26/9/19 : Impeachment live

On continue de s’étonner à Washington de la rapidité avec laquelle a soudain été communiquée hier la retranscription accablante de la conversation du 25 juillet entre Trump et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Que Trump imagine qu’il s’agissait d’une « très belle conversation » quand elle semble tirée par tout autre que lui du dialogue du « Parrain » passe encore vu le personnage, mais que le ministre de la Justice William Barr la laisse passer paraît incompréhensible, Trump suggérant dans la conversation qu’il existe désormais une « cellule ukrainienne » composée uniquement de son avocat Rudy Giuliani, de Barr et de lui-même, dont le seul but est sa ré-election en 2020, alors que Barr apparaissait déjà aux premières loges comme étant la personne ayant bloqué la transmission au Congrès du rapport du lanceur d’alerte. Une explication possible serait que Barr a compris, aussitôt la fuite rendue publique, à quel point il était compromis, et que la seule option qu’il lui restait était de limiter les dégâts – ce que semble confirmer la déclaration immédiate du ministère de la Justice, aussitôt la retranscription connue, que Barr ignorait avoir été mentionné dans la conversation et qu’aucun contact n’avait eu lieu entre les Ukrainiens et lui.

16h23 : Joseph Maguire, directeur par intérim de la National Intelligence (il remplace Dan Coats), témoigne en ce moment devant le comité du Congrès pour les questions de renseignement. Maguire répond comme un fonctionnaire consciencieux pris – malheureusement pour lui – entre le marteau (de la loi) et l’enclume (de la dérive mafieuse de Trump).

Il est sans doute paradoxal que dans le cadre d’une démocratie, le fait que Maguire dise une banalité comme « Personne n’est au-dessus de la loi », soit entendu par toutes et tous comme une condamnation sans équivoque de Trump. Le député Sean Maloney (Dém.) souligne qu’alors que le rapport du lanceur d’alerte signale un comportement criminel de la part de Trump et de Barr, les deux personnes dont Maguire sollicite l’avis quant à la diffusion ou non du rapport au Congrès soient précisément Trump et Barr.

Adam Schiff (Dém.), qui préside le Comité, conclut en assurant l’Ukraine que ce que représente la démocratie, ce ne sont pas les conversations que leur président a eues avec Trump (qui ne reflètent qu’une seule chose : la corruption) mais ce qui a eu lieu aujourd’hui au Congrès US sous sa présidence.

Les membres Républicains du comité ont dû se contenter de tenter de limiter les dégâts : féliciter Maguire d’avoir servi son pays en ayant été vice-amiral (la question n’était pas là), suggérer de supposés vices de forme : que les malversations de Trump ne relèvent pas à proprement parler du « renseignement » ou, pour l’un, utiliser l’entièreté de son temps de parole, non pas à interroger Maguire mais à dénoncer « une chasse aux sorcières de plus ».

17h45 : Le rapport du lanceur d’alerte a été publié. Il mentionne comme personnes impliquées dans « la sollicitation de l’ingérence d’une puissance étrangère dans l’élection [présidentielle] US de 2020 », outre Trump lui-même, Rudolph Giuliani, l’avocat personnel du Président, et le ministre de la Justice, William Barr. On comprend mieux dès lors que Barr ait voulu affirmer avec force qu’il ignorait avoir été mentionné dans la conversation du 25 juillet et qu’il n’avait pas été en contact avec les Ukrainiens, dès qu’il a su que le rapport deviendrait public.

Le lanceur d’alerte signale qu’aussitôt la conversation terminée, des juristes de la Maison-Blanche – probablement affolés par son contenu – s’efforcèrent d’en effacer la trace en en transférant le contenu vers un serveur classifié « confidentiel » – ce à quoi certains objectèrent en arguant que celui-ci était réservé aux informations couvertes par le « secret défense ».

Il sera intéressant de savoir qui est le (la) lanceur(se) d’alerte, son rapport étant un réquisitoire extraordinairement bien étayé. Mauvais esprit comme je le suis à mon habitude, je ne serais pas surpris que (vu la qualité du travail accompli), il s’agisse du produit d’un effort collectif (financé par le Deep State, par Georg Soros, ou par Satan lui-même ou, comme souvent … par les trois travaillant, n’est-ce pas, en équipe  😀 ). Plus sérieusement : chapeau bas à ceux qui défendent encore l’intérêt général, au risque de terribles ennuis, de destruction de leur carrière [c’est un survivant qui vous parle], de misère économique pour eux et leur famille : l’espèce a toujours dépendu de votre abnégation pour sa survie. Merci.

P.S. Avec Trump et Giuliani dans son équipe, l’un des camps partait avec un sérieux handicap.

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