Brexit, impeachment, et la main de Moscou, le 6 novembre 2019 – Retranscription

Retranscription de Brexit, impeachment, et la main de Moscou, le 6 novembre 1019. Ouvert aux commentaires.

Bonsoir, nous sommes le 6 novembre 2019. Deuxième vidéo de la journée. J’ai une relation différente vis-à-vis de ces vidéos pour le moment puisque mon site est passé à la formule « abonnement » et donc les vidéos n’apparaissent pas automatiquement sur YouTube. Il faut que vous passiez par le blog et donc, vous êtes beaucoup moins nombreux en ce moment à les regarder mais, comme j’ai accès aux statistiques, je m’aperçois que, dans le temps, quand il y avait je ne sais pas 4.000, 5.000, 3.000 personnes qui regardaient les vidéos et qu’on comparait le nombre de gens qui regardaient avec le temps passé, on s’apercevait que la plupart des gens n’allaient pas jusqu’au bout. Il y en avait qui regardaient jusqu’au bout et puis d’autres qui s’arrêtaient en route. Alors, la différence maintenant, c’est que vous êtes moins nombreux mais vous regardez la vidéo d’un bout à l’autre. Ce qu’on a perdu en quantité, on l’a gagné en qualité.

De quoi je vais vous parler ? Ça fait un moment que je ne vous ai pas parlé ni Brexit, ni impeachment et là, je vais vous dire deux mots à ce sujet-là.

Du côté du Brexit, de l’Angleterre, du Royaume-Uni, on a malheureusement perdu à la House of Commons. Au Parlement à Westminster, on a malheureusement perdu M. John Bercow, la personne qui disait « Order ! Order ! Order ! » pour essayer de faire taire les députés « disorderly », ceux qui faisaient du désordre dans la salle.

Il va être remplacé par quelqu’un d’autre mais il avait fait ça pendant pas mal d’années et surtout, il nous avait amusés avec son extraordinaire collection de cravates, les unes plus laides que les autres. Il le faisait exprès : des choses criardes justement pour attirer l’attention sur son caractère un petit peu particulier. C’est une personne, voilà, c’est un fils d’immigré. C’est quelqu’un qui est devenu une sorte de personnalité emblématique de la société britannique alors qu’au départ, il n’avait pas tous les atouts dans son jeu pour le faire – pour autant qu’il ait eu envie de le faire – et il l’a fait. Il est devenu véritablement un personnage qui restera dans l’histoire de l’Angleterre. C’est possible pour un certain nombre d’immigrés. Moi, personnellement, j’étais bien parti pour passer pour un professeur de Cambridge véritablement dans le moule…

Bien. Qu’est-ce qui s’est passé récemment à propos du Brexit ? Il y a cette affaire de « rapport ». Il y a un rapport qui a été fait par les services du renseignement en Grande-Bretagne sur les interférences, les ingérences de la Russie dans le référendum du Brexit et ce rapport est prêt depuis un certain temps. En général, on compte 10 jours entre le moment où le rapport est terminé et où il va être montré au public et M. Johnson met des bâtons dans les roues : il ne veut pas qu’on voie ce rapport sur les ingérences éventuelles de la Russie dans le Brexit.

Qu’est-ce que ça fait penser aux gens qui ne sont pas M. Johnson ni ses alliés immédiats ? C’est qu’il y a des choses qui pourraient gêner la campagne électorale jusqu’aux élections législatives anticipées le 12 décembre. Il y a probablement des choses qu’il n’a pas envie que l’on puisse voir. Vous savez que le référendum est passé par 51,89 % des voix. Ce n’est pas une différence énorme par rapport à ceux qui ont voté contre et s’il était dit dans ce rapport que les ingérences russes ont fait une différence, qu’elles ont joué, s’il était mis par exemple qu’on peut estimer à 2 ou à 3 % l’influence que ça a pu avoir, bien entendu, ça remet en question la légitimité même du vote au référendum. Donc, c’est ce que suspectent ceux qui critiquent M. Johnson d’empêcher la publication de ce rapport.

D’autre part, d’autres informations sont apparues sur M. Dominic Cummings qui est l’équivalent au Royaume-Uni de M. Steve Bannon, à une époque, par rapport à M. Trump, c’est-à-dire son âme damnée, la personne qui a orchestré la campagne Leave – quitter l’Union Européenne – et dont on s’aperçoit maintenant qu’à la fin des années 90, c’est une personne qui a été liée de manière extrêmement proche au pouvoir en Russie.

Alors, là, comme aux Etats-Unis, un certain nombre de personnes commencent à se poser la question de savoir si la doctrine Gerasimov n’a pas un impact considérable sur l’évolution de certains pays qui se considèrent comme les ennemis de la Russie. Doctrine Gerasimov ou « supposée » doctrine Gerasimov parce qu’on ajoute aux propos du Général Gerasimov lui-même un certain nombre d’autres réflexions que des analystes ajoutent, cette idée que la guerre, c’est un état permanent et qu’on se bat non seulement sur le terrain, qu’on lutte sur le terrain, mais qu’il y a aussi des campagnes de désinformation, les campagnes de propagande à l’intérieur des pays qu’on essaye de combattre, que ça joue un rôle important et, en particulier, vous le savez, un certain nombre : l’Internet Research Agency à Saint Petersbourg, des services secrets russes également de manière parallèle, sont intervenus sous la forme des réseaux sociaux pour essayer d’influencer de manière massive à la fois le vote du Brexit et à la fois la présidentielle de 2016 qui a porté M. Trump au pouvoir.

