Retranscription de Trump : une transnationale fasciste, le 20 juillet 2019. Ouvert aux commentaires.
Bonjour, nous sommes le samedi 20 juillet 2019 et vous savez, je parle parfois du marketing et vous savez que je n’ai pas beaucoup de respect pour les gens qui font du marketing parce que je les ai connus dans les entreprises et ce sont des gens qui, en général, n’ont pas de connaissance technique des problèmes.
Je vous ai raconté déjà cette histoire où je me trouve dans une banque. Je suis invité par les gens du marketing et on me dit : « Est-ce qu’on pourrait faire un prêt où on pourrait, comme ça, du jour au lendemain, passer d’un prêt à taux fixe à un prêt à taux flottant ou l’inverse ? ». J’ai dit que j’allais regarder s’il y avait une solution analytique. Une « solution analytique », ils n’ont pas la moindre idée de quoi ça parle parce que c’est des mathématiques. Cela veut dire : est-ce qu’il y a une formule que l’on peut trouver facilement qui transforme l’un en l’autre. Ils se regardent et je dis : « La première chose à faire est de voir s’il y a moyen de le faire ». Là aussi, ils se regardent avec consternation et je dis : « Il faut d’abord savoir si on peut faire ce que vous demandez ». Ils disent : « Ce n’est pas possible ? ». Je dis : « Pourquoi ce n’est pas possible ? » et la réponse est : « Parce que les dépliants, les brochures, sont déjà imprimés ». Voilà.
Si j’avais quelques notions de marketing – et cet incident que je viens de vous raconter ne m’encourage pas à en avoir – je ne ferais pas une vidéo maintenant, un samedi matin, parce que vous les regardez beaucoup moins. Ça passe sur le week-end et le lundi, vous avez autre chose à faire et, d’autre part, je n’annoncerais pas du tout que je veux parler de M. Trump parce que mes vidéos où je parle de Trump, vous les regardez beaucoup moins que les autres et là, vous avez tort. Vous avez vraiment tort et je veux vous le faire entendre, ne serait-ce que par le titre que je vais donner à cet exposé, c’est : « Trump : une transnationale fasciste ».
Vous savez que les mots comme « fasciste », les trucs comme ça, moi, je n’emploie pas ça dans toutes les phrases. Je n’appelle pas tous les gens qui ne sont pas d’accord avec moi « fascistes ». J’emploie ça comme un terme proprement technique.
Ces jours-ci, j’ai reçu les premières épreuves du premier volume, parce qu’il y en a déjà 3 qui sont prêts, sur Trump. Quand je regarde ça, je vois qu’en 2015, quand il n’est encore que candidat, je dis « un proto-fasciste ». Pourquoi ? Parce que j’ai déjà repéré le personnage parce que j’ai déjà bien regardé qui il était et je dis « proto-fasciste ». On est 4 ans plus tard. On peut enlever le proto. Le type s’est complètement dévoilé et, surtout, si vous suivez l’actualité, surtout les jours derniers.
Parce que, qu’est-ce qui apparaît surtout, c’est que ce type ne croit pas une seconde à la démocratie. C’est un croisé contre l’Islam, on l’a compris. Les 4 dames que l’on appelle « colored » en américain, parce que l’on regroupe dans la même catégorie aux Etats-Unis quelqu’un qui est Palestinien, quelqu’un qui est un descendant d’esclave amené de force aux Etats-Unis, une réfugiée somalienne, une Portoricaine -parce qu’elle parle espagnol, tout cela tombe dans la même catégorie de « non-blanc ».
C’est-à-dire que cette catégorie de « non-blanc » existe dans la société américaine depuis très très longtemps. Il ne faut pas être nécessairement un membre ou un sympathisant du Ku Klux Klan comme M. Trump, comme son père qui allait dans les émeutes du Ku Klux Klan à New York et le grand-père, on ne sait pas mais, en tant que tenant de bordel, ce n’est pas impossible non plus qu’il avait quelques sympathies de ce côté-là.
Cette catégorie de « non-blanc », on met absolument tout le monde qui n’a pas l’air laiteux sur son visage, elle est là, dans cette société, il y a ça en latence.
Et donc, ce monsieur, lui, se révèle de plus en plus comme un suprémaciste. Quand je regarde mon manuscrit, qui va de 2015 à avril 2018, le grand tournant, bien entendu, c’est 2017. C’est l’émeute à Charlottesville où un manifestant néo-nazi prend sa bagnole et se lance dans la foule. Il y aura une morte, c’est Heather Heyer dont c’était l’anniversaire de la mort tout récemment.
