C’est quoi notre espèce ? (I) La donne est médiocre, biaisée en notre défaveur

Je l’ai fait pour l’ensemble de mes livres récents, et en 2013 et 2014 pour Penser tout haut l’économie avec Keynes (chez Odile Jacob, le 2 septembre) : vous les offrir en cours de rédaction sous forme de feuilleton. Voici une première livraison de Le dernier qui s’en va éteint la lumière (à paraître chez Fayard… quand ce sera terminé). Il faut que nous avancions ensemble sur ces problèmes (c’est une question de vie ou de mort 😀 ).

Si nous pouvons nous représenter des dangers considérables à l’horizon de vingt ou de trente ans, ils nous sont pourtant indifférents, et notre espèce est tout spécialement mal outillée pour faire face à une menace aussi brutale et aussi énorme que son extinction éventuelle. Nous n’avons pas tant survécu jusqu’ici en raison de nos qualités que du fait que la planète qui nous accueille est une corne d’abondance débordant de tous côtés de ses incroyables richesses, prête du coup à pardonner tous les errements, et qui nous a autorisés à la piller outrageusement. Mais malgré sa générosité quasi infinie, nous sommes quand même parvenus à dépasser ses bornes. C’est là que nous en sommes.

Nous ne pouvons nous prévaloir de ne pas avoir été prévenus : les avertissements que nous nous égarions ont été innombrables mais jamais nous n’avons tiré les leçons de l’histoire : le Prince n’a jamais demandé au Philosophe de le conseiller – et quand il l’a fait, il a ignoré ses conseils. Sans compter les philosophes vénaux.

Nous craignons sans doute le retour des catastrophes passées et prenons certaines précautions en conséquence, mais nous nous révélons ineptes dans la préparation à des désastres futurs du fait de la combinaison en nous d’un manque total d’imagination, d’un optimisme irraisonné que nous appelons « espérance » et surtout, parce que nous n’envisageons de solutions à adopter que dans une perspective purement commerciale. Nous ne sommes disposés à sauver notre espèce de l’extinction qu’à une seule condition : « si cela peut rapporter ».

L’espoir fait vivre mais l’espoir est une lunette déformante qui nous induit en erreur aussi souvent sans doute qu’il nous guide dans la bonne direction. L’espérance est un kit de survie qui nous permet de plonger en apnée le temps que les nuages les plus noirs se dissipent au-dessus de nos têtes durant les périodes où nous serions sinon broyés et durant lesquelles dresser la tête hors de l’eau pour respirer signerait notre perte.

On ne peut cependant vivre d’espoir indéfiniment. Mad Max a raison de dire dans Fury Road : « L’espoir, c’est une blague : ou bien on arrive à réparer, ou bien on devient fou ». La ligne de crête est très étroite et le précipice de part et d’autre, très profond : celui de la folie qui nous met hors course d’un côté et de l’autre, celui de la tragédie où nous pouvons sombrer. Il faut beaucoup de chance pour mener sa barque sans naufrage jusqu’à la vieillesse, quand les petites lumières s’éteignent inexorablement une à une. Bienheureux après tout les innocents qui attribuent à leur incroyable talent la chance inouïe dont ils ont bénéficié.

Une stratégie d’une stupidité confondante préside au destin de notre espèce : faute que nous soyons assurés de l’immortalité, nous devons nous reproduire sans retenue, ou en tout cas chercher à le faire, alors que les dés sont pipés parce que notre obsolescence a par ailleurs été programmée. Nous naissons, et c’est à nous ensuite de nous débrouiller avec une donne aussi médiocre, aussi biaisée en notre défaveur !

Toutes les planètes autour de nous sont des cailloux pelés, alternant pour toujours entre la surgélation et la calcination totales. Un concours de circonstances absolument improbable est manifestement requis pour que la vie puisse apparaître. Une fois là, elle ne se sent cependant plus : plus rien ne l’arrête, ni volcans déchaînés obscurcissant les cieux, ni météorites géantes tuant toute végétation pendant des décennies. Une fois que la semence est là, la vie est prête à tout pour suivre son cours, repliée dans la moindre anfractuosité de rocher, nichée au fond des abysses des océans, toujours prête à repartir si elle a été défaite en un autre point du globe.

Et nous faisons partie de ce maelstrom à part entière ! « Nous », c’est-à-dire une conscience attachée à un corps. « Nous » : une petite voix qui sort de l’intérieur de ce corps pour dire : « C’est moi ! », et qui a mal quand ce corps est directement menacé dans sa survie, que cette souffrance puisse ou non faire la moindre différence.

Alors, il est demandé à ce corps de se reproduire, et c’est finalement la seule chose pour laquelle il soit véritablement équipé, la seule chose qu’il sache faire correctement : faire des bébés (« pour de vrai » ou « pour du beurre »), et respecter les conditions minimales pour que cela soit possible (manger toutes les quelques heures, boire de l’eau toutes les heures, absorber de l’oxygène toutes les quelques secondes, évacuer régulièrement les déchets s’accumulant rapidement, ne pas mourir de froid, etc.) Nous avons été très bien conçus pour nous reproduire et raisonnablement conçus pour maintenir les conditions pour que cela soit possible. Mais comme nous sommes éphémères et jetables, penser à l’avenir sur le long terme n’est pas notre fort : notre manque de talent dans ce domaine est consternant. Et la punition est pour bientôt !

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160 réponses à “C’est quoi notre espèce ? (I) La donne est médiocre, biaisée en notre défaveur”

  1. Avatar de chris alide
    chris alide

    Bien des commentaires suggère que une véritable démocratie est la solution pour ses élus d’agir dans l’intérêt commun sur tous les aspects d’un vie respectueuse pour tous (accès aux besoins élémentaires des individus et in fine de leurs descendants).

    Dans le passé bien des états avaient la possibilité de faire des politiques offrant des services au communautés , en tenant compte des rapports de force des uns et des autres.Les dirigeant des états étalaient joyeusement les progrès  en terme de liberté,développement industriels,sociales…..).Le peuple devais croire que leur systéme démocratique était bien plus avantageux qu’ailleur.Cela a profité a bien des peuples.

    Aujourd’hui,la plupart des états n’ont plus de souverraineté et ceux qui voudraient prendre des décisions contraires sont d’une manière ou d’une autre mise au pas.

    Je suis convaincu que les forces a vaincre ne se situe plus au niveau des états(Du moins en occident),ni au niveaux de l’Europe ou des USA(Je parle des politiciens).

    Il suffit pour s’en convaincre de lire les masses énorme de liquidités qui se traitent hors marché,le shadow banking et le reste pour comprendre que les vrais dirigeants se trouve là.Hors d’atteinte avec leurs armées d’avocats dans un monde mondialisé et des règles qui leurs sont favorables et quant ce n’est pas le cas il disposent de bien des procédés qui me répugne.

    Alors on peut discuté longtemps pour changé les choses de manière démocratique mais moi je n’y crois pas,face a des méthodes mafieuses,ca ne marche pas.

    J’avoue que cela me plairai que l’on me prouve que j’ai tort.

    Allez à vos plume

     

     

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Vous avez raison, nous ne sommes pas en démocratie, ce n’est qu’un décorum.  Le pouvoir réel, le pouvoir économique et financier donc, est au main d’une poignée d’hyper-friqués qui, du fait de leur fortune, dominent la pyramide sociale dont nous faisons partie.

      Je ne vois pas comment on peut modifier ça, si ce n’est à travers une catastrophe naturelle d’ampleur suffisante pour les mettre à terre.

      Pire encore, cette mafia a le soutien implicite de beaucoup d’entre nous qui ne  souhaitent pas que ça change, satisfaits qu’ils sont de leur situation, dont ils se croient responsables (sic), et ne comprenant rien à la manière dont ce système mafieux fonctionne.

      1. Avatar de adoque
        adoque

        Je vous encourage, Dominique, à continuer d’expliquer ce point, qui n’est pas de détail, loin s’en faut !

        Les puissances politiques, religieuses, commerçantes, financières se sont réparties les tâches depuis longtemps pour rendre cette domination « transparente ».

        Merci en passant au blog de Paul Jorion qui permet de faire ce genre de mise à nu, par ses intervenants issus d’horizons divers, les plus divers possible !

