LES DARK POOLS PORTERAIENT-ELLES BIEN LEUR NOM ?, par François Leclerc

Billet invité

Le vent de nouvelles poursuites continue à souffler depuis les États-Unis. Après le trading à haute fréquence, c’est au tour des dark pools d’être l’objet qu’enquêtes et de poursuites. Originellement destinées à protéger les gros investisseurs des regards inquisiteurs et des spéculations à leur encontre, ces entités ont poussé comme des champignons. Il existe une cinquantaine de dark pools dont il est tardivement découvert qu’elles sont sans supervision et pourraient être le siège discret de pratiques contrevenant à la libre formation des prix, cette mission dévolue aux bourses traditionnelles. Des grandes banques européennes – dont UBS, Crédit Suisse et Barclays – sont à l’origine des plus importantes. La SEC (le gendarme de la bourse américain) a déjà formulé des premières propositions de réglementation des dark pools et en a annoncé de nouvelles. Elle est déjà intervenue dans le cas de l’une d’entre elles, Liquidnet, qui faisait bénéficier des investisseurs d’informations privilégiées sur les transactions qui y étaient opérées.

Le procureur général de New York, Eric Schneiderman, a commencé par enquêter à propos de tels comportements en faveur des opérateurs à haute fréquence. Puis il a enjoint à six de ces opérateurs de fournir des informations à propos de tels arrangements à un tribunal (procédure de subpoena). Il a poursuivi en annonçant des poursuites contre Barclays, qui chercherait en procurant ces avantages à attirer au sein de sa dark pool des opérateurs de trading à haute fréquence afin de gonfler son activité et ses revenus. Aux États-Unis, 14 % des transactions boursières seraient déjà effectuées via ces systèmes de transaction.

En Europe, les mégabanques ont identifié un nouveau risque, selon une étude de KPMG. Devant les nouvelles exigences des régulateurs ainsi que les attentes du public, celles-ci sont désormais confrontées au risque de litige. Au « pas vu, pas pris » auquel elles étaient accoutumées se substituent des amendes de plus en plus élevées pour des manquements qui, à force de s’accumuler, semblent être la règle. N’en doutons pas, les clients des banques absorberont ces sanctions financières afin qu’elles ne pèsent davantage sur des marges déjà fortement amenuisées. KPMG révèle à cet égard que les bénéfices des quinze plus grandes banques européennes ont progressé de 4 % en 2013 par rapport à l’année précédente, mais cela fait suite à des baisses de respectivement 27 % et 33 % en 2011 et 2012.

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