« Solidarité » : mot disparu de la langue française, par Rafio

Illustration par ChatGPT

« Les patries sont toujours défendues par les gueux, livrées par les riches. » Charles Péguy.

Un jour peut-être émergeront des solidarités entre les peuples. Mais en attendant la solidarité est un bien culturel qui émane avant tout de la Nation. Éducation, santé, justice, police, défense etc. Solidarité indispensable aux plus modestes. Superflue pour les plus aisés. Carrément odieuse pour des classes dominantes désormais internationalisées. Alors quand il s’agit de récupérer des classes populaires en manque de représentation politique, le thème du déclassement national est un thème porteur. L’extrême droite s’empare du thème (partout), elle est en plein boum. La gauche le vomit, elle est au fond du trou. La gauche parle de chauvinisme, de nombrilisme, de manque d’ouverture au monde et patati et patata. Elle vous fait la morale. Et elle vous promet (depuis quelques décennies maintenant) les solidarités futures (l’Europe sociale par exemple). En attendant elle vous fabrique le marché européen de l’électricité 😪 (accord de Barcelone, 2002, premier ministre français : Lionel Jospin). Pourtant c’est pas compliqué : il ne s’agit que de solidarité. De solidarité RÉELLE, cette chose qui vous permet de vous sentir un peu plus grand et un peu plus fort que vous ne le seriez sans elle.

C’est dire si la gauche française est déconnectée des classes qu’elle était autrefois censée défendre…

Salutations à vous

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25 réponses à “« Solidarité » : mot disparu de la langue française, par Rafio”

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    Peut être pas si disparue que ça ! pour vous en convaincre rendez vous ici :

    https://www.reclusiennes.com/

    en plus les apéros sont sublimes ! et peut être y verra t’on PJ ?

  2. Avatar de blawete
    blawete

    Désillusion, repli, individualisme… Voulons-nous d’un monde post-démocratique ?
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/desillusion-repli-individualisme-voulons-nous-dun-monde-post-democratique

  3. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
    Pierre-Yves Dambrine

    Qu’entendez-vous exactement par « déclassement national » ?
    Quel classement avez-vous en tête ?

    IL me semble que la notion déclassement est antinomique de la notion de solidarité. De la notion de déclassement à celle de préférence nationale il n’y a d’ailleurs qu’un pas, que franchît allègrement l’extrême-droite pour laquelle les problèmes des autres nations ne sont pas les nôtres, et réciproquement.

    D’où la propension à taper tant qu’elle peut sur la cause écologique, thème international, global, par excellence, et tant pis si ce sont les moins privilégiés qui sont pourtant les premiers touchés par le changement climatique, les pollutions en tous genres, la dégradation des écosystèmes.

    De deux choses l’une, soit les nations doivent se faire concurrence et alors que le meilleur gagne et l’on établit un classement. Et malheur aux vaincus, aux faibles.
    Soit les nations doivent et peuvent coopérer et alors on peut parler de solidarité à tous les niveaux

    1. Avatar de Régis Pasquet
      Régis Pasquet

      Dans les classes coopératives, on découvre que c’est l’ensemble des élèves de la classe qui réussit. Comment faire ? Mais s’entendre pour en faire un principe indépassable, commun à tous. Principe parmi les autres.

      La Révolution commence ainsi par la proclamation de l’égalité à l’École Républicaine. Et chacun veille jalousement dessus.

      @Khanard,
      Je suis heureux de voir surgir dans la bande passante des commentaires, le nom du cher Élisée Reclus.

      « L’anarchie est la plus haute expression de l’ordre  » Voilà pour les salauds qui ne savent plus comment justifier leur égoïsme insane.

      « L’Homme, c’est la Nature qui prend conscience d’elle-même. » Voilà pour d’autres salauds qui ne savent plus comment expliquer à leurs enfants leur négationnisme mortifère.

      « Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. »

      Voir clair avant tout le monde tel est la malédiction des poètes !

      Je sais, je me répète…

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @Régis Pasquet

        C’est toujours un plaisir personnel de pouvoir évoquer la mémoire d’Elisée Reclus , fondateur d’un humanisme moderne , dommage qu’il ne soit présenté que comme anarchiste.
        Dommage aussi qu’il ne fasse pas partie de la mémoire collective .