      2. Avatar de Cédric Chevalier
        Cédric Chevalier

        Pas d’accord : relire d’urgence La Boétie. Chacun peut et doit agir, même si c’est microscopique. Les effets de seuil révolutionnaires sont plus bas qu’on ne l’imagine.

    2. Avatar de chatel
      chatel

      @ chris alide

      Hors d’atteinte avec leurs armées d’avocats dans un monde mondialisé et des règles qui leurs sont favorables

      Ce » monde mondialisé », nous l’avons édifié nous-mêmes. Ces règles, nous les avons instaurées nous-mêmes. La mondialisation n’est ni l’effet du hasard ni celui de la fatalité. La mondialisation a été voulue et mise en place progressivement grâce notamment à l’action efficace de l’OMC et à l’Europe qui est le cheval de Troie de la mondialisation, et non un pôle de résistance, comme certains l’espéraient naïvement.

      La question qu’il convient de se poser aujourd’hui est celle de la démondialisation. Ne l’esquivons pas et sachons identifier correctement les adversaires que ce combat implique d’affronter.

  2. Avatar de bourby
    bourby

    bonjour,

    plusieurs commentaires, pas toujours en lien les uns avec les autres, quoi que…

    1- je souscris à ce qui a été dit plus haut : la vie ne peut se maintenir que si les organismes (qui ne sont pas immortels) se reproduisent. Cette reproduction peut se faire par division « à l’identique » comme chez les bactéries; il faut alors compter sur les rares mutations (« erreurs » de duplication) pour générer les évolutions qui sont nécessaires afin de s’adapter aux changements de l’environnement. L’apparition de la reproduction sexuée a permis d’introduire un brassage génétique intense à chaque génération, ce qui permet une bien meilleure adaptabilité. L’être humain n’a que deux particularités dans ce tableau : sa conscience, et le fait d’être la seule espèce qui ait réussi à coloniser tous les milieux et à les modifier dans le sens d’un appauvrissement radical de la biodiversité. Paradoxe, ou simple état transitoire avant que la conscience ne prenne les choses en main ?

    2-  à Bucarest au début des années 80, il y avait des coupures d’électricité quotidiennes, et Ceaucesu intervenait en personne à la télévision pour expliquer que tout irait mieux si on n’oubliait pas d’éteindre les lumières inutilisées… « le dernier qui s’en va éteint la lumière » était une blague très à la mode, sous-entendant que tous les roumains rêvaient de fuir cette société rendue infernale par quelques % d’oligarques « communistes ».

    3- Il n’a fallu que quelques semaines pour que ce soit le « communisme » qui s’évapore. Idem en URSS malgré les milliers de têtes nucléaires. Pour une simple raison : les citoyens de ces pays voyaient à l’Ouest un autre système qui avait l’air de « marcher mieux ».

    4- Vu la vitesse à laquelle fonctionnent le mécanisme de concentration de la richesse et celui de destruction de la planète, il est effectivement impensable de continuer bien longtemps sans accident majeur. Il est donc indispensable d’avoir des solutions de rechange, dont il est important qu’elles soient validées par l’usage…. car s’il faut retenir une leçon du XXè siècle, c’est que les idéologies, même animées par les meilleurs sentiments, produisent immanquablement des désastres effrayants.

    5- Malheureusement, la mondialisation-globalisation laisse peu de place pour des fonctionnements alternatifs au niveau d’une nation (demandez à Mr Tsipras ce qu’il en pense). On peut quand-même profiter d’initiatives locales ou personnelles intéressantes comme le souligne J.Attali; mais pas que… car morceau par morceau il y a de bonnes pratiques dans les politiques actuelles de nombreuses nations (même aux USA, avec le « small business act » par exemple), et dans l’histoire des nations et des institutions (dont certaines sont chères à Paul Jorion comme l’interdiction de la spéculation ou celle du prêt à intérêts).

    6- A ma connaissance, un tel travail de compilation (et de critique, comparaison, etc…) n’est pas entrepris de manière structurée. Je me permets donc de faire une suggestion à P.J. : voilà de beaux sujets de thèse et de mémoires en tous genres pour des étudiants et des chercheurs confirmés, que ce soit à Bruxelles ou ailleurs… et une façon pratique d’entamer la refondation de la science économique, qu’il appelle à juste titre de ses vœux.

    7- A ce propos, certains, effrayés par la situation actuelle, ont érigé la décroissance en nouvelle idéologie. Donc en nouvelle ineptie. L’énergie solaire reçue par la terre est très supérieure à tous les besoins imaginables de la population humaine, présente et à venir. Les technologies permettant de la capter, de la stocker et de l’utiliser en quantité suffisante seront disponibles dans quelques décennies tout au plus. Et beaucoup plus rapidement si on se décide à réorienter les sommes consacrées au nucléaire et aux énergies fossiles! La vraie question est celle de l’utilisation des ressources rares (p.ex. les terres arables, les polymères tirés du pétrole, certains métaux mais pas tous: le fer, l’aluminium, le silicium sont très abondants). P.J. a proposé à juste titre de calculer le vrai coût d’un produit en tenant compte de son contenu en ressources naturelles (j’ajoute : rares); il faudrait ajouter la biodiversité, ne serait-ce que pour les lombrics et la microflore du sol détruits par l’agriculture industrielle, … mais sans oublier de tenir compte que ce genre de préjudice est souvent réversible. Ce calcul pourrait être la base de taxes ou contributions permettant de financer des politiques publiques d’intérêt général.

    7- Plus impressionnant dans sa perspicacité était Voltaire, qui proposait il y a presque trois siècles le principe qui permettrait à lui seul de sauver l’humanité et la planète : « cultivons notre jardin »

    8- Être prêts à proposer un fonctionnement différent de la société [§4 à 6] est une chose (nécessaire !), mais une autre question a été légitimement posée : quelle est la probabilité de connaître une diminution brutale de la population mondiale, par fait de guerre mondiale ou de famine de grande envergure par exemple. L’arme nucléaire rend infime la probabilité de déclenchement d’une guerre entre grandes puissances de manière réfléchie, même pour l’accès à l’énergie (pétrole); mais on n’est pas à l’abri d’un accident ! A l’opposé, le risque de famine est élevé, et il ne fera pas bon vivre dans une zone n’assurant pas son autosuffisance alimentaire: l’Afrique est en danger, et la péninsule indienne –avec ses bombinettes– est un danger.

    9- Les habitués du blog auront remarqué dans ce commentaire l’absence du troisième composant du « soliton » jorionesque : le remplacement de l’homme par les robots: pourquoi se plaindre de leur confier des tâches répétitives ou usantes, ou de permettre à une mamie de rester chez elle plutôt que d’aller en maison de retraite? En revanche, la place grandissante prise par les robots entraîne des questions qu’il faut se poser (et hop, encore du travail pour la nouvelle science économique). J’ajoute qu’il n’y a aucune raison de tolérer qu’une deuxième engeance capable d’interagir fortement avec notre vie quotidienne ne soit soumise à aucune règle : écrivons les règles !!! En France, celles de la CNIL s’appliquant aux applications informatiques sont un bon exemple de système relativement efficace.

    Au fait, vous aurez deviné quelle est la première engeance : la finance dérégulée…

    1. Avatar de Cédric Chevalier
      Cédric Chevalier

      « A ce propos, certains, effrayés par la situation actuelle, ont érigé la décroissance en nouvelle idéologie. Donc en nouvelle ineptie. L’énergie solaire reçue par la terre est très supérieure à tous les besoins imaginables de la population humaine, présente et à venir. Les technologies permettant de la capter, de la stocker et de l’utiliser en quantité suffisante seront disponibles dans quelques décennies tout au plus. Et beaucoup plus rapidement si on se décide à réorienter les sommes consacrées au nucléaire et aux énergies fossiles! »

      On aimerait avoir votre degré de certitude sur ce qui est inepte ou pas. Rappelez-nous en quoi votre pari sur le futur, faisant appel à des phénomènes futurs incertains, est moins inepte que celle des décroissants, faisant uniquement appel à des procédés et technologies depuis longtemps éprouvées ?

      La décroissance est probablement actuellement la seule stratégie d’évitement de l’effondrement qui ne repose sur aucune hypothèse forte quant à des solutions futures. Elle prend seulement acte de l’existant pour faire des propositions.