Il pourrait apparaître dans les semaines, les mois qui viennent que cette influence a été plus massive qu’on ne l’imaginait et que, surtout, elle a eu plus d’effets que ce qu’on pensait jusqu’ici. On n’en sait pas plus pour ce qui est de la Grande-Bretagne si ce n’est que M. Johnson est effectivement un peu sur la sellette à propos de cette histoire du fait qu’il est « sitting on the report », il est assis, comme on dit en anglais, sur le rapport et ne veut pas qu’il soit diffusé. Du coup, bien entendu, des soupçons que ce rapport dit des choses qui pourraient être très gênantes pour le Parti conservateur durant les élections du 12 décembre.

Aux États-Unis, l’impeachment se poursuit. Un certain M. Sondland un curieux ambassadeur auprès de l’Union Européenne, américain, dont le seul mérite en matière de diplomatie était qu’il avait fait un don très impressionnant à la campagne de M. Trump pour la présidentielle, ce monsieur qui avait témoigné… Non, il n’a pas « témoigné » : qui avait « déposé » à la demande de la commission qui enquêtait à cette époque-là pour savoir s’il fallait lancer une procédure d’impeachment, ce monsieur est revenu sur ses propos. Il est revenu sur ses propos à la lecture, dit-il, des déclarations des autres. Il a dit qu’il y avait eu effectivement un échange de bons procédés entre M. Trump et l’Ukraine, qu’effectivement, il avait été dit explicitement par M. Trump que les fonds d’aide militaire de 391 millions de dollars pour l’Ukraine ne seraient dégagés que si l’Ukraine parvenait à obtenir des informations compromettantes sur M. Biden et sur ce supposé complot (qui est une espèce de réplique un peu curieuse à ce que les services secrets, le FBI aux États-Unis, ont trouvé : des ingérences russes dans les élections), qui apparaît comme une invention de toute pièce. Ce serait au contraire l’Ukraine qui serait intervenue non pas en faveur de M. Trump mais en faveur de Mme Hillary Clinton, un complot qui semble, je dirais, une tentative pure et simple d’essayer de renverser la tendance dans l’opinion.

Ce M. Sondland dit donc que, non, il s’est trompé. Effectivement, il se souvient maintenant que M. Trump avait bien dit qu’il s’agissait d’un échange de bons procédés et que l’un n’aurait pas eu lieu sans l’autre.

Par ailleurs, très mauvaise nouvelle sans doute pour le camp Trump. M. Lev Parnas, c’est cette personne qui se trouve dans le cercle des amis de M. Giuliani. M. Lev Parnas a prétendu qu’il était le collaborateur de M. Giuliani, ancien maire de New York devenu l’avocat de M. Trump. Ce M. Lev Parnas qui avait dit qu’il était le collaborateur de M. Giuliani, on s’est aperçu que c’est lui au contraire qui alimentait copieusement M. Giuliani de fonds, de fonds importants : un demi-million de dollars à l’origine imprécise mais qui viennent sans doute des amis de M. Parnas en Ukraine et en Russie. Voilà. C’est curieux en effet que quelqu’un qui emploie quelqu’un d’autre soit rémunéré grassement par la personne qui l’emploie et ce M. Lev Parnas – et c’est ça qui a conduit à la panique un petit peu dans le camp de M. Trump – il a affirmé qu’il n’allait pas résister à l’invitation qui lui est faite par la commission sur l’impeachment et qu’il viendra témoigner.

Là, il pourrait dire énormément de choses. Il pourrait en particulier éclairer cette question mystérieuse : comment se fait-il qu’en ce moment, l’ensemble des avocats de M. Trump travaillent pro bono, c’est-à-dire pour rien, gratuitement, mais qu’il semble par ailleurs que ces personnes qui travaillent gratuitement soient quand même rémunérées quelque part, d’une certaine manière, pour les services qu’ils rendent. Il y a une hypothèse qui circule, c’est que M. Giuliani, étant dans une procédure de divorce compliquée, pourrait peut-être, de manière délibérée, essayer de faire apparaître comme extrêmement réduits les émoluments qu’il a reçus au cours de l’année dernière. C’est une possibilité : parfois, on ne va pas chercher au bon endroit les explications. On a tous un petit peu une tendance au complotisme, à chercher des explications assez mystérieuses et parfois, il y a des choses qui sont davantage de l’ordre de la vie quotidienne.

Voilà, donc, un petit point sur des choses dont je ne vous ai pas parlé depuis un certain moment, qui sont le Brexit au Royaume-Uni et l’impeachment de M. Trump. On aura sans doute, ces temps derniers, de nouvelles nouvelles toutes les 10 minutes et, donc, je vous reviendrai sans doute avec des choses à ce propos-là.

A bientôt !

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