Retranscription de Trump au Sénat : en 2 mots, le 22 janvier 2020.
Bonjour, nous sommes le mercredi 22 janvier 2020 et ma petite vidéo d’aujourd’hui va s’appeler : « Trump au Sénat : en 2 mots ». En 2 mots parce que je vous parle assez de cette histoire de M. Trump depuis 2015. Ça va faire 5 ans et donc, si vous suivez mon blog, si vous regardez mes vidéos, vous en savez déjà pas mal.
Alors, un tout petit résumé où nous en sommes. Le Parlement, l’Assemblée Nationale au Congrès à majorité Démocrate a voté l’impeachment, la destitution de M. Trump. Le dossier passe au Sénat où les Républicains ont une petite majorité. Pourquoi ? Je vous l’ai déjà dit. C’est essentiellement les gens qui sont représentés à l’Assemblée Nationale et essentiellement les régions, les états, qui sont représentés au Sénat et il y a beaucoup d’états pratiquement vides où il y a une majorité de gens qui sont Républicains et qui sont pro-Trump, ce qui explique la différence. C’est parce que le recrutement des sénateurs et des députés se fait autrement, c’est-à-dire que les petites régions, les régions peu peuplées sont surreprésentées au Sénat. De manière générale, les régions très peuplées sont sous-représentées mais beaucoup moins à l’Assemblée Nationale, au Congrès, qu’au Sénat. Voilà.
Alors, l’affaire est claire du côté de l’Assemblée Nationale : majorité Démocrate, on est pour la destitution. On a fait venir des témoins : tous ceux qui n’ont pas été bloqués par M. Trump, qui a interdit à un certain nombre de personnes de venir, qui dans ce cas-là se sont souvent tournées vers la justice [pour trancher] et les Démocrates ont laissé tomber. Il est important pour eux que M. Trump ne puisse pas se représenter aux élections qui vont avoir lieu à la fin de cette année-ci, en 2020.
Au Sénat, qu’est-ce qui va se passer ? On nous dit qu’il y a une majorité Républicaine, l’électorat Républicain est très favorable à Trump et donc, c’est une affaire qui va être réglée rapidement et sans difficulté, d’autant que, dans ces affaires d’impeachment, le Sénat a une très grande capacité à définir la manière dont les choses vont se dérouler comme il le veut et il l’a fait de manière extrêmement favorable au président.
M. Mitch McConnell, qui représente donc la majorité Républicaine au Sénat, a dit qu’il allait le faire d’ailleurs en liaison avec la Maison-Blanche, ce qu’il a fait, et donc, selon lui, c’est une affaire réglée : ça va aller très vite, on n’appellera pas de témoins, surtout pas ceux qu’on avait… à qui M. Trump avait interdit de venir, etc.
On pourrait dire – et certains journaux vous le disent, la presse le dit – c’est une affaire réglée, tout ça va aller très vite et c’est une perte de temps de le faire même : on pourrait déjà être à la conclusion de cette affaire.
C’est oublier une chose : c’est que le camp Républicain n’est pas monolithique. Il faut se souvenir d’abord que M. Trump a été nommé aux primaires contre l’establishment Républicain. Après, de manière très pragmatique, les Républicains se sont ralliés à lui au point que ce sont les mêmes… et la presse dite de gauche s’en donne à cœur joie ces jours-ci de montrer que les mêmes personnes qui, au moment où il y avait l’impeachment de M. Clinton, disaient : « Il faut absolument des témoins, c’est essentiel, etc. » répètent maintenant : « Non, non, pas de témoins, pas de dépositions » et ainsi de suite, c’est-à-dire se contredisent.
Mais on est en politique, c’est-à-dire que le fait de se contredire selon la manière dont le vent tourne, ça fait partie, je dirais, de l’habitus, de la manière dont on fait les choses dans ce domaine-là.
Mais ce qui reste ouvert, c’est la chose suivante. C’est que, non seulement en passant aux primaires, M. Trump s’est fait pas mal d’ennemis, indépendamment de l’électorat, et aussi qu’il y a toujours un clan violemment anti-Trump à l’intérieur du parti Républicain.
Pourquoi ? Parce qu’il est clair que pour des raisons soit de kompromat, c’est-à-dire de compromission, soit de goût personnel, M. Trump représente essentiellement l’opinion du gouvernement russe aux Etats-Unis et qu’il y a quand même, au sein du Parti républicain, un courant encore vigoureusement anti-russe.