      Enfin, il vous faut également démontrer l’hypothèse forte qu’il est possible de capter durant longtemps cette fraction de l’énergie solaire disponible sans provoquer des effets néfastes en cascade (perturbations climatiques, pénuries de matériaux, pollutions, etc.), à un rendement supérieur à celui de la nature, qui, elle, a démontré sa capacité à le faire durant des millions d’années.

      Bref, je vous reproche moins vos propositions de fond que votre mépris irrationnel vis-à-vis de la décroissance, alors qu’il est vraisemblable que l’avenir durable serait un mélange des deux : de l’énergie renouvelable et du high-tech et de la sobriété et du low tech.

      Le moment n’est pas approprié pour les exclusives.

  3. Avatar de Laurent
    Laurent

    Au mieux, chacun y va de sa rationalisation, au pire, vous vous faites traiter de « Messie ».

    Carpe diem, Paul.

  4. Avatar de maboiteaspam
    maboiteaspam

    il faut que je commence par dire que j’ai bien aime cette lecture, comme bien d’autres, mais c’est plus goutu que la vie de keynes ( : / )

     

    Sinon,tout cela pose la question du que faire. Et la franchement moi je ne sais pas, Pas tellement en terms pratique, des solutions on en trouve si l’on cherche. Mais plutot en terme de dynamique humaine. Vivant en chine, je peux vous assurer que cela est a des lieux de leurs considerations. Incapacite a percevoir la realite de maniere identique car le passe faconne notre comprehension des evements presents et a venir. Et pourtant nous avons tous les outils pour communiquer correctement. Prendre les devant sur ces sujets c’est prendre du retard sur la dynamique economique globalisante, ne pas s’en occuper, c’est embarque sur une chaloupe trouee pour traverser la manche. Dans les deux cas on s’y prend… comme un manche.

  5. Avatar de Lesauvage
    Lesauvage

    J’ai entendu quelque part que nous sommes mortels parceque nous sommes plus complexes que des amibes. Plus de possibilités mais moindre durée de vie. Alors peut-être pas obsolescence programmée mais fragilité intrinsèque des systèmes très perfectionnés. Hum … Bon ! Ben voilà c’est bientôt la fin …c’était bien …un peu difficile parfois…mais ça valait bien la peine de naitre et de vivre…j’appréhende un peu le moment de la fin, cependant…et puis il y a aussi la question du délai…dans combien de temps ? Mes enfants auront ils le temps de vivre aussi longtemps et même plus longtemps que moi ? Voilà qui me serre le coeur. Quand je pense qu’un peu de bonne volonté de part et d’autre et nous pourrions peut-être collectivement nous prolonger un peu. Bonne volonté et pragmatisme. Si il suffisait de simplement allonger la main pour fermer un robinet pour régler la situation… Ou d’aller tout ensemble manifester…ou d’aller tous voter pour le bon représentant… Ou d’êtres tous connectés au même blog planétaire…ou d’avoir des espèces de facultés télépathiques cosmiques…ou alors une conscience sensible rénovée qui trouverait une plénitude au simple fait de vivre et qui ainsi pourrait nous aider à nous degager des ersatzs de satisfactions artificielles … Lors de mes cogitations solitaires je me suis mis dans la tête cette hypothèse : et si nous retrouvions la conscience du fait que nous ne sommes qu’une seule et même personne (mais multipliée par quelques milliards) voilà qui augmenterait considérablement nos chances de survie personnelle (ou peut être pas). 

  6. Avatar de Lepierrot
    Lepierrot

    Des actions très concrètes doivent être promues, par exemple réduire de 75 % la consommation de viande.

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Beaucoup n’en mange pas, de plus en plus n’en mange plus (faute de pouvoir d’achat), et visiblement rien ne s’arrange…

    2. Avatar de Robert
      Robert

      Entierement d’accord, la viande ne doit rester qu’une transgression dans notre alimentation, les méthodes d’élevage ne respectent pas le vivant (certains parlent de minerai !), donc beaucoup moins de viande mais d’excellente qualite et la santé s’y retrouverait.

    3. Avatar de Cédric Chevalier
      Cédric Chevalier

      Tout à fait d’accord. Loi de Pareto : 20% des actions provoquent 80% des effets. C’est vrai pour les causes du désastre, c’est vrai aussi pour ses solutions.

      Ainsi, diminuer massivement la consommation de viande de ceux qui en consomment est sans doute une des actions uniques les plus puissantes en termes d’effets pour nous sauver tous.

      J’ai écrit une liste qui en contient une grosse dizaine :

      – rouler en vélo,

      – habiter en centre ville,

      – jardiner,

      – méditer,

      – refuser l’avion,

      – isoler sa maison,

      – etc.

       

      On peut démontrer facilement selon moi que la conjonction de millions de personnes qui feraient cela aurait un impact considérable sur le ralentissement de la dégradation du monde.

  7. Avatar de celuiquibraille

    Paroles franco-grecques :

    RÉSISTONS PAR DIGNITÉ PLUTÔT QUE PAR ESPÉRANCE
    de Yannis Youlountas.

    La désillusion est saine si elle accouche d’un homme libéré de toute espérance. La vie est tragique, mais elle est palpitante. Les mères sont des voyages sans retour, des paradis perdus, des enfances englouties. Les pères tombent en chemin sans se relever. La vie s’écoule comme du sang d’une blessure jamais guérie. Tout ventre est éphémère.

    L’espérance est un subterfuge de la mémoire. Elle nous fait croire en un monde qui n’existe plus. Elle nous détourne vers le passé en nous parlant du futur. L’espérance ramène l’homme en enfance.

    Nul besoin d’espérance pour résister. Nul besoin de pari, de promesse ou d’illusion. La résistance est la pulsation de l’existence. La voie de la création. L’empreinte de la liberté. Sans elle, l’homme renonce à lui-même.

    Y.Y. le 27/07/15

    Source : http://blogyy.net/2015/07/27/resistons-par-dignite-plutot-que-par-esperance/

    1. Avatar de Robert
      Robert

      Resister est un devoir……….

    2. Avatar de Cédric Chevalier
      Cédric Chevalier

      Tout est dit. Vous rejoignez les conclusions d’Albert Camus (Le Mythe de Sisyphe et l’Homme révolté), que j’ai fait miennes :

      http://www.pauljorion.com/blog/2014/03/05/pourquoi-ni-le-desespoir-ni-le-decouragement-ne-sont-de-rigueur-face-au-soliton-par-cedric-chevalier/

  8. Avatar de Gudule
    Gudule

    « Ben moi j’ai la 2èm partie, (construction d’un nouveau Système), mais je n’ai pas la 1ère (mettre l’actuel sous camisole de force)
    Et c’est bien ça le Problème: comment déposséder les possédés par la religion féroce. »

    Dominique, je pense qu’il serait plus judicieux de rester concentre sur la 2ème partie, personne ne vous en voudra, même jducac sera d’accord, c’est dire. Pour la 1ère, la version Shining, il vaut mieux prendre un tranxène et se calmer !
    Je ne suis pas persuadée que M Jorion « échangerait »  volontiers sa dénomination de prophète contre celui « d’exorciste »…..

    Et puisqu’on fait dans le « biblique » l’apocalypse selon St Jean, en fait est une révélation (texte symbolique aussi), la fin d’un monde (d’une conception donc de celui ci) et non la fin du monde.
    Oui, effectivement, plutôt inviter le pape François, au lieu de N Hulot …ou avec, encore mieux !

  9. Avatar de Lucas
    Lucas

    Attendre.

    Les morts ont parfois le pouvoir d’éveiller les vivants…

    Sombre espoir.

    1. Avatar de Lucas
      Lucas

      Comme le signal Pierre-Henri Gouyon, un second « Nuremberg » où de nouvelles lois universelles prévalent, est peut être indispensable.

  10. Avatar de dudesclin
    dudesclin

    Cher M. Jorion,

    Il faut impérativement lire « L’Humanité disparaîtra, bon débarras » d’Yves Paccalet (2006),

    – voire l’édition de 2013 avec comme titre ajouté: « Nouvelle édition revue et aggravée« .

    En effet, la quintessence de vos propos a déjà été formulée dans son ouvrage – non sans pointes d’humour :

    « J’ai cru en l’homme. Je n’y crois plus. J’ai eu foi dans l’humanité : c’est fini. J’ai pensé, dit et écrit que mon espèce avait un avenir. J’ai tenté de m’en persuader. Je suis maintenant sûr du contraire : l’humanité n’a nul destin. Ni lendemain qui chante, ni surlendemain qui fredonne. No futur : elle est comme une droguée – avide et déjantée, esclave des biens matériels, en souffrance de consommation, asservie à ce qu’elle imagine être la « croissance » ou le « progrès », et qui sera sa
    perte. Si elle ne s’autodétruit pas dans une guerre atomique… Une épave !« 

    Bien cordialement.

