Vidéo : Greenpeace : militants et bureaucrates

Même la contestation doit s’adapter aux temps qui changent.

Le Monde : « Greenpeace France, une entreprise comme les autres, avec surcharge de travail et climat social difficile », le 3 octobre 2023

Karine Michils : « Il est (encore) temps », le 4 octobre 2023

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28 réponses à “Vidéo : Greenpeace : militants et bureaucrates

  1. Avatar de Christian Brasseur
    Christian Brasseur

    L’inertie dans un monde qui change aurait-elle atteint ce précieux précurseur de notre société civile, qu’est Greenpeace? Des atteintes à nos démocraties, quelles qu’elles soient, sont de plus en plus visibles… En Belgique, d’aucuns auraient voulu supprimer le Sénat…et ce n’est qu’un exemple. Vivent nos démocraties, mais elles doivent sans doute s’adapter, ou, mieux, changer?

    1. Avatar de Guy Leboutte

      Bien vu !

      Il y a déjà longtemps que j’ai renoncé à soutenir Greenpeace ce que j’ai fait pendant deux ans (abonnement payant).
      Une chose qui m’avait choquée, à part le climat général de la communication, a été de découvrir que le siège social de l’organisation à Amsterdam est un quasi-château et bâtiment historique.

      Dans le tiroir d’à côté, j’ai côtoyé des membres de MSF Belgique, ONG qui au niveau international se targue d’avoir été la première à adopter les techniques du marketing pour lever des fonds. Si je salue les actions sur le terrain un peu partout dans le monde, on sait que les ONG d’intervention médicale ont souvent été épinglées pour se laisser instrumentaliser par les Etats et la géopolitique, et l’entre-soi des acteurs de MSF-Belgique, en partie délocalisés juridiquement au Luxembourg, exhale le parfum des « expats » ou expatriés sûrs d’eux et bien représentatifs du soft power ou du pouvoir tout court des pays dominants et riches à l’international.

      1. Avatar de Chabian
        Chabian

        Pour avoir fait une partie de ma carrière dans les associations d’environnement citoyennes (et leur fédération) en Wallonie, dites « associations sans but lucratif », on a souvent eu des tensions avec les ‘organisations ayant une démarche marketting et qui profitaient dès lors du sponsoring de diverses sociétés, avec du « green washing », comme on dit aujourd’hui.
        Je pense que la structure de pouvoir décrite pour Greenpeace ne serait aussi pas admise par la loi sur les associations. Mais on a vu beaucoup de choses pour détourner les lois, par exemple dans les associations sportives des sport de haut niveau (financier).

  2. Avatar de Khanard
    Khanard

    je ne suis qu’à moitié surpris de ce constat . Par contre ça m’a sauté aux oreilles car si vous remplacez « Greenpeace » par « LFI » vous retombez un peu dans le même constat .

    Affligeant .

  3. Avatar de Emmanuel
    Emmanuel

    Oui, il faut actualiser… Cela m’évoque une petite histoire personnelle. Là où j’habite, un centre ville, je passe dans une zone où se succèdent des groupes de jeunes gens, une fois en imperméables rouges, d’autres fois en vert, bleu, jaune, blanc, portant le logo d’une ONG connues…A chaque fois, interpelé (je dois avoir la tête pour ça), je m’esquive en m’excusant… bref, une fois, par curiosité, j’ai décidé d’échanger avec une de ces personnes pour comprendre… et là le poteau rose est apparu : ils étaient tous employés par un même prestataire privé, et formés à faire du résultat, suivant de bonnes vieilles méthodes de marketing. Cela avait tout l’air de prendre les gens pour des gogos, en leur servant un discours préfabriqués et superficiel, et en exploitant leurs gentillesses naturelles….Quand j’ai montré un peu trop mon intention de ne pas payer, le beau discours s’est envolé d’un coup et la personne s’est immédiatement montrée pressée de me larguer. ça m’a complètement refroidi.

