Trump : Le Grand retournement

Autant vous m’avez vu bavard tant que Trump avait le vent en poupe, autant vous me voyez peu loquace maintenant que le processus de décomposition apparaît sans retour, la presse internationale prenant le relais, convaincue soudain qu’il y a désormais quelque chose à dire sur celui que j’ai appelé « un objet populiste mal-identifié ».

Quand le Grand retournement a-t-il eu lieu ?

Souvenez-vous de ce que j’écrivais le 26 septembre, lors de l’audition de Joseph Maguire, directeur par intérim de la National Intelligence devant le comité du Congrès pour les questions de renseignement, où il était interrogé sur son refus initial de transmettre le rapport du lanceur d’alerte relatif au chantage exercé par le Président sur l’aide militaire à l’Ukraine :

Les membres Républicains du comité ont dû se contenter de tenter de limiter les dégâts : féliciter Maguire d’avoir servi son pays en ayant été vice-amiral (la question n’était pas là), suggérer de supposés vices de forme : que les malversations de Trump ne relèvent pas à proprement parler du « renseignement » ou, pour l’un, utiliser l’entièreté de son temps de parole, non pas à interroger Maguire mais à dénoncer « une chasse aux sorcières de plus ».

Il y avait là une première : lors de précédentes auditions du même type, les Républicains répondaient du tac au tac à toute accusation envers Trump, quand ils n’étaient pas carrément à l’offensive, obligeant les Démocrates à tenter de se couvrir.

Que le désarroi soit le même à tous les niveaux de l’appareil Républicain, on en a eu la preuve avec une vidéo devenue virale montrant une militante de la base (Amy Haskins – son nom est désormais partout) interpeller la sénatrice Républicaine de l’Iowa , Joni Ernest, lui demandant : « Où est la limite ? » et cuisinant ensuite la Sénatrice pour ses réponses évasives, chacun des propos de Mme Haskins étant applaudi. « Il faut que vous soyez maintenant prête à vous lever », conclut-elle à l’adresse de Joni Ernst.

Que le processus suive son chemin, on en a la preuve dans le fait qu’il est question maintenant de deux nouveaux lanceurs d’alerte : un second sur la question de l’Ukraine, et un autre sur une tentative motivée politiquement d’interrompre l’audit des déclarations d’impôt de Trump. La révélation d’autres exploits foldingues du Président, comme sa proposition d’agrémenter sa Grande muraille du Mexique de douves remplies d’alligators et de serpents, fait sans doute encore grossir la part folklorique du dossier, mais n’est plus qu’anecdotique dans le Grand retournement en cours.

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  1. Maintenant on dira que l’on n’a plus besoin de critiques d’art…

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