    1. Avatar de Paul Jorion

      J’en suis encore à tester la manière de présenter les choses. Toutefois si vous pensez que ce que j’ai écrit dans ces premières pages est l’équivalent de

      « J’ai cru en l’homme. Je n’y crois plus. J’ai eu foi dans l’humanité : c’est fini. J’ai pensé, dit et écrit que mon espèce avait un avenir. J’ai tenté de m’en persuader. Je suis maintenant sûr du contraire : l’humanité n’a nul destin. Ni lendemain qui chante, ni surlendemain qui fredonne. No futur : elle est comme une droguée – avide et déjantée, esclave des biens matériels, en souffrance de consommation, asservie à ce qu’elle imagine être la « croissance » ou le « progrès », et qui sera sa perte. Si elle ne s’autodétruit pas dans une guerre atomique… Une épave !«

      … alors j’ai lamentablement échoué jusqu’ici, puisque ce monsieur dit exactement le contraire de ce que j’essaie de dire. Le portrait que je vais essayer de dresser est celui d’une espèce qui ne s’est pas encore remise d’avoir découvert que ses membres individuellement sont destinés à mourir, et qui est abominablement mal outillée pour faire face à sa possible extinction. Le portrait vise à créer la sympathie, pas du tout à s’écrier « bon débarras ! », même ironiquement !

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Exact , car dire « bon débarras » , c’est encore se mettre « à part  » et imaginer qu’il y a des bons et mauvais points à distribuer .

        Façon de révéler que l’on n’a pas encore « pris conscience » que l’on est dedans, avec , partie de, dans un train extraordinaire et mortel ( si la mort a une signification ).

         

        La vie n’est pas un examen à réussir pour avoir son diplôme.

      2. Avatar de Thomas
        Thomas

        Et la comparaison est peu judicieuse jusqu’au bout, Paccalet ayant « mangé dan la gamelle » toute sa vie sans se poser de questions, ses livres sont juste l’amertume  condensée d’un homme qui n’a rien vu, et qui le reproche aux autres.

      3. Avatar de juannessy
        juannessy

        Petit complément pour « les esclaves martyrisés du temps  » , cette bouteille à la mer partagée avec Gudule et Vigne

        http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/classique/baudelaire/enivrez.html

        J’emprunte en fait cette chute ,qui est aussi un début, à Hubert Reeves qui en avait fait le point d’orgue d’un de ses bouquins sur l’origine de l’univers , où l’on trouve aussi un petit dessin représentant un homme dressé sur la planète terre , façon petit prince sur son astéroïde ,et qui , levant les yeux au plus haut des cieux, s’écrit désespérément :  » Y a quelqu’un ? ».

      4. Avatar de Pierre Juillot.
        Pierre Juillot.

         
        Bonjour M. Jorion et tous-tes.

        Pardon d’abord pour la complexité de la question qui suit. Je ne sais à ce stade et suivant mon intelligence la formuler autrement sans en faire des tonnes.

        N’est-il pas autant de nuances d’optimismes et de pessimismes aussi multiples, variées, différentes, aussi divergentes que pouvant converger même (vers un infiniment petit, suivant la définition de « l’intérêt général, de biens communs, etc), qu’il existe d’individualité de l’espèce humaine « libérée » (interprétant le langage de différente manière par exemple), et que ces nuances dépendent à la fois de : quand et d’où on observe, (et de qui) veut observer une situation, un problème, un voir plusieurs cataclysmes (solitons) à venir, leurs conséquences et pour qui, quoi en priorité… (que, qui, quoi « sauver » en premier… ? Quels « désastres collatéraux » conséquents à ce qui n’a pas eu la priorité à rendre acceptable à tous-tes… ?)… qu’il est aussi difficile à identifier à qui adresser le message d’alerte, son degré de compréhension du risque imminent, suivant des intérêts aussi particuliers d’abord (riches… oligarques, « politiciens-nes », etc, mais aussi pauvres et leurs craintes pour eux et leurs enfants, petits enfants, etc, pour l’environnement dans lequel ils devront survivre encore plus difficilement, etc) qu’ils ces intérêts définissent inévitablement des limites qui sont opposés à un intérêt général, autant qu’elles ces limites semblent indépassables ?

      5. Avatar de Olivier Brouwer
        Olivier Brouwer

        Bonjour Paul,

        Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais senti la moindre ombre de « bon débarras » dans tes propos, mais tu me parais par contre de plus en plus « défaitiste », en particulier dans tes derniers « Temps qu’il fait ». L’expression « c’est rapé », revenant à plusieurs reprises, y contribue largement.

        Il nous faut une chréode, une porte de sortie, mais qui, pour étroite qu’elle soit, ne soit – évidemment ! – pas une simple méthode Coué ou un simple déni de la réalité. La situation est tellement complexe, qui peut prétendre prédire l’avenir avec certitude ?

        Je n’ai pas encore lu Servigne et Stevens, mais je me suis promis de le lire. Il ne faudrait pas cependant le considérer comme un prérequis nécessaire à la compréhension de ton propre livre en cours d’écriture, et c’est là la difficulté, je pense.

        1. Avatar de Paul Jorion

          « Le dernier qui s’en va éteint la lumière » ne paraîtra pas – au mieux – avant janvier 2016. Cela laisse largement le temps à tout le monde de lire le Servigne et Stevens avant sa parution. D’ailleurs je m’assurerai que TOUT LE MONDE l’a lu avant que je ne donne le Bon à tirer pour « Le dernier… ».

      6. Avatar de Cédric Chevalier
        Cédric Chevalier

        D’accord avec Paul,

        Autant la conscience de sa propre fin incite selon moi mécaniquement à l’empathie et l’altruisme immédiat envers l’Autre, comme étant lui-même soumis au même destin absurde, autant la conscience de ses propres faiblesses incite à la compassion envers les faiblesses des autres, individus issus de la même espèce aussi mal outillée, comme dit Paul.

        Il ne faut pas oublier une chose tout à fait importante : il n’est écrit nul part que nous avons vraiment les moyens de passer outre cette singularité que pourrait être notre disparition. Nulle part. Notre responsabilité, c’est une leçon de la philosophie du droit, s’arrête à notre capacité. Sans capacité d’évitement de l’extinction, nous n’en sommes pas responsables.

        L’absurde de la conscience de sa finitude atteindrait alors un nouveau sommet existentiel : condamnés que nous serions à observer notre propre disparition, sans pouvoir rien y changer.

  11. Avatar de mimi
    mimi

    « La conscience enregistre des événements ayant déjà eu lieu. »
    Monsieur Jorion ceci n’est pas la conscience, mais de la mémoire.
    La conscience c’est percevoir le présent libre du passé mais porté par lui.Et ce n’est pas de l’intelligence seule l’on pourrait dire une intelligence du coeur.
    C’est pourquoi l’intelligence est inefficace pour les défis qui viennent , les solutions ne sont pas dans un présent fermer dans son passé (intelligence combinatoire) mais dans un présent ouvert sur le futur (intelligence du coeur ou inspirée)
    La méditation ,la contemplation sous toutes les formes seront des pistes…..
    Citoyens à vos coussins!!!!!!

    1. Avatar de Paul Jorion

      Non, je parle bien de la conscience. Lisez le texte que j’ai consacré à la conscience : Le secret de la chambre chinoise (1999).

    2. Avatar de Terra Breizha
      Terra Breizha

      Zazen, zazen !

  12. Avatar de EP04
    EP04

    Je suis de plus en plus étonné de l’empressement avec lequel l’humanité semble vouloir connaître la fin du film…
    J’ai par exemple écouté avec une certaine stupéfaction le 05/07/2015  l’Esprit Public sur France Culture, animée par le sémillant Philippe Meyer – que l’on a connu mieux inspiré – émission consacrée à Gérald Bronner  et traitant de « La société des interdits ».  Il s’agit là d’un véritable morceau d’anthologie. Je dois dire que je suis resté pantois devant l’acquiescement général aux propos de l’invité, y compris lorsqu’il tenait des propos méprisants au sujet de Pierre Rabhi. 
    On ne peut que s’inquiéter du mépris montant au regard des avis divergents sur quelque sujet que ce soit – consulter par exemple le blog de Jean Quatremer sur la Grèce – à partir du moment ou l’avis exprimé s’écarte de la ligne «officielle» que je résumerai ainsi: de toute façon avec le retour de la croissance on va trouver une solution…
    Alors… vivement la fin du film ?
     