    2. Avatar de konrad
      konrad

      Pierre-Yves Dambrine,
      Si vous n’entendez pas ce que veut dire « déclassement » c’est que vous n’avez pas été déclassé. Et ce n’est pas un jugement à fortiori une condamnation.
      Pour moi, l’image qui correspond à ce sentiment c’est la période « gilets jaunes » canal historique. Je veux dire les tous débuts, les deux premières grandes manifs à Paris. De toutes celles où j’ai participé, il y avait là, rue de Rivoli, champs Élysées, l’expression parfaite d’un peuple « chimiquement pur ». Déjà même sur les ronds points de petites bourgades…
      Chacun, chacune comprenait instinctivement ce qu’est le déclassement car tout le monde le ressentait dans sa vie immédiate et quotidienne.
      L’amoindrissement des libertés, le travail qui part ailleurs, l’intérim qui prend racine, le management plus intrusif et coercitif, le rendement qui sursoit à l’humain, la cadence qui imprime son régime, la paie qui ne correspond plus à celle dont on était habitué. Dans les années 70, au bar le vendredi soir à l’apéro avec les potes, un « Pascal » sur le comptoir et tu étais le roi. Aujourd’hui, un billet de 50 euros te permet à peine de rassasier tes amis…
      C’est tout cela, mis bout à bout et j’en oublie, qui exprime le déclassement.
      Les fachos, les bobos, les gauchos, les écolos, les déclassés les emmerdent. Pas pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils expriment de « dé réalité », de « surfage » au dessus de, de non-compréhension, de foutage de gueule.
      Ce n’est pas à force de gestion comptable, de bilan et de chiffres que la situation se règlera.
      La dignité ne s’achète pas à coup de « bonus », de récompense ou de réduction.
      Être déclassé tu le sens le jour où dans une administration quelconque on te fait sentir d’un regard, d’une remarque badine que tu es une merde.
      Notre société est arrivée à un terme. Elle est d’une richesse inimaginable mais ne sait plus regarder l’individu comme un être digne, quand bien même il est au RSA. Cette suspicion qui fait de l’autre un « profiteur », un « magouilleur » tout en organisant la corruption, nous mène à la guerre de tous contre tous.
      Heureusement il existe des zones de résistance à cette dérive mortifère. Elles sont bien minoritaires mais motivées.
      Elles sont les graines d’une humanité renouvelée.

      « Là où croit le péril, croit aussi ce qui sauve. » Hölderlin.

      1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
        PIerre-Yves Dambrine

        Konrad
        Je ne conteste pas la réalité sociologique et humaine du déclassement, c’est l’instrumentalisation qui en est faite par l’extrême-droite par l’extrême-droite qui me pose problème.
        Admettons que l’on redonne la possibilité aux laissés pour compte de bénéficier de l’ascenseur social, on a encore fait que la moitié du chemin.
        Plus de justice sociale cela a-t-il un sens si c’est pour donner à tous le droit de polluer par exemple ?
        Est-ce seulement une question d’égalité des chances ou bien est-ce le cadre même des valeurs d’une société qui est en jeu.
        Pour le dire crûment, si la justice c’est seulement que des pauvres deviennent riches ou très riches (devenez milliardaires disait Macron !) on a en rien transformé la société, l’on n’a fait que la fluidifier. Il me semble que les défis auxquels nous sommes confrontés dépassent largement le cadre d’une réflexion sur la panne de l’ascenseur social.
        Bon j’aurais du dire sans doute d’emblée que classement (dont la notion de déclassement est dérivée) et solidarité sont antinomiques.

        1. Avatar de Garorock
          Garorock

          Compétition et solidarité sont antinomiques.
          Est ce qu’il y a compétition entre un éboueur et un chirurgien?
          Si le premier se blesse en vidant les poubelles de l’Hôpital, le second le soignera…
          Le match a eu lieu sur les bancs de l’école.
          Comment refaire le match?
          😊

          1. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
            Pierre-Yves Dambrine

            Ce que tu évoques c’est la complémentarité dans la division du travail. La solidarité c’est autre chose. C’est le partage des richesses et des savoirs.
            Le capitalisme par exemple est une compétition permanente, effectivement antinomique de la solidarité.