À ce moment-là, vous le savez, Trump dit à propos des néo-Nazis et des contre-manifestants : « Il y a des gens bien des deux côtés ! ». Vous vous souvenez de cela. Immédiatement, le tollé. Tous les gens qui sont dans les organismes consultatifs qu’il a mis en place – cela fait un peu plus de 6 mois qu’il est Président – démissionnent. Il est obligé de saborder ces trucs-là. Un certain nombre de généraux – je crois qu’il y en a 8 ou 9 – font des déclarations en disant : « Ce n’est pas ça l’esprit des Etats-Unis ».
D’une certaine manière, on s’habitue. Il n’y a plus de grande déclaration des généraux. Quand M. Trump, très satisfait de lui-même – il faut voir son visage, il est aux anges, il est au 7ème ciel – quand la foule derrière lui, à propos d’une députée somalienne d’origine, musulmane (elle porte un turban sur les cheveux), quand la foule qui vient à ces meetings scande : « Renvoyez-là chez elle, renvoyez-là chez elle ! », une femme qui est députée dans un pays où cette manière pour les blancs racistes suprémacistes identitaires de dire que les autres sont des immigrés alors que, oui, pourquoi ? Il faut voir les déclarations à l’époque : « Dieu nous a offert, à nous les blancs, ce continent ! ».
On n’attache pas la moindre importance au fait qu’il y avait des gens qui étaient déjà là. Non, c’est un cadeau de Dieu ! Quand il est écrit sur la pièce de monnaie « In God we trust », il y a cette conviction : « Dieu a donné à nous, les Blancs, ce continent supplémentaire ! » : il a pris des Blancs particulièrement élus pour les envoyer là. Les autres, ce sont les descendants d’esclaves et il y a eu un petit accident qui fait qu’il n’y a plus d’esclavagisme mais enfin bon, on ne va pas s’attarder sur des choses qui sont aussi accessoires. Vous le savez. On avait promis « une mule et 40 arpents [acres] » à tous les esclaves libérés. Ils ne les ont jamais eus. On leur a permis de devenir métayers avec un rapport de force tout à fait défavorable bien entendu, sur de grandes plantations. La vie quotidienne n’a pas changé énormément. Il y a eu tout de suite une sorte de restauration dans le Sud, dans un « esprit d’apaisement » n’est-ce pas. Les gens du nord ont dit voilà au point que les gens du sud ont immédiatement construit des monuments, de grandes statues équestres à leurs généraux ayant perdu la guerre.
Où est-ce que j’en étais ? M. Trump. Les Démocrates sont là à se gratter la tête depuis un certain temps : « Pourquoi est-ce qu’il n’essaye pas d’étendre sa base ? Pourquoi est-ce qu’il n’essaye pas d’avoir plus de gens derrière lui ? Pourquoi est-ce qu’il fait simplement des courbettes à sa base qui ne représente que 35 à 40 % des gens ? » 35 à 40 %, c’est déjà pas mal n’est-ce pas ? « Pourquoi est-ce qu’il n’essaye pas d’avoir, comme un président normal, plus de gens qui se rallient derrière lui ? »
Parce que c’est un séditieux messieurs-dames, il n’a pas besoin du reste. Souvenez-vous de ce qu’il avait dit juste avant les élections qui l’ont fait président. On lui avait demandé : « Est-ce que vous reconnaîtrez le résultat des élections si vous perdez ? ». Il a dit « Non, c’est qu’on aura triché ! ». Il dira la même chose la prochaine fois si on le laisse aller jusque-là. Il dira la même chose.
Vous le savez, il y a une différence entre ses partisans et les autres. Les autres sont plus nombreux mais ses partisans à lui, vous le savez bien, ce sont des gens sur-armés. Ce sont des gens sur-armés.
Je regarde ce manuscrit du 1er volume que je suis en train de relire. Il y a une organisation. C’est Move On si j’ai bon souvenir qui a dit : « Si on révoque M. Mueller, il faut que l’on se rassemble tous à tel et tel endroit ». Ils seraient allés là, à tous ces endroits-là. Ces endroits étaient indiqués. Ils auraient été très nombreux mais les autres avaient des kalachnikovs ou l’équivalent américain. Quand Mme Pelosi dit : « Mais tout ça va se régler par les tribunaux, il ne faut pas se presser, il ne faut pas essayer de faire un impeachment, etc. ». Si j’avais un conseil à donner aux Etats-Unis, aux Américains, je dirais que l’un n’empêche pas l’autre. On peut lancer une procédure d’impeachment et lancer les institutions dans le processus dont M. Mueller a laissé entendre, et il va encore le répéter dans quelques jours, le 24, que « Il a fait son rapport pour que l’on puisse lancer la procédure d’impeachment« . Mme Pelosi : « Non, tout cela va se régler devant les tribunaux, avec les trucs que M. Mueller a lancés ». Ça n’empêche pas du tout qu’on lance la procédure d’empêchement, de destitution du président.