     

     

  13. Avatar de Chantal
    Chantal

    C’est quoi notre espèce ?

    La donne n’est pas médiocre, biaisée en notre défaveur, je ne peux le croire.

    De plus en plus, nous prenons conscience des limites à notre développement et aussi de la grande incertitude, de l’impossibilité de prévoir l’avenir en raison de la complexité des éléments à prendre en compte. Oui, cela peut être une grande source d’angoisse et de déception.

    Par ailleurs, nous pouvons aussi prendre conscience de l’existence du champ des possibilités auquel notre cerveau a accès.

    J’ai l’intuition que chaque être est en soi un instrument à comprendre le monde, un instrument unique en lui-même plus ou moins sophistiqué.

    Le cerveau enfermé dans la boîte crânienne pourrait bien être, sur base des dernières découvertes scientifiques, un instrument du type télévision capable de capter des informations stockées quelque part ailleurs et de n’en montrer automatiquement, sans l’intervention de notre volonté, qu’une petite partie sur l’écran de notre conscience. Notre cerveau capte ainsi probablement une énorme quantités d’informations sans que nous n’en prenions conscience ou qui n’apparaissent que très partiellement, sur notre écran intérieur, à notre conscience et que bien après leur réception par notre cerveau. Parallèlement, notre cerveau pourrait bien être aussi un instrument d’émission d’informations qui seraient mémorisées, stockées quelque part en dehors de nous, dans une sorte de champ d’informations accessible à tous. Notre corps ressenti comme « moi » serait donc une sorte de relais dans l’échange universel d’informations.

    Dans ces conditions, tout devient possible même l’impossible. Pourquoi désespérer ? Pourquoi ne pas croire que l’un ou l’autre cerveau de l’un d’entre nous va capter dans le vaste champ des possibilités de quoi assurer l’avenir de notre espèce ?  Désespérer, ne pas croire que nous sommes capables de trouver sans relâche un chemin vers une meilleure vie me semble bien réducteur pour ne pas dire présomptueux.

    A 60 ans, je pense aujourd’hui que les femmes ont en elles, plus que les hommes, davantage le sentiment de faire partie d’un tout et d’être un relais, un modeste relais, de la force de vie. Le fait de pouvoir sentir un nouvel être croître en soi révèle à la conscience toute la force de la vie à travers tout le champ des possibles. Cela rend humble.

    Cultivons donc notre jardin, comme le conseillait ce cher Voltaire. Enrichissons-nous de connaissances, soyons curieux de tout et de tous, reproduisons-nous car l’être unique, sans pareil, qui va naître est peut être celui qui captera dans le champ des possibilités de quoi nous ouvrir une vie meilleure encore. Ouvrons de plus en plus notre esprit à la différence, à la particularité. Tout est dans tout et tout est possible même l’impossible. Vivons. Espérons sans limite.

    Votre cerveau, Monsieur Jorion, est formidable. Merci d’exister.

     

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      « Si tout est dans tout , il n’y a plus de place pour rien ».

      La  » meilleure vie « , ce serait quoi selon vous ?

      Et la « meilleure mort » ?

      Ou  » le meilleur » ?

      1. Avatar de Chantal
        Chantal

        Si tout est dans tout, il y a une place pour tout, pour chaque chose. Chaque chose, chaque être a son importance, bonne ou mauvaise, par le fait même d’exister, d’être connecté à tous les éléments du monde, de pouvoir influer sur tout, dans le présent et dans l’avenir.

        La meilleure vie serait pour moi la vie qui inspirerait le moins possible de sentiment de souffrance en soi-même et chez les autres, la principale source de souffrance étant le sentiment de solitude, d’inutilité, d’absurdité.

        La meilleure mort serait pour moi celle qui me permettrait, par je ne sais quel canal, de transmettre vers le champ des possibilités tout ce que j’ai appris, au cours de mon existence dans ce monde, à propos du mal et du bien, le mal étant tout ce qui fait ressentir la souffrance et qui, comme tel, peut être une source de progrès et de bien.

        Le meilleur pour moi, c’est ressentir le fait que j’ex- iste pour les autres êtres vivants et pour les objets sans vie, que je suis en relation, en partage, en connexion avec ce qui n’est pas « moi », que je suis un petit relais mais un relais quand même, pour la Vie. Le meilleur pour moi en ce moment est de vous répondre.

    2. Avatar de Cédric Chevalier
      Cédric Chevalier

      « Espérons sans limite. »

      Bien que je sois quelqu’un de joyeux, je ne peux que vous conseiller la lecture du Principe Responsabilité de Hans Jonas, qui démolit point par point le Principe Espérance de Ernst Bloch.

      Il faut malheureusement fixer des limites à l’espoir, si l’on veut espérer que l’Humanité survive.

  14. Avatar de Giorgi Angéliqu
    Giorgi Angéliqu

    Et si on changeait les règles du jeu.   Depuis que j’ai entendu Geoffroy de Lagasnery sur France Culture, j’ai réalisé qu’il est peut-être encore possible de tenter quelque chose. Depuis, c’est d’ailleurs amusant, chaque film, série, bouquin que j’ai lu m’ont confortés dans cette analyse.
    1/Nous sommes très nombreux à nous sentir impuissants, parce que nous savons que nous allons vers le précipice et que le combat est inégal : ceux qui tirent les ficelles ont des forces tellement supérieures aux nôtres que nous sommes englués, condamnés à hurler dans le désert.
    2/ Dans ce jeu-là nous n’avons aucune chance ! Ils sont plus forts que nous, mieux organisés, et ont tout l’argent du monde à mettre dans la partie.
    Le seul moyen de changer les choses c’est de renverser la table et de réécrire les règles du jeu.
    A l’origine de cette réflexion, il y a le discours de John Kerry, et sa colère froide  parce qu’Edward Snowden est parti se réfugier à l’étranger. Pourquoi ce départ le met plus en rage que les révélations qu’il a faites ? Tout simplement parce qu’en s’exilant, Snowden rompt symboliquement le pacte d’appartenance à sa nation. Une des règles premières de notre asservissement. Les forces d’argent ont toujours joué sur ce sentiment de nation, aujourd’hui encore elles nous manipulent avec ça, et je suis prête à parier qu’elles le font avec une profonde délectation. Vous connaissez le combat du moment : les  Allemands vertueux VS les Grecs inconséquents. Moi je crois  que la vie d’une jeune femme, qui élève seule ses deux enfants et qui travaillent pour 3 euros de l’heure dans un bled allemand, ressemble beaucoup plus à celle d’un retraité grec qui fait vivre sa famille avec une pension de 500 euros, qu’à celle d’un cadre supérieur de Hambourg. Pourtant, dans la plupart des cas, cette jeune femme n’hésitera pas à faire peser son malheur sur le bouc émissaire désigné, les Grecs en ce moment, les Espagnols demain etc.
    Que pouvons-nous faire alors pour enrayer cet état de fait et montrer à chacun des protagonistes qu’ils sont le jouet d’une main invisible qui les manipule pour servir ses propres intérêts ?
    La confrontation directe est inutile ! Nous sommes perdants.  J’en veux pour preuve, la participation de Paul Jorion aux matins de France Culture. En tant qu’invité, il a dû penser que ce moment de radio serait une tribune idéale pour faire passer ses idées. Mais le trublion de service, Brice Couturier, a parasité le débat afin que l’auditeur soit complètement noyé dans un flot d’invectives. Des Brice Couturier, il y en a à la pelle, il suffit d’aller d’écouter la conférence de Roland Gori sur les « imposteurs » pour s’en faire une idée.  
    Comme est inutile, selon moi, de participer aux grands moments médiatiques comme la conférence sur le climat. Il y a tellement de jeunes idéalistes, remplis de talents, de compétences qui ont travaillé des années sur des propositions alternatives qu’ils proposeront à ce « sommet », pour rien ou presque, qu’on a en envie d’en pleurer. C’est une gigantesque farce qui n’aboutira sur rien. On va de sommet de la dernière chance, en sommet de la dernière chance, ça en devient ridicule quand on y songe.
    Bon Ok, alors on fait quoi ? On se retrousse les manches et on agit en parallèle. On crée un nouveau jeu qui profite à tous, selon nos règles. J’ai toujours été fasciné par le cabinet fantôme en Angleterre. Là on fait pareil, mais on agit concrètement, on travaille en réseau avec internet en marge des canaux habituels.  Toutes les compétences sont les bienvenues, et chacun a la parole, pas de querelle de chapelle ou de problème d’égo, pas de grand gourou,  mais  des personnes de bonne volonté qui pensent qu’on est plus intelligents à plusieurs.
    On fonctionne avec ce qui existe déjà. Sur le climat, plutôt que de faire des manifs contre le nucléaire, qui nous épuise et qui ne servent à rien, on fait du concret.  On crée l’alternative à petite échelle. Il existe une foultitude d’expériences locales de relocalisation des moyens de production d’énergie renouvelables au cœur des territoires. On prend l’expérience sur ce qui existe déjà, et on l’applique chez nous.
    Pour la finance, il faut redynamiser les territoires. Aider les créateurs d’entreprise. Développer les Système d’échange locaux. Pour le logement, réfléchir au système des castors mis en place à la sortie de la guerre.
    On peut réfléchir aussi à la coopérative locale  qui regroupe dans le pays basque des coopératives de productions agricoles ou industrielles, des épiceries solidaires, un centre de santé, un réseau d’approvisionnement, des structures de prêts et de financement.
    Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix, soit nous nous épuisons à diffuser la bonne parole auprès de ceux qui n’ont pas envie de l’entendre, soit nous créons une alternative parallèle ouverte à tous, et on prouve à l’homme de la rue que le changement il n’est pas dans la parole d’un homme politique mais dans ses mains à lui. Nous allons faire des émules.  Car dans cette société, ils sont nombreux à chercher un sens à leur vie, redonnons l’espoir grâce à l’action concrète au service de tous.

