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Rappel : options I et II
I. Déni de l’extinction
II. Acceptation de l’extinction
III. Malthusianisme
III.a. La frugalité individuelle
III.b. L’eugénisme
III.c. L’exterminisme
Troisième option : III. rétablir notre capacité à rester dans les limites de la capacité de charge de notre environnement en réduisant délibérément l’empreinte de notre espèce. Différentes stratégies existent pour atteindre cet objectif, couvrant un large éventail de types de comportements, allant de III.a la réforme individuelle par la frugalité volontaire, à III.b l’eugénisme qui promeut et met en œuvre un filtrage des traits souhaitables des générations futures ou à III.c l’exterminisme (dont le génocide est l’une des formes), où une forme particulière d’humanité est promue mais qui n’est pas conçue comme devant se concrétiser seulement à l’avenir sous la forme de générations futures et à leur potentiel reproducteur, mais est réalisée ici et maintenant par l’élimination de tous ceux qui ne correspondent pas au profil retenu.
En soi, l’objectif de modifier le comportement des individus et la composition de l’espèce dans son ensemble afin de la ramener dans les limites naturelles de la capacité de charge de l’environnement est évidemment adaptatif par nécessité. La question n’est pas tant, bien entendu, celle de la légitimité du but visé que celle du statut éthique des moyens mis en œuvre.
III.a. La frugalité individuelle aurait sans doute été l’approche idéale pour éviter que nous ayons un jour à affronter la question des limites. À l’heure qu’il est, la faiblesse de la frugalité en tant que politique cohérente est double : premièrement, le niveau éventuellement élevé de la masse critique de personnes devant se convertir à un comportement frugal particulier pour qu’un basculement puisse avoir lieu, deuxièmement, la chronologie sur laquelle – au cas où cette masse critique serait atteinte – un changement significatif pourrait être observé dans la restauration de la capacité de charge de notre environnement. À cet égard, bien que le comportement frugal individuel soit adaptatif, la quasi-impossibilité d’atteindre la masse critique pour l’un ou l’autre comportement positif particulier et le temps nécessaire pour inverser les tendances actuelles rendent l’approche de la frugalité individuelle, aussi souhaitable soit-elle, inefficace à l’horizon des trois générations ou des cent années à venir durant lesquelles la menace d’extinction doit impérativement être conjurée : d’abord stoppée, avant d’être définitivement écartée.
Certaines attitudes associées à la frugalité, comme le végétarisme ou le véganisme, s’inscrivent dans le cadre d’une forme particulière de posthumanisme : celui qui a étendu le domaine de la dignité des hommes aux animaux les plus semblables à nous, voire à tous. Au sein de la philosophie, Arthur Schopenhauer fut à l’avant-garde d’un tel combat. Nietzsche le désigna initialement comme son éducateur (« Erzieher »), avant de le renier avec une mauvaise foi criante et de la manière la plus provocante :
Quant à la souffrance, la compassion la rend contagieuse […] La compassion contrarie en tout la grande loi de l’évolution, qui est la loi de la sélection naturelle. Elle préserve tout ce qui est mûr pour périr, elle s’arme pour la défense des déshérités et des condamnés de la vie, et, par la multitude des ratés de tout genre qu’elle maintient, elle donne à la vie elle-même un aspect sinistre et équivoque. Cet instinct dépressif [de la compassion] […] tant comme multiplicateur de la misère que comme conservateur de tout misérable, il est l’instrument principal de l’aggravation de la décadence… […] Schopenhauer était hostile à la vie : c’est pour cela qu’il fit de la compassion une vertu » (L’Antéchrist. Imprécation contre le christianisme [1888] Gallimard 1974 : 164-65).
(à suivre : l’eugénisme et l’exterminisme… )
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