L’AFFAIRE, par Zébu

Billet invité

« Encore faudrait-il, avant même d’envisager d’éventuels enseignements à en tirer, que l’Affaire Kerviel commence d’en être véritablement une. »

L’Affaire Dreyfus, elle, devient une Affaire, du fait qu’un Colonel Picquart, membre de la même institution que Dreyfus (et n’ayant cependant guère de sympathie pour celui-ci), dénonce la machination contre le capitaine Dreyfus. C’est ce qui conduit à ce qu’un faux soit fabriqué (qui sera reconnu comme tel par la suite) pour masquer les véritables coupables. Ce n’est qu’alors que Zola publiera dans L’Aurore son fameux « J’accuse ! ».

Sans des hommes comme le Colonel Picquart, Dreyfus n’aurait pas été reconnu innocent et l’Affaire n’aurait jamais même existé :

« Il est possible que Dreyfus soit innocent. Cela ne fait rien. Ce ne sont pas des considérations qui doivent entrer en ligne de compte. » Et Gonse insinue : « Si vous ne dites rien, personne ne le saura. » Cette fois Picquart éclate : « Ce que vous dites là est abominable. Je ne sais pas ce que je ferai ; en tout cas, je n’emporterai pas ce secret dans la tombe. » (« L’Affaire », p. 234).

« Je n’emporterai pas ce secret dans ma tombe… », c’est à ce prix seulement qu’une vie de femme ou d’homme vaut la peine d’être vécue. Et ceci que l’Affaire qui nous occupe aujourd’hui soit l’Affaire Jérôme Kerviel en particulier, ou beaucoup plus simplement la nôtre à tous en général.

Une commandante de police, spécialiste de la division financière, qui déclare à un juge d’instruction avoir été manipulée par la Société Générale.

Qui souligne que le parquet n’a pas donné suite à ses demandes d’informations complémentaires.

Que des témoins n’ont pas été entendus.

Une commandante de police d’abord convaincue de la culpabilité de Kerviel, puis, devant les faits, qui a des doutes.

Comme le colonel Picquart.

Allons-nous découvrir, comme pour l’Affaire Dreyfus, que des faux ont été commis ? Et que tout cela a été couvert par le pouvoir politique, pour protéger la Société Générale comme en d’autres temps il protégea l’armée ?

Apparemment, « Here we are » !

Ps : le juge d’instruction en question, Roger Le Loire, est une pointure. Il a notamment fait renvoyer début février François Pérol en correctionnelle pour prise illégale d’intérêts.

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