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      En fait vous proposer de tous nous réfugier dans un Tiers monde. Les Ressources, et le pouvoir associé, restant toujours entre les même mains…   C’est mieux que si c’était pire.

    2. Avatar de Jean-Luce Morlie
      Jean-Luce Morlie

      et on prouve à l’homme de la rue que le changement il n’est pas dans la parole d’un homme politique mais dans ses mains à lui.

       

      Bonjour,  est-ce que je vais dans votre sens en vous écrivant ceci :

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      Que 67 personnes ont une fortune égale à 3.500.000 000 des plus pauvres fait  aujourd’hui « le buzz », et même, le bruit court que ces  67 les plus riches seraient responsables des malheurs de  notre monde.   Pourtant des groupes de 67 personnes  à 3 € de l’heure et 500 € par mois il y plein,  dans  les immeubles, les quartiers, les villages, cette précarité partagée , pour l’alimentation, l’éducation, la santé  engendrera,  de  nouveaux circuits de  réciprocités concrètes au niveau de l’immeuble, du quartier, du village, et puis de cercles en cercles élargis, d’autant plus qu’il nous faudra lutter contre l’emprise des groupes économiques déviants de bas étage dont les trafics se nourrissent de la pauvreté avec la complicité des mafias financières  en gants blancs …
      Le projet de faire de la politique en capitalisant les petits porteurs de colères  pour se dire, en leur nom, vainqueurs de  « Manhattan »  n’a-t-il pas montré ses os sur Syntagma;  le moment n’est -il pas venu  de participer dans les immeubles dans les quartiers dans le village à un vaste mouvement d’autoformation populaire nous permettant de changer concrètement localement les conditions de vie qui nous sont faites … ? Le plus drôle est que bien  des intellectuels attendent d’être payés pour ça …

      1. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Vous aussi souhaitez organiser une forme moderne du Tiers monde, pour que ceux du haut vivent en paix.

        C’est une curieuse conception de la justice sociale, mais vous avez le mérite de clairement formuler la chose.

         

    3. Avatar de Cédric Chevalier
      Cédric Chevalier

      C’est exactement ce que propose le courant des Villes en Transition de Rob Hopkins, le seul mouvement crédible que je connaisse pour lutter contre les tendances à l’oeuvre et instaurer du radicalement neuf à la place, dès à présent, là où nous sommes.

  15. Avatar de Pierre Juillot.
    Pierre Juillot.

    Suite et fin (malheureusement décalée) de mon commentaire précédent (30 juillet 2015 à 10:36) posé sous forme de question adressée à M. Jorion.

    Pour exemple quelques soient les angles d’approches d’un problème, « les inégalités par hasard », qu’ils soient abordés de manière pessimiste ou optimiste, et leurs différents degrés et nuances (sauvant qui les observe, étudie et lesquelles, etc), ne sera t-il pas inévitable, incontournable même, qu’apparaissent in fine dans les débats contradictoires, à un moment ou à un autre, les sempiternelles théories opposant la vision immonde (selon moi) entre les « inégalités de races », de « civilisations», de « destins » maintenant (suivant la définition de Macron), de « natures », pour résumer celles ci, soit autant d’intérêts particuliers se masquant malhonnêtement derrière un « intérêt général » (nation, etc) et celles dites « inégalités » (entre femmes et hommes, valides invalides, « beaux-belles » et « laids-es » métiers « intellectuels » et manuels, etc) que la condition unique, exceptionnelle, rare pourrait-on à ce stade rajouter (conscience de soi – mais pas permanente et obligatoirement pertinente puisque dépendante d’un statut social, culturel, etc – au travers de sa propre représentation de soi, et d’autrui, comme de la représentation d’autrui, au travers d’autres prismes. Et sommes nous seuls-es dans l’univers… ?), de « l’espèce humaine », ne peut se vouer à les accepter, à les reléguer en l’état à de simples « fatalités », comme « la loi du plus fort »… ?

    Même M. Piketty conçoit la « nécessité » « des inégalités » dans son dernier livre.

  16. Avatar de arciatus
    arciatus

    Péché

    Il n’est pas inintéressant pour moi, m^me si je n’adhère comme pratiquant  à aucun dogme  religieux , d’étudier  de telles  thèses comme  révélatrices d’autant de moments de l’histoire culturelle de notre humanité.D’autant  mieux qu’ils utilisent l’image et l’imagination comme moyens d’expression!..
     
    Dans le chapiteau dit  « Le péché originel » ,  le mieux  conservé de l’Abbaye de Cluny, le traitement du thème biblique  est original :
     
    On y avait  délibérément considéré deux parties pour l’arbre dit «de la connaissance » : un tronc droit sur lequel des entailles indiquent qu’il se développe selon ses lois propres, avec marques  dans l’espace d’un rythme annuel de croissance,  et porte des fruits consommables, dénombrables, partageables  ( les 3 pommes échangées à droite).  Alors que le serpent ondoie sur  un rejet souple  latéral ( sur ce rameau issu du même pied qu’on nomme en arboriculture un sauvageon). Il semble donc que le commanditaire ait demandé au sculpteur de produire une image allant dans le sens de la définition,  par Jean Scot Erigène, du mal en  tant que déviance possible d’un tronc culturel commun à l’individu et à l’espèce humaine :
     
              « Le mal , considéré en lui-même, n’est absolument rien
     
              d’autre qu’une impulsion irrationnelle et perverse, issue
     
              de la nature rationnelle ».( in Periphyseon IV, vol3, P.181)
     
     N’est-ce pas là une excellente définition de ce que nous préférons nommer aujourd’hui une externalité négative ? Qui faute d’attention conjointe aux signes du Réel, exercée entre les membres de l’espèce, ce laisser -aller pulsionnel peut entraîner un cataclysme pour le groupe voire pour l’espèce?  
     
