation faisant que ce qui permettait de « sécuriser » les rentiers (intérêts versés) est remis en cause, mais aussi de mettre en place en amont les conditions nécessaires à cette prise de risque en conscience.

Un des premiers problèmes des rentiers qui souhaiteraient éventuellement participer à la transformation du système est notamment de pouvoir être certains que leurs placements ne serviront pas à alimenter encore ce même système, en supposant qu’ils aient accepté en contrepartie de ne pas rechercher la maximisation de l’intérêt versé à chacun mais bien l’intérêt général. La finance dite « éthique » peut répondre aux aspirations individuelles mais le risque du « green-washing » est grand dans ce secteur pour garantir l’utilisation effectivement éthique de l’épargne déposée, tant que des institutions indépendantes et ne facturant pas leurs services n’auront pas les capacités de vérifier des critères qui devront par ailleurs être définis collectivement et démocratiquement. Qui plus est, la viabilité et la pérennité d’un tel îlot éthique au sein d’une mer d’économie de rente pose question, et sauf cas spécifique contrôlé démocratiquement, ne peut pas s’apparenter à une solution collective.

C’est tout l’intérêt justement de l’interdiction des paris sur les fluctuations des prix que de répondre à cette interrogation : en supprimant les paris, la question éthique ne se pose plus au cas par cas mais bien de manière globale.

Cette proposition est donc un préalable incontournable à mettre en œuvre, tant il est vrai qu’il serait illusoire de réformer un système sans que ce qui lui permet de déstructurer l’ensemble des systèmes (sociaux, politiques, culturels) ne soit pas définitivement tari.

L’autre question est bien évidemment la décote à subir pour les rentiers. Car si solidaires soient-ils, si le prix à payer est par trop lourd, ils préfèreront tenter le risque individuellement avec le système actuel. La question de la répartition de cette décote doit donc en premier lieu être abordée, entre d’une part les acteurs financiers et d’autre part, les créanciers ultimes, les rentiers. La majeure partie doit évidemment en revenir aux acteurs financiers mais ceux-ci en feront payer le prix fort à leurs créanciers : les rentiers.

La restructuration, inévitable, des créances doit donc aussi être suivie par une restructuration de la méthode : en lieu et place des loyers consentis (par coupons annuels ou en fin de maturité), les restructurations des dettes publiques notamment, qui auront un impact important sur les créances détenues par les rentiers au travers de leurs obligations, devront offrir des obligations restructurées en actions. L’objet sera ainsi certes de restructurer (notamment pour les Etats) mais aussi de proposer aux créanciers ultimes (les rentiers) la possibilité de valoriser cette restructuration par le versement de dividendes sur les futures recettes, à valoir par exemple dans 10 ans et pendant les 10 années suivantes, ce délai permettant aux débiteurs de réinvestir et de sortir de la nasse, notamment du service de la dette. Ainsi, les rentiers seraient solidaires des débiteurs, tout en conservant la possibilité que cette solidarité puisse éventuellement connaître un retour de la part des débiteurs quand ceux-ci seront remis à flot. Plus largement, les créanciers de certains pays pourraient aussi être solidaires des débiteurs d’autres pays, permettant de mettre en œuvre la nécessaire solidarité européenne défaillante.

Une fois cette restructuration effectuée, des euro-obligations seraient mises en place, évitant que la titrisation (CDO, les collateralized debt obligation) ne mutualise les risques et assure plutôt la solidarité mutuelle. De même, l’épargne réglementée serait revalorisée, avec des taux d’intérêt très bas (proches de l’inflation), avec des plafonds multipliés par 10 et dont la gestion centralisée reviendrait à des organismes publics, afin de garantir l’objectif d’intérêt collectif (habitat social, par exemple). La défiscalisation de l’épargne serait ainsi réservée à cette seule épargne réglementée, les autres placements, comme l’assurance-vie, ne l’étant plus et leur fiscalité alignée sur celle du travail.

Concernant la question de la solidarité intergénérationnelle ou de sécurité personnelle, il pourrait être proposé une épargne spécifique pour les rentiers actifs, sur la base d’un système à points mais intergénérationnel. Les épargnants recevraient un intérêt quasi nul et accèderaient en retour à des capacités de crédit à taux quasi zéro. Les intérêts produits par cette épargne permettraient de financer les retraites de la génération précédente, en sus de la retraite par répartition. A l’inverse, les intérêts produits par l’épargne et les placements des retraités viendraient alimenter le crédit octroyé aux actifs, à un taux proche de zéro.