  4. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Les recruteurs de donateurs dans la rue … Comme j’ai le temps, je me lance parfois dans des conversations instructives sur le business. Un jour j’ai voulu en photographier un, il a accepté. Quelques minutes après j’étais rattrapé par son cornac, un homme de deux mètres de haut, qui a voulu s’emparer de mon appareil photo. J’ai eu juste le temps d’entrer dans le grand magasin voisin, où les vigiles m’ont couvert (je suis vieux et je marche avec une canne). Je passe sur les péripéties qui ont suivi. Plus tard, avec ce que j’avais entendu et les données de la carte du quêteur, enregistrées sur la photo, j’ai fait une enquête sur la bonne œuvre et sur l’employeur du quêteur (tout est en ligne). Le dirigeant publié de la bonne œuvre était aussi actionnaire principal de la société de marketing qui employait le quêteur (ce n’était pas Greenpeace ni une multinationale du secteur, juste une ONG avec un joli nom). Comme quoi il n’y a pas que la fossilisation qui fait dériver les bonnes intentions.

    1. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @pierre guillemot Merci pour le témoignage ! Il me semble que tout les rabatteurs (en bandes organisées) qui sévissent dans nos rues aux points de passage fréquentés ne sont pas des bénévoles de la cause, mais des mercenaires engagés par des sociétés de capitaux qui peuvent ainsi facturer des prestations de recrutement de donateurs à des associations diverses.
      L’avantage est que cela diminue le chômage (en particulier des jeunes présentables qui aiment parler et travailler en extérieur au contact d’un public renouvelé), donc le PIB, que cela permet sans doute si c’est bien organisé de générer une marge rémunératrice, et que tout cela est en grande partie financé par des réductions d’impôts qui financent les dons aux dites associations, ce qui réduit d’autant l’effort réel des donateurs et améliore leur estime d’eux-même, tout en réduisant les dépenses directes de l’État.
      La démarche vise essentiellement me semble-t-il et pour des raisons économiques évidentes, à susciter des engagements récurrents créant de la rente selon la tendance générale de l’économie à gérer des flux, à créer des abonnés fidèles (valeur pour l’organisation) ainsi qu’à bancariser le don avec une gestion des données personnelles.

      Le don manuel monétaire anonyme qui tends à disparaître avec les collectes de rues, comme les collectes de denrées en sortie de supermarché, sont pénalisées dans leur impact économique par la non déductibilité fiscale.

    2. Avatar de Thomas Jeanson
      Thomas Jeanson

      Dans le genre, l’ONG qui vous envoie chaque année une lettre contenant des cartes de visites à votre nom, des autocollants, des enveloppes, des photos dont la visée est évidemment émotionnelle etc etc signe par là même son niveau de corruption.

      Elle fait la fortune de son imprimeur et de ses communicants, et méprise le message de fond au profit de la stratégie du choc.

      C’est plus qu’une coquille vide, une notoriété courant sur son erre.

  5. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Je ne sais pas si c’est l’âge ou mon pessimisme foncier, mais ce qui arrive à Greenpeace me paraît suivre un schéma aussi ancien que les bonnes oeuvres.

    Un ou des gens qui veulent agir pour le bien créent une organisation. Au temps de la Chrétienté qui vient de s’éteindre c’était une congrégation ou un ordre religieux. Cette organisation est un être vivant dans la société, et donc son but est sa propre perpétuation (afin que le bien dont il s’agit continue, bien sûr). Puis la marche du monde fait que ce bien n’a plus d’utilité. L’organisation ne se perpétue pas moins, en s’occupant d’autre chose, c’est ainsi qu’un ordre religieux féminin passe de la charité à l’enseignement (avant de s’éteindre, et l’institution d’enseignement continue sans religieuses, c’est juste un exemple).