    On peut encore signaler la rectitude d’Adam, l’homme premier, et l’ondoiement  du corps d’Eve, son double, pas seulement peut-être comme pendant formel à droite – pour la symétrie du chapiteau- de la souplesse serpentine à gauche ? Dans ce cas, pas en tant que figure néfaste de la femme, mais en tant que  le  double d’Adam ( son clone  ),  toute  réplique étant susceptible d’adaptation et de mutation (mouvement) à partir du  prototype initial ?   D’ailleurs le Serpent n’est-il pas une figure très signifiante  du Mouvement « considéré en lui-même », par exemple dans l’Evolution postdarwinienne, et avec  cette  constante d’effet toujours possible de bonne ou mauvaise surprise ? Conscience, après coup, d’un effet positif ou négatif ( constat désiré de réussite ou constat ressenti d’un manque ou d’un échec)

     
    Nous  aurions  donc été prévenus déjà par des  images de l’art roman de ce que notre espèce humaine s’inscrit dans les limites d’un ordre défini de l’univers . Des risques de toute transgression de cet ordre ? Quelles qu’en soient les images et les propositions de calculs et autres hypothèses pour en connaître et faire savoir les lois, telles qu’elles sont ressenties et imaginées selon les époques et les lieux de vie collective ?   Avec des principes et des limites reconnaissables selon  des échelles évolutives d’espace et de temps, et qui sont à connaître et à respecter ?
     
     Références de l’image et de la  citation  dans une proposition d’analyse des chapiteaux  de l’abside  de Cluny :
    http://www.latribunedelart.com/jean-scot-a-cluny-proposition-de-lecture-des-chapiteaux#nb36

  17. Avatar de chris alide
    chris alide

    Dans bien des articles sur ce blog,Paul a mis en évidence la prédation des communautés humaines.

    les sociétés occidentales au siécle passé se sont enrichi en pillant d’autre territoires et ont permis au états d’être généreux avec leur peuple.Notamment en matière de liberté,d’élévation du niveau de vie et j’en passe.

    Les peuples ayant bénéficiés de ces avantages ont attribué cette évolution a une meilleure éducation et une capacité d’inventivité supérieure au peuple spolié.Peu de gens avais conscience du cout payé par ses peuples mis en esclavage.Pour se donner bonne conscience les pouvoirs en place,usaient de propagandes du style,nous allons les civilisés et les rendres contre leur grés plus heureux(On sait ce qui est bon pour eux).

    La mondialisation des moyens de communication et la prise de conscience d’un nombre de plus en plus élevé de gens ont incités les puissants a développé des propagandes plus sournoises et vicieuses.

    Alors voila Paul,si on considère que maintenant tous les peuples aspirent a une vie a l’occidentale,est il surprenant que les conflits se multiplient.Comment autant de gens peuvent il croire que leur niveau de vie est du a leur seul mérites.

    L’explication se trouve dans une propagande presque scientifique.Nos dirigeants savent que la prédation leur permet de maintenir leur nation a flot et justifié de la sorte une bonne gestion ,tant pis si pour cela il faut alimenté des conflits.

    A coté de tous les dangers déjà mentionnés,la propagande et la prédation,deux armes dans un arsenal déjà bien rempli ,me donne l’impression que nos courte vie est un élément très contraignant pour voir le résultat d’un éventuel changement car le combat seras long.

    A qui profite le plus l’internet,a des blogs comme celui de Paul Jorion ou au pouvoir?

    Le rapport de force dans le domaine de l’information est désiquilibré,dans l’avenir il est tout a fait envisageable que ton blog soit considéré comme subversif.Le combat est aussi a ce niveau.

    Il est urgent de se mobilisé massivement et rapidement,j’ai le sentiment que l’on est pris de vitesse.Une deux chevaux face a une formule un sur route n’a aucune chance de gagner,il en serais autrement sur un chemin cabossé(oui je sais s’est bien trop simple:))

     

    1. Avatar de adoque
      adoque

       » (oui je sais s’est bien trop simple:)) « 

      En tout cas, c’est compréhensible de tout le monde:

      comment aborder la prochaine épingle ?

    2. Avatar de motorcycleboy
      motorcycleboy

      Ce n’est pas au siècle passé que tout me paraît s’être mis en place mais plutôt à la renaissance (1450-1550), sponsoring d’états et/ou de royautés pour des expéditions maritimes la plupart du temps privées qui aboutirons à la première mondialisation et aux prédations que l’on connaît depuis (à commencer par la main d’oeuvre humaine au coût quasi nul, plus d’un ultralibéral d’aujourd’hui doit encore en avoir des frissons rien que d’y penser).

      Allez faut bien sourire un peu tout de même!

  18. Avatar de Lucas
    Lucas

    « Le dernier qui s’en va éteint la lumière » 

    Ce n’est pas du tout pessimiste ! Paul Jorion suggère que nous pouvons encore disparaître avec élégance… imaginez !

  19. Avatar de Robert
    Robert

    Alors voila Paul,si on considère que maintenant tous les peuples aspirent a une vie a l’occidentale

    Mais qui leur serine à longueur de magazine, de feuilletons crétins, de journaux télévisés et papiers que le modèle c’est nous et que leur simplicité, leur frugalité appartient au passé, tout au plus une curiosité pour touristes ?

     

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Oui, certes.

      Mais le problème est que ces gens sont sans ressources pour bâtir quoi que ce soit chez eux.

      On a tout pris, ou détruit, pour construire la société que vous dénoncez.

  20. Avatar de Rosebud1871
    Rosebud1871

    Pour parer au pessimisme ambiant deux petits coups de Lacan pour se remettre :
    1/

    [ …] Mais des dégâts, chacun sait que, tels que nous sommes foutus, nous autres de l’espèce humaine, les dégâts c’est ce qui peut nous arriver de mieux. […] (In 1973-11-03 INTERVENTION DANS LA SÉANCE DE TRAVAIL  CONGRÈS DE L’ÉCOLE FREUDIENNE DE PARIS)

    2/

    Lacan […] Il semble que soit arrivé aussi pour les scientifiques le moment de l’angoisse. Dans leurs laboratoires aseptisés, revêtus de leurs blouses amidonnées, ces vieux enfants qui jouent avec des choses inconnues, manipulant des appareils toujours plus compliqués, et inventant des formules toujours plus abstruses, commencent à se demander ce qui pourra survenir demain et ce que finiront par apporter ces recherches toujours nouvelles. Enfin, dirai-je, et si c’était trop tard ? On les appelle biologistes, physiciens, chimistes, pour moi ce sont des fous. Seulement maintenant, alors qu’ils sont déjà en train de détruire l’univers, leur vient à l’esprit de se demander si par hasard ça ne pourrait pas être dangereux.
    Et si tout sautait ?
    Si les bactéries aussi amoureusement élevées dans les blancs laboratoires se transmutaient en ennemis mortels ? Si le monde était balayé par une horde de ces bactéries avec toute la chose merdeuse qui l’habite, à commencer par les scientifiques des laboratoires ?
    Aux trois positions impossibles de Freud, gouverner, éduquer, psychanalyser, j’en ajouterais une quatrième : la science.
    À ceci près que eux, les scientifiques, ne savent pas qu’ils sont dans une position insoutenable.
    Question. – C’est une vision assez pessimiste de ce qui communément se définit comme le progrès.
    Lacan : – Pas du tout, je ne suis pas pessimiste. Il n’arrivera rien. Pour la simple raison que l’homme est un bon à rien, même pas capable de se détruire. Une calamité totale promue par l’homme, personnellement je trouverais ça merveilleux. La preuve qu’il aurait finalement réussi à fabriquer quelque chose avec ses mains, avec sa tête, sans intervention divine ou naturelle ou autre. Toutes ces belles bactéries bien nourries se baladant dans le monde, comme les sauterelles bibliques, signifieraient le triomphe de l’homme. Mais ça n’arrivera pas. La science a sa bonne crise de responsabilité. Tout rentrera dans l’ordre des choses, comme on dit. Je l’ai dit, le réel aura le dessus comme toujours, et nous serons foutus comme toujours. […] (In 1974-11-21 ENTRETIEN DE JACQUES LACAN AVEC EMILIA GRANZOTTO).

  21. Avatar de gilles
    gilles

     

    Un extrait d’un article du jour sur le site du Monde Economie
     » L’optimisme de Safran est porté par la croissance du trafic aérien. « Nous prévoyons toujours le doublement du trafic dans les vingt ans à venir », a ajouté le directeur général. Les résultats en 2015 semblent lui donner raison. Entre janvier et mai, le nombre de passagers transportés a progressé de 6,3 %. Dans le même temps, les capacités de transports, le nombre d’avions, n’ont progressé que de 5,9 %. L’offre de sièges est donc toujours inférieure à la demande.   »

    Je n’ai pas encore lu le bouquin de Servigne et son collègue, mais j’ai cru l’ entendre sur mediapart dire qu’en 2030 on ne prendrait plus l’avion ou un truc de ce genre.

