IA : Pourquoi ce dédain pour le feu d’artifice dans la QUALITÉ ?

Illustration par ChatGPT 4o

Dans notre petit groupe de discussion à l’Université Catholique de Lille, une collègue écrit tout à l’heure :

De temps en temps je me dis que je suis contente d’avoir soutenu ma thèse avant chatgpt, juste parce que c’est une preuve que ma recherche n’a pas été générée par IA. Ce qui doit quand même être une inquiétude pour certains doctorants aujourd’hui.
(Au-delà des enjeux pour l’enseignement)

Je viens de lui répondre :

« Tricher / pas tricher ? », « L’évaluation est-elle encore possible ? ». J’ai fait passer (oralement) les examens samedi à la fac de Droit ici (DU de criminologie interculturelle), à aucun moment je n’ai eu le sentiment que l’évaluation était truquée (21 étudiantes / 1 étudiant). Les meilleur(e)s ont compris l’usage qui peut être fait de l’IA. J’avais intitulé ma dernière leçon (2 heures sur les 20 heures du cours) : « Intelligences naturelle et artificielle » – c’est la deuxième année que je la donne. Ma question : pourquoi ce dédain hautain, paternaliste, pour la dimension essentielle selon moi in fine : le feu d’artifice auquel nous assistons dans la QUALITÉ du savoir en circulation ?

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14 réponses à “IA : Pourquoi ce dédain pour le feu d’artifice dans la QUALITÉ ?

  1. Avatar de Casalonga Francois
    Casalonga Francois

    Sans doute la peur d’être « dépossédé » de son savoir s’il n’a pas couté d’efforts? Oui, c’est tout à fait paradoxal, car qu’importe la façon dont on a pu synthétiser et analysé des informations, le but étant de les avoir réuni de façon pertinente et d’avoir su les communiquer.
    Je n’ai aucune compétence en IA, les seules informations, à priori fiables, que je possède viennent de ce blog ou de divers papiers ou interviews de personnes qui ont une réelle expertise sur le sujet. A ce propos, je viens d’écouter cet interview d’un ancien chercheur dans le domaine (il ne précise pas quel était son employeur) et qui milite dans une organisation qui s’appelle Pause IA, le nom parle de lui-même.
    Ce qu’il dit est tout à fait terrifiant, mais semble bien étayé. Je serais curieux de connaitre l’avis des contributeurs de ce blog (et pourquoi pas du Maitre des Lieux lui-même).
    Voilà le lien: https://www.youtube.com/watch?v=daBYdNNK8cE

  2. Avatar de gaston
    gaston

    Peut-être une réaction à cette nouvelle blessure narcissique ?

    https://psycurieux.ca/2023/03/13/chatgpt-la-quatrieme-vexation-de-lhumanite/

  3. Avatar de toutvabien
    toutvabien

    Le frisson de l’embrasement même des feux dits d’artifice n’empêche pas l’incertitude; https://www.axios.com/2025/06/16/ai-doom-risk-anthropic-openai-google

    1. Avatar de petit coton
      petit coton

      ce n’est pourtant quand même pas très difficile à comprendre : c’est parce qu’on a peur qu’en confiant tout à l’intelligence artificielle on soit dépossédés de nos savoirs et de nos savoir-faire ; ce que Stiegler appelait la prolétarisation. Et du coup on ne sera plus capables d’estimer la valeur de ce qu’on a produit l’intelligence artificielle. C’est si dur que ça à comprendre ? Si on a des enfants en pleine formation tout cela semble évident et inquiétant.

  4. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Démystification de notre inconscient qui renferme les ressorts des émotions qui pilotent nos vies, et ceci par un corps étranger à notre humanité, un envahisseur.
    Nous avons, au fil de nos existences, dû renoncer, céder la place à plus forts que nous.
    À quoi bon s’élever pour découvrir nos failles et devoir quitter le confort de notre réseau, notre territoire acquis de haute lutte. Si on le fait tous ensemble, alors pourquoi pas, mais tout seul dans mon coin, je ne vois pas l’intérêt.
    Heureux les simples d’esprits !
    Nous naissons et grandissons avec un rayon d’action dans le temps et l’espace qui contraignent nos élans de voyageur et de conquérant.
    L’important, c’est le savoir et non l’avoir.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Déjà multiplement débunké une semaine plus tard.

      1. Avatar de CloClo
        CloClo

        Oui mais comme il vient de Mars, c’est à cause de la constante C ! (Et je ne parle pas de la vitesse de la lumière)

  5. Avatar de Robin Denis
    Robin Denis

    Bonsoir Paul
    J’avoue que je ne comprends pas votre réponse.
    Pour moi il faudrait la développer ?
    Merci

  6. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
    Pierre-Yves Dambrine

    C’est sans doute la réponse de la bergère au berger à un moment où le débat se polarise non ?

    Ce que dit cette collègue porte-t-il essentiellement sur des questions de tricherie ?

    Cela me semble réducteur que de l’affirmer puisque dans l’extrait produit elle met littéralement entre parenthèse les enjeux liés à l’enseignement (et donc l’aspect évaluation) sans nier leur importance.

    Je suppute que pour elle l’enjeu se situe dans la manière dont on produit une thèse, ce qui est l’enjeu serait alors la manière de produire de la connaissance, de se l’approprier, à l’heure de l’IA. Et plus généralement ce que peut et doit être la connaissance dans notre société d’aujourd’hui.

    Dans la citation elle insiste sur l’aspect recherche dans la fabrication de la thèse. Il faudrait donc l’interroger plus avant pour savoir ce qu’elle penserait perdre en utilisant l’IA et ce qu’elle pense y gagner en ne l’utilisant dans ses recherches.

    Quelles sont pour elle les qualités attribuables à la connaissance « classique » que l’IA n’a pas, et inversement quelles seraient les qualités spécifiques que pourraient apporter la connaissance produite par l’IA ? Un type d’acquisition de la connaissance se substitue-t-il à l’autre, le remplace-t-il éventuellement avantageusement en tous points, ou bien sont-ils complémentaires ?

  7. Avatar de Garorock
    Garorock

    Si un doctorant a à sa dispostion  » la QUALITÉ du savoir en circulation » il pourra produire une thèse à plus haute valeur ajoutée que s »il n’avait en magasin qu’un savoir provisoire et parcellaire, non?

  8. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    La question est de savoir si une thèse générée avec tout ou partie contribution de l’IA est meilleure que celle générée sans, voire sans aucune contribution humaine.
    Comme une thèse est reconnue par ses pairs, une IA est elle capable avec des performances raisonnables/acceptables de reconnaître une thèse, participer à la diriger, participer à un jury, constituer collectivement (plusieurs IA ?) un jury ?

    La raison d’être d’une thèse est-elle de faire progresser le savoir, ou de caractériser un individu qui l’aurait produite ?

    Suivant le cas peu importe que tout le travail ait été réalisé ou non par une IA.

    Le génie du prompt est il différent à l’organisation de recherches parmi les documents d’une bibiothèque dont le savoir est prééxistant ?

  9. Avatar de Dni_br
    Dni_br

    Ce n’est pas la « triche » qui dérange, mais la mise en crise du monopole académique sur l’« intelligence ». Comme dirait Foucault : quand les rapports de savoir vacillent, c’est tout un agencement de pouvoir qui se défend.

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