CLAIR-OBSCUR OU OBSCURE CLARTÉ ?, par Julien Alexandre

Billet invité

Le 4 février, Christine Boutin s’est illustrée sur BFM TV en croyant pouvoir révéler qu’avec le retrait de la « loi famille », le gouvernement français s’était engagé dans une « stratégie provisoire d’avancement à potentialité différée » (sic). Une formule du pouvoir socialiste tellement « complexe » selon Mme Boutin qu’elle l’avait prise en note pour pouvoir la restituer intégralement…

L’info est rapidement tombée dans la foulée de son intervention : cette formule n’était qu’une boutade imaginée par le site parodique Le Gorafi. Comment un responsable politique peut-il se prendre les pieds dans le tapis d’une formulation aussi ostensiblement ridicule ? Tout simplement parce que le mur qui sépare ces formules drolatiques de celles employées sérieusement par les dirigeants n’est pas plus épais qu’une feuille de papier à cigarette.

Michel Sapin, ministre de l’Emploi, le lundi 17 février :

« Moi je préfère dire, au lieu de contrepartie – qui est un terme que chacun comprend bien – (…) peut-être confiance partagée », l’important n’étant « pas tant l’engagement qui va être pris maintenant que la capacité à avoir des rendez-vous ».

On remplace un engagement précis « que chacun comprend bien » par une formule creuse que chacun comprend comme il veut, et on s’engage à voir plus tard si ça tient la route. N’est-ce pas là exactement « une stratégie provisoire d’avancement à potentialité différée » ?

Pierre Gattaz, patron du MEDEF, le mardi 18 février, sur la question de la création de « l’observatoire des contreparties » proposé par le gouvernement (avant la sortie de Sapin) :

«J’aimerais qu’on l’appelle le « comité de suivi du pacte ». C’est beaucoup moins agressif.»

Paul Jorion dans sa colonne du Monde publiée le 10 février rappelait qu’il n’existe strictement aucun mécanisme permettant de transformer des allègements de cotisations en emplois. Il faut donc croire que c’est bien parce que Messieurs Sapin et Gattaz partagent entièrement son analyse qu’ils s’escriment ainsi à rajouter du malheur au monde en nommant si mal les choses.

Vous pouvez compter sur nous pour analyser le premier bilan du « comité de suivi du pacte de confiance partagée » !

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