La partie pro-russe, elle, existe depuis pas mal de temps. Il y a eu une connivence. Vous vous souvenez peut-être de cette jeune femme qu’on avait arrêtée, [Mariia Butina], qui manigançait du côté de la National Rifle Association, le grand lobby pro-armes aux Etats-Unis, dont les positions pro-russes ne datent pas… ne sont pas récentes. Pourquoi cette sympathie ? C’est du côté de l’autoritarisme. C’est du côté de la rigidité de la pensée et il y a là une rencontre qui s’est faite et qui se manifeste du côté de donations, de financements et de choses de cet ordre-là mais il y avait surtout à la tête du courant anti-russe, à l’intérieur du Parti républicain, il y avait M. John McCain, ancien [capitaine dans la marine], d’une famille de militaires, prisonnier du Vietcong, torturé, à propos de qui, d’ailleurs, M. Trump – qui n’en rate pas une et qui, lui, a évité de faire son service militaire grâce à des certificats médicaux [de complaisance] – dit : « J’aime pas les gens qui sont faits prisonniers ! ». C’est sa manière de se rendre sympathique auprès des militaires. Il le regrettera peut-être un jour.
M. McCain avait eu vent du rapport Steele, le fameux dossier Steele. Je vous rappelle en deux mots : M. Steele, ancien espion britannique qui s’est mis à son compte et qui trouve des informations grâce à d’anciens contacts et qui avait rassemblé un dossier qu’il avait constitué d’ailleurs à la demande d’abord de gens du côté du Parti républicain avant que ce soit vendu par la firme Fusion au Parti démocrate, des informations disant que M. Trump est l’otage des Russes. Ça peut être à différentes époques. Ça peut être en 1987. Ça peut être en 2009, etc.
M. Trump ne s’est jamais caché de ses sympathies pour la Russie. C’était déjà le cas au moment de l’Union soviétique. Je vous rappelle qu’il était revenu d’un voyage en Union soviétique en 1987 et il avait acheté une pleine page dans les journaux pour défendre de manière… en recopiant simplement, un copier/coller, la position officielle du gouvernement de l’URSS à l’époque sur la question des rapports avec l’OTAN.
On nous dit qu’il existe une position tout à fait unifiée du Parti républicain derrière M. Trump. Ce n’est pas le cas. Il y a cette dimension de McCain à qui le rapport Steele avait été communiqué par l’intermédiaire d’un monsieur qui s’appelle David Kramer, qui est proche de McCain, et McCain s’était précipité pour aller le montrer au FBI.
On était encore à l’époque de la campagne électorale, et de dire : « Qu’est-ce que c’est que ce zigoto-là ? ». J’en ai parlé plusieurs fois : si Trump tombe – et je l’ai dit dans un papier qui date [d’il y a un an] en disant que peut-être McCain avait joué le rôle de ce général sur lequel Hitler comptait, Felix Steiner, pour sauver encore Berlin à la dernière minute et le type n’est jamais venu. Je disais que McCain joue le même rôle, « a joué » le même rôle parce que McCain, je le rappelle, est mort. Très rapidement après les évènements dont on parle, on a appris qu’il avait une tumeur au cerveau et il est mort depuis. La presse s’est indignée de la manière dont Trump avait continué d’insulter McCain après sa mort. Pour moi, ce n’était pas trop inquiétant parce que si Trump tombe ces jours-ci, c’est parce que le camp McCain, finalement, aura eu sa peau.
Je ne parle plus des Démocrates. Les Démocrates ont joué leur partie du match : ils ont joué la première mi-temps et, là, ils l’ont emporté puisqu’il y a eu la destitution, l’impeachment, au niveau de l’Assemblée Nationale, là où eux ont une majorité. Maintenant, finalement, ça se joue entre Républicains.
Est-ce que c’est le camp pro-russe ou le camp anti-russe à l’intérieur du Parti républicain qui va l’emporter à l’arrivée ? Là, à mon avis, c’est ouvert parce qu’il y a – et la presse les regarde, les observe avec attention – il y a des gens dont on sait qu’ils sont dans le camp McCain même après sa mort et que tout va dépendre du rôle charnière qu’ils vont pouvoir jouer. En particulier, ils peuvent insister pour qu’il y ait des témoins qui viennent avant la fin du procès parce que Mitch McConnell, qui est donc à la tête des Républicains au Sénat – et que les Démocrates appellent « Moskow Mitch », Mitch de Moscou – il est effectivement vraiment très très clairement dans le parti pro-russe. C’est là que maintenant, on va voir si ce M. Mitch McConnell va… si les choses vont se dérouler comme lui le veut, essentiellement sans témoins, ou si le camp McCain a encore du pouvoir et va pouvoir faire basculer les choses. Voilà.
Bien entendu, je vous tiens au courant mais peut-être pas au jour le jour parce que les choses sont relativement claires et les évènements mineurs, ce n’est peut-être pas à moi de vous les raconter.
Voilà. Allez, à bientôt !
@Fred AFT Je suis un lecteur de SF depuis 30 ans. Asimov, Gibson, Dan Simmons, Huxley, Heinleon, Orwell. L’anticipation est…