« Défense et illustration du genre humain » : Demain, la Chine – Retranscription

Retranscription de « Défense et illustration du genre humain » : Demain, la Chine. Merci à Catherine Cappuyns !

Bonjour, nous sommes le 13 mai 2018 et dans trois jours, le 16 mai [en fait, hier], paraît ce livre dont je vous parle ces jours-ci : Défense et illustration du genre humain, ça paraît chez Fayard. Dans ce livre il y a aussi une partie très importante consacrée à la Chine.

Je commence par régler à ma façon le débat qui a eu lieu, qui a déchiré, le monde de la sinologie francophone, entre d’un côté Jean-François Billeter et de l’autre François Jullien. Le premier disant qu’il n’y avait pas de différence radicale entre la pensée chinoise et la nôtre, et disant que ce que nous prenons pour une différence essentielle c’est l’esprit de l’Empire chinois qui existe depuis des millénaires. François Jullien nous dit : il y a autre chose.

Et cet autre chose, je crois l’avoir trouvé, il y a pas mal d’années d’ailleurs, à la fin des années 80, au moment où je travaillais en intelligence artificielle, au moment où j’ai essayé de mettre sous forme d’instructions, de code, des choses qui m’apparaissaient typiques de la pensée chinoise et j’utilisais le langage Prolog et je n’y arrivais pas. Et du coup j’ai dû m’expliquer pourquoi il y avait une différence essentielle. J’en ai parlé dans Principes des systèmes intelligents, paru en 89, et puis j’en ai parlé beaucoup plus longuement encore en 2009 dans « Comment la vérité et la réalité furent inventées » publié là chez Gallimard.

Alors, je parle de ça. Je parle aussi de Confucius qui est le premier grand sociologue, la première personne qui a vraiment réfléchi à la manière dont on fait fonctionner ensemble les citoyens d’un État et la direction, le gouvernement, d’un État. Une pensée extrêmement profonde à laquelle il faut réfléchir surtout dans nos temps ultralibéraux où on a mis entièrement entre parenthèses le rôle de l’État, le rôle des institutions, le rôle des structures, autour de nous. Il faut revenir d’une certaine manière à Confucius. Et puis, je parle du contrepoids, du contrepoids que nous appellerions héraclitéen dans notre pensée à nous : le fait que le monde change tout le temps malgré les lois, malgré les rituels, malgré les préceptes, le monde change quand même tout le temps. C’est un grand tourbillon, il faut que nous sachions gérer ça aussi. Et dans la pensée chinoise, il y a donc d’un côté les institutions, le confucianisme et de l’autre la petite fleur volage qui est aussi notre sort : [le taoisme]. Il faut pouvoir intégrer les deux. Notre pensée européenne est très éloignée, je dirais, à la fois du confucianisme et du taoisme maintenant.

Je parle de ce qui s’est passé : la fusion de la pensée européenne, occidentale, à l’intérieur de la Chine. Qui est-ce qui a réalisé ça ? Eh bien, c’est Mao Tsé-Toung, en faisant venir le marxisme-léninisme. Derrière Marx et Lénine, il y a bien sûr entre autres, il y a Adam Smith, mais il y a aussi Hegel et Hegel, c’est l’ensemble de notre philosophie occidentale, ayant aussi – chez Hegel – su assimiler le message du christianisme, pour en faire un tout.

Alors, Mao Tsé-Toung, Mao Tsé-Toung et le taoisme, Mao Tsé-Toung et le marxisme-léninisme et on débouche sur la situation présente qui est le président Xi Jinping. Et là, mon livre, je l’ai dit hier, il hérisse certaines personnes en mettant un accent tout à fait fondamental sur la personne de Paul de Tarse, de saint Paul, et il y d’autres personnes qui à la lecture du manuscrit attrapent de l’urticaire à voir la manière je dirais sympathique et, comment dire, amicale, dont je parle de la Chine. La Chine qui dans ce monde entièrement déboussolé semble être notre seul point de repère. Aujourd’hui, il faut bien le dire, c’est le seul endroit où on a l’air de savoir ce qu’on fait et de savoir pourquoi on le fait. Alors, sujet de polémique tout comme Paul de Tarse dans ce livre, oui certainement.

Plus pas mal d’autres choses dont je vous ai déjà parlé. Donc, cela paraît dans trois jours [en fait, hier], j’espère qu’il y aura un grand débat autour de cela. Donc, voilà, au revoir !

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