    Un exemple que je trouve exemplaire est Oneida, communauté utopiste qui voulait répandre par l’exemple une nouvelle organisation sociale coopérative (avec une gestion collective de la sexualité et d’autres idées réjouissantes). Afin de nourrir ses membres, la communauté crée des entreprises. En particulier, la production d’argenterie domestique, fourchettes et cuillères, réussit au delà des modestes objectifs du début. Puis le projet social s’étiole mais l’entreprise continue de prospérer. Aujourd’hui Oneida Limited est une multinationale américaine dont une partie de la production est délocalisée en Chine. Je possède une cuillère à soupe en acier inoxydable frappée du sigle Oneida, achetée sur un marché à Tianjin.

    Avec un peu de chance, Greenpeace deviendra une puissante entreprise de services marins et sous-marins, capable d’ériger et d’entretenir les plateformes des futures fermes d’élevage au large.

  6. Avatar de Pascal
    Pascal

    Les témoignages ci-dessus et mon expérience ancienne dans l’animation socioculturelle ne font que reprendre ce que Paul décrit dans le cadre de la « fossilisation » de l’institution Greenpeace. Dans ma formation, j’ai été amené a faire de l’analyse institutionnelle qui m’a bien fait comprendre qu’entre l’organigramme officiel d’une organisation et son fonctionnement réel, il y toujours un écart plus ou moins grand.
    La relation entre le « conseil d’administration » et la « direction exécutive » est toujours le nœud central qui va définir le fonctionnement d’une organisation associative dans mon expérience mais j’imagine aussi dans le privé. Il doit y avoir des proximités.
    Les coups d’états existent dans les deux sens. Celui que décrit Paul lorsque la direction exécutive trouve les moyens de s’affranchir du conseil d’administration (ou autre forme de conseil) : Président fantoche mis en place par le Directeur Général, exemple vécu. Mais aussi dans l’autre sens, une association qui tourne bien et dont la notoriété fait des envieux notamment dans la municipalité accueillant l’association. Et si les statuts sont mal ficelés, le Maire (souvent président d’honneur) infiltre son équipe parmi les adhérents et le jour de l’AG, se fait élire Président de l’association vire le directeur pour mettre un copain à lui à la place… autant vous dire que l’association périclitera rapidement. L’objectif du Maire n’était que de profiter de la notoriété de l’association pour faire mousser son image et de ce point de vue, il aura réussi.
    Ce fonctionnement bicéphale est constamment un jeu d’équilibre fragile dans lequel chacune des deux têtes doit conserver le respect de l’autre et de leur rôle respectif. Autant dire que cet équilibre, s’il se met en place à la création de l’association, sera toujours compliqué à pérenniser du fait même que dans le temps, les personnes en charge de ces différentes fonctions changent. Généralement, pour les fondateurs, le rôle de l’association est claire et prime sur les intérêts personnels. Avec le temps et les changements de personnes, le carriérisme, la fascination du pouvoir ou de la notoriété, la corruption des idées et même la corruption par des agents extérieurs (parfois les « services discrets » de l’Etat savent y recourir quand une association prend trop de place politiquement)… tous ces éléments viendront inévitablement mettre du sable dans les engrenages. Est-il possible de s’en préserver ?
    Quand j’évoque le fonctionnement bicéphale des associations dans leurs institutions, je ne peux m’empêcher (vous ne serez pas étonnés) de faire un parallèle avec d’autres débats ici-même.
    Pour moi, le « conseil d’administration », c’est un peu la « conscience » de l’association garante des valeurs, de la représentation du monde quand la « direction exécutive » serait sa « pensée rationnelle » qui se caractérise par l’efficacité dans l’action. Si la « pensée rationnelle » fait un coup d’état, il adviendra presque inévitablement un fonctionnement autoritaire car la visée principale est l’efficacité mais cette efficacité sans conscience poursuit sa course folle sans savoir où elle va. Toute ressemblance avec le néolibéralisme est totalement fortuite. Si c’est la « conscience » (avec des guillemets, si vous avez un autre terme, je suis preneur, le politique ?) qui prend le pouvoir, il adviendra un aveuglement mystique (par exemple) et l’efficacité sera entièrement soumise à la doxa. Toute ressemblance avec le fanatisme est totalement fortuit.