        2. Avatar de konrad
          konrad

          @Pierre-Yves Dambrine,
          Je ne vous fais pas de procès, j’ai réagis à ce mot « déclassement » parce que d’une certaine manière j’en suis un spectateur atterré depuis des années. J’y suis sensible parce que j’ai assisté à cette patiente et méthodique « mise à mort » du prolétaire et de son environnement. Ce qui est troublant c’est qu’à cette situation il n’y a pas un coupable désigné pleinement reconnaissable. Je dirais que la « crise » est multi factorielle, d’où sa difficulté de résolution. Le « déclassement » est aussi un « délabrement » de l’intelligence et de la morale, un glissement coupable dans le divertissement.
          C’est pourquoi il me semble ne pouvoir y avoir de « réparation » que s’il y a destruction préalable. Je pense d’ailleurs que l’extrême droite si elle arrive qu pouvoir ne sera qu’un agent supplémentaire de cette destruction.
          Au passage, si l’on écoute ce qu’ils disent on mesure l’indigence de leur programme, la médiocrité de leurs propos et la pauvreté de leurs discours. Certes il y aura des gens, j’espère pas en nombre, qui tels des lapins se laisseront prendre dans les phares de leurs idées, mais tous seront déçus de leur nullité.
          C’est pourquoi je pense que nous irons jusqu’au bout de l’effondrement avant de pouvoir reconstruire car le système est trop décomposé de l’intérieur. L’état général des choses est trop dégradé.
          Dans le bâtiment il est parfois préférable de raser une maison avant de la reconstruire plutôt que tenter des réparations qui ne tiendront pas dans le temps.
          C’est mon point de vue et ce à quoi j’assiste me conforte dans cette vision. Je peux bien sur me tromper. Nous verrons déjà ce que nous réservent les mois à venir.

      2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
        Pierre-Yves Dambrine

        PS
        Quant à ma situation personnelle, vous n’en savez rien, vous pourriez même être surpris.

        1. Avatar de Garorock
          Garorock

          Tout le monde sait que tu bois des limonades tous les après-midi sous la tour Eiffel avec Caroline Fourest!
          J’ai connu des sorts moins enviables…
          😊

          1. Avatar de Garorock
            Garorock

            Il me semble que Jancovici commence à penser que « décroissance » et capitalisme ne font pas bon ménage mais en bon ingé qu’il est, comme il n’a pas de solution alternative clé en main à proposer, il se contente de dire qu’il n’envisage pas le bochévisme!
            Mais le Keynésianisme ne paraît pas lui faire vraiment peur. Il est donc NFP compatible.
            Ce qui n’est pas le cas du marquis de Villepin qui veut nous vendre la retraite à points plutôt que de proposer la retraite par répartition dans toute l’U.E…

        2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
          Pierre-Yves Dambrine

          Je compte aussi parmi mes amis BHL et Enthoven et j’habite bien entendu à St Germain des près !

  4. Avatar de Timiota
    Timiota

    C’est le sens du concept « d’internation » forgé par Marcel Mauss. Hélas pas très connu.
    Et aussi trop proche langagierement du mot internement, par malchance.
    Si j’étais gréco latin, je dirais « syn-nation » comme on dit syn-dicat ou synallagmatique etc.

    1. Avatar de Otromeros
      Otromeros

      Absolument PRIORITAIREMENT et à TGV ……revenir sur la LOI EL’KOHMRI…..pour que TOUT **le monde travaillant salarié** soit concerné par , et rien que par , des accords syndicaux globaux…….FINI(E)S LES SECTEURS&ENTREPRISES FORT(E)S et **les autres**…..

    2. Avatar de Garorock
      Garorock

      Un syndicat des nations?
      Une fédération européenne?
      Aucun intérêt: l’europe est déclassée.
      Autant continuer dans la compétition des uns contre les autres.
      C’est d’ailleurs ce que fait Trump qui est président d’une fédération…
      Et le « cornes de bison » canal historique a voté pour lui!
      Que faire?
      Une fédération mondiale des déclassés?
      Le Boudhiste en gilet jaune se sent-il déclassé?
      Ça en fait des questions…

  5. Avatar de Timiota
    Timiota

    (je repondais à Pierre-Yves…)

  6. Avatar de Chabian
    Chabian

    « la solidarité est un bien culturel qui émane avant tout de la Nation » : je ne comprends pas. La solidarité est le sens du collectif (groupe, clan, tribu…), par opposition à l’intérêt personnel.
    Je crois que certains sont victimes du fétichisme de la Nation. Tout groupe a-t-il besoin d’un fétiche ? Je ne sais.

