« La perte du triple A entraîne la France dans une machine infernale »
Politis.fr : La perte du triple A est-elle une catastrophe ?
Paul Jorion : À l’intérieur du système tel qu’il est, oui. Mais la catastrophe est liée au pacte de stabilité européen. Parce que cette règle est écrite de telle manière que les taux exigés pour emprunter ne doivent pas être supérieurs au taux de croissance. Le déficit maximum est en effet calculé en fonction du PIB et non pas des recettes de l’Etat. Si le taux d’intérêt s’élève au dessus du taux de croissance le rapport dette / PIB se dégrade inéluctablement. Avec la perte du triple A qui fera monter les taux d’intérêt, pour ne pas aggraver « l’infraction » par rapport au pacte de stabilité, la France devra connaître un taux de croissance encore plus élevé. C’est une imbécillité totale. Sans ce pacte de stabilité financière le coup serait beaucoup moins grave.
L’Italie, par exemple, est désormais à des taux de 5 ou 6 %, avec un exigence de croissance impossible à satisfaire. Dans le même temps, la hausse des taux d’intérêt due à la perte du triple A va imposer un plan de rigueur qui va freiner la croissance. C’est ce que j’appelle l’effet ciseaux. D’un côté on fait baisser la croissance, ce qui conduit à une dégradation de la notation et la dégradation de la notation fait monter les taux d’intérêt. Plus il y a de rigueur, plus ça se dégrade. On a mis en place un machine infernale qui fait que ça ne peut qu’aller plus mal.
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