    J’ai bien conscience que dans la réalité l’interaction bicéphale est bien plus complexe mais cela me permet d’émettre l’hypothèse suivante. Il y aurait peut-être une piste pour sortir de ces impasses qui serait de tendre vers un « principe d’ harmonisation » entre la « conscience » et la « pensée rationnelle ». La question se pose alors de savoir si une institution qui confie l’une à un groupe de personnes et l’autre à un autre groupe de personnes est invariablement condamnée à l’une ou l’autre des dérives autocratiques ? Personnellement je pense que oui.
    Alors, à quoi pourrait ressembler ce « principe d’harmonisation » ? Ce pourrait être de concéder à l’exécutif une part de la « conscience » et réciproquement de concéder au politique (la conscience) une part de l’exécutif.
    Est-ce que cela a déjà existé ? Et bien, il semble que oui.
    Je vous renvoie à la lecture de ce livre de Frédéric Laloux « Reinventing Organisations, Vers des communautés de travail inspirées ». Il y décrit de nombreux exemples de fonctionnements ou tentatives, y compris dans des entreprises multinationales, dans lesquels on y distingue une répartition proche de ce que je décris avec
    par exemple : une association d’infirmières en Allemagne réalisant du soin à domicile.
    Au début explique-t-il, ce sont des entreprises privées qui gèrent ce secteur financé en grande partie par la « sécu » allemande. La recherche permanente de rentabilité conduit les infirmières à enchaîner les soins sans plus avoir le temps d’échanger quelques mots avec les patients. Rentabilité qui va même jusqu’à imposer aux infirmières de faire la promotion de produits de soin aux patients. C’est cette dérive qui a amené certaines d’entre elles à sortir du système et chercher par elles-mêmes une autre organisation. Tout à commencé par un petit groupe d’infirmières (12) qui se sont organisées. Elles devaient à la fois gérer ensemble l’administratif, la gestion de l’achat de matériel, l’organisation des tournées… une sorte de coopérative, pourrait-on dire, dans laquelle elles pouvaient redonner du sens à leur métier (prendre le temps de discuter avec les patients, boire un café…). L’idée a eu du succès et d’autres groupes d’infirmières sont venus grossir les effectifs. Cependant, elles ne voulaient pas reconstituer une structure hiérarchique avec des cadres qui décideraient pour elles. Donc, elles ont mis en place des « cadres » dont la fonction n’étaient plus « d’encadrer » au sens classique. Lorsqu’elles se réunissaient pour s’organiser leur travail et rencontraient un problèmes qu’elles ne savaient pas résoudre seules, elles soumettaient le problème à ce cadre dont la fonction était de les aider à trouver une solution. Chaque cadre était disponible pour plusieurs groupes d’une douzaine d’infirmières en « autogestion ».
    Un cadre au service des gens de terrain, si ça c’est pas une révolution ?!
    Résultat, le service rendu par ces infirmières étaient de bien meilleure qualité et de plus a permis à la « sécu » allemande ! En effet, en prenant le temps de discuter avec les patients, les infirmières pouvaient observer soit une amélioration de l’état de santé de la personne donc moins de soins nécessaires, soit une dégradation de l’état de santé ce qui permettait de mettre en place de la prévention et d’éviter une dégradation plus importante et donc plus couteuse. J’ai lu le livre il a déjà un certain temps mais je crois me souvenir que l’association a atteint plusieurs milliers d’infirmières sur le territoire allemand. Il serait intéressant de savoir ce que cette association est devenue.
    Dans cet exemple, on voit bien que les personnels de terrain conservent dans leur actions une part importante de la « conscience » (de politique), la gestion des valeurs humaines, tout en assumant la partie exécutive. Les cadres de leur côté sont chargés de fournir l’assistance au fonctionnement des personnels de terrain. Ils ont eux aussi une responsabilité exécutive tout en étant aussi garant de la « conscience » par les conseils d’organisation donnés.