Il y a eu un vote l’autre jour. On a dit : « Regardez, ceux qui vont proposer l’impeachment : ils n’ont eu que 95 gens qui ont voté, sur un total de 400 quelque chose [435]. 95 personnes, tous des Démocrates, qui ont voté sur la proposition suivante : « Il faut destituer M. Trump non pas parce qu’il a fait collusion avec la Russie, non pas parce qu’il a fait obstruction, entrave à la justice, sur ceci ou cela, mais parce qu’il est indigne d’être président ».
95 quand même, presque un quart, sur simplement dire « Ce type est indigne » [mise à jour, le 2 août : 118 ; soit désormais plus de la moitié des Démocrates].
Il y a des commentateurs qui ont dit : « C’est un avertissement au Parti démocrate : ça veut dire que, s’il y avait des raisons qui étaient données en plus, il y en aurait beaucoup plus ». La dernière fois que l’on a parlé d’impeachment, c’était 52 Démocrates qui étaient prêts à lancer la procédure.
Pourquoi est-ce que les Démocrates traînent les pieds de cette manière-là ? Si vous lisez ce premier volume quand il sortira, je ne sais pas, ce premier tome, « Un objet populiste mal identifié », en septembre ou en octobre, vous verrez. Tout était là. Mes analyses, ça ne se voit plus. Elles avaient 2-3 ans d’avance sur celles des commentateurs américains. C’est quoi ? C’est l’esprit de Munich : « Il va peut-être changer… Il va peut-être comprendre comment ça marche… Il va peut-être s’habituer… »
Encore hier ou avant-hier, quand il est là, tout satisfait devant sa foule qui hurle de renvoyer les gens qui ne sont pas blancs ailleurs, on dit : « Regardez sa fille, Ivanka – tout le monde sait que c’est une Démocrate – elle l’a obligé à dire 5 minutes plus tard qu’en fait, ce n’est pas ça qu’il voulait dire, qu’en fait, il avait essayer de faire taire la foule ». Il y a une station de télé qui a minuté combien de temps il réagit à ce que la foule qui crie « Renvoyez-les chez eux ! ». Est-ce qu’il l’a interrompue tout de suite ? Pendant 13 secondes, il est là aux anges, il est là au 7ème ciel parce qu’il a ses fascistes derrière lui qui sont en train de gueuler.
Pourquoi est-ce qu’il n’étend pas sa base ? Il s’en fout. C’est un séditieux. Il n’a pas besoin de plus de 35 à 40 %. Le jour où il perdra des élections, il dira : « C’est parce qu’ils ont triché. D’ailleurs, mon copain Poutine est d’accord avec moi et Mme Le Pen aussi est d’accord avec moi ». Je vais vous remettre cette photo de ce splendide tableau dans le style réalisme socialiste qui n’a rien à voir avec le socialisme mais c’est comme cela qu’on l’appelait pour la peinture académique du régime communiste russe, où on voit – si vous ne l’avez pas vu il y a 3 ou 4 ans, quand j’ai montré ça, non il y a 2 ans – regardant vers l’avenir, le regard fier, M. Poutine, M. Trump et Mme Le Pen. Splendide tableau, grande contribution à l’art pictural, à l’art de la peinture.

C’est une internationale. C’est une internationale fasciste. Il n’a pas besoin d’avoir plus que 35 à 40 %. Il est déjà d’accord avec Poutine. Il est déjà d’accord avec Mme Le Pen. Il est déjà d’accord avec M. Salvini, avec M. Orban et ainsi de suite. C’est une internationale. Ils se tiennent les coudes, vous le savez. Qui est-ce qui a organisé ça ? Son copain Steve Bannon qui est toujours là. Il a renvoyé Steve Bannon. Tout le monde a dit : « Ils continuent à se téléphoner ».
Steve Bannon, c’est le type aussi qui avait mis en place Cambridge Analytica, l’officine pour tricher dans les élections, pour cibler les électeurs susceptibles de changer de camp. Tout ça est très au point. On a ça. Regardez mes vidéos sur Trump s’il vous plait, ça nous touche de tout près. C’est une internationale. C’est une transnationale. C’est une transnationale fasciste. Le mot est le mot qui convient. C’est exactement ça. C’est les Aryens contre les autres. C’est les Blancs contre les autres. Les Blancs on peut dire « chrétiens », quoi que ça n’ait pas grand-chose à voir avec le christianisme. C’est les Blancs contre les autres.