  7. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Solidarité comme valeur !
    La seule valeur qui compte, c’est celle sonnante et trébuchante.
    Assurance vie, fond de prévoyance, assurance vieillesse, etc.
    Le seul intérêt, c’est celui pécuniaire.
    La solidarité désintéressée est morte et enterrée comme une contradiction, alors qu’elle devrait être un oxymore.

  8. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Vous aurez saisi le sens de mon contresens !

  9. Avatar de Lonylp
    Lonylp

    En cas de survie (doute) nous entrons dans une époque qui doit s’inventer une transcendance solidaire. Comment, avec qui, quoi ? Le mystère reste entier pour la bonne volonté en acte. Dans le présent les prédateurs humains tiennent le fouet et quel compositeur le transformera en instrument de musique ? Les heures sombres viennent de commencer, hélas.

  10. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    A MORT LA SOLIDARITE¨¨¨¨¨….VIVE LA CONCENTRATION…!!!… avec son RISQUE COLLATERAL COLLECTIF

    https://www.lecho.be/entreprises/banques/qui-est-vraiment-accenture-le-geant-a-qui-bnp-paribas-fortis-veut-transferer-ses-employes/10587940.html

    (…)

    …  » Accenture réalise peu de bénéfices en Belgique, ce qui est le résultat de sa stratégie fiscale au niveau mondial.
    Les filiales du groupe remontent la plupart de leurs bénéfices vers la maison mère en Irlande sous forme de « prix de transfert ».
    Au cours des exercices précédents, la société belge a alterné entre résultat net légèrement positif et légèrement négatif. C’est en réalité le résultat de sa stratégie fiscale au niveau mondial. Les filiales du groupe remontent la plupart de leurs bénéfices vers la maison mère sous forme de « prix de transfert ». Les bénéfices, regroupés en Irlande où est basé son siège social, sont ainsi taxés à un taux plus avantageux (l’impôt sur les sociétés y est en théorie de 12,5%, contre 25% en Belgique).
    Notons que jusqu’en 2009, Accenture était domiciliée aux Bermudes, paradis fiscal où l’impôt sur les sociétés est de 0%.

    Cette utilisation des « prix de transfert » fait fréquemment l’objet de critiques, mais reste légale.
    Ce qui n’empêche qu’Accenture a été poursuivi pour une affaire fiscale en Suisse, où le groupe a été condamné en 2017 à 200 millions de francs de rappel d’impôts. Au Danemark, en revanche, Accenture a obtenu gain de cause dans un litige fiscal en janvier 2025.

    La fiscalité n’est pas le seul point de controverse dans l’historique d’Accenture. Par l’ampleur de ses activités, le groupe s’est retrouvé impliqué dans plusieurs projets critiqués. Au début des années 2000, il a participé au projet de refonte informatique du système de santé publique britannique, qui s’est soldé par un échec en raison de retards et de dépassements de budget.

    Aux États-Unis, le groupe a été engagé en 2018 pour recruter des milliers d’agents des services de douane et de protection des frontières, contrat dans lequel il devait être rémunéré 40.000 dollars par recrutement, et qui a finalement été résilié. Toujours outre-Atlantique, en 2019, des sous-traitants d’Accenture chargés de la modération de contenus pour Facebook ont dénoncé leurs conditions de travail, qui comprenaient des pauses limitées et le visionnage de contenus très violents.

     »
    « Nos employés sont au centre de notre stratégie de croissance, et nous nous efforçons de créer une culture axée sur l’apprentissage, l’engagement social et l’innovation. »
     »
    Accenture

    L’IA pour « réimaginer les opérations bancaires »

    Les critiques sont toutefois plutôt adressées à la division « consultance » qu’à l’activité d’externalisation, devenue un eldorado pour Accenture, en particulier en Europe.
    Outre BNP Paribas, une trentaine d’institutions financières lui ont déjà confié des missions depuis une dizaine d’années, allant de la gestion des crédits et des recouvrements aux systèmes informatiques centraux des banques, en passant par la gestion informatique des comptes, des paiements, des cartes et des distributeurs.