    1. Avatar de KL42
      KL42

      Bonjour
      Très beau témoignage je suis très intéressé par ce genre d’expérience.
      Dans toute organisation humaine le problème c’est l’égo de certaine personne. Les problèmes psychiatriques (désolé si le terme est mal choisi) genre psychopathe, pervers etc… sont d’une autre dimension et normalement ne devrait pas trop venir perturbé ce genre de structure, mais je peux me trompé, le taulier pourrait mieux expliqué.

      C’est vrai que l’idée du cadre au service de l’opérationnel est assez révolutionnaire, j’aime bien cette idée.

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        Mise à jour après recherche et actualisation :
        La société de soins à domicile est néerlandaise
        https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Buurtzorg
        Il y aurait même déjà des applications en France :
        « Aujourd’hui, plusieurs structures sur le territoire français ont vu le jour sur le modèle Buurtzorg : l’Association Soignons Humain, le collectif L’Humain d’abord, Alenvi, et certaines d’entre elles ont commencé leur transformation : l’ADHAP de Rouen ou encore Vivat.

        Alenvi, Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (Esus) créée en 2016 est composée de 60 employés et s’appuie sur un nouveau modèle d’organisation du travail basé sur des communautés « d’auxiliaires d’envie ». Alenvi a mis en place un management horizontal. Les règles de l’entreprise ont été élaborées avec l’ensemble des collaborateurs : par exemple, le recrutement des collaborateurs d’Alenvi se fait par les pairs, une présentation vidéo est réalisée pour chaque intervenant. Pour lutter contre la précarité dans laquelle se trouvent les intervenants, l’organisation propose des recrutements d’« auxiliaires d’envie » en CDI, 35h / semaine organisées en groupe de 10 auxiliaires. Chaque groupe travaille en autonomie et dispose de 20% de temps consacré aux travaux hors intervention à domicile (recrutement, qualité, relation client, etc.). »
        https://www.mazars.fr/Accueil/Insights/Publications-et-evenements/Newsletters/Newsletter-Transfo-Sante/News-Transfo-Sante-4-l-humain-en-transfo-sante/Buurtzorg-la-revolution-du-soin-a-domicile
        D’autres exemples de sociétés citées sur :
        https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Reinventing_Organizations_:_Vers_des_communaut%C3%A9s_de_travail_inspir%C3%A9es

        1. Avatar de timiota
          timiota

          Bonjour Pascal.

          Excellente approche. Elle matérialise aussi quelque chose que j’ai soufflé dans deux ou trois commentaires depuis quelques mois:
          Le savoir (et le pouvoir des « boards », etc. dans les cas comme Greenpeace) ne doit pas être dirigé top down uniquement ou bottom up uniquement. L’analogie la plus directe est la plante avec ses deux flux de sèves, celui qui descend avec les sucres (photosynthèse faites dans les feuilles) et celui qui monte avec les minéraux (pompés dans le sol avec l’aide de champi + ou – symbiotiques, les mycorhizes).
          Quand je défends l’aviation civile comme « expérience industrielle à succès », je mets de côté sa conso de CO2 (on peut argumenter vs le service rendu, c’est pas le point ici), je regarde comme son « Retex » a permis de baisser l’accidentologie continûment, malgré l’irruption des low-costs, etc.. Et ce retex est géré de façon très étroite et systématique (j’ai assisté jeudi soir à un talk d’un ponte de l’INRS sur l’état des fissures de nos chers réacteurs nucléaires, je peux confirmer que le retex dans l’industrie nucléaire est plus proche d’une circulation sanguine embolique ou variqueuse que d’un système circulatoire sain, on peut lire les notices de l’IRSN et de l’ASN qui donnent une idée de l’aspect filandreux du retex dans le nuke. Ce serait le seul point positif d’un passage aux SMR (petits réacteurs) : un retex très différent, plus similaire à celui de l’aviation civile )
          Bref, j’ai l’impression que le schéma des infirmière et votre schéma + ou – binarisé (exécution/conscience) contiennent cette logique d’attention à deux flux de savoirs « contradirectionnels ». Pour mémoire, la fondation Bosch a quelque d’analogue : les héritiers actionnaires principaux en termes d’ € n’ont qu’à peine 3% des voix, la direction exécutive est capée à des cacahouètes pour le capital, mais a (ou nomme, je ne sais plus) des voix majoritaires pour la prise de décision. Ce n’est pas la panacée, mais c’est un peu le contraire d’Enron, et c’est aussi la logique des biens d’Eglise « des débuts » (cf. Giacomo Todeschini, « l’argent et le temple » traduit par Mathieu Arnoux) , l’important était de ne pas les dilapider, ce qui déroule toute une logique qui va jusqu’au prêt à intérêt, qui n’était pas réservé qu’aux juifs, suivant les croyances simplifiées, il fallait en revanche que d’autres autorités ecclésiastiques valident ce prêt, pour s’assurer que les emprunteurs ne seraient pas eux-mêmes amenés à des extrémités destructives (ce qui aurait rebondi négativement sur les biens d’église). On n’est pas à mille lieux des explications aristotéliciennes de la fixation du prix centré sur le respect du « statut réciproque » des deux parties. A moduler , je n’ai pas relu l’épais volume pour écrire ce souvenir…

