L’actualité de la crise : ILS PIÉTINENT ? NON, ILS
RECULENT !
par François Leclerc

Billet invité.

Petit résumé des épisodes en cours. Comme à l’accoutumée, constatant une détente sur le marché obligataire qui durera ce qu’elle durera, un espoir fou renaît : et si l’annonce de l’intervention de la BCE allait suffire à calmer le jeu, sans que l’activation de son nouveau programme soit nécessaire ? C’est Christian Noyer, le gouverneur de la banque de France, qui s’est cette fois-ci fait l’interprète de cette aimable plaisanterie. Il est vrai que cela arrangerait bien les choses, à voir la confusion qui s’approfondit et s’étend.

Les partis du gouvernement de coalition grec ne parviennent toujours pas à s’entendre pour savoir où trouver les derniers milliards d’euros qui manquent pour boucler leur plan d’économie de 11,5 milliards, tandis que le FMI met de l’huile sur le feu en réclamant de nouvelles diminutions de salaires des fonctionnaires. Une autre crise politique pointe au Portugal, à la suite des dernières mesures du premier ministre Pedro Passos Coelho qui vient d’augmenter la part salariale des cotisations sociales pour diminuer la part patronale, et suscite en réaction de très grandes manifestations dans les principales villes du pays.

Le gouvernement de Mariano Rajoy poursuit son jeu absurde consistant à préparer un nouveau train de mesures de rigueur dans le cadre du projet de budget 2013, pour devancer l’appel et ne pas avoir à formellement souscrire aux engagements formulés par le FESF/MES. Il cherche à sauver ainsi la face, le seul objectif qui lui importe encore. C’est Jean-Claude Junker qui joue cette fois-ci le rôle du méchant en annonçant dans la presse allemande que des mesures très dures seront exigées de l’Espagne. Les Catalans, à qui Mariano Rajoy tente d’imposer l’équivalent pour les régions de ce que sont les plans de sauvetage pour les pays de la zone euro (auxquels il tente d’échapper), se rebellent et le Roi, qui n’intervient que dans les grandes occasions, lance un appel à l’unité nationale.

On reparle de l’Irlande, dont on avait prématurément annoncé qu’elle était sortie d’affaire, où la crise de la dette immobilière est en train d’enfler malgré les efforts de la retarder, non sans conséquences à venir pour les banques du pays. Selon Moody’s, un prêt immobilier sur cinq devrait faire défaut. Ainsi que des Pays-Bas, où la formation d’un gouvernement de coalition bute sur la définition d’une politique face à la bulle immobilière hollandaise, la plus importante de tous les pays de l’eurozone en proportion du PIB.

Il se confirme que la réalisation de l’union bancaire – la grande priorité du moment – rencontre au Bundestag une forte opposition. Selon une proposition de parlementaires de la coalition gouvernementale, la surveillance des banques ne devrait concerner qu’une poignée d’entre elles, dites systémiques et ne pas être effectuée par la BCE. Il est également hors de question, selon celle-ci, que soit créé un fonds européen de soutien auquel les banques allemandes devraient cotiser. Dans ce contexte, on n’entend pas beaucoup le gouvernement britannique, car il s’efface volontiers devant une offensive allemande qui lui évite d’être en première ligne.

En France, le gouvernement mène pour une fois une farouche bataille… afin que pas une voix de député de son parti ne manque lors de l’adoption du traité budgétaire ! La suite des opérations est entourée d’un flou magistral, effet inévitable d’un pragmatisme érigé en principe. Bernard Cazeneuve, ministre délégué aux affaires européennes, remporte haut la main le concours de la déclaration la plus émouvante en appelant le PCF et le Front de Gauche à « ne pas rajouter de la crise à la crise », en expliquant : « on ne bâtit pas une politique en exploitant les frustrations, les inquiétudes, on conduit une politique en ayant du courage ». Demander la renégociation du traité reviendrait, selon lui, à « bloquer les mécanismes de solidarité en faveur des pays qui souffrent, accélérer le paiement de la facture du redressement de l’économie et ajouter une couche de crise politique à la crise financière et monétaire ». Comment résister à de tels arguments ?

Heureusement, l’endettement des États-Unis se prépare à voler la vedette à celui des Européens et à détourner ailleurs l’attention. Au moins, nous ne serons pas seuls dans le malheur…

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131 réponses à “L’actualité de la crise : ILS PIÉTINENT ? NON, ILS
RECULENT !
par François Leclerc”

  1. Avatar de puppil
    puppil

    BasicRabbit
    23 septembre 2012 à 09:21
    c’est pas un problème,je sais le savent ,tu parles!
    juste seule et tente de comprendre

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