Dès lors, les fameuses liquidités présentées comme nécessaires à l’alimentation du système trouveraient à être utilisées là où les besoins se feraient sentir, que ce soit pour la sécurisation des retraites comme pour l’accès au crédit des actifs. De même, avec la création d’euro-obligations, l’affectation au sein de la zone européenne des liquidités là où le besoin se fait sentir pourrait être réalisé, au travers de la création d’une monnaie européenne commune, qui ne remplacerait pas l’euro monnaie unique mais qui viendrait se greffer entre d’une part les monnaies nationales pour les pays ayant besoin de sortir de l’euro tout en restant dans un cadre commun et d’autre part l’euro pour les pays dont les économies seraient suffisamment convergentes. En lieu et place d’un débat biaisé sur la sortie ou non de l’euro et la mise en œuvre de politiques protectionnistes nationales, la création d’une monnaie commune européenne permettrait de renforcer la cohésion européenne tout en permettant de conserver un certain niveau de protection monétaire au niveau international.

Toutes ces mesures et d’autres encore permettraient de mobiliser les rentiers, en recréant un pacte social : abandonner le sacro-saint intérêt du créancier contre plus de sécurité collective et individuelle. Ce pacte social ne pourrait néanmoins se formaliser que si l’offre politique venait à rencontrer ce type de besoin, ce qui impliquerait que le rapport de force social puisse être suffisamment important pour que le débat politique puisse avoir une chance d’intégrer ces propositions.

Le moment est propice.

Parce que des élections majeures se tiendront en France en 2012 : c’est l’occasion de mettre en œuvre ce rapport de force mais contrairement au mouvement en cours en Espagne, de le faire suffisamment en amont, en intégrant au maximum les rentiers. Selon moi, il n’y a rien à attendre du parti actuellement au pouvoir : le discours de Toulon fin 2008 sur la jugulation du capitalisme financier est encore trop récent pour que nombre de rentiers l’aient oublié. Ils n’ont rien à attendre donc de ce côté, puisque 3 années se sont écoulées sans qu’évidemment il ne se soit passé quoi que ce soit permettant de croire que le système financier ait été régulé ou même que les intentions de le faire aient été réelles.

Néanmoins, et afin que de telles propositions puissent être inattaquables politiquement, celles-ci devront être faites à l’ensemble des partis politiques français, ce qui permettra ainsi de constater l’effectivité de l’intérêt qu’ils portent aux rentiers et la réalité de leurs programmes politiques. En fait, la pression, de fait, sera maximale sur le PS, dont le choix du candidat devra s’effectuer en octobre 2011, avec le retrait du candidat le plus à même de proposer le statu quo, à savoir DSK. Nous verrons donc bien la volonté « réformatrice » du PS face à de telles propositions…

Mais encore faut-il qu’il y ait rapport de force. Il pourra s’effectuer de deux manières. D’abord par le nombre. La faiblesse du nombre de soutiens déclarés pour le mouvement espagnol a montré les limites de la mobilisation médiatique. D’où la nécessité qu’un tel mouvement puise s’organiser le plus en amont possible, pour avoir le temps nécessaire à rassembler le nombre nécessaire. Ensuite par la méthode : je réitère ici la proposition d’un manifeste, qui reprendrait les propositions ainsi formulées et dont l’objet serait de mettre au pied du mur les partis politiques avant 2012. En clair, soit vous intégrez ces propositions dans votre programme politique, en indiquant comment vous allez les traiter et nous voterons pour le parti qui sera jugé le plus pertinent (chaque citoyen étant libre de décider de ce choix), soit nous nous engageons à nous abstenir, ne pas participer (ne pas voter) ou voter blanc. Avec un nombre suffisamment important, la charge devrait être conséquente, surtout pour les partis qui portent une alternative à la politique actuelle mais qui craignent d’être éliminés au premier tour par un FN aux aguets.

Bref, il est temps de prendre ses responsabilités. Les rentiers en ont les capacités, le pouvoir. A eux d’exercer leur libre choix. Cette occasion ne reviendra pas, pas avant en tout cas que la maison n’ait brûlé. Il faudra alors qu’ils en assument pleinement toutes les conséquences. Non plus seulement comme complices mais cette fois aussi comme coupables. Car ils ne pourront plus dire : « Je ne savais pas ».

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