    Afin d’exécuter toutes ces tâches pour des banques européennes, Accenture se repose sur plus de 10.000 collaborateurs et plus de 6.000 machines.
    La société mise sur sa plateforme SynOps, qui permet de « réimaginer les opérations bancaires » grâce à l’intelligence artificielle et les données.
    « Les progrès rapides de la technologie et de l’IA transforment la façon dont le travail est effectué. Les travailleurs doivent adapter leurs compétences s’ils veulent rester compétitifs », nous explique la société.

    Sur son site web, Accenture met en avant tous les avantages dont les banques peuvent bénéficier avec ses services: libérer des ressources pour se concentrer sur les tâches avec plus de valeur ajoutée, réduire les coûts opérationnels jusqu’à 40%, ou encore réduire jusqu’à 80% le temps pour approuver un crédit hypothécaire.
    Au travers d’exemples pratiques, le groupe avance avoir augmenté la productivité d’une banque européenne de 40% en automatisant une série de processus, et d’avoir réduit certains coûts opérationnels d’une autre banque de 50%.

    « La forte concentration des services d’externalisation crée un risque systémique, selon la BCE, car si un de ces fournisseurs rencontrait des difficultés, l’ensemble du système bancaire européen pourrait être affecté.

    Les risques de l’externalisation

    Mais ce levier de croissance d’Accenture ne fait pas que des heureux. Si les syndicats de BNP Paribas Fortis craignent de voir leurs collègues « vendus » au groupe mondial comme de simples ressources, la Banque centrale européenne (BCE) est, elle, préoccupée par la tendance plus large de l’externalisation dans le secteur bancaire.

    Début 2024, elle rappelait que cette pratique en forte augmentation posait plusieurs risques, surtout lorsqu’il s’agit de fonctions critiques.
    D’après ses calculs, plus de 30% du budget d’externalisation des banques européennes est concentré chez dix fournisseurs (sans nommer Accenture directement), pour la plupart domiciliés en dehors de l’Union européenne.
    Cette forte concentration crée un risque systémique, car si un de ces fournisseurs rencontrait des difficultés, l’ensemble du système bancaire européen pourrait être affecté, d’autant plus que dans 20% des cas, les services externalisés ne peuvent pas être réintégrés.

    La BCE pointe en particulier le risque pour les données personnelles des clients , traitées dans 70% des contrats d’externalisation des banques.
    Ces contrats sont d’ailleurs souvent non conformes aux réglementations européennes (dans plus de 10% des cas), et ne sont pas toujours audités correctement.
     »
    …….

    1. Avatar de Paul Jorion

      Compléter le tableau : du divorce Accenture-Arthur Andersen… à la mort d’Arthur Andersen dans le scandale Enron


      1. Rappel éclair

      • Accenture est né le 1ᵉʳ janvier 2001, quelques mois après qu’un arbitrage international eut libéré Andersen Consulting (le bras de conseil d’Arthur Andersen) et lui eut interdit d’utiliser le nom Andersen.
      • Au moment où cette « branche » prospère prenait son indépendance, l’activité historique d’audit d’Arthur Andersen restait seule responsable de ses mandats de certification comptable, dont… Enron. (supreme.justia.com, britannica.com)


      2. Arthur Andersen & Enron : chronologie critique

      Année Faits essentiels Impact clé
      1990-2000 Andersen gagne ~ 52 M $/an chez Enron (25 M $ audit + 27 M $ conseil). Conflit d’intérêts : l’indépendance de l’auditeur est sapée. (en.wikipedia.org)
      16 oct. 2001 Enron reconnaît des « anomalies » comptables ; l’action s’effondre. Andersen est accusé d’aveuglement volontaire. (en.wikipedia.org)
      janv. 2002 Andersen admet avoir détruit des milliers de dossiers Enron. Début d’une enquête criminelle pour obstruction. (justice.gov)
      14 mars 2002 Le DOJ inculpe Arthur Andersen pour obstruction à la justice. Première mise en examen pénale d’un cabinet Big Five. (justice.gov)
      15 juin 2002 Condamnation d’Andersen ; la SEC lui retire son droit de signer des audits publics. Le cabinet se désintègre ; 85 000 emplois perdus. (britannica.com, famous-trials.com)
      30 juil. 2002 Entrée en vigueur du Sarbanes-Oxley Act. Création du PCAOB, séparation stricte audit/consulting. (en.wikipedia.org)
      31 mai 2005 La Cour suprême annule la condamnation pour vice d’instruction. Victoire symbolique : trop tard, Andersen n’existe plus. (supreme.justia.com, money.cnn.com)