Vous le savez, avec Hitler, c’était encore un peu plus compliqué. J’avais un oncle qui a été envoyé dans un camp de prisonniers en 40 ou 41, je ne sais plus. Parce qu’il était interne des hôpitaux : c’était un tout jeune médecin. Il m’a dit un truc et je le répète quand ça vient dans la conversation. Je peux vous le dire à vous. Il a dit : « Dans le camp où j’étais, il y avait encore parfois des médicaments pour les Juifs mais il n’y avait pas de médicament pour les Russes : les Russes, c’était encore un cran en-dessous ». C’est comme ça.
Dans le cas d’Hitler, il y avait encore des classifications plus subtiles que juste les Blancs. Si vous regardez, si vous vous intéressez à des choses aussi pointues que la correspondance entre Nietzsche et Cosima Wagner, et Wagner lui-même, Richard Wagner. Cosima Wagner, c’était la fille de Franz Liszt qui a été toute sa vie la maîtresse de Wagner en étant encore la femme de quelqu’un d’autre. Tous ces gens, ce sont donc les grands théoriciens de l’antisémitisme. Ils parlent d’un ami à Nietzsche entre eux en disant : « C’est pas un Juif mais il ne vaut guerre mieux parce que c’est un Slave ». C’est comme ça que ces gens raisonnent. Il y a des catégories de plus en plus proches. On élimine facilement les Arabes, les Juifs, les Tziganes… Mais à l’intérieur des Blancs, on fait encore des catégories s’il faut faire les choses d’un point de vue survivaliste. Les Russes n’ont pas oublié d’ailleurs. Vous savez, c’est eux qui ont pris Berlin.
Enfin bon, je m’égare un peu dans des digressions. C’est une transnationale fasciste. Ça nous concerne aussi. C’est pas parce que c’est en Amérique, c’est pas parce que c’est Trump. C’est pas un rigolo. C’est un séditieux. Il prépare son truc. C’est très clair pourquoi il n’a pas besoin de plus de 35 à 40 % des gens derrière lui. Il les chauffe à blanc, c’est tout. Et ce sont des gens surarmés. Dans une guerre civile, je ne donne pas cher des autres même s’ils sont beaucoup plus nombreux. Et ils ne sont même pas beaucoup plus nombreux à 60 à 65 %. Ils ne sont pas tellement plus nombreux que les autres.
La difficulté serait évidemment quand même que les trumpistes sont dans les campagnes et les anti-trumpistes dans les villes. Ça, c’est quand même un peu plus compliqué parce qu’il y a beaucoup de gens dans les villes et très peu de gens dans les campagnes. Ils sont très dispersés. Pour faire venir dans une même manifestation des gens d’Alabama et du Nebraska, ce n’est pas évident quand même. C’est un très très grand pays. Quand on essaye de le traverser en bagnole sans rouler toute la nuit, c’est quand même 10 jours, je vous le rappelle. C’est long. C’est grand.
Alors, moi, ça me fait plaisir de voir que 2-3 ans plus tard, les journalistes américains, les commentateurs commencent à faire des commentaires comme les miens en 2015 et en 2016 sur M. Trump mais c’est l’esprit de Munich. J’espère qu’ils en sortent, de dire : « Oui, ça va peut-être s’arranger ».
Vous avez vu, ça va paraître aux Editions du Croquant. Je ne vais pas avoir la méchanceté de vous dire tous les autres éditeurs avec qui j’ai discuté de la chose. Est-ce que c’est vraiment, comme ils me l’ont dit, parce qu’un livre sur Trump, ça ne se vendrait pas du tout en France ? C’est possible. Ou est-ce que, chez ces éditeurs, c’est là aussi l’esprit de Munich en disant : « On va pas faire de vagues. On peut le laisser publier des bouquins qui s’appellent Se débarrasser du capitalisme est une question de survie. On peut mettre des bouquins en disant « Livre sur l’extinction » parce que ce n’est pas très sérieux de toute manière. Ça ne mange pas de pain : ce n’est pas demain la veille que l’on se débarrassera du capitalisme ou qu’on lèvera le petit doigt véritablement pour lutter contre l’extinction. Mais dire du mal de Trump, on ne sait jamais, ça peut peut-être vous jouer un tour un jour ou l’autre. Il vaut mieux voir si on ne peut pas se mettre d’accord avec ce gars, etc. » Ceux qui ont voulu voir si on ne pouvait pas se mettre d’accord avec un gars comme Hitler, ils ne sont pas là pour le dire d’abord parce qu’ils seraient très très vieux mais, surtout, parce qu’ils auraient disparu très prématurément.
Voilà une petite vidéo qui s’appelle « Trump : une transnationale fasciste. » J’espère que vous la regarderez quand même. Ça nous touche nous ici aussi. Ce n’est pas une affaire qui concerne uniquement les autres.
À bientôt !
Laisser un commentaire