Billet invité.
Nous nous trouvons dans une situation désespérée et il ne sert à rien de se confiner dans le déni, chacun devant désormais se poser les bonnes questions. Les résultats de travaux de recherche scientifiques affluent et vont tous dans le même sens, confirmant depuis les derniers événements observés en Arctique, l’installation d’un changement climatique sans précédent dans l’Histoire de l’Humanité.
D’ailleurs, une nouvelle alerte climatique vient d’être sonnée, notamment ici, en France et en Europe, où tempête exceptionnelle et vague de froid nous touchent de plein fouet, du fait notamment du rapprochement de nos côtes atlantiques d’une colonne anticyclonique de plus de 26.000 m de haut qui aspire l’air froid de la stratosphère vers la surface terrestre, tout cela étant la conséquence d’un vortex polaire de plus en plus affaibli et fragmenté [1] sous le seul effet de la situation catastrophique actuellement observée/mesurée en Arctique [2].
Eh bien malgré cela, nous poursuivons encore et toujours nos tergiversations sans jamais nous remettre en question. Et il suffit de regarder/écouter l’ensemble des débats politiques français en cours pour s’en convaincre.
Nous perdons donc un temps extrêmement précieux…
C’est dans sa nature, l’être humain devenu matérialiste et capitaliste convoite la propriété de tout ce qui lui passe sous les yeux. C’est purement limbique, voire reptilien. Sauf que pour y parvenir, il doit normalement fournir un travail qui le conduit à émettre systématiquement une demande importante en énergie (translation, rotation, accélération, conception, industrialisation, robotisation, transformation, fabrication, production, communication, distribution, etc.) et donc à contribuer lourdement, que ce soit directement ou indirectement, à l’émission de gaz à effet de serre parmi les 207 d’ores et déjà connus ; contentons-nous de parler de CO2 eq. dans le cadre de ce billet spontané. Mais outre la pollution de l’air, tout cela contribue également lourdement à la pollution de l’eau et de la terre, affectant l’ensemble de la biosphère terrestre sous l’effet des ricochets en découlant, puisque tout ce qu’il ne convoite pas, il le rejette tout simplement ; les techniques de recyclage, de développement durable et même les énergies renouvelables telles qu’elles sont toutes actuellement pensées et conçues, ne permettant au mieux qu’un temps de retard avant le rejet définitif des déchets à venir.
Puis, lorsque sa convoitise est enfin assouvie, que la pleine propriété d’un bien lui est enfin acquise, cela ne lui suffit pas. L’être humain convoite alors de nouvelles propriétés de biens, ceci selon un cycle ininterrompu, ou presque, tant tout cela n’est bien évidemment possible sans compter les limites du Monde au sein duquel il évolue : la biosphère terrestre elle-même.
Eh bien malgré cela, nous continuons encore et toujours à considérer le travail comme une nécessité et non comme un problème…
Et puisque nous refusons d’admettre et de traiter sérieusement ce problème, alors c’est le problème lui-même qui tôt ou tard revient à nous, mais sous une forme différente de dépense d’énergie, tel un rééquilibrage forcé, naturel et soudain de l’assiette bioéconomique mondiale que l’être humain n’a cessé d’ignorer. A ce stade, il serait donc totalement illusoire de croire qu’il existerait encore sur Terre une parcelle de sanctuaire demeurée toujours intacte, voire à l’abri. Tout est touché, et même l’Antarctique sous l’effet des ricochets en découlant.
En dépit de ces conditions délétères, voire mortifères, chacun s’interroge en se demandant s’il faut travailler plus, ou bien travailler moins ? Telle est la question économique et sociale qui est actuellement au cœur de tous les débats politiques, notamment à gauche, sans jamais s’interroger quant à la nécessité environnementale absolue de mettre un coup de frein définitif au travail lui-même, en tant que source significative d’émissions mondiales en CO2 eq..
Alors on essaie d’inventer de nouveaux concepts économiques et sociaux tels que le revenu universel [3], sans jamais aborder d’autres concepts tels que la gratuité dont la portée est pourtant bel et bien environnementale, économique et sociale. En même temps, comment pourrait-il en être autrement puisque l’ensemble des personnes, débattant autour de toutes ces questions, ne les abordent jamais sous l’angle de la décroissance, leurs Lumières étant de fait entièrement corrompues par leurs propres désirs de propriété des biens.
Il serait donc grand temps de donner la parole à de vrais acteurs de la décroissance !
Et ceux-ci nous diraient sans doute que :
1 – l’intérêt individuel, voire ultralibéral => du travail (le sien ou celui des autres, voire celui des robots aujourd’hui) => de la consommation démesurée d’énergie et de ressources => toujours + d’émissions en CO2 eq., que
2 – le revenu universel => de l’argent sans affectation d’usage => de la consommation d’énergie et de ressources => + d’émissions en CO2 eq., alors que
3 – la gratuité => de l’argent affecté => de la consommation mesurée d’énergie et de ressources => – d’émissions en CO2 eq.
Rq. La gratuité au sens de FaaS (Free as a Service) qui doit donc être monétisée afin de permettre à tout moment une sur-taxation des dépassements des quotas alloués par individu…
Sachant en outre que nous devons en parallèle tout filtrer/nettoyer/sauvegarder ; cf. VSI [4]…
En attendant, la gratuité n’est pas possible sans un rééquilibrage humanitaire de l’assiette bio-économique mondiale, ce qui sous entend aussi et surtout, une abolition pure et simple de toute forme de propriété.
Aussi, à défaut de vortex polaire efficient, c’est bel et bien d’isocortex qu’il nous faut, et vite, avant que ce ne soit notre cerveau limbique-reptilien qui reprenne simplement le dessus [5] !
Humilité, sensibilité, sobriété, dignité, équité, fraternité et liberté…
C’est là le seul NEW DEAL possible en faveur de la BIOSPHERE (dont l’Humanité), la SURVIE et la PAIX [6]… quoi qu’on en dise !
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[1] Jiankai Zhang, Wenshou Tian, Martyn P. Chipperfield, Fei Xie & Jinlong Huang, Persistent shift of the Arctic polar vortex towards the Eurasian continent in recent decades, nature climate change, le 24/10/2016.
[2] Philippe Soubeyrand, DU CREPUSCULE A LA NUIT DE MEDICIS : de l’élection de Donald Trump, symptôme politique, philosophique et psychologique, d’une crise systémique globale hors de contrôle, au symptôme climatique !, Blog de Paul Jorion, le 24/11/2016.
[3] Roberto Boulant, Revenu universel : fausse bonne idée, ou vraie mauvaise idée ?, Blog de Paul Jorion, le 13/01/2017.
[4] Philippe Soubeyrand, Une proposition en vue de remettre la planète en état, Blog de Paul Jorion, le 19/08/2014.
[5] Roberto Boulant, Les bases biologiques de la morale ou de l’intérêt de l’altruisme chez les primates sociaux, Blog de Paul Jorion, le 15/01/2017.
[6] Philippe Soubeyrand, LE CANARI ARCTIQUE NE CHANTE PLUS : Lettre ouverte à l’attention de tous les élus de France, sans exception., Blog de Paul Jorion, le 16/09/2016.
Quoique : ladite illustration mime tant bien que mal les couleurs de tanins qui révèlent la trop grande maturité de…