      3. Mécanismes de la chute

      1. Conflit d’intérêts systémique
        En 2000, Andersen tirait autant de revenus de conseil que d’audit chez Enron ; cette double casquette a réduit sa vigilance et créé des pressions internes pour « faire plaisir » au client. (en.wikipedia.org)
      2. Culture du chiffre plutôt que du devoir de scepticisme
        Les équipes de Houston étaient récompensées sur la croissance de comptes stratégiques comme Enron ; la formation méthodologique héritée d’Andersen n’a pas suffi à contrer l’attrait des honoraires.
      3. Destruction de preuves
        Au lendemain de l’enquête SEC, des tonnes de documents furent broyées et ~ 30 000 e-mails supprimés ; l’acte a transformé un problème d’audit en crime fédéral. (justice.gov, famous-trials.com)
      4. Choc de réglementation
        Le combo faillite-dissolution Enron/Andersen catalyse la loi Sarbanes-Oxley : nouveau régulateur (PCAOB), interdiction pour un auditeur de vendre du conseil stratégique à un même client, rotation des associés, renforcement des protections sur les pièces comptables. (en.wikipedia.org, en.wikipedia.org)


      4. Conséquences pour Accenture et pour le secteur

      Dimension Accenture (consulting pur) Industrie de l’audit (ex-« Big Five »)
      Survie Séparé depuis 2001 ; aucune exposition aux poursuites ; croissance fulgurante (≈ 60 Md $ CA 2025). Andersen disparaît, laissant le Big Four (PwC, Deloitte, KPMG, EY).
      Réputation Marque neuve, hors du champ Enron ; crédibilité renforcée chez les régulateurs IT-finance. Perte de confiance durable ; « Andersen Effect » : due-diligence accrue chez les auditeurs. (investopedia.com)
      Modèle d’affaires Outsourcing & tech delivery, pas d’audit – aligné avec SOX. Interdictions croissantes de services croisés ; montée des spin-offs conseil.


      5. Lecture prospective (2025-2030)

      • Indépendance, encore et toujours. Deux décennies après Enron, la pression régulatrice remonte : l’IA générative produit de nouveaux risques de « modèles boîte noire » dans les comptes. La tentation pour les Big Four de vendre à la fois l’algorithme et l’audit du résultat rappelle dangereusement les erreurs d’Andersen.
      • Fragmentation ou « managed separation » ? Les autorités britanniques (FRC) et australiennes testent des scissions structurelles audit/consulting ; d’autres marchés pourraient suivre si les conflits d’intérêts re-deviennent systémiques.
      • Mémoire organisationnelle. Chez Accenture, le récit fondateur — ’avoir quitté Andersen juste à temps — sert encore de leçon interne : « clarifier les lignes entre conseil stratégique et responsabilités fiduciaires avant qu’un régulateur ne le fasse pour nous ».


      En résumé :
      La faillite d’Enron n’a pas seulement emporté l’entreprise énergétique ; elle a entraîné la disparition d’Arthur Andersen, illustrant le coût fatal d’un conflit d’intérêts entre audit et conseil… conflit dont Accenture s’était justement affranchi quelques mois plus tôt. De cette double histoire naissent deux leçons durables : 1) séparer clairement les métiers exposés à des exigences de confiance opposées ; 2) documenter, conserver et surveiller chaque pièce d’audit — surtout à l’ère où la donnée et les modèles d’IA deviennent les nouveaux documents comptables.

      Pour compléter cette information offerte par ChatGPT o3 : Paul Jorion, Investing in a Post-Enron World, McGraw-Hill 2003, pages 10 à 22

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