          1. Avatar de Pascal
            Pascal

            « le retex dans l’industrie nucléaire est plus proche d’une circulation sanguine embolique ou variqueuse que d’un système circulatoire sain »
            Je te parle même pas de ce qu’est devenue l’éducation nationale !🥴😭

            1. Avatar de timiota
              timiota

              Ah, le Rexctorat ! Qu’on a toujours envie de passer au Semtex.
              Et quand on met une Charline Avenel…. (au moment de S. Paty et du suicide du jeune lycéen francilien en début septembre)

            2. Avatar de Pascal
              Pascal

              « On n’est pas à mille lieux des explications aristotéliciennes de la fixation du prix centré sur le respect du « statut réciproque » des deux parties. » Dans l’esprit certainement puisqu’il y a une certaine horizontalité entre les acteurs qui cherchent un intérêt commun. Toutefois, il faut noter la structuration en petites équipes autonomes et le rôle des cadres qui est aussi d’apporter de l’aide à l’auto-organisation dans une relation de confiance réciproque. Je crois me souvenir que dans le livre, il prenait l’exemple d’une infirmière moins « efficace » que les autres et qui commençait à poser problème dans le groupe. Après discussion, il s’est avéré que l’infirmière en question avait des soucis familiaux important. Du coup, les autres infirmières ont modifié leur organisation pour libérer du temps à cette infirmière, le temps que sa situation s’améliore. Je pense aussi que ça correspond au caractère des personnes qui s’engagent dans ce métier où l’humain est une valeur fondamentale. Il y a forcément à travailler sur une culture de valeurs pour que cela fonctionne.

              1. Avatar de Thomas Jeanson
                Thomas Jeanson

                Je plussoie sur cet échange où le terrain se reconnait bien.

                1. Avatar de Pascal
                  Pascal

                  Ce qui m’étonne toujours, c’est pourquoi des exemples comme ceux-ci ne font pas comme une traînée de poudre ? Est-ce par manque d’information, de culture…?

                  1. Avatar de Thomas Jeanson
                    Thomas Jeanson

                    La culture de la confiance contre celle du contrôle, de l’amour contre celle du rapport de force ?

                    Y en a qui ont essayé 🙂 !

  7. Avatar de Un oeil attentif
    Un oeil attentif

    Ah oui, c’est beaucoup mieux de faire les vidéos dans le bureau. Parce que la garde robe vintage du salon en arrière plan, ça ne faisait pas très sérieux pour un PDG de start-up. Cela dit, le fauteuil rocking chair des années 30, c’est pas top non plus, un peu ringard pour un président qui bosse dans l’intelligence artificielle du futur.