    Est ce que Paul pourra aller fouiller ou enquêter sur les incohérences qui émanent de ces données produites par ces « experts en prospective » aussi bien chercheurs qu’ avionneurs ? Qui des deux croit ou fait mine de croire le plus en sa vision ou ses projets ?

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Intéressant cette info, car il se pourrait que l’étincelle vienne de ce genre d’incohérence entre les prévisions, qui vont directement toucher le haut du panier.

       

  22. Avatar de Robert
    Robert

    Que penser de l’objection de croissance ? en théorie, ça semble une bonne idée, l’écologie politique est porteuse d’un projet crédible pour nous sortir de notre occidentalité géhenne (merci à ce blog pour l’enrichissement de mon vocabulaire) non?

    et au regard du tollé général que soulève le mot obus de décroissance, c’est qu’il doit y avoir matière à repenser notre économie et « foutre en l’air » pas mal de préjugés écomomiques !

     

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Objecter la croissance, c’est un peu court sauf, toujours, pour organiser une nouvelle forme de Tiers monde.

      Pouvoir et richesses restant toujours aux mains de quelques propriétaires privés.  C’est là le nœud du problème que l’on s’acharne à ne pas vouloir voir. Par crainte?

  23. Avatar de Le marin
    Le marin

    Thomas Malthus avait tort , il n’avait pas prévu la révolution industrielle , agricole , technologique dans le monde entier… Pourtant, à plus long terme, aujourd’hui , il risque d’avoir raison vu l’impact de la démographie et, par conséquent, la révolution industrielle – agricole – technologique sur notre planète en termes de pollution et par extension sur le climat, milieu (biodiversité-sols)  et ressources… et nous savons tous ce qui se passe dans une cage où il a  trop d’animaux  et pas assez de nourriture (ressources)…

  24. Avatar de Gudule
    Gudule

    @Juanessy

    « Petit complément pour « les esclaves martyrisés du temps  » , cette bouteille à la mer partagée avec Gudule et Vigne »

    Merci du fond du coeur, Juanessy.

    Juanessy vous avez tout compris, tout depuis le début, par ce que vous SAVEZ là où siège l’essentiel !
    Juanessy je vous aime, vous avez « ciblé juste », là, où il y a cet espace, vous savez, entre deux seins et qui bat, des fois trop fort, souvent trop vite, et qui sait de façon impérieuse là où se trouve l’essentiel voire l’essence de l’intelligence humaine et les désastres qui adviennent quand on ne sait plus entendre ni écouter cette voix là. Juan, l’ivresse, oui, m^me sans vin, mais impossible, maintenant; sans vigneron, c’est comme ça et ce n’est pas négociable !

    DRAPEAU BLANC !

    Est ce que quelqu’un aurait des nouvelles sur « des accords de paix » entre la maître de céans et N°3 ? ^^ ?
    Le dialogue est t’il enfin rétabli…. ?

    Ps :

    « Il faut être toujours ivre. Tout est là: c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. »

    « Mais de quoi? De vin, de poésie, de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. »

    « Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront: « Il est l’heure de s’enivrer! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »

    Baudelaire: Petits poèmes en prose, XXXIII (1869)

    Vous aussi, Juan, vous parlez « quantique » (cantique) couramment je vois ..   🙂

  25. Avatar de Gudule
    Gudule

    Environnement : le pape en appelle au « courage » et à l’action urgente
    « Le magazine italien L’Espresso a révélé, lundi 15 juin, une copie de l’encyclique papale sur l’environnement, dont la publication mondiale est prévue jeudi. Le Vatican s’est empressé de préciser qu’il ne s’agissait pas là de la version définitive, s’efforçant de minimiser une fuite inédite pour un texte de cette importance dans l’Eglise catholique. Néanmoins, les 192 pages intitulées Laudato Si donnent une juste idée du propos attendu du pape François sur la protection de la planète et balayent l’ensemble des défis environnementaux actuels ainsi que leurs implications économiques et sociales.

    Dans ce texte, que le pape destine « à tous » et pas seulement aux catholiques, ce dernier appelle à une action urgente pour lutter contre le réchauffement climatique. S’appuyant sur les études scientifiques, il attribue ce phénomène « en majeure partie » à l’activité humaine et à la combustion des énergies fossiles. Cette affirmation, déjà énoncée par le Vatican, va à l’encontre des vues défendues par les climato-sceptiques, que l’on retrouve dans les cercles chrétiens, notamment aux Etats-Unis. Cette encyclique a vocation à devenir un élément du magistère officiel de l’Eglise. »

    M jorion en référence à votre livre , cet extrait , en attendant merci pour la vidéo, je n’ai pas pu encore regarder en totalité hier soir je tombais de sommeil, je vous en reparlerais ,  vraiment intéressant , pour le passage sur les DEUX univers parallèles, que je trouve réducteur, je vous donnerais mon point de vue, mais peu importe, c’est riche, merci bien :

    à mon humble avis, important, Conscience et responsabilité !

    « Dans la version publiée par L’Espresso, François met en avant les raisons à la fois morales et scientifiques qui président à la protection de « la création ». « Les négociations internationales ne peuvent pas progresser de manière significative à cause de la position de pays qui privilégient leurs intérêts nationaux plutôt que le bien commun », déplore François. Or, selon le pape, réduire les émissions de gaz à effet de serre demande « de l’honnêteté et du courage, notamment de la part des pays les plus puissants et les plus polluants ». « Ceux qui pâtiront des conséquences de ce que nous essayons de cacher se souviendront de ce manque de conscience et de responsabilité. »

    http://www.lemonde.fr/religions/article/2015/06/16/environnement-le-pape-en-appelle-au-courage-et-a-l-action-urgente_4654804_1653130.html#E2BvrwF7St0VSTQH.99

    1. Avatar de Paul Jorion

      À la demande de la revue La Nef, je prépare un article sur Laudato si’.

      1. Avatar de Gudule
        Gudule

        Super, OK, donc nous serons informés de sa parution sur le BPJ.  🙂

  26. Avatar de pierre
    pierre

    Bonjour Paul,

    Je viens de lire 2 fois cet article et je dois avouer que je l’ai bien  aimé notamment  la partie concernant « mais au fait c’est quoi un être humain? ». Oui, une simple machine organique périssable  dont le but est de survivre. Le drame est que sa survie n’a pas été conçu en tant que  individu mais en tant qu’espèce d’où la mortalité et la reproduction pour satisfaire les mécanismes Darwinien. Ah comme tout aurait été plus  simple, si notre corps avait été « fini » dés le départ et ainsi  doué d’immortalité,  notre seul but aurait été la découverte des mystères de l’univers, le décryptage des loies physiques et peut être à la fin le sens de la vie. Cela nous aurait épargné beaucoup de souffrance..Merci qui? la vie? Dieu? ou quoi que se soit…C’est vraiment malin d’avoir crée des êtres doués de conscience, avec une gigantesque soif de survie et de les faire mourir gentiment à petit feu …Moi, j’appelle cela de la torture…Il faudra bien un jour que l’on fasse le procès de l’entité qui a voulu cela….non mais!!!! Enfin trêve de plaisanterie! Revenons à notre sujet, contrairement à vous Paul, je ne crois pas que l’humanité va disparaître que ce soit avec  le réchauffement climatique ,la pollution ou la disparition des ressources naturelles. On saura s’adapter à notre environnement. En revanche, je crois à la disparition de ce monde tel que nous le connaissons, c’est irrémédiable. La survie, c’est à la fois notre chance et notre malheur. Notre chance car c’est grâce à elle que nous sommes là que nous repoussons les limites de la mort et que nous faisons des enfants. Notre malheur car cela engendre une augmentation sans limite de la population jusqu’à l’explosion. C’est pourquoi , je crois que quand les hommes vont s’apercevoir qu’ils sont  trop nombreux sur terre là il y aura le déclic et le basculement vers une nouvelle ère. Pour moi, l’interrogation est là et si il faut mettre les hommes en face de leur contradiction c’est sur ce point. Comment à la fois concilier, notre soif de survie et notre soif de connaissance. Nous devenons des entités biologiques dangereuses, soit on passe le cap de l’animalité et on monte un étage dans le degré de l’évolution, soit on reste bloqué à l’étage inférieur et ce sera AI qui continua l’aventure….

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