    1. Avatar de Paul Jorion

      J’ai une nouvelle politique : je laisserai passer une de vos missives tous les samedis. Histoire de faire comprendre aux internautes (c’est comme ça qu’on dit) ce que je dois me farcir, et sucrer, en provenance de vous, vingt fois par jour !

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        Faut dire les mots, des emmerdeurs quoi !😂
        Bon courage, Paul.

  8. Avatar de Thomas Jeanson
    Thomas Jeanson

    Ah, la saine gymnastique qui consiste à considérer le cadre, plutôt que les personnes….

    Comprendre et expliquer « pourquoi », inlassablement.

    J’étais peut être un peu comme ça de nature, mais ici, je trouve plein de raisons de persévérer.

  9. Avatar de Régis Pasquet
    Régis Pasquet

    Je crois bien qu’il faut être particulièrement intransigeant sur les principes et les règles démocratiques sans perdre de vue que c’est au prix d’une dépense considérable d’énergie et de complication dans les rapports humains.

    1. Avatar de Thomas Jeanson
      Thomas Jeanson

      Oui, il faudrait prévenir les enfants : La démocratie, c’est très fastidieux et parfois désespérant, mais cela évite à l’occasion la guerre civile, qui est infiniment pire.

  10. Avatar de l'arsène
    l’arsène

    Dans Greenpeace, il y a le mot paix, or, aujourd’hui c’est une nouvelle guerre qui vient s’ajouter aux autres, au Proche Orient.
    Et rebelote au niveau de l’info de propagande, on traite de terroristes des gens qui sont sous occupation et de régime d’apartheid et qui ont le culot et le courage de vouloir en sortir : les résistants sous l’occupation nazie en France étaient traités de terroristes, l’histoire bégaie.
    Tout ça va se terminer par des milliers de morts car le combat est inégal, mais le fait de continuer à soutenir un tel régime démontre que tout ce système mérite de s’écrouler.

    1. Avatar de pierre guillemot
      pierre guillemot

      Hors sujet, mais puisqu’il y a un fil, je m’y raccroche.

      Comme vous savez (ou pas) je suis abonné au Monde (le quotidien) et je commente des articles. Un Modérateur passe derrire les commentateurs et supprime tout ce qui risquerait de troubler les âmes fragiles des lecteurs (en plus des borborygmes, appels au meurtre, etc.).
      Voici ce que je n’ai pas écrit dans les commentaires aujourd’hui (ce qui avait été supprimé plusieurs fois) :

      « Les Palestiniens veulent jeter tous les Juifs à la mer mais ne le peuvent pas. Les Juifs pourraient supprimer tous les Palestiniens mais ne le veulent pas. Partant de ces deux faits, on a une situation déplaisante mais durable. »

      (Bien entendu « Les Palestiniens » ne sont pas tous les non-Juifs que j’ai pu croiser en étant touriste en Terre-Sainte. La plupart rêvaient seulement d’être ressortissants de cet Etat qui a la sécurité sociale et de bonnes écoles, d’avoir un passeport, des plaques bleues pour leur voiture, et de vivre en paix.)

      Bien sûr, si notre hôte juge lui aussi que ce qui est écrit plus haut peut troubler les âmes fragiles, qu’il supprime le tout.

  11. Avatar de Dimitri78
    Dimitri78

    Dans les temps anciens l’extinction de l’Holocène était celle de la main de l’homme sur les disparitions massives des espèces animales et des espèces végétales, dans des temps plus anciens, la coexistence animales avec le végétal était sur des centaines de millions d’années sur plusieurs ères géologiques, l’actuel ère est celle de l’Anthropocène qui détruit le climat, l’environnement et la biodiversité.

    La chaleur de l’atmosphère et de l’océan est en train de monter par la présence de l’influence de l’humanité, jadis le temps des saisons de la totalité des espèces animales et végétales était gouverner par la nature et l’harmonie des lois naturelles.

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